Pucon : et soudain, la neige

26-29 OCTOBRE

C’est à peine si on sent encore nos mains. Glacées et transformées pour l’occasion en piolets de substitution. Quant à nos pieds, ils sont déjà congelés depuis un bail. Pris inexorablement dans un manteau blanc se dessinant à perte de vue. « Franchement, ça ne m’amuse plus. La neige c’est marrant au début, mais là, on ne va pas atteindre le sommet. Nous ne sommes pas équipés pour », peste un membre de la Tourniquette. T’inquiètes, t’inquiètes… Trente minutes plus tard, du haut de notre mirador du Santuari El Cani situé à une altitude de 1550 mètres, on savoure. Nos sandwiches mais surtout le plus beau panorama de la région. Même si les quatre volcans du coin ne se montreront pas, bien planqués derrière ces maudits nuages.

Il aura donc fallu patienter jusqu’au Chili et la petite station balnéaire de Pucon pour enfin la toucher de nos doigts. La neige. Au début, on gambade et on saute dedans comme des petits fous. Après, on la maudit puis on l’insulte. Mais au final, le souvenir de ce trek de sept heures passées au milieu des plus vieilles forêts d’araucarias (l’arbre vedette de la région) n’est pas prêt de s’estomper. Dans le top 10 des marches, il figurera. Assurément. Comme quoi, on a quand même bien fait de venir ici… Même si l’attraction phare du coin, l’ascension du volcan Villarrica (2847 mètres) manquera à notre palmarès. « On ne peut pas grimper. Les agences n’y sortent plus depuis son éruption en mars dernier », prévenait d’entrée de jeu l’office du tourisme. Tant pis. On s’occupera autrement. En l’admirant tous les matins et soirs de la ville prenant place à 12 kilomètres de sa base. Cône dessiné à la perfection, glace à profusion, fumerolle permanente… Splendide. On aurait été bien dessus mais franchement, y’a rien à dire, on est quand même pas mal en dessous.

Et puis, y’a toujours le vélo pour s’occuper de toute façon. « Grrrrr, Youpi », s’exclame de deux voix bien distinctes la Tourniquette. Au menu, un petit cinquante bornes pour aller admirer Los Ojos del Caburgua puis le lac du même nom. Et devinez quoi ? Ça fait mal aux jambes et c’est splendide. Eau d’une limpidité incroyable, cascades somptueuses, écrin de verdure à profusion, on se régale. Comme d’hab. On aurait bien aimé conclure cette aventure par une première sortie avec notre tente chérie mais les deux parcs nationaux situés aux alentours ont décidé de jouer les rebelles. L’un en nous prenant pour des jambons avec des prix exorbitants, l’autre en étant inaccessible en bus. Pas grave.

A cinq heures de là, plus au Sud, Puerto Varas et le fabuleux site de Petrohué nous attendent pour le week-end. Et cette fois, c’est sûr, Renaude va (enfin) pouvoir imiter son glorieux aîné Eliott et voir la lumière du jour. 

Commentaires: 2
  • #2

    n. (lundi, 02 novembre 2015 06:10)

    Eliott et Renaude ... Un joli petit couple !

  • #1

    la danoche (vendredi, 30 octobre 2015 21:00)

    Superbe volcan enneigé. Quelle blancheur !
    Et dire que ça bouillonne à l'intérieur .....les gaz chauds s'échappent . Heureusement que le feu était au rouge pour l'ascension !!
    J'attribue le grrrr à Tournicotin et le youpi à sa Tournicotine !
    Bon WE en compagnie de Renaude !
    Biz et allez ....les Blacks .

Concepcion, comme à la maison

21-25 OCTOBRE

Rien n’a changé. Ni eux, ni leur maison. Enfin si, au sol, un nouveau carrelage. Puis la pièce menant à la salle de bain qui se transforme peu à peu en chambre. Et un chat tout blanc ainsi que deux tortues se sont invités. Il y aussi ces fissures, blessures du tremblement de terre de 2010. Quant à cette étagère chargée de verres, elle est tombée. Mais d’extérieur, la demeure est identique. De bric et de broc. Un joli bordel organisé. Et au terminal de bus, leur joie de vivre est intacte. Sourires scotchés aux lèvres, il ne faut pas plus d’un millième de seconde pour les reconnaître. Angélica la maman, Fernanda et Francisca les frangines. Six ans qu’elles m’avaient accueillie. Avec mon Aurora de Chile, à qui j’ai tellement pensé. Angélica n’a pas perdu son rire, son parfum et son maquillage légèrement dégoulinant sous les yeux. Francisca est la même. Seule Fernanda, qui avait tout juste 10 ans, a poussé.

