Canyon de Colca, le retour de la rando 

11-15 JUIN

Le Machu et ses compères arrivent à grands pas. Les vols en coucou et la belle Arequipa, bien sympas, mais ça n’échauffe pas nos gambettes. Direction le canyon de Colca, à 180 kilomètres au nord-ouest de la grande ville. Deux fois plus profond que le Grand Canyon. Et peuplé de quinze villages. Tous construits par les colons pour contrôler les Indiens (qui y avaient aménagé terrasses agricoles et réseaux destinés à capter l’eau de la fonte des neiges) et les convertir plus facilement au catholicisme. Sept heures de trajet, une vitre du bus qui explose et une ribambelle de lamas plus tard, nous voici au paradis des randonneurs. Le ciel est bleu azur. Aux sommets, les neiges éternelles. Le soleil couché, il caille. Un steak d’alpaga avant de dormir, un léger tremblement de terre et c’est parti pour un trek de quatre jours. Tout seuls, comme des grands. 

J1. Un Cabanaconde – Llahuar chaud bouillant !

Elles ont dû bien s’ennuyer. Enfermées dans les sacs depuis notre retour au Pérou. A 3287 mètres d’altitude, dans le village de Cabanaconde, elles signent enfin leur grand retour à la compétition. Pour les chaussures de marche, hip hip hip houra. En guise de come-back, elles s’offrent donc, dans un décor de rêve et sous un soleil de plomb, une descente de quatre heures vers Llahuar situé 1200 mètres plus bas. Bande de chanceuses va. Falaises vertigineuses, lézards immenses, ponts suspendus, sentiers caillouteux et panorama à couper le souffle, le canyon de Colca s’improvise comme un hôte des plus agréables. Surtout qu’il regorge de petits trésors cachés. Comme cette zone de geysers stupéfiante à mi-parcours. Suffisamment belle de loin pour s’offrir un léger détour. Une source d’eau chaude principale se distingue rapidement. Elle n’est pas seule, elle a fait des petits. Ça jaillit de partout, à plus ou moins grande intensité. La chaleur devient vite étouffante. Vite, fuyons avant de se brûler les petons ! Quelques heures plus tard, Llahuar est à nos pieds. En gros, ici, y’a trois maisons, dix habitants permanents et un hôtel accueillant tous les voyageurs du monde qui se battent en duel. Mais bon, on ne va pas se plaindre, des piscines thermales nous attendent à quelques mètres du fleuve. Ne nous reste plus qu’à attendre les étoiles, en maillot de bain dans l’eau bouillante. Divin programme. Reposant avant la grande journée du lendemain devant nous conduire à Fure. La patronne passant par-là : « A Fure ? Mais y’a rien pour dormir là-bas ».

J2. Llahuar – Cosñirhua : Mauricio, notre sauveur.

La mauvaise nouvelle de la veille n’a pas perturbé notre nuit dans un cabanon douillet. Elle a « juste » fait valser nos plans. La journée sera plus longue. On décide malgré tout de grimper à Fure. « Juste » pour la cascade de Huaruro. Dans nos sacs à dos, nos amies les gaufrettes et quatre bananes, bonnes à faire des confitures. On se dit qu’à Fure, s’il n’y a pas de quoi dormir, on trouvera bien une tienda pour un pique-nique improvisé (et ben non !). On va à contre-sens du canal perché. Un bel (et utile) héritage laissé par les Indiens. C’est le petit matin, le chemin est bien calme. Une voix au loin. Celle d’un habitant monté sur son âne qui converse au téléphone (pas l’âne). Interdiction de bouger sous peine de perdre son réseau. On se fraye un passage entre la bête et le ravin. L’homme nous sourit. Nous aussi lorsque l’on découvre les premières maisons de Fure. Abandonnées. Comme le semblaient celles de Llatica, un village en aval. Un survivant nous explique que tout le monde a fui à Bélen. Moins isolé. Les chutes d’eau, une heure de marche plus loin, sont sympas mais notre route encore trop longue pour se prélasser. Quatre heures et demie de marche pour rejoindre Cosñirhua. Un patelin où, pour le coup, on est sûrs de trouver un toit. Midi est  bien passé, le soleil tape et on a faim. Mais on économise les vivres : plus que deux bananes et quelques gaufrettes. Le sentier à flanc de montagne fatigue autant qu’il impressionne. Puis la route (en terre) avec son lot de touristes épuisés. Très loin, Malata. Enfin, après dix heures d’effort, Cosñirhua. Et au bout : la maison de Mauricio. Un dortoir rudimentaire rien que pour nous. Et le premier repas de cette (très belle) journée, exquis. 

J3. Cosñirhua – Tapay – San Juan - Cosñirhua : un repos bien mérité

Bizarrement, les mollets répondent présents au saut du lit. Mais pas de folies pour autant. Aujourd’hui, on y va tranquille on a dit ! Le décrassage commence donc aux alentours de 9 heures avec une petite ascension de rien du tout, direction le village le plus à l’Est du canyon : Tapay. La grande et belle surprise de cette expédition. Avec sa porte d’entrée en arcade, sa place principale fleurie à merveille, ses ruelles pavées entourées de canaux et son école trop mignonne, il nous a franchement tapay dans l’œil. Voilà une journée de repos qui débute de la plus belle des façons. Mais pas le temps de s’y attarder trop longtemps, San Juan nous attend pour le déjeuner. Et Dieu sait combien on l’attend après notre mésaventure vécue à Fure. Entre chemins de terre et végétations épineuses, on arrive à destination. Le village n’a rien de transcendant, c’est juste un arrêt bouffe pour touristes. Parfait, pour une fois, cela ira. Bonjour, on est là, deux menus du jour s’il-vous-plaît. On se jette sur notre bout de lama, notre salade, nos frites, Tournicotine défonce la porte des toilettes, on file. Quarante minutes plus tard, les 500 mètres de dénivelé positif nous ramenant chez Maurico sont déjà avalés. Quand on vous dit qu’on pète la forme ! L’après-midi est à nous. Lecture pour tous au programme. L’un termine son livre en espagnol, l’autre s’informe sur la suite à donner au voyage. Vite, il est 18h38, on tape à notre porte. C’est déjà l’heure de diner chez papy Maurice. Installés non plus dans la salle TV mais bien dans sa propre cuisine cette fois. La classe non ? Par contre, pas de Pérou-Brésil à regarder du coup et des lumières qui s’éteignent vers 20 heures. Il est déjà temps de faire dodo… Tant mieux, demain on se lève tôt.

J4. Cosñirhua – Cabanaconde : c’est fini ! Déjà ?

Dans l’assiette, ces deux énormes pancakes réveillent nos papilles. Mauricio, il est timide et mystérieux, il ne converse pas beaucoup.  Mais dans sa cuisine, au sol terreux et aux murs couverts de suie, il sait parler à sa marmite. Ce petit-déj est un délice que l’on doit avaler un peu vite. Une jolie descente vers l’Oasis de Sangalle nous attend. Au fond du canyon, 700 mètres plus bas. Dans un écrin de verdure squatté uniquement par des hôtels et restaurants plus luxueux. Le lieu a peu d’intérêt si ce n’est qu’il est un brin bucolique. Mais vu de haut, c’est chouette. Ces falaises ocre qui s’écrasent sur un fleuve presque turquoise côtoyé par une pelouse verdoyante. Depuis notre chemin, les terrasses construites par les Indiens se multiplient. Certaines utilisées par les agriculteurs, d’autres abandonnées. En fermant les yeux, on ne peine à imaginer la vie, ici, avant l’arrivée des Espagnols. Rouvrons-les vite, de gros cailloux roulent sous nos pieds. Et le sentier grimpe : 1200 mètres plus haut, Cabanaconde doit se pointer. Allez, on oublie les douleurs de pieds un peu étriqués dans leurs grolles et un ventre qui picote d’avoir voulu, deux jours plus tôt, jouer les aventurières à cueillir le tuna, fruit du…cactus. Des mules chargées comme des mules croisent notre route. On scrute une dernière fois le panorama pour y trouver un condor royal, roi des airs à Colca. Pas vu ! Les lacets terminent. Cabanaconde ! Une après-midi pour se remettre à jour. Le bedon d'une grande sœur qui grossit, grossit. Des Français défaits contre l’Albanie. Un attentat au Tchad. La vie suivait donc heureusement et malheureusement son cours. 

Commentaires: 5
  • #5

    Emilie Diesel (jeudi, 02 juillet 2015 15:56)

    Moi aussi j'ai mal aux guibolles rien qu'à suivre vos épopées (vous écrivez super bien, c'est toujours un plaisir de vous lire :) !!).
    Et D., Emilie Diesel a raccroché ! On ne parlera pas de D. et de ses anecdotes de rando ;) non plus! Sacrée famille! Est ce que la relève sera assurée avec Z.A.P??? A voir....

    bizous kissous

  • #4

    M&JP (mercredi, 24 juin 2015 10:59)

    Beau trek, beau cadre, hum les sources d'eau chaude ……c'est bon pour relaxer les "petits pieds"
    Le tour de taille diminue mais le tour des mollets augmente, ce que l'on perd d'un coté on le gagne de l'autre, HIHIHIHIHIHIHI. Gros bisous

  • #3

    D. (mardi, 23 juin 2015 09:33)

    J'en ai mal aux mollets de toutes ses grimpettes....en plus Emilie Diesel : toujours à la traine ! Attendez-moi les copains :)

  • #2

    n. (mercredi, 17 juin 2015 22:52)

    Quelle belle rando ! C est bon le lama ?
    De gros bezzzos les Tournicotons du haut de nos 380 mètres d'altitude !
    Et merci mmm pour les félicitations, c'est gentil.

  • #1

    mmm (mercredi, 17 juin 2015 18:37)

    Bonjour les "petits" !

    Vos mules sont à plaindre ! "L'autre", je pense Syl, il fallait mieux lire ..... "tête de mule", ah la la, c'est bien l'aventure ! Prend le "petit futé " la prochaine fois, pas futé pour un sou ou plutôt pour un sol !!
    Pas de tipis, ni de bisons, ni d'indiens en vue! Le Seigneur (pas celui des anneaux) vous a entendu, en vous mettant sur le chemin de Mauricio !
    Qu'il doit être bon de pratiquer une relaxation passive, au milieu de ce cadre naturel ! Ben, nous ici, on se contente d'un spa !!
    Avec tous ces pas, à regarder la route, à vous protéger du roi soleil, à manger votre duo-maudit : bananes-gaufrettes, et bien voilà, trop tard pour lever la tête vers les cieux .... les condors sont déjà passés !!

    Félicitations à la famille Place qui s'agrandit !
    Bises ♡♥♡

Arequipa : Juanita, Teresa, Catalina et basta !


9-10 JUIN

Il était une fois l’histoire de Juanita. Une belle jeune fille andine âgée de 14 ans qui (pas de bol pour elle), a été sacrifiée aux dieux incas par son peuple afin de s’attirer à l’avenir leurs faveurs. Cruel destin. Un coup de massue reçu sur la tempe droite, à plus de 6000 mètres d’altitude sur la montagne sacrée Ampato et voilà Juanita transformée en cadavre glacé. Pour l’éour l'destin.aveurs ternité. Enfin presque. L’héroïne aurait pu rester là, tranquille sur son sommet dans le plus grand anonymat. Mais, l’anthropologiste Johan Reinhard, bien aidé par la fonte du glacier, est devenu le 8 septembre 1995 son prince charmant en retrouvant son corps dans un état de conservation des plus remarquables. A côté d’elle, des riches étoffes qui l’enveloppaient ressurgissent du passé. Tout comme son petit sac rempli de feuilles de coca, sa poupée, ses figurines couvertes de tissu… On aurait presque envie de pleurer non ? Sauf que la fin du scénario ne s’avère guère réjouissante. Pour notre premier jour à Arequipa, on a tout de suite voulu connaître sa destinée. Retrouver Juanita. Lui faire un câlin de plus ou moins loin. Direction donc le Museo Santuarios Andinos à la recerche de la Blanche-Neige de l’Ampato. Après 30 minutes passées à déambuler dans les couloirs sombres de l’établissement, Juanita s’offre à nous. Enfin. Dans un caisson transparent fermé à double tour par moins 20 degrés et à peine visible à l’œil nu. Pffff. Même pas drôle.

Rassurez-vous, on n’est pas restés sur ce demi-échec. Comment aurait-il pu en être autrement dans une cité d’un million d’habitants au centre historique classé Patrimoine mondial par l’Unesco en 2000 ? Ici, « la lune a oublié d’emporter la ville quand elle s’est séparée de la Terre », se vantent d’ailleurs les Aréquipéniens. On n’irait peut-être pas jusque-là, mais c’est vrai que la vision de ses monuments bâtis en roche volcanique (sillar clair) lui donne un air de ville blanche plutôt charmante. Alors on a (comme d’habitude) envie de tout voir, tout visiter, tout connaître sur tout. Le Routard nous conseille 19 arrêts dans le centre historique. On aura le temps d’en parcourir quinze en moins de 48 heures. Usant. Enrichissant. De l’église Santo Domingo avec son élégant portail baroque sculpté à la maison Iriberry en passant par le musée d’archéologie et le couvent de carmélites Santa Teresa, tout y passe. Dix nouveaux soles par-là, 20 autres par ici, s’enrichir culturellement plume le porte-monnaie à vitesse grand V. Mais face à tant de beauté, il est parfois difficile de résister. Bien qu’elle ne date que du XIXe siècle, la plaza de Armas est ainsi à tomber. Assurément l’une des plus jolies du pays avec sa couronne d’arcades sur deux étages, sa cathédrale imposante et massive et sa vue sur le volcan Misti et les glaciers.

Deux empanadas plus tard et après s’être trimballés dans la seule demeure encore meublée comme à l’époque coloniale de la capitale économique du sud Pérou, on s’approche doucement mais sûrement de lui. Le fameux Monasterio Santa Catalina. Celui-là même qui attire tant de visiteurs du monde entier chaque année. Quinze euros l’entrée, on grince d’abord un peu des dents. Mais bon, deux heures et 30 minutes plus tard passées à parcourir ce couvent dominicain fondé en 1579 par une riche veuve, on se dit, que même à 30 euros, on se serait offert le précieux sésame. Il y a des lieux comme ça, qui ne s’oublient pas, qui ne s’achètent pas. On entre, la magie opère et il ne reste plus qu’à prendre son pied. Pour faire bref, durant quatre siècles, 170 nonnes issues des grandes familles d’ascendance espagnole et leurs 300 servantes vécurent à l’abri des regards et des interventions extérieures dans cet endroit immense. Ce n’est même plus un couvent, c’est une ville dans la ville. Avec ses intersections, ses places, ses rues, ses trois cloîtres, son parloir, son réfectoire, ses cuisines communes assombries par des siècles de fumée et ses cellules privatives. Lits, mobiliers, céramiques, il ne manque rien. On s’imagine aisément la vie ici. Une vie dont le maître mot était silence puisque les religieuses n’avaient droit qu’à une heure de conservation par mois avec leur famille. Le tout sous le regard de mère supérieure. Pas très funky non ? Bon, heureusement, en 1985, le pape Jean-Paul II leur a donné le droit de parler et de sortir. Trop cool J.-P. Aujourd’hui, elles sont encore 21 servantes de Dieu à occuper les lieux. Agées entre 18 et 100 ans. Plus en dortoir ou dans des pièces isolées comme leurs illustres prédécesseures, mais dans un bâtiment moderne avec cuisine électrique, petite terrasse et tout le petit confort du XXIe qui va bien. Avant de partir, on croisera même deux bonnes sœurs sur le chemin, vêtues de leur tunique traditionnelle noire et blanche. Buenas tardes, un large sourire échangé avec nous, les temps changent. Pendant ce temps-là, Juanita se gèle toujours autant à simplement quelques cuadras. Pas juste la vie. En même temps, si elle avait été moche et présenté un sérieux embonpoint dès l’adolescence, elle n’en serait pas là cinq cent ans plus tard. Courage Juanita, on est avec toi. La biz d’Arequipa. 


Commentaires: 2
  • #2

    n. (jeudi, 11 juin 2015 12:34)

    Aurais-tu une dent contre cette pauvre Juanita ?

  • #1

    la danoche (jeudi, 11 juin 2015 08:51)

    Que de clarté et beauté cette ville d'Aréquipa, surveillée par Misti, tel un bijou dans son écrin !!
    Juanita avait déjà tout compris....
    Bon vol (cette fois-ci) , auprès des condors !
    Bizz

Nazca : veni, vomi, vici !!!

7-8 JUIN

« Are you ready ? », questionne le co-pilote, le pouce levé. « Euh…yes, euh…si ! » murmure-t-on, casques scotchés contre les oreilles et pouces vacillants (alors que notre inconscient hurle un non, inaudible malheureusement). A-t-on vraiment le choix ? Le Cessna 207 démarre telle une pétrolette. Les vitres tremblent, le vacarme s’installe. Et le coucou se dirige vers la piste de décollage. Mais que diable allons-nous faire dans cette galère (enfin, dans cet avion sept places) ? On se paie le luxe de survoler les géoglyphes de Nazca. Oula, attendez, on s’envole. Le cœur avec. Ça bouge là-dedans. On se stabilise. Ah non, on vire à droite. Quasi à la verticale. Oh, la baleine ! Mais non pas dans les airs, au sol. Ah oui, reprenons, on se paie donc le luxe de survoler les géoglyphes de Nazca. Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994. Et un de plus à notre compteur ! Cette baleine est l'un de ces fameux motifs à même le sol. Des animaux, des dessins géométriques, des humains, des lignes, des formes végétales, une centaine de figures gravées dans le désert sur 500 km². Dessinées par un simple déplacement de cailloux, d’une profondeur de 10 à 30 cm, entre le premier millénaire avant notre ère et l’an 900 ap. J-C., par les ingénieuses cultures Paracas et Nazca. Rooo, voilà que l’on virevolte encore. Le pilote plonge à droite, à gauche, afin que tous les passagers profitent de la vue. C’est un peu comme si on était dans une montagne russe. Et que ça durait 30 minutes. Tournicotine s’acclimate petit à petit. Tournicotin beaucoup moins. Mais l’astronaute se pointe. Sur une montagne, visible à la perfection. Puis le singe, et sa queue en tire-bouchon, le préféré de notre Bourguignon, long de 110 mètres ! Viens ensuite le chien (51 m). On les contemple à 200 m de haut, et franchement, malgré l’appréhension et le mal de l’air, c’est magique.

Une pensée pour Maria Reiche, « la dama de Nazca », cette mathématicienne allemande venue au Pérou en 1932 pour étudier les lignes. Après qu’un Péruvien et un Américain les aient identifiées en survolant la zone. Jusqu’à sa mort, en 1998, celle qui était aussi physicienne a squatté les lieux. Balayé les lignes pour les dépoussiérer. Mesuré. Étudié. Mis en relation. Et émis des hypothèses. La plus plausible, selon l’érudite : un calendrier astronomique. Car à chaque équinoxe et solstice, certaines lignes sont dans l’axe du soleil couchant, tandis que certaines formes animales figureraient des constellations, comme notre ami le macaque, la Grande Ourse. Le membre le plus mal en point de la Tourniquette agrippe un sac plastique blanchâtre qui se charge d’un liquide marron. Pauvre Tournicotin, il est blanc et sue à grosse goutte. Allez, courage, le voyage n’est pas fini. C’est au tour du colibri (96 m), de l’araignée (46 m) et du condor (136 m). C’est dingue, après autant de temps, tout est intact. Merci le climat local : 30 mm de précipitations annuelles et un vent absent. Les archéologues, eux, ont ainsi vu en ces peintures sableuses des indications pour mener aux sources d’eau. Ou encore, des images servant aux cultes des divinités et des parcours cérémoniaux. Nous, on se dit : et pourquoi pas les trois ? On se dit surtout : bravo les Nazca, sans avion, sans 3D, sans rien. Quel art. Toujours dans les airs, on plane au-dessus du perroquet, de l’arbre et du curieux bonhomme à neuf doigts. Coïncidence ou non, Maria, l’héroïne des lieux, avait une main à quatre doigts. « Ça va mieux ? », s’inquiète le co-pilote en zyeutant Tournicotin. Couci-couça. Plus que six minutes pour observer l’étendue sèche et les lignes qui s’entrecroisent au point que les plus récentes écrasent les anciennes. Le Cessna se pose en douceur. On repart ? Pour une fois, la Tourniquette est partagée. 

Commentaires: 3
  • #3

    Lucie (vendredi, 12 juin 2015 17:08)

    Brrrrr moi ça me donne froid dans le dos rien que d'imaginer ce petit coucou!!!

  • #2

    mmm (mercredi, 10 juin 2015 08:43)

    Ces tracés incroyables nous transportent sur la planète "extraterrestre " !
    Stupéfiantes lignes et figures .... qu'avons nous inventé ??
    Ces civilisations étaient bien plus qu'ingénieuses !

    Léonie prend très au sérieux son poste de commandant de bord. Ne pas compter sur le "malheureux" Syl, qui malgré son "mal de l'air" a récidivé. Le vol avec un avion de la patrouille de la Breitling n'a pas suffit ! Mais la aussi le fameux sac était du voyage !!

    Aux infos, ce matin, 3 statuettes ont été trouvées sur le site de Vichama .
    Notre historien-archéologue a été devancé sur ce "coup", mais rien ne valait ce vol en "coucou" !
    Bel atterrissage et bravo .

  • #1

    n. (mercredi, 10 juin 2015 07:01)

    Mon café a du mal à passer ce matin ... Assise devant mon écran tel un simulateur de vol !

On surfe, le Barça sur l'Europe, Serena sur Paris

6 JUIN

Les grains volent. Ils fouettent nos visages. S’incrustent à travers nos cils. On se frotte les yeux et on admire le soleil qui sombre de l’autre côté des dunes. Du sable, de toute manière, on en a mangé toute la journée (sauf au déjeuner, rassurez-vous, on a eu le droit à l’incontournable riz). La laguna de Huacachina, à 300 kilomètres au sud de Lima, forme un oasis étonnant. Un trou d’eau, vert émeraude, paumé au milieu d’un désert côtier aux dizaines de dunes. Le Pérou nous enchantera toujours. Avec ses variations géologiques impressionnantes en si peu de bornes. La légende, elle, raconte qu’ici une jeune femme aurait pleuré sans arrêt pendant trois jours son défunt mari. Et qu’à chaque nouvelle lune, l’humaine devenue sirène se promène sur le bord du lac et y verse encore ses larmes. Désolée señora, mais nous, on a bien rigolé. Au bord de la lagune, colonisée par le trio resto-bar-hôtel, et devenue le paradis des gringos, on peut louer pour quelques pesos de vieux snowboards en bois. Pendant deux heures, on a dévalé. Tournicotin sur sa planche verte, son acolyte sur une rouge. D’abord sur les fesses, puis debout et même à plat-ventre. On s’est payé de jolies gamelles, notre cœur a fait des loopings et on a bien sué, car si le Routard nous avait prévenus : « Deux ou trois descentes et vous serez épuisés de remonter », figure toi, cher ami, que la Tourniquette n’a même plus compté tellement elle en a fait des aller-retours sur un sable devenu bouillant. Peut-être même que la seule raison qui nous a stoppés, c’est la finale de la Ligue des Champions qui approchait. Comme d’hab, on a fait les pronos, comme d’hab la gente féminine a tiré le score exact et comme d’hab le Barça a gagné. De quoi motiver (couplé à la victoire de SA Serena) notre Catalan pour grimper sur les montagnes sableuses les plus hautes. Un Catalan romantique, prêt à attendre plus de trente minutes que le soleil ne se couche. Un romantique brut, qui n’a pas trouvé d’autre jeu de patience que de faire des prises de judo à SA sirène. 

Commentaires: 4
  • #4

    Manu H. (lundi, 08 juin 2015 10:34)

    A chaque fois que je vous vois, et là encore plus, je souris. Et je me dis que c'est cool :-)

  • #3

    D. (lundi, 08 juin 2015 09:04)

    Une sirène, un romantique brut, du surf sur le sable :) Chouette journée par chez vous !

  • #2

    n. (lundi, 08 juin 2015 07:51)

    Coucou la Tourniquette ... je viens de rattraper ma lecture ...
    J'en ai la tête qui tourne entre les creux du pacifique, la tête (j'imagine bien !) de Mme Ronchonchon, les oiseaux qui virevoltent, le sable qui vole, les snows qui glissent ... qui n'en finissent pas de glisser ... ce magnifique coucher de soleil ... Tournicotine en mode nostalgie ! J'aime aussi Tournicotin en mode romantique brut ... ! Viva Barca ! Viva Serena ! Viva nous tous !

  • #1

    mmm (dimanche, 07 juin 2015 08:44)

    De votre TOIT ( de dunes ) bien plus intéressant, entre désert et océan, vous pouvez admirer ce superbe oasis!
    Beauté à couper le souffle cette laguna !!
    Excellent dimanche à vous deux.

A Paracas, ça passe et ça casse !

4-5 JUIN

« Le Chinois, assis-toi ».  Le Chinois ne veut pas s’asseoir. Il claque cent photos à la minute. Peut-être cent fois la même et il est content. Je prie pour qu’une mouette lâche une crotte sur son objectif et sur sa tronche tant qu’on y est. Mais non, l’oiseau ne veut pas collaborer. Pire, c’est moi qui la ramasse. Sur la cuisse, une jolie jaunâtre. Tournicotin rit. Lui aussi il est content. Le Chinois clique toujours sur son bouton. Il n’hésite pas à s’incruster entre deux touristes pour capter le meilleur moment. Il énerve, enfin il m’énerve et je m’autorise à le prendre pour cible car Gabriel Garcia Marquéz, ma lecture du moment, le moque allégrement dans L’amour au temps du choléra. Et Monsieur a tout de même eu le prix Nobel. (Excuse rejetée ? Ok, pardon le Chinois). Bon, j’dois bien avouer que cette journée à Paracas, j’étais un peu sur les nerfs. Parce que pour visiter les Iles Ballestas et la réserve maritime nationale, pas d’autre solution que de se joindre à un tour organisé. Je déteste. Tournicotin aussi, mais lui, il est « stone », comme il dit. Moi, j’aime mieux notre Tourniquette qui tournicote là où les autres n’ont pas la Tourniquitude. Mais parfois, on n’a pas le choix.

Alors on se retrouve avec un Chinois qui prend trop de clichés. Mais si l’on se dit que bien des gens sur terre rêveraient notre place, alors ça donne ça : une belle excursion de près de deux heures sur un petit bateau à moteur à la découverte des îles Ballestas. Outre des énormes rochers creusés par le poids des années et des séismes, on a vu une quantité inouïe de bêtes. Les plus nombreuses : les oiseaux, qu’il s’agisse des cormorans ou des piqueros. On croise aussi le très classe zarcillo et son bec rouge. Tous, à l’origine de ce « guano » qui recouvre les îles. Un fertilisant dont le Pérou a tiré 80% de ses ressources fiscales entre 1869 et 1875. Aujourd’hui, pour protéger l’environnement, la couche blanchâtre et odorante est extraite tous les cinq ans. Et parmi ces caquètements, quelques pingouins de Humboldt, une espèce en voie de disparition haute de 60 cm. Mais aussi des lobos marinos, ou lions de mer. Tranquilles, à bailler et se dorer la pilule. « Il est pas bien lui, il veut nous tuer ? ». Ça y est. Mon esprit s’échauffe à nouveau, contre le pilote cette fois. C’est que la Pacifique commence à s’agiter et les vagues forment des creux. Notre capitaine, lui aussi, semble « stone ». On respire, on ferme les yeux, tout-va-mal, euh tout-va-bien. Tournicotin rit toujours, le Chinois est toujours debout à shooter ses vedettes du jour. Ouf, on regagne Paracas. Sur les falaises, une forme apparaît : le candélabre aux origines obscures. La Croix du sud pour guider les marins au XIXe siècle, un symbole franc-maçon voulu par le héros de l’indépendance San Martin ou un cactus vénéré par les peuples anciens pour ses vertus hallucinogènes ? On n’aura pas trop le temps d’y penser. En arrivant au port, deux dauphins nous narguent. Ils jouent à cache-cache : un aileron par-là, une queue ici.

Allez, allez, on descend du bateau, il est déjà temps de sauter dans le mini-bus. Dis-donc, c’est crevant la vie de touristos. Cette fois, direction la réserve nationale. Où des grottes et cimetières de la culture Paracas (- 800 av. J. C à 200 ap. J.-C.) ont été retrouvés. Mais le programme est encore dédié à la faune et la flore locale. Il faut bien l’avouer. C’est très beau. Un délicieux 360° où les dunes jaunissantes se transforment en falaises ocre et abruptes qui se jettent dans l’océan azur. A Lagunillas, un port de pêche isolé, on croise un habitant peu chanceux avec les poissons, puis d’autres attelés à récolter des algues destinées à l’export pour la conception de cosmétiques. Quoi de plus normal que d’y goûter à ce poisson, avant que les pélicans, qui squattent en masse, ne les dévorent tous. Pour info, je grogne toujours un peu car je préférerais croquer dans un sandwich, perdue au milieu de ces dunes. Mais avec cette vue sur le Pacifique et sa plage de graviers rouges, on est bien. Jusqu’à ce que le Chinois vienne s’installer à quelques tables de nous. 

Commentaires: 6
  • #6

    Mimie (jeudi, 02 juillet 2015 13:45)

    HAHAHAHA!!!! MDR!! Je l'imagine trop la petite "noiche" entrain de regarder de ses yeux de biche son congénère :) !!!
    Bizous la Tourniquette!

  • #5

    Lucie (vendredi, 12 juin 2015 17:11)

    Hahahaha il m'aura bien fait rire ce passage!!!

  • #4

    D. (lundi, 08 juin 2015 09:10)

    Quelles aventures ! Dire que Tournicotine avait peut-être son cousin éloigné à quelques pas (quelques clics...) ?! On se croirait dans un décor, c'est juste magnifique.
    Quand au guano, attention Tournicotine : il "stimule immédiatement la croissance des plantes, on l’utilisera au printemps, de mars à juin et septembre à novembre". Tu vas nous revenir avec la taille de Paul-Louis toi !

  • #3

    la danoche (samedi, 06 juin 2015 17:44)

    Du calme du calme Tournicotine ! Tout va bien, pas de stress....pour l'instant ce sont encore les vacances !!
    Et oui, ils sont partout ces chinois ( vu leur grand nombre ) , ça voyage !
    Syl "stone"??.....il fait semblant le garçon !

    SA Séréna a gagné. ....
    En attendant la victoire de Barcelone ce soir !!
    Bizzzz et tranquilou, tranquillou . Plein de belles ☆☆☆ dans vos mirettes !

  • #2

    M&JP (samedi, 06 juin 2015 17:26)

    Magnifique.
    C'est le délire complet……c'est le jaune (pastis)…..ahahahahha

  • #1

    Manu H. (samedi, 06 juin 2015 16:15)

    Superbe cette côte !

Lima, session de rattrapage réussie


30 MAI – 3 JUIN

Et dire qu’on l’avait quittée après seulement 48 heures en janvier dernier. Avec comme maigres souvenirs, une vue panoramique aussi impressionnante qu’étouffante, des abats dégueulasses payés une fortune et une énorme frayeur à l’aéroport. Quatre mois et demi après, c’est avec une Lima new-look que nous avons pris rendez-vous. Installés cette-fois dans ce qu’elle a de plus précieux : son centre historique. Et forcément, cela change tout. Car c’est bien gentil de vivre dans le quartier backpackers de Miraflores, à 45 minutes minimum de bus de la place principale mais cela n’apporte pas grand-chose culturellement parlant. Alors que choisir comme camp de base l’hostal España, situé au carrefour des monuments et en plein cœur du brouhaha liménien, ça permet de poser un tout autre regard sur cette mégalopole de 8,4 millions d’habitants. Bon, avouons-le tout de suite, on a adoré s’arrêter dans ce vieux palais restauré par Manuel Chavez, un peintre péruvien. Un lieu aussi baroque que loufoque. Nos compagnons durant cinq jours ? Un buste de Néfertiti, des escaliers en colimaçon, deux perroquets, une réplique géante de la tête du David de Michel-Ange, trois tortues, des patios et recoins, deux paons, la Liberté guidant le peuple et des tableaux de la vie de Jésus disséminés un peu partout. Génial. Même si le reptile à carapace squatte le baños (salle de bain + toilettes) en permanence ! Pas grave, ça fait plus de temps pour nous à passer dehors. Cela tombe bien, ce n’est pas le moment de traîner, il faut rattraper notre raté de janvier.

On débute donc par la mairie. On prend la pause sur le balcon, on déambule dans les salons, c’est tout bon. Vite, direction le couvent saint François d’Assise. Dis comme ça, y’a pas grand-chose de sexy à tournicoter dans un monastère franciscain mais franchement ça vaut clairement le détour. Surtout qu’une heure et demie de visite guidée passionnante qui parait dix minutes, ce n’est pas tous les jours que ça arrive ici. La grande sacristie et sa profusion de dorures détonnent dans un tel milieu. Et que dire de cette exceptionnelle bibliothèque semblable à celle rencontrée dans Harry Potter et renfermant 25000 volumes du XVIe au XXe siècles. On aurait également pu vous parler du réfectoire somptueux, des murs couverts de mosaïques sévillanes datant de 1620 et des catacombes où près de 30 000 personnes ont été entassées… Mais, face à tant de trésors, il faut bien trancher. Pour ne pas faire de jaloux, on est allés faire un coucou aux voisins, les Dominicains. Au programme, des cloîtres de toute beauté et la découverte des tombeaux de san Martin de Porres et santa Rosa, frère et sœur canonisés par l’église catholique et élevés depuis au rang d’icône. Sinon, pour faire reposer un peu le cerveau, rien de tel qu’un bon petit combo Burger King – séance ciné avec Georges Clooney sauvant la planète Terre pour se remettre d’aplomb. Et repartir ainsi, gonflés à bloc, sur les traces de l’alimentation humaine au Pérou grâce à la maison de la gastronomie.

On y apprend que le poulet rôti est roi dans le pays andin depuis les années 50. Non, sans dec’, on n’avait pas remarqué. Que l’influence internationale sur les mets présentés aujourd’hui dans nos assiettes est considérable. Mouais. Comment ça mouais ? Oups. C’est vrai. J’allais omettre le fameux churros de l’avenue Jr Lampa. Pardon. Comment t’oublier ? Toi, le meilleur dessert savouré en 2015. Toi pour qui on a fait tous les jours la queue sur le trottoir avant de te déguster chaud brûlant. Toi que l’on n’oubliera jamais (Tournicotin en rêve la nuit). Merci à celui qui t’a créé et amené jusqu’ici. Un Espagnol qui, dans des temps obscurs, emporta sa recette jusqu’aux abords du Pacifique. Comme quoi, le colon, ça peut avoir du bon (LOL, MDR…). Cette fois c’est sûr, promis juré craché, lama euh Lima, on ne t’oubliera pas. 

Commentaires: 2
  • #2

    D. (lundi, 08 juin 2015 09:14)

    Un Churros meilleur que celui dans les environs de la Plaza Santa Ana à Madrid ? No way Tournicotin, je prends le 1er vol pour Lima et j'arriiiiiive !