S’arrêter à Concepción, à 500 km au sud de Santiago, ce n’était franchement pas obligatoire. Écartée des sentiers touristiques, elle n’est qu’une ville commerciale. De grosses avenues blindées de boutiques. Une énorme faculté à la renommée révolutionnaire. Et la fierté d’y avoir signé l’indépendance du pays, en 1818. Pas obligatoire. Mais tellement évident. Tant Tournicotine bassine Tournicotin depuis des mois. Je les avais quittés en pleurant en août 2009, je me devais de venir les visiter. Ma famille chilienne (notre, pardon Aurore, jeje !). Je me souvenais de la douce odeur de la cuisine d’Angélica. A toute heure de la journée. Encore une fois, rien n’a changé. Sopaipillas con pebre, tartes aux citrons meringuées, porotos, pinchanga, confiture de mosqueta. Tournicotin a même avalé des œufs durs et des artichauts. Tournicotine, du cœur grillé. Raul, l’homme de la maison, qui le fait bien savoir en ne bougeant ni le petit doigt, ni le troisième orteil, ni le sourcil gauche, a adoré notre « soirée française ». Au menu : crêpes et vin (chilien). Loger chez l’habitant, rien de tel pour vivre au rythme local. Petit-déjeuner, almuerzo (repas du midi, enfin plutôt de 15 heures) et once, le « petit » en-cas du soir. Rien de tel pour partager, de notre vie hexagonale à leur expérience traumatisante du tremblement de terre. Rien de tel non plus pour que Tournicotin pratique son espagnol. Duel de foot, bataille de cépage. Tout y passé. Et bizarrement, sur ce genre de sujet, monsieur maîtriserait presque la langue de Cervantes. Puis, revenir ici, c’est revoir toute la compagnie. La mère, la sœur, le beau-frère, la cousine. Puis des nouvelles têtes, la meilleure amie : Jimena, devenue fan de nous en l’espace d’une soirée. Et sa fille de 15 ans, aussi. Non avare en questions. « Là-bas, il y a des scouts ? ». « Et le journalisme, ça doit bien payer non ? ». « Combien de temps avez-vous économisé pour un tel voyage ? ». « Et vos familles, elles vous manquent ? ». OUI. Surtout ces jours.

Où tu es enfin arrivé petit Eliott. Voir ta minuscule bouille, les yeux fatigués de ta maman, les gestes fiers de ton papa. Quelle peine de ne pas être près de vous. Mais quelle satisfaction d’être accompagnée. Par lui. Par eux. Un programme fait pour changer les idées : une ballade sur les plages de sable noir en bord de Pacifique. Un tour au centre-ville. Ou un match dans le récent stade de Concepción, à l’occasion du Mondial des moins de 17 ans. France-Syrie. 4-0. Facile. Mais, demain, déjà, il faut partir. Moins facile.

 

Angélica, Ferni, Fran y Raul… otra vez, muchas gracias. Haremos lo posible para volver a verles. Les queremos tanto. Y ya, les extrañamos.

Commentaires: 5
  • #5

    Lucix (vendredi, 06 novembre 2015 04:08)

    Félicitations ... Tu es une vraie Tia Leo maintenant!

  • #4

    La Zozo family (jeudi, 29 octobre 2015 09:18)

    Je sens que le petit E. va apprendre à lire très tôt!! Il va falloir faire une version E-book de la tourniquette :) !!

    Gros bizous les chilenos de coeur :) !!

  • #3

    n. (mercredi, 28 octobre 2015 20:25)

    ah ah ... ça y est déjà le cri du cœur d'une nouvelle maman ! Bienvenue au club !
    Tu as quelques années à savourer tout de même ! <3

  • #2

    L.C (mercredi, 28 octobre 2015 14:12)

    Pendant la sieste je récupère mon retard... Ca sera a vous de lui raconter toutes vos péripéties mais ne lui donner pas trop l'envie de partir loin hein!!! <3 <3

  • #1

    D. (mardi, 27 octobre 2015 19:32)

    Belle photo pleine de bonne humeur :)
    Il en aura des articles à lire sur les aventures de sa tatie le petit E. :)

Pourquoi, nous, on a aimé Santiago ?