  • #1

    mmm (jeudi, 04 juin 2015 17:43)

    Vous êtes "les ROIS" â Lima ....profitez-en !!
    Attention tout de même au patrimoine laissé par les Nazcas, Incas ....
    En attendant d'admirer les Alpagas, lamas et cetera !
    BisAs

La Colombie, c'est fini, c'était le temps de...

On se souvient votre inquiétude. « En Colombie ? » On se rappelle avoir hésité, jusqu’à ce que l’un convainque l’autre. « Allez, on y va ! » Pour notre imaginaire aussi, ce pays c’était guérilla-cocaïne. Certes, durant notre vadrouille colombienne, les combats entre les FARC et l’armée se sont réveillés. Certes, la Colombie est le premier producteur de poudre blanche. Certes on a évité quelques zones, comme Medellin, réputée pour ses cartels de drogue, les régions de Narino ou du Cauca très fréquentées par les FARC et le désert de Guajira, frontalier du Venezuela. Mais pour la Tourniquette, la Colombie c’est les plus beaux villages, les plus belles plages depuis le début du voyage. Moins de touristes croisés, des hébergements très bon marché. Des couleurs, de la chaleur. C’est aussi, et de loin, le pays le plus cher en termes de transport, si bien que Tournicotin s’est amusé à calculer : 1 457 00 COP (540 €) dépensés dont 221 000 en avion et 40 000 en bateau, d’Ipiales à Bogota. On rigolait bien en Colombie, hein. 

Commentaires: 2
  • #2

    M & JP (lundi, 01 juin 2015 09:20)

    Continuez à bien rire, c'est important car vous savez certainement qu'un bon rire remplace un bifteck!!! Bonne continuation…… un abrazo fuerte e mil besos para compartir…….

  • #1

    n. (samedi, 30 mai 2015 08:22)

    Tant mieux pour cette belle impression laissée !
    Bonne continuation !
    Nous attendons la suite ...la Tourniquette au Pérou , épisode 2
    Bezzzos

Bogota, des musées à tout-va

27-29 MAI.

On l’appréhendait un peu. Il y a eu Lima et nos premiers pas latinos, hésitants. Puis Quito et notre mauvaise rencontre, traumatisante. Dans la capitale colombienne, on se devait pourtant d’y passer. Mais on s’était jurés d’être prudents et de ne pas lésiner sur quelques pesos de plus pour sauter dans un taxi plutôt que de déambuler avec nos sacs sur le dos, en mode « coucou on est là ». Sauf qu’on s’y est sentis bien. Et nos gambettes ont volé la vedette aux voitures jaunes. Flâner dans les rues de Bogota sans se retourner à chaque coin de rue, ni soupçonner des regards suspects, quel plaisir. Et sortir le soir sans trop se soucier de la nuit qui tombe, un soulagement. Mais qu’est-ce qui a bien pu nous plaire autant à Bogota ? Le centre historique n’a rien d’extraordinaire. Sur la place Bolivar, à la traditionnelle doublette, cathédrale-hôtel de ville s’ajoutent parlement et palais présidentiel. Des bâtisses imposantes qui attirent moins notre regard que cette armée de pigeons. Il faut parfois les esquiver. Ils sont des centaines à plonger sur les grains de maïs que leur jettent les vendeurs ambulants. Au coin, là-bas, l’air de rien, une maison blanche aux volets verts. C’est ici, que le 20 juillet 1810, se dessine l’indépendance colombienne. Une dispute éclate entre un commerçant, Llorente, très loyal à la Couronne espagnole et des créoles, encourageant les mouvements indépendantistes dans le pays. Agglomérés, dès 1813, par celui que l’on connait aujourd’hui comme le Libérateur. Simon Bolivar. La Colombie, mais aussi la Bolivie, l'Equateur, le Panama et le Venezuela lui doivent leur émancipation. Depuis cinq mois, c’est son buste que l’on croisait. Bogota nous offre la maison qu’il a possédée de 1820 à 1830 et dans laquelle il a séjourné 420 jours. Le salon respire les victoires et les défaites du chef militaire, fêtées au goût de l'Aguardiente (un alcool local) et à l'odeur du tabac. Sur son bureau, la plume posée semble s’agiter. Griffonner quelques-unes de ses idées libératrices, fondatrices des nations sud-américaines actuelles. Dans son jardin, sa sculpture donne même quelques frissons. Monsieur Bolivar. Et pour ne pas oublier ce qu’était ce continent avant lui, avant les colons, le musée de l’Or livre un bel hommage aux civilisations préhispaniques. Derrière les vitrines, 35 000 pièces retrouvées dans les tombes de San Agustin ou sur les lieux de culte de la civilisation Tayrona. Mais aussi des colliers, des pectoraux, des objets chamaniques des cultures Muisca, Tolima, Calima. Dans notre élan culturel, on a filé à la maison Botero, un peintre colombien. Riche propriétaire de tableaux des plus grands, Picasso, Monet, Miro et bien d’autres. Puis au musée de la monnaie avec sa collection traversant les siècles. Et au hasard de ce tourbillon intellectuel, on est tombés sur une exposition photo de Raymond Depardon. La grande grande classe. Il a bien fallu recharger les neurones, un petit verre, un bon petit plat, à deux pas de notre auberge, pour quelques pesos, dans le quartier de la Candelaria. Ici, les maisons s’imbriquent tel un joli bordel organisé. Le toit de celle-ci chevauche celle-là. Les ruelles sont pavées. Les devantures colorées. Un village dans la ville aux 8 millions d’habitants. Une immensité que l’on contemple du haut du Cerro Monserrate. Après quelques minutes passées dans un funiculaire à la verticale. Il vente, pleut à gouttelettes. Mais Bogota apparait. Pas si gigantesque que nous avait semblé Lima (pourtant équivalente). Oui, ici, on arrêterait bien de Tourniquetter.   

Commentaires: 1
  • #1

    mmm (samedi, 30 mai 2015 11:57)

    Superbe écriture, plume.....comme quoi, les études rapportent !
    Félicitations les journalistes !
    ♡♥♡

Villa de Leyva, sous les pavés, le calme 

21-26 MAI

Nos chevilles flanchent sur les pavés. Et notre patience se dissipe. Une heure, une heure que l’on arpente Villa de Leyva à la recherche d’un hébergement. Ils ne manquent pas mais la beauté des lieux semble vouloir priver les petits budgets du spectacle. Le soleil chauffe, nos esprits aussi. Et nos mines énervées cachent des cœurs déçus. Villa de Leyva, on l’attendait. Sans doute le plus beau village colombien. Une pause nature avant la grande Bogota. Le squat parfait pour un anniversaire. Dormir bien loin de la place centrale pour payer un peu moins cher ? Puis à quoi bon s’installer dans un coin si charmant pour ne pas en profiter pleinement ? L’impulsive s’agace. Le grognon râle. En héros, l’hôtel Makram sauve une Tourniquette au bord de la crise. Une chambre trop confortable pour un prix très raisonnable. Un lit, grand. Une douche, carrelée et dotée d’eau chaude. Une décoration boisée et couleur crème. Le grand luxe que l’on décide de s’offrir pour six nuits. Et le 27, alors qu’il faudra laisser les clés, on n’aura pas vu le temps passer. On sera même nostalgiques. Tant les environs sont riches. Tant Leyva, on a aimé. Des pavés pour toutes les ruelles. Des maisons blanches, aux toits en tuile et aux portes et fenêtres en bois foncé. La plus vaste place centrale du pays. Et quelle classe, madame. Juste une fontaine en son cœur. Juste ce qu’il faut pour que la cathédrale s’impose. Et lorsque l’on a su que l’on pouvait se balader et jouir de trois vues sur le pueblo, on n’a pas su choisir. Les indécis ont parfois raison. Car il y a le mirador que l’on atteint après avoir sauté un ruisseau, longé une falaise et traversé une forêt de pins. Celui qui mérite des gambettes solides pour grimper presque à la verticale. Dur. Surtout lorsque Tournicotin a la bonne idée de défier Tournicotine sur une piste d’athlé située au départ du sentier (pour la petite histoire, Tournicotin a gagné le 600 mètres mais s’est complètement effondré lors de l’ascension du mirador). Enfin, le point de vue qui mène à un paysage désertique inattendu aux formes géométriques, ocres, jaunes, rouges. Mais le meilleur souvenir d’une semaine à Leyva reste peut-être cette dernière soirée d’anniversaire. Assis sur les bancs qui bordent la place centrale. La contempler une dernière fois la nuit tombée. Evoquer nos futures étapes. Penser à une famille qui manque, beaucoup. Attablés dans un restaurant, un vrai, aux airs de guinguette. A goûter du vin colombien, déguster du saumon à l’orange et du bœuf cuit au feu de bois. Un délice que l’on ne s’était jamais permis depuis près de cinq mois de voyage. Note à nos papilles : pas question de s’habituer, les anniversaires, c’est terminé.

Autruches et maison de boue


Coronel est mal élevé. Il ouvre grand sa gueule pour nous effrayer. Séduit (et bien plus) Diana sous nos yeux. On n’ose trop rien dire. Il est grand. Il a l’air puissant. Avec ses pattes dotées de deux ongles féroces, il pourrait bien nous embrocher. Puis, avec ses 70 km/h tenus sur 30 minutes, rien ne sert de courir. « L’autruche est sociable », rassure pourtant la guide de cette ferme tout près de Leyva. C’est vrai que quelques minutes avant de déambuler devant l’enclos de Coronel l’énervé, on a traversé celui d’une dizaine de ses compères. Et ils ne nous ont peu fait de cas. Sauf un, curieux. Mais peu effrayant. Ici 90 bêtes sont exhibées. On y découvre que l’œuf du plus gros oiseau du monde pèse 1,5 kilogramme, soit l’équivalent de 24 œufs de poules. Que la taille d’un adulte est en moyenne de 2,15 mètres. Et que la viande de l’animal pouvant vivre jusqu’à 80 ans est l’une des plus saine du monde. Un festin que l’on imagine bien déguster dans cette maison de boue. Un pavillon qui dénote. Imaginé et construit par Octavio Mendonza Morales. L’architecte colombien y passe même parfois quelques jours. Car en plus d’être écologique, la demeure est habitable. La cuisine est ses plaques de cuissons incrustées dans la table donne envie d’y mitonner de délicieux repas, à partager sur la terrasse de l’édifice. Pour digérer, rien de tel qu’une sieste dans la chambre spacieuse, avec vue plongeante sur le salon. Et ses détails rigolos, comme ce bonhomme pour tenir l’ampoule ou ce serpent formant la rampe d’escalier et cette araignée géante suspendue. Une étonnante construction qui nous fait même oublier que quelques heures plus tôt, on a payé, tels des touristes à la con, pour voir des trous d’eau soit disant turquoise du fait de leur teneur en minéraux. Soit disant…

Raquira, son monastère et ses artisans 

A l’étage, les vingt jeunes moines sont silencieux. On ne les voit pas. On les imagine. A lire la Bible, sûrement. A réfléchir encore sur leur décision de répondre à l’appel du Christ. Si l’on n’envie pas leur vie, on se dit qu’ils se forment au sacerdoce dans un bien joli cadre. Le monastère de la Candelaria, construit en 1604 par le Père Mateo Delgado pour rassembler en une seule communauté les ermites qui vivaient dans les grottes environnantes, est le premier des Augustins récollets en Amérique. La visite est rapide, les photos sont interdites, alors pas de temps à perdre, on zyeute ce que l’on peut. La blancheur de l’édifice contraste avec les montagnes rougeoyantes du désert voisin. Des plantes suspendues embellissent le cloître. L’eau qui ruisselle de la fontaine centrale est reposante. Cette table en cuir était employée pour la confection des hosties. Et là, dans l’Eglise, un cadre représentant la patronne de la maison : la Vierge de la Candelaria. Qu’ils sont loin les klaxons, vrombissements de motos et enceintes qui crachent de la musique à fond. On pourrait presque rester là quelques jours, le monastère est aussi réservé aux retraites spirituelles. Mais à croire que finalement, il nous convient bien ce tintamarre latino. Car on file. Chemin inverse à celui emprunté le matin, retour à Raquira. Un village d’artisans à 25 kms de Villa de Leyva. Les brisures de poteries jonchant le sentier qui y descend en sont le premier indice. Les peintures multicolores qui ornent les maisons, le deuxième. Et, vendus sur les pas de portes : des hamacs et des sacs tissés, des vases, des jarres et des tirelires. Si on avait eu de la place dans nos sacs, on s’en serait bien offert une… pour y collecter les économies destinées à nos futurs voyages.  

Santa Sofia et ses merveilles interdites

« No pase. Propriedad privada ». Bon ok, dans les environs de Santa Sofia, à 20 kms de Villa de Leyva, on a joué les rebelles. Enjamber les barbelés, escalader les barricades, se faufiler sous les fils de fer. Pour accéder aux merveilles naturelles (visibles seulement avec des tours organisés), on n’a pas hésité. TROP-UNE-OUF cette Tourniquette. Puis, pour le coup, le GO de cette rando, c’est mister Tournicotin, alors on ne lui gâche pas son plaisir, on passe ! Et qu’est-ce qu’on a bien fait. Car ce Hoyo de la Romera, une faille sismique profonde de plus de 30 mètres impressionne. Le cratère qu’elle a formé donne des frissons. La légende raconte que les Indigènes y jetaient les femmes infidèles. S’ils avaient pu se prendre les pieds dans une de ces racines saillantes et y chuter à leur tour, bref. On se penche, un peu. On contourne la végétation abondante et on file admirer la cascade El Hayal. Ça n’a pas l’air d’être sa saison vedette. Seul un filet d’eau glisse le long de la paroi rocheuse. Mais au niveau du bassin d’arrivée, une jolie grotte pointe son nez. On l’observe de loin, car la pluie, menaçante depuis le début de nos aventures défendues, tombe à petite goutte. Nous voilà trempés pour traverser le Paso del Angel. Là encore, la pancarte « Perros bravos » (Chiens méchants) ne nous retient pas. Tant mieux, d’une on ne croise aucun paysan énervé fusil à la main accompagné de son animal féroce. De deux, malgré la brume, c’était super. Un chemin sur les crêtes qui rétrécit jusqu’à atteindre 40 cms de large. A ce moment, sur notre droite, 280 mètres de vide avec une vue plongeante sur le fleuve Moniquira. La gauche (pour une fois) joue les petits joueurs avec le sol situé 30 m plus bas. Légère appréhension pour les plus acrophobes de la bande. Vraiment légère car, après « le passage », les gambettes ne tremblent pas pour se rendre à l’extrémité du parcours aérien. Là, une vue à 180° sur les montagnes alentours. Les gouttes ruisselant sur nos joues nous pressent. Rentrons à Santa Sofia. Sur le chemin, cinq gamins, cartables sur le dos, amusés par un chien qui leur court après, nous font sourire. Celui-là, qui nous montre les crocs, un peu moins. Qu’importe, durant ces 17 kms, on passe partout qu’on vous dit. 

En mode Jurassic Park

Vous l’aurez compris depuis le temps, la belle Leyva regorge d’inépuisables richesses. Des autruches, des pavés, un relief splendide et une histoire des plus remarquables. Qui a commencé ici bien avant l’arrivée des premiers êtres humains sur la planète bleue. Et oui, déjà pendant le Jurassique (période s’étalant de -200 à -145 millions d’années), ammonites, tortues géantes, reptiles marins et dinosaures monstrueux semblaient tout particulièrement apprécier l’endroit. Il suffit pour cela d’aller jeter un coup d’œil du côté du musée des fossiles et du centre d’investigations paléontologiques pour s’en convaincre définitivement. C’est que des spécimens incroyables découverts à quelques encablures de là à la fin du XXème siècle hantent les lieux. Comme ce Pliosaure semblant venir d’une autre dimension et dont le squelette se dévoile à nous dans un degré de conservation des plus remarquables. Merci la fossilisation. Neuf mètres de long, une amplitude folle, une mâchoire terrifiante à faire pâlir  n’importe quelle armée de requins blancs ou caïmans, rien que la vue de ses os donne le vertige. Pour ne pas dire fout les jetons. La carcasse de son cousin des mers à long cou subjugue plus qu’elle n’inquiète. On le sait végétarien, amateur de bons poissons, on ne craint donc rien avec ce Loch Ness géant. Ouf. Mais attention à ne pas prendre trop la confiance. Tomber sur des empreintes de pas type Vélociraptor est quelque chose de fréquent dans les parages. Rien que d’y penser, ça fait froid dans le dos. Tout comme se retrouver nez à  nez avec cette dent de Smilodon (sorte de Super Tigre qui aurait bien besoin d’une visite chez le dentiste) d’une dizaine de centimètres de longueur. Pendant ce temps-là, dehors, des vieux chiens pas plus hauts qu’un caniche font les malins en nous jappant dessus. Mais après une telle visite, même pas peur. 

Commentaires: 3
  • #3

    n. (vendredi, 29 mai 2015 06:25)

    On s'imagine .... On s'imagine .... Mais hâte de pouvoir visualiser les photos !

  • #2

    mmm (jeudi, 28 mai 2015 10:06)

    suite et fin .....
    Belle carcasse que ce reptile . Mieux vaut qu'il reste au fin fond des eaux !
    Bon séjour â Bogota en attendant le retour au Pérou et son majestueux Machu Picchu .

  • #1

    mmmm (jeudi, 28 mai 2015 09:57)

    Anniversaire fêté dans une (presque) suite et avec un excellent repas ! Chaud, chaud l'ambiance ! Seule l'araignée a dû "agacer Sylvain.
    Coronel semble souhaiter un : "cumpleanos feliz" â Léonie.
    Vous parcourez autant de kilomètres quelle !
    Une retraite au monastère serait très bénéfique à plus d'un d'entre nous !
    On ne va pas dans des propriétés privées Tournicotin . Vous denotez de trop de témérité !

Aquitania : l'oignon pour compagnon

19-20 MAI

Pour nous faire oublier la morosité de Tunja, rien de tel qu’un départ en direction de la montagne et de ses nombreux espaces verts pour reprendre du poil de la bête. Adieu l’ennui à mourir, bonjour la liberté et la découverte. L’heureuse élue de la semaine n’est autre que la municipalité d’Aquitania, située à une altitude de 3030 mètres (dans le top 10 des villes les plus élevées de Colombie) et fondée le 26 juin 1777 par le capitaine espagnol Juan de San Martin. Bon, OK, tout le monde se fout pas mal de la deuxième information présente dans la phrase précédente. A part ça et plus sérieusement, mis à part un Jésus taille XXL surplombant l’église de la cité ou un chemin de croix plutôt sympa à grimper sur la colline avoisinante, Aquitania n’a pas grand-chose de transcendant à proposer à ses visiteurs. Oui mais. Pas grand-chose ne veut pas dire rien.

La maligne a quand même un atout majeur dans son jeu. Celui de border la fameuse lagune de Tota, lac naturel constituant la plus grande étendue d’eau du pays avec ses 11,8 km de long sur 6,8 km de large. Dis comme ça, l’effet d’annonce est somme toute relatif mais sur place, croyez-nous, ça a vraiment de la gueule. Au jaune des rayons du soleil, se mêlent le bleu de la surface liquide ainsi que le vert et le marron des champs poussant à proximité. Un splendide arc-en-ciel virtuel… qui deviendra, pour la petite histoire, réel à deux reprises quelques heures plus tard. Chanceuse cette Tourniquette. Chanceuse mais surtout volontaire et accrocheuse. La lagune n’est pas atteignable à pieds à travers champs ? Peu importe, on veut aller la chercher quand même. La toucher. Même s’il faut pour cela longer la route principale pendant de longues minutes, traverser des fossés vaseux et énerver quelques vaches sur le chemin. Mission réussie. Cela mérite bien une bière en récompense. Une bière chaude bien sûr. Car ici, les gens se croient en Sibérie et trouvent inutile de brancher leurs frigos. Peu importe le respect de la chaîne du froid, l’heure est aux économies. Déprimant.

Seul lot de consolation dans les parages ? Gagner le droit d’humer toute la journée le fameux oignon vert, véritable mascotte de la ville. Ici, il est partout. De 7 à 77 ans, on ramasse et cultive la plante herbacée et ses bulbes. Une tâche rébarbative et fatigante vue de loin. Une tâche indispensable pour la survie de toute une population vue de près. En prenant en compte son rôle social, on oublie presque l’émanation désagréable se dégageant du condiment. Presque. Quoiqu’il en soit, on n’allait quand même pas quitter ce décor atypique sans laisser nos traces de pas un peu partout. Surtout que Tournicotine nous a dégoté une petite « marchounette » de 25 bornes qui a l’air bien sympathique. Et comme son compagnon ferait bien un détour jusqu’à cette église semblant abandonnée située à proximité de la presqu’île…. Bingo. On en rajoute cinq. Dingo cette Tourniquette. Dingo mais surtout au top physiquement et mentalement. Peu importe le bitume à perte de vue. On va l’atteindre cette fameuse Playa Blanca, étendue blanche de 800 mètres bordant le lac. Même si la pluie nous ralentit. Même si la capuche colle. Même si les pieds chauffent. Après une dernière montée, elle se dévoile à nous. Belle gosse sans plus la plage blanche. Rien à voir avec sa grande sœur de Carthagène des Indes mais on est quand même ravis et soulagés de pouvoir poser nos fesses sur son ponton. Au milieu d’une armée de libellules et de moucherons certes, mais surtout, sous un soleil enfin de retour après une interminable partie de cache-cache. Suffisant pour transformer la pause pique-nique en un moment des plus appréciables. Même si quelques lamelles d’oignons manquent à l’appel. 

Commentaires: 2
  • #2

    M & JP (dimanche, 24 mai 2015 12:10)

    Que d'énergie!!! est-ce l'oignon? De plus si il est vert, sans être chauvin, je comprends mieux……..
    Besitos.

  • #1

    mmm (dimanche, 24 mai 2015 09:46)

    Mince, j'ai oublié l'oignon vert !
    Que de couleurs !
    Bonjour â Raquira et bon dimanche au soleil j'espère.

Tunja : même pas de Tortues Ninja !


17-18 MAI

Après les quatre nuits chaudes (… pas de ventilateur dans la chambre) passées du côté de San Gil, l’arrivée en ce dimanche après-midi dans la cité de Tunja située en haute altitude (2820 mètres) ne pouvait que refroidir l’ambiance. Bingo. Ici, on ne dort pas sur le drap, on se cache sous les couvertures. Pas de bronzette au programme non plus, simplement des zigzags dans la ville en évitant les averses. Et comme la capitale de la région Boyaca ne regorge pas de trésors architecturaux ou historiques, force est de constater qu’on s’y ennuie assez vite. Peu de vie dans les ruelles, pas de sites majeurs à admirer, on passe limite plus de temps devant le téléviseur de l’hôtel. C’est dire. En même temps, payer pour visiter de sombres couvents d’époque moderne ou la maison de l’écrivain Don Juan de Vargas, inconnu au bataillon pour 99 % du commun des mortels, ça n’incite pas forcément à l’enthousiasme. On s’est donc contenté du minimum syndical. Traverser de long en large la place Bolivar, considérée comme la seconde plus grande de Colombie en superficie. Jolie, efficace, changeante. Puis passer 30 minutes dans une demeure du XVIe siècle où vécut le fondateur de Tunja, Mr Gonzalo Suarez Rendon. Plafonds somptueux, guide sans intérêt et c’est à peu près tout.

Il est vite devenu impératif d’abattre notre dernière carte. Celle que les Sud-Américains adorent, à savoir déambuler quelques heures au Mall. Traduction française, centre commercial. Ici, il ressemble à une sorte de Part-Dieu miniature ou à une Toison d’Or en moins charmante. Mais au moins, on a le sentiment d’agir. Et de se faire plaisir. Grande gagnante du jour ? Tournicotine !!! Qui en ressortira avec un cadeau d’anniversaire violet offert avec une semaine d’avance. Et une coupe de cheveux fashion qu’elle s’offrira toute seule comme une grande. Faut pas déconner non plus (LOL). Mais, rassurez-vous, elle n’a pas été la seule à abandonner ses longueurs. Tournicotin a emboîté le pas. Et dit adieu à sa tête de John Lennon pour devenir le sosie de Tintin. Tunja aura donc été utile au moins une fois en 48 heures. Sauvés. On peut partir maintenant ?


Commentaires: 4
  • #4

    D. (lundi, 08 juin 2015 12:23)

    Rien de tel que les coupes home made les jeunes....ou pas :D

  • #3

    mmm (dimanche, 24 mai 2015 09:39)

    Honneur â l'oignon !!
    Rouge, blanc, jaune, cru ou cuit, l'oignon est une "bonne pomme " !
    Avant le bisou, mâchez du persil .....effet garanti !

  • #2

    mmm (dimanche, 24 mai 2015 09:25)

    Et oui nous avons perdu nos 4 tortues : Léonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael ! Sylvain les imitait avec l'épée â la taille ! Trop marrant !
    Bonne idée pour cette journée coiffeur . Léonie bien bien, Syl, comme toujours : trop court !
    ( j'espère que tu en as eu pour ton argent ! )

    Visitez-bien en attendant le 26 !!

  • #1

    n. (samedi, 23 mai 2015 13:45)

    Le cadeau d anniv violet outre la couleur ... Originale ! c ' est un cadeau UTILE !!! J'espère seulement que les anciennes sont sur une décharge colombienne ! Peut-être aux pieds d' une pauvre petite colombienne .... Aux grands pieds !!! ha ha !!!

San Gil : il va y avoir du sport...


13-16 MAI

Adieu le Nord de la Colombie et sa mer des Caraïbes, ses plages somptueuses et ses grosses chaleurs. Après plus de 12 heures de bus, la Tourniquette a mis le cap au Sud dans la nuit de mardi à mercredi, direction la localité de San Gil, peuplée de 50 000 âmes et considérée comme étant la capitale des sports d’aventure du pays. Quelque peu fatigués par ce long et très frisquet voyage (ici mettre la climatisation à fond est une spécialité nationale), on a laissé de côté le rafting sur le rio Fonce, les descentes en rappel et la spéléologie pour simplement partir à la découverte de cette cité coloniale perchée à 1300 mètres d’altitude. Autant lever tout de suite le suspense, San Gil ne postulera jamais au titre de plus belle municipalité sud-américaine. Bâtisses jolies mais sans plus, parc central en travaux (pas de bol), ruelles quelconques, pour l’esthétique on repassera. Par contre, niveau ambiance, on s’y sent particulièrement à notre aise. Ça grouille et klaxonne de partout, ça s’agite autour des halles du marché, ça se regroupe entre amis autour de l’église, ça profite de la vie avec le sourire. Partout, tout le temps. Du coup, quitter San Gil dans la précipitation ne s’impose absolument pas. D’autant plus que notre petit hôtel et sa cuisine en libre accès dénichés au hasard sont des plus accueillants. On y prépare des crêpes du soleil entre deux verres de vin rouge acheté en brique (oui oui, on  appelle ça sacrilège). Puis on y concocte une entrée avocat-œuf au plat du plus bel effet avant de savourer en dessert de l’ananas. Bref, on en profite bien. A l’extérieur, le long de la calle 12, les burgers sont exquis. Tout comme les pâtes au pesto. Comme quoi, il n’est pas nécessaire de trouver des choses à faire et/ou à voir dans une ville pour s’y plaire. Surtout quand vous savez qu’à quelques kilomètres de son épicentre, des beautés naturelles vous font du pied…

De Barichara à Guane par le chemin royal 

C’était peut-être plus quatre que deux verres de vin rouge. Le réveil pique un peu. Et ces virages remuent l’estomac, plus qu’habituellement. Mais l’Efferalgan n’est pas nécessaire. Barichara joue la pilule magique. A 45 minutes de San Gil, on dit de lui qu’il est le plus beau village de Colombie. De ce que l’on a vu depuis presque deux mois, on acquiesce sans hésiter. En s’enfonçant dans les ruelles pavées, presque plus un bruit. A part les pas d’une mamie à la robe assortie au turquoise de cette maison.  Ou l’aboiement de ce chien que l’on préfère entendre plutôt que croiser. Ici, c’est doucement le matin, pas trop vite l’après-midi. Quelques efforts tout de même pour arpenter le lieu. On grimpe le long des maisonnettes blanches aux fenêtres et portes de bois colorées surmontées de croix personnalisées, puis on plonge avec une vue sur les collines alentours. Un si beau décor qu’il séduit les réalisateurs de telenovelas (séries) latinos. Le genre de feuilletons où Maria dévoile son amour pour Juan. Mais c’est compliqué parce qu’il sort avec Véronica qui est enceinte de lui. Juan, si tu veux un conseil de la Tourniquette, fuis. Depuis Barichara c’est simple, tu peux joindre Guane par le camino real. Un peu plus de cinq kilomètres de voie pavée construite par Géo Von Langerke. Là encore, un destin digne d’un film. Le type s'installe en Colombie en 1852 alors qu’il est poursuivi par la justice allemande pour meurtre. Ingénieur de formation, il bouleverse la région de Santander en y construisant des ponts et un réseau de chemins pour faciliter le commerce. Passionné de lecture et de piano, il se met au négoce en produisant et exportant la quinine, extraite d’un arbuste et utilisée (à l’époque) pour la prévention du paludisme. Puis il y a l’autre face, celle que les réalisateurs de série B préfèreraient : un homme arrogant et alcoolique. Père de 500 enfants, excentrique et mégalomane allant jusqu’à créer sa propre monnaie. Quoiqu’il en soit, le parcours, aujourd’hui rénové, est bucolique. Des brins d’herbe s’incrustent entre les pierres. Des arbres semblant pleurer des fils de poussière squattent de l’autre côté du muret. De la lavande, du pastis et des cigales nous transporteraient en Provence. Mais c’est bien à Guane que l’on débarque. Accueillis par ces vaches légèrement bosselées, aux oreilles en triangle. Les murs sont décrépis, certains effondrés. L’Eglise s’habille de pierres ocre et se pare d’un plafond de bois. Ça fonctionne, on est sous le charme de ce pueblo isolé. Qui n’a même pas eu besoin de quelques verres de vin pour oser nous draguer. 

Canyon de Chicamocha : une journée marathon

Dans la famille « Journées les plus éprouvantes depuis le début de la Tourniquette », je demande le vendredi 15 mai 2015. Quinze heures passées dehors, des émotions en pagaille, un réveil à cinq heures du mat’, 22 bornes parcourues à pied et un retour à la maison rocambolesque, ça marque les esprits. Forcément. Mais surtout, ça cimente des souvenirs. A jamais. Tellement, qu’il est difficile de savoir par où commencer. En gros, sur le papier, notre objectif est simple : traverser le canyon (le plus profond du monde) de Chicamocha au départ de Villanueva direction Los Santos, puis pique-niquer là-bas et prendre deux bus pour rallier San Gil avant la nuit. Sur le profil typographique, cela donne : du plat sur cinq kilomètres, une descente sèche sur environ 10 autres pour rallier, dans le creux, le village de Jordan et enfin un profil qui s’élève considérablement sur cinq autres pour finir en beauté. Le tout sur la faille sismique la plus importante (mais l’une des moins dangereuses car les vibrations restent enterrées) de Colombie. Dernier tremblement de terre relevé, en mars dernier. Que du bonheur non ? Après six heures et quinze minutes d’efforts intenses, la réponse s’impose comme une évidence : OUI, OUI et encore OUI.

C’est qu’il faudrait être fous pour affirmer le contraire. Comment ne pas aimer marcher sur un sentier ocre au lever du jour en pleine terre inconnue tout en se faisant saluer par un perroquet ? Comment ne pas apprécier ce point de vue incroyable sur ce canyon aux couleurs multiples et au dénivelé rendu encore plus vertigineux par les rayons du soleil ? Comment ne pas adorer ce sentiment d’être seuls au monde au milieu de cette immensité naturelle ? Le panorama est si beau et les paysages si variés que l’on n’arrive presque pas à être fatigués. Même à 40 degrés sous le cagnard. On contemple les falaises. Pause. On mange des mangues et boit des litres d’eau assis sur la pierre. Stop. On longe le canyon et se pose sur la place centrale de Jordan, sorte de village fantôme anciennement détenu par les FARC. Arrêt gâteaux en scrutant les traces d’un passé douloureux marqué par les impacts de balle visibles sur les façades des demeures abandonnées. La suite se résume à pénétrer dans la forêt et continuer à en prendre plein les mirettes malgré le relief montagneux qui se dresse sous nos pieds.

L’occasion de croiser un lézard vert fluo trop mignon, de dépasser deux touristes complètement au ralenti sur le chemin caillouteux et de commencer à rêver aux délicieux sandwiches qui nous attendent dans le sac. Imaginez un peu. Des tranches de pain de mie aux céréales et fruits secs. Le grand luxe ici, vraiment les reines du supermarché. A l’intérieur, du fromage tartiné avec amour, des tomates découpées avec dextérité et des tranches de mortadelle de poulet toujours à l’allure plastique. Miam quand même. Durée de vie du festin ? Vingt-cinq minutes. Entre 13h11 et 13h36 précisément, sur la place du village de Los Santos. Les morfales rassasiés, c’est déjà l’heure du retour. Il est 14 heures.

Un car se présente à nous, tout roule. Tournicotine en profite pour faire sa sieste bouche grande ouverte (non c’est une blague) et Tournicotin pour se masser et gratter les orteils (véridique). Quatre-vingt-dix minutes s'écoulent et le chauffeur nous lâche sur la route principale. A côté de policiers. Prudence oblige. Ne nous reste plus qu’à intercepter un dernier bus sur cette voie rapide située au milieu d’un vrai no man’s land. Pas simple. Une heure et demie plus tard et après s’être pris une dizaine de vents des conducteurs malgré l’aide des deux agents de sécurité, nous voilà toujours coincés au même endroit. Les moyens de transports sont tous blindés. Pas de place pour nos petites fesses. Et il est bientôt 17 heures. Le soleil va prochainement se coucher et on ressemble de plus en plus à deux ânes bâtés pris au dépourvu. Grrrr. Énervant. Un peu inquiétant. Il faut agir. Et vite. On grimpe alors dans un mini-bus direction la ville située plus en amont, Piedecuesta. En espérant que là-bas, au moins, on trouvera deux sièges libres. Vœu exaucé. Le billet est plus cher, mais on s’en fiche pas mal. A 18 heures, un moyen de locomotion vient nous délivrer. Malgré les embouteillages et les risques inconsidérés pris dans les virages par le chauffard, la Tourniquette est de retour à San Gil. Saine et sauve. Il est 20h30. On fête ça ? Non, juste un plat de pâtes et au lit. Trop crevante cette exceptionnelle excursion.

Commentaires: 4
  • #4

    D. (lundi, 08 juin 2015 12:21)

    Je suis d'accord avec n. : de l'action, du suspens, du rire, du stress, de grosses questions sur le dénouement de l'expédition....l'Oscar est attribué à la Tourniquette !