30 SEPTEMBRE – 20 OCTOBRE

On a rarement entendu du bien de Santiago de Chile durant cette Tourniquette. Tournicotine, en 2008, s’y était fait voler son guide à travers la foule. Les Chiliens n’y apprécient guère son rythme de capitale. Et les touristes la trouvent moche et polluée. Alors, la choisir parmi toutes les cités latinos pour y vivre trois semaines et y développer notre projet associatif peut paraître étonnant. Oui. Pourquoi elle ? On ne sait pas. Un peu au pif. Parce qu’à ce moment-là, on a eu le besoin de se poser. Et l’envie d’être utiles. Alors, certes, il y a le métro, ça grouille et ça pousse, parfois. Les Andes sont rarement dégagées, la faute à une météo mitigée et une pollution abondante. Et, à première vue, les ruelles n’ont pas la couleur de celles de Valparaiso, les bâtiments historiques ont peu de charme et à part quelques musées, son intérêt est limité. Sauf qu’en espaçant les découvertes, on finit par l’apprécier cette ville aux six millions d’habitants. Surtout lorsqu’on gravit le Cerro San Cristobal et son gigantesque parc, 300 mètres plus haut. D'ici, la vue sur la capitale s’offre sur 360°. Des buildings aux parcs en passant par la Cordillère enneigée. Et, cachés derrière les boulevards bruyants, de jolis coins se pointent. Comme Bellavista et ses innombrables bars et restos. Mais surtout, ses belles demeures et leurs jardins proprets. Ou les quartiers Paris et Londres abritant les sièges de nombreux partis politiques. Aussi, Lastaria, le repaire des artistes bobos. Le « barrio » Brasil, lui, nous a ravis pour son musée. Celui de la mémoire et des droits humains, en hommage aux 40 000 victimes et disparus de la dictature. L’occasion d’apprendre que la France a accueilli 7000 réfugiés chiliens entre 1973 et 1988. Les sombres années chiliennes. Celles pendant lesquelles Augusto Pinochet en fut le dictateur. L’occasion, aussi, de s’offusquer lorsque l’on apprend que ce dérobeur de libertés est resté chef des armées jusqu’en 1998 !

Déambuler dans Santiago, c’est aussi s’interloquer. Comme lorsque le musée des arts précolombiens, proche de la Plaza de Armas, salue la culture Mapuche. Son savoir-faire et son audace d’être le seul peuple indien d’Amérique du Sud à ne pas s’être fait coloniser par les Espagnols. Et en 2015 (et ce, depuis l’indépendance), ce sont ces mêmes Mapuches qui sont persécutés et chassés de leurs terres par un gouvernement trop proche des multinationales forestières et centrales hydroélectriques. Aussi, pourquoi rendre férié le 12 octobre en honneur à la « race » ? Date à laquelle Christophe Colomb a découvert l’Amérique et a initié la colonisation en anéantissant les peuples originaires et leurs croyances. A noter que ce jour, les Mapuches, eux, ont défilé pour réclamer la récupération de leurs terres ancestrales...

Dans un tout autre registre, les cafés « con piernas » (avec jambes), irritent. Faisons simple. Les serveuses ? Des femmes en mini-jupes moulantes. Les clients ? Des hommes en costard. Résultat ? Menacés de fermer ces derniers mois car trop de scandales de prostitution déguisée. Mais soyons réalistes, si l’on a un peu de mal à remballer nos affaires dans nos sacs-à-dos, c’est qu’on a aimé notre expérience associative. Même si l’on en repart un peu frustrés. D’avoir été limités par le temps, le matériel et la langue. Et que l’on s’est bien trop plu dans cet appartement. Dormir dans un grand lit confortable. Regarder trois saisons de House of Cards. Faire une tonne de parties de Tout le monde veut prendre sa place. Se concocter de délicieux repas. Aller faire quelques footings. Etre au chaud les jours pluvieux. Danser comme des fous sur Maître Gims. Neuf mois que cela ne nous était pas arrivé.