  • #3

    M & JP (mardi, 19 mai 2015 18:59)

    De vrais explorateurs…..et de très bons conteurs. Gros bisous

  • #2

    n. (lundi, 18 mai 2015 12:46)

    Scénaristes, ça ne vous dit pas ? car là c'est réussi !

  • #1

    mmm (lundi, 18 mai 2015 09:09)

    Attention : vin, excursions avec modération !

Les apprentis Robinson à Tayrona

 9-11 MAI

« T’as entendu le bruit ? » En pleine jungle, Tournicotin sème la panique. « Non, rien ! » Au milieu des oiseaux qui piaillent, des lézards qui font craquer les feuilles mortes, « le bruit » est difficile à identifier. « Là, à nouveau ! », s’arrête l’Indiana Jones bourguignon. « Je n’entends rien moi. C’est quoi comme son ? » - « Brrrroooaaahhh ». Imitation des plus rassurantes. « Tu mimes un lion ou quoi ? » C’est qu’il n’avait pas tort l’aventurier du jour.  Ce rugissement n’était autre que le cri du singe hurleur, qui peuple le Parc national naturel de Tayrona. On peut l’entendre jusqu’à trois kilomètres et il en fait son arme lors de ses combats avec ses compères. Pourtant, quand on l’avait aperçu, quelques minutes plus tôt, il avait l’air plutôt peinard. Avachi entre deux branches, perché à une trentaine de mètres de haut à l’ombre d’un majestueux conifère. C’est donc la tête en l’air que l’on termine la balade. A la recherche du roi de cette jungle-là. Et en tachant de ne pas s’emmêler les pieds dans quelconques lianes ou racines qui trainent par centaine. Sans succès, mais on avait déjà été gâtés la veille lorsque qu’une bande de capucins à front blanc nous étaient passés au-dessus de la tête. Bien plus vigoureux que l’imposant singe hurleur. Hardis dans leur déplacement, avec ou sans bébés sur le dos. Ces petits malins n’hésitaient pas à nous défier du regard.

A une trentaine de kilomètres de Santa Marta, toujours sous une chaleur écrasante, Tayrona nous a régalés d’une nature abondante. Même s’il a fallu en payer le prix. Créés en 1969 par l’Etat colombien en vue de préserver un écosystème original (les montagnes de La Sierra Nevada clouées à la mer des Caraïbes), les lieux ont été vendus à une entreprise privée il y a dix ans. Résultat : les prix sont exubérants, du droit d’entrée aux épiceries. On a payé 50000 COP pour dormir sous une tente. Soit le prix de deux nuits dans notre petite cabane à Playa Blanca… La crise du porte-monnaie digérée, on en a bien profité. Surtout qu’on avait prévu et amené nos petites provisions, comme de véritables backpackers. Du thon, des galettes salées et des gaufrettes. Vu comme cela, ce n’est guère appétissant. Mais savouré sur une plage à l’allure de crique sauvage et paradisiaque, c’est plus sympa. Car à Tayrona, il y en a pour une Tourniquette grimpette, une Tourniquette bronzette et une Tourniquette à lunette. Des sentiers qui crapahutent entre rochers et sentiers sableux. L’occasion d’y observer un petit nouveau dans notre dico des lézards latinos : celui à la queue bleu émeraude. Trop beau gosse. Puis ces plages, où l’eau n’est pas si cristalline, mais où la sensation d’être proche de la nature est décuplée. Tant les cocotiers sont près, les sommets de la Sierra visibles. Et ce site : Pueblito. Un village qui a été peuplé par les ancêtres des communautés indiennes de Tayrona, au XVIe siècle. Les terrasses sont encore bien visibles, on y devine l’emplacement de leurs huttes. Au point de se demander si on pourrait vivre, nous ici, isolés. Pas encore. Mais on s’améliore sur l’échelle de la "Robinsoncrusoitude". A Tayrona, on a récolté des mandarines délicieuses. Puis on a cueilli notre première coco qu’un local nous a ouvert (impossible sans le matos, on a tout essayé). Prochaine étape, on s’achète une machette. 

Commentaires: 7
  • #7

    D. (lundi, 08 juin 2015 12:16)

    Que d'aventures ! Vous auriez du demander à L. la chef scout quelques conseils :)

  • #6

    la danoche (vendredi, 15 mai 2015 10:22)

    Tout est beau, intéressant et parfait ....bonne continuation et attention !
    Bizzz

  • #5

    Tournicotine (vendredi, 15 mai 2015)

    Ah ! Mon commentaire a débloqué les vôtres. Tant mieux :)

  • #4

    Tournicotine (vendredi, 15 mai 2015 00:05)

    Petit bug du blog, vos commentaires ne s'affichent plus. Bises à tous, en espérant que cela ne dure pas trop.

  • #3

    mmm (mercredi, 13 mai 2015 09:51)

    Quelle HISTOIRE Pueblito !
    Vous êtes les naufragés ? Je crois savoir qui est Vendredi !

  • #2

    mmm (mercredi, 13 mai 2015 09:12)

    Quelle HISTOIRE Pueblito !
    Vous êtes les naufragés ? Je crois savoir qui est Vendredi !

  • #1

    mmm (mercredi, 13 mai 2015 09:07)

    Quelle HISTOIRE Pueblito !!
    Vous êtes les naufragés ? Je crois savoir qui est Vendredi !

Cartagena, un festin quatre étoiles 


3-7 MAI

Cartagena de Indias ou Carthagène des Indes en traduction française. Rien que son nom met l’eau à la bouche non ? Alors, pour visiter cette place forte du tourisme colombien, on a décidé de mettre les petits plats dans les grands avec un vol direct en provenance de Medellin s’il-vous-plaît. Soit 45 minutes passées au-dessus de la mer des Caraïbes pour ouvrir l’appétit. Un véritable délice. Une fois posés sur son sol par contre, on avale de travers. Atmosphère irrespirable, 90 % d’humidité, des bidonvilles à perte de vue, une erreur sur notre localisation d’hôtel, des euros qui s’envolent et les esprits qui s’échauffent. Nous aurait-on menti ? Où se cache donc cette fameuse cité d’or, classée, avec sa forteresse, au patrimoine de l’humanité de l’Unesco ? Shakira, Donald Trump, Bill Clinton y viennent pourtant fréquemment en vacances. Bizarre… Pas tant que ça. Remis dans la bonne direction (celle du centre historique et touristique), elle nous dévoile peu à peu ses charmes. Ses étendues d’eau à perte de vue et ses remparts intacts nous font d’abord saliver. Fouler la place de la paix puis pénétrer dans la vieille ville via la porte de l’horloge nous font vite succomber. II est à peine 9 heures du matin en ce dimanche 3 mai, le soleil est au rendez-vous, les rues sont désertes, Carthagène est à nous. Ou presque. Car jamais les Français n’ont eu la mainmise sur ce bastion du royaume d’Espagne fondé en 1533 par le conquistador Pedro de Herredia. Ce ne fut pourtant pas faute d’essayer. Plusieurs fois attaquée par les corsaires tricolores et anglais aux XVIe et XVIIe siècles, la ville portuaire ne tomba pas. Pillée oui, désertée et abandonnée jamais.

Dans ce haut lieu d’histoire, l’heure n’est (pour une fois) pas à la gourmandise. Ici, on ne cherche pas direct une boulangerie pour débuter la journée mais bien les musées. Même si… les entrées ne sont pas données. Peu importe. On fera des économies sur le sablé à peine croquant ou sur le gâteau au chocolat du pauvre. Deux heures passées au palais de l’Inquisition nous ont ainsi amplement comblés. Passage au crible des instruments de torture, découverte des traditions culturelles liées aux peuples antiques, historique balayé de manière efficace, on ne pouvait rêver mieux. Non, Cartagena ne fut pas simplement la ville d’Amérique du Sud possédant le système de fortifications le plus complet pour l’époque. Non, elle ne fut pas uniquement l’une des clefs des grands itinéraires maritimes commerciaux grâce au transit de l’or issu des pillages contractés par la couronne chez les Aztèques et Incas. Elle fut aussi et surtout un important centre de traite des esclaves. Ici, l’Afrique a déménagé. Contraint, forcé. Pas étonnant dès lors, qu’aujourd’hui, la cité soit l’une des plus colorées de tout le pays. On continue d’apprendre au musée naval. Avant de manger tout cru le fort San Felipe de Barajas sur lequel un affreux iguane a pris ses quartiers. Plus fort que l’envahisseur étranger le bougre de reptile. Mais dégoûtant quand même. On veut ensuite se goinfrer des collections consacrées au métal le plus précieux. Fermé. Grrrrr. Direction, revanchards, l’établissement spécialisé sur la genèse des remparts. Fermé. Double Grrrr. Si la culture ne veut plus de nous, on peut toujours flâner dans le centro avant de passer à table. A San Diego, marchands et artisans font le spectacle pour vendre breloques et fruits divers tandis que dans le quartier San Pedro, cathédrales et palais se livrent un duel sans merci en matière de beauté. Du jaune, du rouge, du bleu, du vert, de l’ancien, du moderne, des arbres vieux de 200 ans, des statues somptueuses, des portes monumentales… On perd complètement la boule ! Suivi du portefeuille oublié quelques instants plus tard au restaurant. Cartagena… un plaisir au goût un brin amer. 

Playa Blanca

La barque à moteur s’envole. Chaque vague effleurée provoque un vacarme. Comme si l’embarcation allait se rompre. Comme si elle allait chavirer. Mais il faut laisser la peur de côté. Car à 80 km/heure, la plage de sable blanc s’éloigne vite. On la fixe des yeux. Et on y laisse de jolis souvenirs. Si nombreux qu’ils font de ce séjour sur la presqu’île de Baru, un moment très spécial de la Tourniquette. Nostalgiques de partir, nostalgiques au moment d’écrire ces lignes. Pourtant, de prime abord, le lieu n’avait pas grand-chose pour séduire les backpackers que nous sommes. L’excursion organisée à la journée est la manière la plus aisée de s’y rendre. Sauf qu’avoir un guide pour dire « en face, une île, à tribord, une île et à bâbord, une vaguelette », on s’en passe. Et supporter une cinquantaine de gringos peu aventureux, aussi. Alors on a cherché l’alternative : s’y rendre non pas en bateau mais par les terres. On grimpe dans un bus au travers de la circulation de la grosse ville. Direction Pasacaballo, où l’on devrait trouver un taxi ou une moto pour rallier la plage de rêve. Sur le trajet, retour dans l’Amérique latine que l’on connaît mieux : de la crasse, des marchés blindés, des vendeurs ambulants qui sautent dans l’autocar, des rues terreuses. Dans un nuage de poussière, le bus ralentit. A peine pose-t-on le pied sur le sol qu’une dizaine de Colombiens nous alpaguent. Certains tendent des casques, tandis qu’un autre montre les clés de sa voiture. On la distingue, la carrosserie s’effondre. Mais elle nous séduit plus que l’idée de passer 20 kilomètres à trois sur une moto… Nous voilà Playa Blanca. Sauf qu’arrivés à destination, sur les premiers mètres parcourus, la plus belle plage de Colombie n’est que décharge. C’est irréel. Des ordures entassées et un lac si pollué qu’il est rouge. Si bien que l’eau turquoise ne nous épate pas tant que cela. Encore choqués par ce que l’on vient de traverser. Playa Blanca est pourtant partie intégrante du Parc national naturel de las Islas del Rosario. Puis les parasols et transats en rang d’oignons gâchent, eux aussi, le spectacle. On longe la plage à gauche. Demi-tour, on longe vers la droite.

Le calme et la cool attitude s’installent. Elle est quand même belle cette eau. Cristalline. Au hasard, on se pointe chez Nelson. Un vieux de la vieille qui squatte ce paradis depuis 30 ans. On lui loue deux hamacs pour la nuit. Ils sont un peu gras, ils puent la suie et le renfermé. Mais ça nous plait. Heureux d’avoir contourné les tours opérateurs et d’avoir trouvé notre spot de baroudeurs, on se jette à l’eau. En plus d’être bleue émeraude, elle est chaude. Un régal. On ne veut pas en sortir. Pas comme de nos hamacs (trop pourris) qui, finalement, se sont révélé une super mauvaise idée. On a passé la nuit sur le sable, au milieu des fourmis. Au moins, à 5 h 30, après deux ou trois heures de sommeil, il n’y avait que nous dans l’eau. Plus longue est la journée, meilleures sont les découvertes. On s’est trouvé une petite cabane trop mignonne pour notre deuxième nuit. Tournicotine a loué un masque et un tuba et observé les fonds sous-marins. Du corail mort, mais de superbes poissons : des gros au contour turquoise, des petits jaunes rayés de noir, des bouboules blancs à poids noirs, des plats argentés… Même pas gênée d’en déguster un le soir. On a même trouvé une télé pour regarder le Barça corriger les Munichois. Avec des Colombiens tout autant surexcités que Tournicotin. Et après ces quinze heures passées les yeux ouverts, on s’est rendus compte qu’on n’avait même pas eu le temps de faire bronzette. Ca y est, la plage est loin. Du bateau, on ne distingue plus que son ombre. Même pas le temps de vous raconter les salades de fruits délicieuses, les vendeurs de langoustines ou les masseuses de pieds. Vous n’avez qu’à y aller.  

Commentaires: 4
  • #4

    n. (vendredi, 15 mai 2015 08:25)

    Moi, je veux bien y aller ... Pour les masseurs de pieds !

  • #3

    n. (mercredi, 13 mai 2015)

    Moi je veux bien y aller ... Pour les masseurs de pieds !

  • #2

    n. (mercredi, 13 mai 2015 08:18)

    Alors moi je veux bien y aller ... Juste pour les masseurs de pieds !

  • #1

    mmm (samedi, 09 mai 2015 16:41)

    Hermosa Cartagena!
    N'oubliez pas de dormir.....avant de perdre vraiment la boule !!

Santa Fé : avant l'avion, un pont et un héron 


30 AVRIL – 2 MAI
En attendant de nous envoler dimanche matin pour la belle Cartagena, il nous fallait bien occuper la semaine. Rester à Guatapé ? Non merci, on y a déjà fait le tour en deux jours. Se poser à Medellin ? Sans façon, on s’y sent déjà guère à notre aise rien qu’en la traversant en bus. S’arrêter à Santa Fé de Antioquia, petite ville charmante de 30 000 habitants située à seulement deux heures de bus et déclarée monument national en 1960 ? Con mucho gusto (avec plaisir). Ses rues pavées, ses maisonnettes d’époque coloniale et sa conviviale place centrale font de ce lieu, un endroit où il fait bon vivre. Même si… on y meurt de chaud. Une chose est sûre, si jamais vous cherchez un microclimat en Colombie, c’est ici qu’il faut venir. Tout simplement irrespirable ! Malgré ça, on a trouvé la force de quitter notre chambre et son merveilleux ventilateur suspendu au-dessus de nos têtes pour se faire des petits plaisirs. Comme tremper ses lèvres dans un jus de fruit saveur raisin ou mandarine ou croquer dans des brochettes délicieuses. Bon, le fameux pique-nique et sa mythique triplette pain burger-mortadelle-fromage ne nous ont pas quittés pour autant, rassurez-vous. Mais après une marche magnifique, ce repas se déguste toujours avec le sourire. Surtout lorsqu’il est consommé au pied d’une cascade, dans un décor semi-tropical de rêve, avec pour seuls compagnons un rayon de soleil et le bruit des oiseaux.

Chanceux que nous sommes, on en a profité pour se faire enlever les peaux mortes des pieds par des dizaines de micro-poissons (dits Garra Rufa). Les mêmes que l’on retrouve en bocal dans les vitrines européennes. Sauf qu’ici, le massage est gratuit et naturel. Pas besoin de débourser des dizaines d’euros pour 30 minutes de soins aquatiques. La classe non ? La suite est pas mal non plus. Sur 20 kilomètres de distance, on a slalomé entre les cactus, longé le fleuve Cauca et son débit impressionnant, ramassé et goûté des mangues tout juste tombées de l’arbre, salué des animaux d’une rare beauté comme ce splendide héron volant à proximité du pont de l’Occident. Ah oui, car à la base, c’est lui la star de la région. Mais non, pas Raoul le Héron mais bien l’œuvre architecturale réalisée en 1895 par José Maria Villa. Toujours debout plus d’un siècle après son inauguration, le premier pont suspendu de Colombie a fière allure sur ses 291 mètres de distance. Une voiture à la fois peut le traverser. Pas plus. Sécurité oblige. Nous, on a emprunté son corridor réservé au piéton ce qui nous a permis d’en prendre plein les mirettes.

De retour en ville, on a retrouvé nos bons vieux classiques. Du poulet dans l’assiette et des vautours assis à côté de nous. Scrutant sans gêne l’espèce féminine. Énervant. Navrant. Le lendemain, changement de décor. C’est férié en ce vendredi 1er mai, journée internationale des travailleurs. Les vautours laissent place aux « dindons » de touristes venus de Medellin pour passer à Santa Fé un petit week-end en famille ou en amoureux. Résultat, les Mercedes et grosses cylindrées sont de sortie, tout comme la sono des bistrots, les stands de restauration rapide, les shorts saumon, les lunettes de soleil clinquantes et les décolletés plongeants. Sauvés. Le temps d’une soirée, les regards des gros porcs s’arrêteront sur d’autres cibles. Chouette. 

Commentaires: 8
  • #8

    Tournicotine (vendredi, 08 mai 2015 20:23)

    M&JP, rendons à Tournicotin ce qui est à Tournicotin. Ce texte est de lui :) Bisous à tous et joli week-end.

  • #7

    p'tiot Alain (lundi, 04 mai 2015 17:54)

    Salut Sylvain ! Je te souhaite une très joyeuse fête ainsi que ta marraine .
    Je suis de retour de Perpignan. Actuellement â Guebwiller voir Man puis enfin Strasbourg .
    Mercredi suis chez Anso ....."parisien"jusqu'â samedi !!

    Gros bisous

  • #6

    Tournicotin (lundi, 04 mai 2015 16:56)

    Merci à tous pour avoir pensé à ma fête ! Ca fait plaisir :) En ce lundi 4 mai, nous allons visiter le château fort et le musée des fortifications de la splendide Cartagena en pensant fort à vous ! Bisous.

    P.S : T'inquiète Josy, l'ignorance fait bien plus mal qu'un coup. Même si parfois... ;)

  • #5

    la danoche (lundi, 04 mai 2015 06:07)

    Bonne fête garçon en ce 04 mai !
    Rassurée que le vol se soit bien déroulé. Profitez-bien de Cartagena et ses alentours .Laisse passer les "vautours' !
    Bizz et chao
    Besos a Léonie o Léon !!

  • #4

    Josy (lundi, 04 mai 2015 02:53)

    Sylvain, on compte sur toi pour casser la gueule des vautours à la sortie des bars colombiens !! Bisous a vous 2 et bonne fête Sylvain

  • #3

    mmm (dimanche, 03 mai 2015 21:25)

    C'est l'arche de Noé ou quoi, entre les porcs, les dindons, la chouette, le héron, les vautours .....
    Magnifique pont en effet , belle réalisation !
    Bon séjour â Carthagène !
    Bises

  • #2

    n. (dimanche, 03 mai 2015 21:15)

    Et oui ! Demain ... C'est la St Tournicotin !
    Gros bizzzoux Tournicotin ! Affectueuses pensées !

  • #1

    M & JP (dimanche, 03 mai 2015 20:40)

    Belle escale et trop drôle Léo….Bisous à ts les deux et bonne fête Sylvain, c demain lundi….Quelle chance d'aller à Cartagène, il parait que c magnifique, j'attends avec impatience votre avis.

Guatapé, un vrai coup de pierre 

27-29 AVRIL

« Je n’en peux plus, j’ai trop mal à la tête, je sors faire un tour ». Il est presque minuit lorsque Tournicotine, souffrant d’une grosse migraine en ce dimanche 26 avril, entraîne bon gré mal gré toute la Tourniquette sur la place du village de Guatapé. En même temps, rester dans un lit sans l’espoir de pouvoir dormir ne serait-ce qu’une seconde, ça ne fait pas avancer le schmilblick. Mais bon, on avait qu’à être plus attentif au moment de s’arrêter dans cet hôtel dont les murs… sont voisins de ceux d’une boîte de nuit. Finalement, vers 3h30, on réussira à trouver le sommeil. Et les deux jours qui suivront, l’établissement n’ouvrira pas ses portes. Ouf, sauvés ! L’histoire d’amour avec Guatapé peut enfin commencer le 27 avril au petit matin.

Même après une nuit agitée, on est rapidement d’attaque pour aller admirer la bête. Celle qui fait la réputation de toute une région. Celle dont l’appartenance est disputée entre Guatapé et sa rivale El Peñol, la faute à un emplacement géographique incertain. Celle qui s’élève à quelques 220 mètres de haut, qui ne pèse pas moins de 10 tonnes et dont le volume avoisine les 5 millions de mètre cube. Avec son allure de mammouth éreinté, la Piedra Del Peñol ou rocher de Guatapé laisse sans voix. Composé de quartz, de feldspath et de mica, le plus majestueux monolithe du monde intrigue. Résultat d’une météorite échouée ? Fruit d’une érosion volcanique ? Les amoureux de belles histoires et copains d’E.T. ont fait leur choix. Tout comme les plus cartésiens. Pour le bonheur des touristes, un escalier de 740 marches a en tout cas été construit dans l’une de ses failles afin de rejoindre un point d’observation au sommet. « Tu ne regardes pas en bas tant que l’on n’y est pas. Interdit de tricher ». Le message est passé. On s’active, s’encourage et après avoir repris notre souffle… c’est l’heure de la récompense. On n’est pas bien là sur le dos de ce gros pachyderme ? Avec une vue splendide, des îles à profusion, une eau turquoise des plus délicieuses et un ciel bleu dépourvu de nuages ? Bon, on n’a pas envie de casser l’ambiance mais tout cela n’est qu’artificiel.

Et oui, à la fin des années 70, le gouvernement colombien a inondé 50 % du village et des champs situés aux alentours de Guatapé pour créer en lieu et place un vaste complexe hydroélectrique et, indirectement, une sorte de paradis terrestre pour les plus fortunés. Au plus grand plaisir de Pablo Escobar qui pouvait y passer des week-ends de rêve ou des riches propriétaires d’aujourd’hui qui se disputent le titre honorifique de plus belle propriété entre les lagunes. Pour les habitants du village, la réalité fut toute autre. Exode rural. Maisons sous la boue. Mais quelques irréductibles ont dit non. A coups de pioches et pelles, ils ont redonné vie à Guatapé. En pavant les rues. En permettant aux Zocalos de retrouver la lumière du jour. Vous savez, ces fameuses peintures en relief situées au pied des demeures et  représentant l’histoire des habitants, des formes géométriques ou parfois les professions des uns et des autres. En 2015, dans les ruelles, elles se sont multipliées. De toutes les couleurs. Plus splendides les unes que les autres. De la cathédrale Notre Dame de Carmen à la jolie Plazoleta de los Zocalos. En l’espace de quelques décennies, Guatapé II s’est vite refait la cerise. Qu’il semble loin ce temps où le village se mourait sous les eaux. Désormais, les hôtels et restaurants font florès au-dessus de la base nautique et tout est conçu pour attirer l’étranger, le « gringo » comme on dit ici. Bon, y’a encore du boulot, car ce n’est pas très classe de tomber sur un lézard ou un cafard au moment de se glisser sous les draps. Même si, à choisir, leur compagnie est moins désagréable que cette musique assourdissante résonnant dans nos tympans depuis dimanche soir…

Commentaires: 3
  • #3

    Arielle (vendredi, 01 mai 2015 05:29)

    Coucou. J ai rattrapé mon retard de lecture. Vos récits et photos nous font rêver et voyager. A plus. Moi, je vais au boulot, c est l heure !!!! Bouh ! Bisous ! Arielle.

  • #2

    n. (jeudi, 30 avril 2015 19:01)

    Impressionnant et rigolo cet escalier le long du mammouth !

  • #1

    mmm (jeudi, 30 avril 2015 18:10)

    Aïe aïe aïe on ne sort pas la nuit !!
    Belle récompense pour nos yeux avec la résurrection de Guatapé .
    Gros coup de coeur aussi ☺
    Bises

Salamina, saveurs, couleurs et cafard

24-26 AVRIL

Minuscule sur cette route qui serpente à travers les collines couvertes de plantations de café, le bus ronfle depuis des heures. Et c’est déjà le troisième que nous empruntons dans la journée. C’est pour dire que Salamina, nous l’attendons. D’autant que nous l’avons choisie un peu au hasard. Et oui, la Tourniquette voyage sans guide en Colombie. On sait que c’est une ville pas trop grande. Qu’elle est jolie. Et qu’on la surnomme ciudad de luz (cité de la lumière) car elle a vu naître certains poètes et écrivains colombiens. Un virage, puis un autre, ah…un nouveau virage. Nos yeux scrutent l’horizon. Comment une ville peut-elle trouver place dans ce décor ? A part le crissement des pneus sur un chien (RIP, snif et burk), toujours rien. Puis, une tâche blanche dans ce décor vert. C’est sûr : c’est elle. Perchée sur cette colline au loin. Récompense à l’arrivée, l’hôtel le moins cher de la ville se trouve sur la Place Simon Bolivar, au cœur des 30 000 habitants. Il est dans nos prix et il est charmant. Un parfait nid douillet pour ce séjour au calme.

Car à Salamina, pas de volcans à défier, ni de fleuves à traverser. Au programme : balade dans les ruelles, promenade dans la campagne environnante et dégustation des spécialités locales. Pendant une Tourniquette, appuyer sur pause quelques temps, ça ressource. Une pause accélérée tout de même. Car c’est vrai qu’elle a l’air sacrément jolie cette ville. On file s’y perdre. Pas une maison n’est identique. Celle-ci est jaune et rouge, sa voisine turquoise et en face, c’est le rose qui domine. Certaines sont orange, d’autres chocolat. Elles ont les volets et la charpente assortis. De même que de charmants fers forgés. Et ces plantes suspendues leur donnent une allure de maisons de poupées. Puis quand on a enfilé nos chaussures de marche en direction de la campagne, surprise, les demeures sont toujours aussi élégantes. Oui, vraiment il fait bon vivre à Salamina. Et il y a de la vie ! En semaine tout comme le dimanche, les rues sont bondées. Les habitants papotent sur le trottoir ou partagent un tinto (café) dans les nombreux bars. Et nous, on goûte leurs douceurs locales : la macana. Une galette de riz avec du lait, du sucre, et de la cannelle, le tout mixé à la vapeur. Ou les huevos al vapor : du lait, du beurre, des œufs et des saucisses cuits à la vapeur et servis dans une tasse. Enfin, le Kumis, (qu’on a moins aimé car pour le coup, on a l’impression de téter le pis de la vache), un verre de lait sucré avec de la cannelle. Un séjour parfait jusqu’à la veille du départ où… CRRRR. Tournicotin marche sur un cafard énorme (au moins sept centimètres de long). On en avait croisé de ces grosses bêtes depuis le début du voyage mais jamais au pied de notre lit. 

Commentaires: 5
  • #5

    D. (lundi, 08 juin 2015 12:10)

    M & JP a sorti les binocles !
    En tout cas on irait bien flaner à Salamina nous aussi :)

  • #4

    n. (lundi, 27 avril 2015 21:19)

    Haaaa ! Un vrai scénario de film d'horreur ! Beurk !

  • #3

    M & JP (lundi, 27 avril 2015 19:20)

    OH lala c beau, profitez bien. Mais savez vous qu'il ne faut pas écraser les cafards parce que si tu écrases une femelle les oeufs vont s'échapper et vont éclore et là c'est l'invasion de petitts cafards qui vont grossir et se reproduire à leur tour !!!! Bonne continuation et gros bisous à tous les deux

  • #2

    mmm (lundi, 27 avril 2015 10:23)

    Ces maisons colombiennes ont un style bien particulier ... trop joli !!
    Prenez le temps pour déguster les mets de la région et soufflez un peu .

    Attention aux piqûres d'insestes car ...... allergie !!
    Sylvain maigrichon ?? non non ..... Sylvain musclé !

    Bonne route et bises

  • #1

    n. (lundi, 27 avril 2015 06:33)

    Presque aussi long que Jo le babacool !

Salento, un café à l'ombre des palmiers

20 – 23 avril

Il fallait aller à Salento pour se rendre compte que l’on peut tout apprécier dans la vie. Que notre palais peut s’habituer aux saveurs les moins alléchantes. Qu’il est dommage de dire « Je n’aime pas ». Voici l’histoire (courte) de comment Tournicotine s’est mise à manger des bananes et boire du café. Il était une fois des bananiers qui embellissaient les paysages depuis le début de cette Tourniquette. Leurs fruits sont des plus populaires et bon marché. En Equateur, on mangeait donc des bananes plantains. Platanos, en espagnol, une variété du fruit qui ne se mange que frit. Et qui n’a pas ce goût qui déplaiSAIT tant à Tournicotine. Puis c’est quand même tentant ces bananes qui tombent des arbres… alors quand à Salento, à la campagne, on nous en a proposées, arrachées directement du régime : on a dit oui. Même Tournicotine. Et elle a plutôt kiffé. (Bon, avec modération pour le moment hein, ne m’offrez pas de la confiture de banane pour mon anniversaire. Merci). Puis le café…comment ne pas y tremper ses lèvres lorsque l’on voyage chez le troisième producteur mondial. Encore plus une fois que l’on connait son processus de fabrication, toujours artisanal dans cette région cafeière. Tournicotine et le café se marièrent, ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petites bananes. Fin. 

Sinon, à Salento, on a découvert un village de 7000 habitants colonisé par le touriste. Le plus vieux du département de Quindio. Les boutiques d’artisanat inondent la Calle Real. Mais elle reste bien jolie, toute colorée avec ses maisons dotées de balcons ou de volets en bois. Et nous, on était bien car on a fui la foule en se trouvant une petite chambre plus enfoncée dans le village. Tranquilles, avec notre cuisine, on a fait sauter nos crêpes que l’on a dégustées avec le fameux arequipe (le dulce de leche colombien, notre confiture de lait). On ne fait pas que manger hein, mais on a été obligés de goûter la spécialité locale : la soltera (célibataire). Un gâteau orange croustillant en forme de rosace garni d’un flan à la vanille et surmonté d’une lichette de lait concentré. Miam. De quoi être en forme pour arpenter les alentours à pied. 

Vallée du Cocora

Vous l’aurez compris depuis le temps, lorsque la Tourniquette s’arrête plus de 24 heures à proximité d’un espace vert, la Tourniquette marche. L’excursion dans la délicieuse Salento n’a pas dérogé à la règle. Même si, pour une fois, les quarts de finale de la Ligue des champions retransmis dès 13h45 heure colombienne ont modifié quelque peu les plans. Pas de balade l’après-midi donc et moins de kilomètres parcourus pour ne pas rater le coup d’envoi ! Elle n’est pas belle la vie ? C’est donc tout sourire que l’on prend de bon matin la direction de la vallée du Cocora, zone naturelle devançant l’entrée du parc national Los Nevados. La tête à Lionel Messi, Neymar et consorts. Euh non, pardon, la tête à celui qui squatte cet écrin de verdure, le fameux Ceroxylon quindiuense. Nom scientifique donné au palmier à cire de la région pouvant atteindre 60 mètres de hauteur et érigé comme arbre national à la fin du siècle dernier. Un véritable monument colombien. Que l’on est allés admirer à bord d’un monument américain. La fameuse Jeep Willys MB, sortie d’usine en 1940 et qui est devenue en l’espace de quelques années le véhicule tout terrain symbole de la seconde guerre mondiale. Transformée dans la région en moyen de locomotion pour rejoindre le champ de café, elle trimballe désormais les touristes de la place du village au site de Cocora. Le business est rentable, le charme opère encore, tout le monde est content. A peine arrivés, on est rapidement séduits par toutes ces longues tiges sortant de terre. Plantés là au milieu de forêts de conifères ou de simples prés, les palmiers poussent par milliers. On se croirait presque dans un film de science-fiction tellement la scène est irréelle. A côté de ces géants, la promenade ne peut être que splendide. Surtout lorsque vous vous aventurez en pleine forêt semi-tropicale et que vous traversez des dizaines de ponts suspendus semblant dater de l’Antiquité. Alors certes, on n’a pas vu de colibris comme annoncé dans les guides. Mais bon, on a croisé l’amanite tue-mouches, de belles cascades et une flore des plus variées. Bref, une demi-journée magnifique. Quelques heures plus tard, de retour à l’appartement, le Barça éliminait le PSG en toute tranquillité sous nos yeux ébahis. Bref, une journée de toute beauté. On en redemande. Surtout Tournicotin.

La finca de Don Elias

Le café de son grand-père, il ne le boit qu’ici, dans la cuisine familiale. Car « en ville », il est vendu à 4000 pesos (COP) la tasse. « C’est trop d’argent, je me contente d’un café à 800 COP », grimace le jeune colombien. Chapeau de paille vissé sur sa chevelure sombre, c’est lui le guide de la finca (ferme) de Don Elias située à 5 km de Salento. La venue des touristes est une rentrée d’argent non négligeable pour tout paysan du coin. Car leur café d’une grande qualité vendu 4 dollars le kilo à la sortie de l’exploitation est proposé sur le marché occidental à quinze dollars. Ces petits producteurs n’ont pas le choix. Assurer la commercialisation et l’exportation serait trop coûteux. Don Elias et ses compères vendent donc leurs grains noirs à la Fédération nationale des cafetiers de Colombie, qui, à la manière d’une coopérative, mélange les différentes cueillettes et destine le produit moulu et conditionné aux consommateurs nord-américains et européens. Ainsi, dans nos supermarchés, le petit-fils de Don Elias ne trouvera jamais le café de son grand père, mais un breuvage « originaire de la région de Quindio », la sienne, en Colombie. Quelle frustration. Tant les caféiers respirent ici l’entreprise familiale et le travail bien fait. Sous terre, aucun engrais. Don Elias, depuis 20 ans sur cette parcelle, cultive un café biologique. Et sur ses 4000 m² de plantation, bananes, mandarines, maniocs, ananas cohabitent avec la petite plante aux feuilles vert foncé et aux fleurs blanches pour lui apporter ombre, eau et nutriments. Le ramassage des cerises de café s’opère deux fois par an, en avril et novembre. Quatre tonnes de fruits (rendant une tonne de produit fini) sont récoltées ici sur le terrain pentu, en petit comité. Les boules rouges sont ensuite passées au despulpador manuel pour en extraire les grains de café. Une nuit de fermentation, trois lavages et une dizaine de jours de séchage plus tard, la quasi-totalité de la récolte est mise en paquet et envoyée à la Fédération. Don Elias en garde une toute petite part pour sa consommation personnelle et la vente aux touristes. On l’a goûté, il est sacrément délicieux. What else ? Georges, tu devrais avoir honte de faire de l’ombre à ces petites mains.

Commentaires: 7
  • #7

    D. (lundi, 08 juin 2015 12:08)

    Je débarque.....NO WAY !! Banane + café je n'ose y croire ! A quand l'addiction à la langue de boeuf ???

  • #6

    Zozo and Co (mardi, 05 mai 2015 16:40)

    Ouais!!!!!! on pourra remettre de la banane dans les salades de fruits pour Noël!! Youpiiii :) ! Et le café aussi pour Tournicotine!!! OMG! Il va neiger :) !! Gros bizous les Tournicotins

  • #5

    Lucie (lundi, 27 avril 2015 16:32)

    Donc a ton retour en France si tu aimes les bananes tu pourras manger les bonbons bananes? LOL, Léonie qui mange une banane et qui boit du café, le scoop!! Et moi c'est l'inverse je n'en boit plus ;)

  • #4

    zamatom (dimanche, 26 avril 2015 17:45)

    un ptit café fédérateur……..i feel like……y vosotros?? Me gustaria conocer Don Elias……Que tiene suerte…..besos a compartir…………..

  • #3

    L écureuil (samedi, 25 avril 2015 23:04)

    Merci tournicotine j ai vraiment apprécié les très bonnes noisettes grosses bises et bien évidement transmets mes salutations à tournicoton le maigrichon

  • #2

    mmm (samedi, 25 avril 2015 14:12)

    Apprécier le café NATUREL et en plus en Colombie, ce ne peut être que bon Léonie .
    Le café du beau "George" n'aura certainement pas le même goût! Belle première! !

    Et Sylvain qui ne "loupe"pas un match de foot, tout en étant à l'zutre bout du monde !?
    Merci pour toutes ces explications, quant aux vertus de la banane.......SUPER !!
    Bises

  • #1

    n. (samedi, 25 avril 2015 12:42)

    Alors là moi je dis bravo à Tournicotine ! et j'ai vraiment hâte de savourer un café colombien de chez Thivoyon tout en dégustant un carré de chocolat Colombie à 75% de chez Pralus !!!
    Maintenant concernant la banane ... il y en a pour tout le monde :
    La banane contient 3 sucres naturels qui sont le sucrose, le fructose et le glucose. Elle est également riche en protéines, en fibres, en phosphore, en fer et en vitamines et minéraux. Energétique et très riche en eau, de façon générale la banane est importante pour le bon fonctionnement de l’organisme. Parole de petit boulet sur son vélo qui ne sort jamais sans sa banane !
    Voici deux exemples de grands bienfaits de la banane ... pris au hasard ! :
    - Stop la cigarette : vous voulez arrêter de fumer mais rien n’y fait. La banane peut vous aider. Elle est riche en vitamine B, notamment B6. Cette vitamine combinée au potassium et magnésium de la banane, aide le corps à moins ressentir la sensation de manque de nicotine.
    - Les piqûres : contre les piqûres d’insecte la peau de banane peut vous soulager. En effet, frottez la zone touchée avec l’intérieur de la pelure de banane et le gonflement ainsi que la démangeaison va diminuer.
    Et puis ne pas oublier l'expression favorite du poète philosophe : l'important c'est d'avoir la banane tous les matins au réveil !
    Bon allez, je m'arrête car je vais finir par faire de l'ombre au Team Tournicotons !

Les 1001 couleurs du Désert de la Tatacoa

17-18 AVRIL

Les lézards rampent sur les murs intérieurs. Des branches se tapent l’incruste. En guise de tapisserie, va pour les moellons, et pour le parquet, le béton fait l’affaire. Le toit de taule paraît s’envoler au moindre coup de vent et les gouttelettes de pluie semblent être une tornade. Entre les plis de nos draps, les fourmis se font leur nid. Surveillées par une ribambelle de moustiques. Dans notre cabane au fond du jardin, le confort est spartiate. Sauf que notre jardin à nous, c’est le Désert de la Tatacoa, à 300 km au sud de Bogota. De quoi largement contenter notre Tournicotin entomophobe. Car de jour, la forêt sèche et tropicale éblouit par ses couleurs. La nuit, c’est aux étoiles de prendre le relais.

Vous pensez bien qu’à peine nos sacs posés, on n’a pu résister à s’enfoncer dans cette immensité. Un avant-goût de notre excursion du lendemain qui s’est transformé en goût tout court. Des cactus, des pierres empilées façon Tour de Pise, des vaches bossues, un sol lunaire, des oiseaux rigolos. Un peu au pif et après une bonne trotte depuis notre auberge, on est tombés sur Los Hoyos. La zone la moins touristique de ces 330 km². Des dunes de sable gris formées il y a des millions d’années après le retrait d’une mer intérieure apparue lors de la naissance des deux Cordillères. Il y aurait de nombreux fossiles dans le coin, mais on n’a pas pris le temps de les chercher. La nuit commençait à tomber. On a tout de même gravi quelques sommets, puis on s’est pris quelques gamelles. Au retour, le gris du sol s’est éteint sous la lueur des étoiles. Aucune pollution lumineuse. Sauf notre lampe torche par intermittence pour éviter les bouses d’animaux. Dommage, durant un mois c’est la saison des pluies dans la région. Le ciel est un peu encombré.

Il n’empêche que les températures grimpent. Au réveil, on a déjà bien chaud. Cette fois, direction El Cuzco : le désert rouge, le plus visité par les touristes. Sauf qu’on n’a croisé personne. A part un énorme lézard et des chèvres bien peureuses. Pourtant, du matin au soir on s’y est baladés. Impossible d’en sortir : c’est trop beau et c’est trop drôle d’y faire des pauses photos. Des formes géométriques à gogo. Une couleur ocre à faire rougir le grand canyon américain. Bref, on a bien sué, d’autant que la nuit pluvieuse nous a offert un sol fort glissant et collant sous nos grolles. Puis quand on avait épuisé notre répertoire de chansons comportant le mot désert, on s’est décidés à rentrer. 

Commentaires: 2
  • #2

    mmm (mardi, 21 avril 2015 08:57)

    Sylvain tu es sur "le toit du monde " ?!
    Bravo pour ton audace ..... toi qui a peur d'une mouche !! Te voilà reconcilié avec les insectes !

    Quel panorama depuis là-haut je suppose, attention à vous dans ce +++++que magnifique désert.
    Bises

  • #1

    n. (lundi, 20 avril 2015 06:20)

    Ca vous a rappelé Roussillon ? ... Les touristes en moins !

San Agustin, randonnées mystérieuses 

13 - 16 AVRIL

Après les tombes colossales, place aux sculptures mégalithiques et aux statues monumentales. En quittant Tierradentro pour rejoindre la localité de San Agustin, on n’a pas perdu au change en matière de trésors archéologiques et historiques à contempler. Imaginez un peu le décor. Dans un rayon de 10 kilomètres, plus de 300 œuvres réalistes ou abstraites, témoignant de l’art d’une civilisation (dont on ne connait presque rien) qui connut son apogée durant les huit premiers siècles de notre ère, parsèment le territoire. Au sommet d’une colline, sur une roche dominant la falaise, en plein milieu d’un champ, elles sont partout. Plus belles et impressionnantes les unes que les autres. Résultat, on s’est régalés. On n’est pas prêts d’oublier de sitôt les visages colorés de ces statues gardiennes du temple funéraire situé sur le site El Purutal. Ou la forme parfaite de cet aigle tenant fermement dans son bec un serpent égaré. Et que dire de cette figure dite de La Chaquira, qui, taillée dans son bloc de pierre au-dessus du Rio Magdalena, continue d’implorer les dieux depuis près de deux millénaires. On le répète souvent, mais pour tout Européen débarquant sur le sol latino, le spectacle ne peut qu’être décoiffant. Car unique en son genre. A la précision époustouflante des détails visibles sur les bijoux et parures succèdent un état de conservation fabuleux des chambres funéraires et sarcophages sans oublier des lieux plus magiques les uns que les autres.

S’il fallait n’en retenir qu’un, la fontaine de Lavapatas aurait sans doute la faveur de nos pronostics. Avec ses têtes humaines et ses nombreux reptiles gravés dans la roche, à l’endroit même où l’eau s’écoule  à vive allure, elle enchante les visiteurs de par son charme indescriptible. Mais bon, à San Agustin, il n’y a pas que les statues dans la vie. Il y a aussi les nombreux chemins et sentiers servant à relier les différents points culturels de la région. Vous l’aurez donc compris, dans le sud du département de l’Huila, à 1700 mètres d’altitude, on ne s’est pas contentés d’admirer. On a aussi (beaucoup) marché. Environ 40 kilomètres en trois jours. Suffisant pour admirer le plus grand papillon du monde aux couleurs noires et turquoises, l’araignée la plus large de l’hémisphère en mode repos sur sa pierre, des libellules bleues, des cascades en pagaille, des décors propres à l’univers de Mowgli. Et puis comme randonner, ça ouvre l’appétit, on n’a pu s’empêcher de déguster en ville la véritable spécialité colombienne à savoir l'arepa de queso, galette de maïs au fromage. Tout simplement délicieuse. Comme cette étape de quelques jours en terre inconnue. 

Commentaires: 5
  • #5

    zavata (dimanche, 26 avril 2015 17:40)

    c'est un scoop?

  • #4

    Tournicotine (lundi, 20 avril 2015 04:36)

    Attends Zavata, la deuxième fournée de PH va peut-être bientôt arriver :) hihi

  • #3

    M & JP (vendredi, 17 avril 2015 13:57)

    J'ai bien envie de repartir lorsque je lis tout ça……je vais y songer sérieusement…… continuez à nous faire rêver, voyager et découvrir de tels endroits…..pero…..take care! big bisous à ts les deux

  • #2

    mmm (vendredi, 17 avril 2015 11:57)

    Phénoménal ce site ! Et oui , l'histoire est toujours là , toujours prête â nous dévoiler toutes ses richesses . Profitez de ces lieux---- heureusement pour nous tous ------ bien réels !!


  • #1

    n. (vendredi, 17 avril 2015 07:04)

    Baloo était-il là ? ... Il en faut peu pour être heureux !

Tierradentro, un passé bien obscur 


12 AVRIL

Avec San Agustin et la fameuse citée perdue de Teyuna, le parc de Tierradentro est reconnu comme étant l’un des trois sites les plus importants de Colombie d’un point de vue architectural et historique. Ajouter cette étape à notre carnet de voyage était donc tout simplement indispensable. D’autant plus que sa visite s’effectue dans un décor de rêve, entre vastes plaines et collines verdoyantes, sur une distance de près de 15 kilomètres. Soit une sorte de paradis terrestre pour les Tintin-randonneurs que nous sommes. En ce lendemain de 30e anniversaire, c’est forcément avec hâte que l’on se lève pour rendre visite à ce réservoir de la culture précolombienne, inscrit en 1995 sur la liste du patrimoine de l’Humanité par l’Unesco. Le tout au milieu des condors, planant au-dessus de nos têtes ou nous devançant de simplement quelques mètres sur le sentier. Autre point original de ce lieu mystique et envoûtant ? Ici, le spectacle se passe… sous terre. De la colline de Segovia à celle du Duende en passant par San Andrés de Pisimbalà, se dévoilent sous nos pieds des dizaines et des dizaines d’hypogées (tombes creusées dans le sol) datant du premier millénaire après J.-C. Un véritable trésor souterrain, témoignage principal d’une société agraire disparue et encore aujourd’hui méconnue. A trois, quatre ou six mètres de profondeur, on se laisse tenter par l’obscurité des cavernes. Puis, on s’enfonce dans les puits successifs à escaliers droits, circulaires ou hélicoïdaux taillés dans le tuf, une roche volcanique semi dure. Du grand art. Dommage que la mise en valeur des chambres funéraires ne soit pas à la hauteur de la construction de tels ouvrages. Là où on s’attendait à admirer des plafonds peints de piments naturels, à scruter les dessins aux formes géométriques et anthropomorphiques recouvrant les colonnes, on a finalement dû se contenter d’apercevoir avec notre petite lampe torche de simples reflets picturaux. Car ici, aussi surprenant soit-il, aucun aménagement luminaire n’a été effectué au sein du temple funéraire. Avouez que payer 20 000 pesos colombiens (8 euros environ) pour se retrouver le plus clair du temps face à une cavité noire, ça peut rendre vert de rage. 

Commentaires: 2
  • #2

    mmm (jeudi, 16 avril 2015 08:56)

    Ce témoignage est encore plus poignant et VRAI à la lueur de vos torches non ?

    Déambuler au milieu de tombeaux souterrains.... ouuhh, froid dans le dos !

    N'allez pas trop à l'intérieur des terres svp , les FARC sont à nouveau d'actualité.
    Redoublez de vigilance .

    Bises

  • #1

    n. (jeudi, 16 avril 2015 07:11)

    Si je comprend bien Sylvain, ... le 11 avril ... Tu l'as enfin eu ta journée OFF !!! OUF !!!

Popayan, mais où est donc Popeye ?

8-10 AVRIL

Le tampon s’écrase sur une nouvelle page de nos passeports. Quatre-vingt-dix jours pour découvrir la Colombie. Sans doute moins si la Tourniquette veut boucler la boucle. On frissonne. Excités par ce nouveau pays. Apeurés par sa mauvaise réputation. Depuis Ipiales, nous traçons notre route. Autant nous éloigner de cette frontière peu fréquentable. Neuf heures de bus pour rallier Popayán, à 330 kilomètres au nord. Autant de temps pour croquer des yeux  les canyons surplombés par des montagnes aux sommets arrondis veillant sur des vallées verdoyantes. Jusqu’à la tombée de la nuit. Et ses surprises. Un ciel étoilé somptueux, une Grande Ourse (à l’envers) bien visible et de jolies étoiles filantes. Le nez collé aux fenêtres du bus, les villages défilent. Tous animés malgré l’heure tardive. Ici une vendeuse de brochettes de viande, là des arepas (galettes de maïs). Pour compléter ce décor de film : les militaires colombiens. Tantôt à stopper le bus pour contrôler nos identités, ou déambuler entre les fauteuils leur lampe torche pointée sur nos faces. Dans leurs treillis, armés de mitraillettes, ils inquiètent autant qu’ils rassurent. Jamais l’armée n’avait été aussi présente depuis le début de notre aventure. C’est que le conflit avec les FARC, s’il est apaisé depuis les deux mandats d’Alvaro Uribe (2002-10), est un passé bien proche en Colombie. Depuis trois ans, le 9 avril est d’ailleurs une journée nationale en l’honneur des victimes de violence. A Popayán, comme dans tout le pays, des marches sont organisées. On est tombés dessus alors que l’on se faufilait à travers la ciudad blanca, le centre historique de la capitale de la région de Cauca, parsemé de bâtiments blancs. C’est joli, très espagnol. Mais peu de choses à y voir (même pas Popeye): la place centrale et ses vendeurs ambulants, les nombreuses églises (toutes fermées) et quelques musées, puis le pont de l’Humilladero. Bien sûr, chez le troisième producteur de café, Tournicotin a gouté le liquide noir. Sauf qu’il était clair. Et dégueu. Normal, 99% de la production est destiné à l’export. Quoique, celui de « Mamie radine » à 500 pesos (18 centimes d’euros) était passable. Mamie radine, c’est notre hôte à Popayán. Elle coupe internet quand elle se couche et demande 1000 pesos si l’on tarde trop sous la douche mais elle propose des prix défiants toute concurrence pour cette ville. Et des bières à 1800 pesos (50 cts). Alors on l’a plutôt bien aimée. 

Puracé, quelle journée !

Clac. Nos mains pètent l’une contre l’autre. Imbabura, on s’est vengés. Car les 4760 mètres d’altitude du volcan Puracé, on les a atteints. On ne voit pas à cinq mètres, le brouillard est trop épais. Mais en marchant sur le bord du cratère, qui mesure 900 mètres de diamètre, on devine sa forme qui se dessine. C’est chouette. Impressionnant. Effrayant. Et ça suffit pour nous réchauffer (un tout petit peu) les mains. Car en début de matinée, on n’y croyait pas vraiment. Bip, bip, bip. C’est à 5 h 30 que notre superbe-montre-à-cinq-dollars sonne chez Mamie radine. Notre bus pour le Parc national Puracé décolle une heure plus tard. Sauf qu’au terminal, on nous annonce qu’il ne part qu’à 7 heures. Plus vingt minutes de retard. Asi son los Colombianos. Près de deux heures de trajet plus tard, après routes et chemins caillouteux, le bus nous lâche. Pas vraiment où on le souhaitait…le départ du sentier est à cinq kilomètres. Allez ! Motivation, motivation, on rajoute des bornes à nos gambettes.

Un camion énorme nous coupe dans notre élan. Il trimballe des ouvriers. Hop, on saute dans la benne. Ca branle, mais c’est drôle, puis on se dit que le chauffeur est sympa. Moins quand on se rend compte qu’il nous éloigne encore du sentier. Nous voilà avec une dizaine de travailleurs en plein cœur d’une mine de souffre. « Au bout de la route », qu’ils disent, on peut récupérer le chemin pour le volcan. On file. Non sans contempler les tas de poudre jaune. C’est irréel de se retrouver là. Un tas de locaux désaffectés nous entourent. Un air de western flotte. « C’est dangereux le souffre, ça peut exploser », casse Tournicotin. Hum… on se presse. Puis une fois sortis d’ici, on se dit qu’on n’y arrivera jamais. La route en lacets est interminable. Le volcan semble loin. On tente de passer à travers champs. Le vent se lève. Le brouillard tombe. On croque des Oréo, notre biscuit chouchou du voyage. Enfin : un écriteau « volcan ». Youhou, pour la première fois, nous voilà sur la bonne voie. La route sableuse devient étroite et végétale. Et ça grimpe bien plus raide. D’abord à travers des mottes d’herbe, puis sur une pente de roche volcanique concassée. Nos pieds glissent, difficile de grimper, surtout après 3 heures d’ascension. « Où es-tu petit cratère », entonnent en cœur nos muscles, visages et mains congelés. Là. Devant nous. On tremble. Le volcan Puracé est le plus actif de Colombie, sa dernière éruption date de 1977. En juillet-août (et avec beaucoup de chance), on distingue même une fumerole qui s’en échappe. Promis quand on aura parcouru le monde, on reviendra. Parce qu’on est comme Saint-Thomas… 

Commentaires: 4
  • #4

    latourniquette (mardi, 14 avril 2015 23:35)

    mmm, démasquez-vous, sinon on n'achète ni gants, ni bonnets.

  • #3

    Josy (mardi, 14 avril 2015 17:04)

    Bon anniversaire à Sylvain
    Je vous embrasse

  • #2

    mmm (mardi, 14 avril 2015 07:51)

    Colombie très surveillée et tant mieux!
    Achetez des gants et des bonnets pour arriver au bout de vos ascensions .....avant d'être congelés!

    Prudence, prudence..... on n'imite pas l'incrédule Saint-Thomas !!
    Bises

  • #1

    n. (mardi, 14 avril 2015 06:44)

    Heureusement que Tournicotin est là !

Notre tourniquette équatorienne en chiffres 

En Equateur, on a affolé les compteurs avec pas moins de 14 randonnées et une dizaine de petites marches à notre palmarès dont 3 ascensions de volcans. Mais ce n’est pas tout…

 

1 article vendu

432 chiens ayant tenté de nous croquer les mollets

3 objets de valeur dérobés

11 dollars pour le prix de la nuit la plus chère par personne

60 kms parcourus à VTT

2219 kilomètres en bus ou camionnettes

1000 gâteaux ou pâtisseries consommés dans les fameuses panaderia

15 villes ou villages nous ont accueillis pendant une ou plusieurs nuitées

51 jours dans le pays


2 jours passés au lit pour une Tournicotine grippée 

Commentaires: 12
  • #12

    Tournicotin (lundi, 20 avril 2015)

    Pour Maman, j'ai pas trouvé toute la devinette je heurte à la réponse 6 :(
    1. Famille ; 2. Poker ; 3. Amour ; 4. Journalisme ; 5. Histoire ; 7. OM ; 8. Apulit.

    Bisous d'Ibagué en Colombie :)

  • #11

    latourniquette (mardi, 14 avril 2015 23:38)

    Merci beaucoup pour l'anniversaire Père Valloire. T'inquiète tout va bien depuis Quito. Même si de temps en temps, un petit Snickers glacé mangé sur un canap' ne me ferait pas de mal. Bisous de nous deux

  • #10

    Père Valloire (mardi, 14 avril 2015 00:40)

    Salut les amis et bon anniversaire Sylvain. Je t'avais envoyé un message d'anniversaire sur whatsapp sans savoir pour votre mésaventure du vol de portables. Du coup je te le souhaite ici avec un peu de retard. J'espère que malgré ce petit incident de parcours vous gardez votre motivation. Bon courage pour la suite. Gros bisous

  • #9

    D. (samedi, 11 avril 2015 10:47)

    Mince j'arrive en retard ! Sorry n., mais par chez nous "y'a pas le feu au lac"..on est au ralenti :D Mais je suis d'accord, l'herbe verte pour les uns....et les cailloux pour nous ! T-R-A-N-Q-U-I-L-L-E !
    Haha :)
    Et puis l'addition...c'était limite... (#Tournicotine)

    Quel beau périple, et vivement les prochaines ballades, aventures, dégustations, rencontres and co :)

  • #8

    Qui suis-je ? (samedi, 11 avril 2015 08:16)

    Tu es né le même jour que moi ! En ce 11 avril 2015 je viens te souhaiter un BON ANNIVERSAIRE !

    Déjà 30 ans …ah le bel âge ! Un an de plus dans la course de ta vie.

    Tu possèdes la curiosité, la sensibilité, la générosité, la rigueur et un esprit brillant pour mener à bien tes projets pour DEMAIN, en gardant aussi la bienveillance pour le souvenir du PASSE.

    Tu es loin cette année, mais je suis heureuse de voir ton bonheur d’AUJOURD’HUI avec Léonie.


    Pas de cadeau concret, juste ces quelques devinettes à détecter :

    1 Ménage (au figuré) . . . . . L .
    2 Tentative hasardeuse en 2009, mais gagnante : « campeon de Francia « de . . . E .
    3 Il peut être fraternel, fervent, platonique, éperdu . . O . .
    4 Rendre intéressant ce qui est important, pas important ce qui est intéressant . . . . N . . . . . .
    5 Elle est ancienne, contemporaine, moderne à la fois . . . . . I . .
    6 Entre les deux, ton cœur n’a jamais « balancé » . . . . . . . . E
    7 Droit au but . .
    8 A chaque départ, expression récurrente de Mamie mais ----en catalan ----- A . . . . . .


    Pour en terminer, sache que l’escale sur l’île de Pâques vous est offerte !!

    Simplement mais sincèrement : JOYEUX ANNIVERSAIRE garçon….. en COLOMBIE !

    Corbeille de bisous à partager.

    Felicidades en aniversario del dia en que tu ha nacido !!

  • #7

    M & JP (jeudi, 09 avril 2015 10:34)

    Beau résumé de l'équateur, petit pays mais bcp de magnifiques paysages à découvrir……ça donne envie…..Le printemps est bien arrivé à Pau et la nature est aussi très belle. Bonne continuation et de big bisous…...

  • #6

    n.agitatrice (mercredi, 08 avril 2015 20:02)

    Hé ! on n'a jamais eu de lot nous !!!
    Mr Bouli arrive et hop c'est comme les gens du voyage ... la meilleure place !
    d. avec moi !!! contre le favoritisme !!!!!!!

  • #5

    latourniquette (mercredi, 08 avril 2015 15:39)

    On se creuse les méninges... Qui êtes-vous mystérieux(se) "mmm" ??!! Merci pour tous les commentaires en tout cas.

  • #4

    latourniquette (mercredi, 08 avril 2015 15:37)

    BOULI, pour saluer votre arrivée dans la secte des commentateurs aux côtés de la Danoche et le p'tiot Alain, n., Lucie, d., M&JP, nous vous offrons : un délicieux paquet de pommes de pain. Derien :)

  • #3

    mmm (mercredi, 08 avril 2015 08:58)

    Allez, prochain RV en Colombie ??

  • #2

    Bouli!!!! (mercredi, 08 avril 2015 06:59)

    On a vraiment envie de participer à votre aventure ,lorsque l'on dévore vos.............. mollets !!!non pardon ,vos textes ,nous sommes en Equateur;)
    (La phrase du jour) ,Portez vous bien !et Profitez de votre quotidien .........................

  • #1

    n. (mercredi, 08 avril 2015 06:37)

    Allez allez ... On ne traîne pas ... Nous on est prets pour d'autres découvertes !
    Gros gros bizzzoux

Une fin d'Equateur à base de folklore et volcans

2-7 AVRIL

On leur avait pourtant prêté un stylo. Remarque, on n’a peut-être toujours pas compris : la cleptomanie serait une manière de remercier en Equateur. Ou souhaitaient-ils nous mettre au repos forcé ? Et épargner à nos gambettes une ribambelle de randonnées. On n’a pas eu le temps de leur demander : à Ibarra, alors qu’on était venus chercher le calme et la sérénité,  nos voisins d’auberge nous ont chipé une paire de chaussures de marche. Décidemment… après deux mois et demi de Tourniquette todo tranquilo, la loi des séries commence à se vérifier. Pire : un complot. Hein ? On s’égare ? Ok, même s’il y a de quoi devenir parano, on respire un grand coup et direction le Laguna Mall. THE-CENTRE-COMMERCIAL of IBERRA CITY. Entre les magasins de vêtements, les banques et les stands de malbouffe, on compte bien trouver de nouvelles grolles. Rien ! Allons voir à La Plaza shopping center. THE-CENTRE-COMMERCIAL of IBARRA CITY-UN-PEU-PLUS-POURRI. Pas tant que c’la finalement : on y a trouvé le graal.

Pas une minute à perdre, on doit les tester. A nous l’archange San Miguel. Une statue colossale, ailée et armée, sur les hauteurs d’Ibarra. D’ici, on distingue les trois églises les plus imposantes de la ville aux 150 000 habitants. On avait lu qu’elle était surnommée la ciudad blanca, pour la couleur de ses maisons, entre autres. Ça ne nous a pas marqués. Mais nous avons été frappés par les petites places toutes mignonettes et les allées ornées d’arbres. Du mirador, on admire aussi et surtout le pied des trois volcans du coin : Imbabura (4610m), Culbiche (3830m) et Cunru (3305m). Leur cratère est dans les nuages. Tous sont éteints ou inactifs depuis des milliers d’années. Leur fait face, Mama Cotacachi, la seule montagne enneigée de la région. Et d’un coup, on a trop envie de se faire des bisous car la légende raconte que Cotacachi et Imbabura sont tombés amoureux et ont diffusé un air très sain d’amour et de confiance. Confiance ? CONFIANCE ? C-O-N-F-I-A-N-C-E ? Hum, nos voleurs de chaussures n’ont pas fait cette balade. Pourtant ils auraient dû. Au loin se pointe le bosquet de Guayabillas. On y file ! C’est super chouette. Les arbres sont immenses. Leur tronc très fin et blanc. Les feuilles vertes courent jusqu’au sommet. On vous saoule avec Disney, mais là, on dirait vraiment la forêt de Blanche-Neige et les sept nains.

Pas de pomme à nous mettre sous la dent, de retour en ville. Mais de gouteuses spécialités proposées dans des boutiques vieilles de 120 ans. Comme les empanadas de morocho, un beignet frit et garni d’orge, de riz, de maïs, de petits pois. Ou les helados de paila, des glaces artisanales confectionnées dans une large casserole en cuivre reposant sur de la paille et des glaçons. La traditionnelle, c’est mûre/lait. Mais la mangue et la vanille sont toutes aussi délicieuses. Et la coco, chocolat, fraise…ne nous narguez pas trop ! Pour digérer, quoi de mieux qu’un bon film. Au cinéma s’il-vous-plait. La Tourniquette innove. En trois mois, on n’y était jamais allés. En trois jours, on s’y est rendus deux fois. Et comme d’hab’, les Equatoriens grignotent. Nachos, popcorn, hot-dog s’invitent pendant la séance. D’autres, davantage pratiquants, défilent dans les ruelles à l’occasion de la semaine Sainte. On croise Jésus qui porte la croix. « Salut ! S’te plait, tu peux nous épargner d’autres petits malheurs ? Ah oui, et des nouvelles chaussures, celles qu’on a achetées sont trop petites. » Ah ? C’est au Père Noël ce genre de requête. Bon…on attendra. 

Le marché aux textiles d’Otavalo

Les couleurs nous donnent le tournis. On a envie de tout toucher, tout acheter. « Qué buscas ? », alpaguent les vendeurs, cachés derrière leurs tas de vêtements, linges de maison ou bijoux. Un sourire puis un « gracias » et l’on contemple le stand suivant. Nos sacs à dos sont déjà bien chargés et le voyage est encore long. Dommage, sur le marché d’Otavalo, à 25 km au sud d’Ibarra, il y a de quoi faire de bonnes affaires. On s’imagine au chaud dans ces pulls en laine ou confortablement installés dans ce hamac. S’offrir ce joli collier serait hors-sujet pour les backpakers que nous sommes. Il est pourtant sublime et complète à merveille les tenues des habitantes de la région. Elles changent de celles que l’on voit depuis quelques temps en Equateur. Pour 38 dollars, on repart avec l’ensemble. Une robe longue et droite, d’un noir brillant. Un chemisier blanc et bouffant, décoré de fleurs brodées. Un large tissu sombre en bandoulière et une paire d’espadrilles. Elles ont la classe les Andines. Dans l’immensité de ce bazar géant se perdent aussi quelques coins miam-miam : sandwiches fromage/figue, soupes, bananes au chocolat ou le traditionnel poulet/riz. On résiste, on résiste. On craque tout de même pour un chamallow chocolaté, le pan de leche (un pain bien moelleux, spécialité locale), un chausson à l’ananas et un délicieux jus de guanaba (corossol). On se l’autorise, car demain, on prend les mêmes sauf qu’on enlève l’accent sur marché. 

Volcan Culbiche : des chutes à gogo

L’entrée avant le plat de résistance. En ce dimanche 5 avril, direction les pentes du volcan Culbiche, l’une des deux attractions à fort relief du village La Esperanza avec le grandiose Imbabura. Le ventre plein après un copieux petit déjeuner, il est moins de 8 heures du matin que nous voilà déjà en train de nous frotter à 7 kilomètres d’ascension sur une route pavée pour atteindre son pied. C’est peu dire si nous sommes légèrement éreintés au moment d’attaquer la montée jusqu’à son sommet situé à 3900 mètres d’altitude. Mais bon, maintenant qu’on y est… Les jambes sont lourdes mais le désir d’atteindre le cratère et ses lagunes éparpillées est bien plus fort. Pourtant, le temps ne nous épargne pas. Crachin permanent, brume épaisse, on avance face à un mur blanc. Et face à un joli dénivelé. La traversée de la forêt de sapins est usante. Tout comme ce passage dans les herbes hautes mouillées. A quelques hectomètres d’atteindre notre but, la pluie fine se transforme en belle averse. C’est donc trempés que nous arrivons à la première étendue d’eau. Puis à une deuxième. Et une troisième. Finalement, le mauvais temps a le dernier mot. A peine dix minutes après notre arrivée, il est déjà l’heure de repartir. On a presque rien vu de Culbiche mais les conditions atmosphériques ne sont décidément pas propices en cette fin de semaine. Tant pis. Le pique-nique attendra la vallée. Avant de déguster nos petits pains de maïs et le fromage de vache, une descente des plus glissantes s’offre à nous. La galère jusqu’au bout ? Pas du tout. Le meilleur moment de cette marche.

Au menu, des fous rires tout du long tant les chutes et glissades sans gravité sont au rendez-vous. Des deux côtés. Mention spéciale à Tournicotine qui remporte le duel des «  Pierre Richard » sur le score de 5 à 4 avec un dernier point décisif remporté en terminant sa course dans une belle crotte. De chien, de cheval ou de randonneur ? Le suspense reste à ce jour entier.

Volcan Imbabura, on s’en souviendra…

Le jour J. Réveil à 5h40 du matin, pick-up réservé 20 minutes plus tard pour nous amener au début du chemin situé à 3300 mètres d’altitude, sacs à dos garnis de bouteilles d’eau et de provisions. Il n’y a pas de doute. On est fin prêts pour se frotter à l’Imbabura, volcan endormi depuis 14000 ans et dont le cratère culmine 1300 mètres plus haut. Avec en tête les renseignements pris la veille auprès de jeunes français. L’ascension est « plutôt tranquille », même si sur la fin, « il faut mettre un peu les mains car il y a quelques cailloux ». Ok, normalement, ça doit le faire. D’entrée, on est dans le vif du sujet avec des montées à la verticale entre les feuillages ou dans les champs de paille. Quelques bâillements se dessinent de temps à autre mais la forme physique est au rendez-vous. A 3800 mètres d’altitude, une tente pointe à l’horizon. Un couple en plein ébat sexuel se réchauffe comme il le peut à l’intérieur. On maintient l’allure pour ne pas trop déranger avant de faire une « pausinette » quelques instants plus tard. L’un boit et s’enfile 14 gaufrettes, l’autre se nourrit du décor. Nous repartons de plus belle vers la pancarte des 4000 mètres. Celles des 4210 et des 4288 suivent dans la foulée.

Jusque-là, tout va bien. Ou presque. Car si la pluie nous laisse cette-fois tranquille, le froid devient de son côté de plus en plus pressant. A cet instant, on ne sent quasiment plus nos doigts. Mais le spectacle magnifique qui s’offre sous nos yeux ébahis nous pousse à continuer l’aventure. De la végétation inédite, une vue splendide sur Ibarra et les cimes enneigées du volcan Cayambe, un vide à couper le souffle, les nuages au-dessus de nos têtes, on ne sait pas si on se rapproche du paradis ou si l’enfer nous guette. Avec l’arrivée d’un vent glacial et surpuissant dans les hectomètres qui suivent, la deuxième option semble être la plus plausible. Surtout qu’à partir des 4400 mètres, la marche à pied se termine. C’est alors l’heure de « mettre un peu les mains car il y a quelques cailloux ». Sortant de la bouche d’un guide touristique spécialisé dans le canyoning, on n’avait pas tout pigé sur le coup. Mais désormais, la falaise s’élève et le sentier s’éclipse devant la roche. Si on veut arriver au bout, c’est bien en escaladant que cela se fera. Pas autrement. Tu parles d’une surprise ! Mais bon, on tente le coup. Après tant d’efforts, ça serait bête de s’arrêter là. Et ce, même si on ne sent quasiment plus nos membres. Les 4500 mètres sont péniblement atteints tandis que la température continue de chuter inexorablement. On a beau se prendre pour Stallone dans Cliffhanger, l’escalade ce n’est définitivement pas notre tasse de thé. Encore moins à des hauteurs aussi inhabituelles. Pourtant, le cratère est derrière ce pic. On le devine. Mais il faut parfois savoir dire non dans la vie pour éviter un hypothétique accident débile au regard des conditions et de nos aptitudes. Le demi-tour s’impose donc. Logiquement. Et oui, Imbabura était plus fort que nous ce jour-là. Grrrrrrr…

Commentaires: 2
  • #2

    Encore Bouli!!!!! (mercredi, 08 avril 2015 07:02)

    J'ai oublié et je vais me faire disputer!!!!!!
    Gros Bisous les Zamoureux ................de la Tourniquette:))))))))))))

  • #1

    n. (mardi, 07 avril 2015 20:02)

    Qui a mangé 14 gaufrettes ?