Pour votre information, Tournicotin est désormais un adepte des épinards, blettes, choux rouges et verts. Il peut même vous préparer un cake banane/chocolat. On se serait presque habitués aux innombrables secousses sismiques ressenties durant ces trois semaines. Il nous a juste manqué la naissance d’un petit bonhomme qui se fait désirer. On s’était promis d’acheter une bonne bouteille de vin. Et de « skyper » les jeunes parents, pour avoir l’impression d’être moins loin. Bébé, t’as intérêt à débarquer lorsqu’on sera connectés. 

Commentaires: 3
  • #3

    D. (vendredi, 23 octobre 2015 09:17)

    Et pour M&JP pour jouer à tout le monde veut prendre sa place c'est par ici: http://tlmvpsp.france2.fr/

  • #2

    D. (vendredi, 23 octobre 2015 09:14)

    Alors cette bouteille de vin ?
    Ce n'est jamais facile de vivre tout ça à distance...mais je suis sur que les jeunes parents vont lui raconter toute les péripéties et les aventures des nouveaux Tia y Tio !
    Bienvenue au club :)

    MAITRE GIMS ?!? Ahahahah elle est bien bonne celle-là :)

    Continuez de nous faire rêver, voyager, rigoler :)

  • #1

    L.C (mercredi, 21 octobre 2015 19:21)

    <3 <3 <3

Mais oui, mais oui, l'école est (déjà) finie

Voyager, c’est recevoir. Énormément. De la part des gens qui accueillent. Que l’on rencontre par hasard. En apprenant beaucoup sur l’histoire des pays que l’on traverse. C’est aussi donner, un peu. Par l’échange de conseils entre baroudeurs. En répondant aux questions des curieux sur la France. En écrivant quelques piges. Mais au cours de nos longs trajets de bus, on a cogité. Et on a eu envie de s’investir, de ne plus être que de simples touristes qui passent. On ne sait pas faire grand-chose de nos vingt doigts. Alors on est restés dans ce que l’on maîtrise un peu, le journalisme. On a choisi un public que l’on aime, les enfants. Et l’on a cherché une association qui pourrait nous accueillir durant trois semaines. On a été touchés par l’intérêt que nous a porté la fondation « Mi club » Domingo Savio. Une ONG qui accueille, après l’école, une quarantaine de jeunes (de 5 à 17 ans) pour les accompagner dans un des quartiers les plus vulnérables de Santiago. Pour augmenter leur estime d’eux-mêmes et leur offrir de meilleures perspectives. Pour participer à ce joli projet, la Tourniquette anime son atelier journalisme tous les soirs du lundi au vendredi, en alternant entre deux groupes de huit petites têtes âgées de 8 à 14 ans. Objectif : créer un journal, écrit et pensé par les enfants. 

ATELIER 6 (19 octobre)

« Les journaux, on les aura quand ? », s’impatientent, en ce vendredi soir, les apprentis journalistes. « Lundi les enfants. Tio et Tia vont les mettre en page ce week-end à la maison et on vous les apportera ensuite à l’école ». Une réponse qui redonne les sourires aux bambins et qui, par la même occasion, nous met un peu la pression. C’est que les gosses ont quand même bien bossé…

A nous désormais d’être au niveau pour leur délivrer un produit fini de belle facture. Un document Word fait à l’arrache avec quelques images insérées ici et là ? Non, non, on abandonne vite l’idée. L’application « Fais ton journal » téléchargée sur le Net s’impose vite comme une évidence. Maquette sympathique, éléments de titraille bien définis, couleurs à gogo, on ne pouvait rêver mieux. Le puzzle est sous nos yeux, ne « nous reste plus » qu’à assembler les pièces. Entre quelques barquettes de lasagnes, la visite d’anciens collègues de promo, une grosse soirée d’anniversaire et les matches du Mondial 2018 de rugby, on s’y donne à fond. Dix heures durant. En plein milieu de la nuit ou au p’tit matin, on se prend au jeu à monter Dominik Savant et El Informante (ah oui, pour info, Dominik a soudainement pris un k en terminaison pour rentrer dans la boite titre).

Puis arrive lundi. Le vrai verdict. Car même si de notre côté, on pense que les journaux ont de la gueule, quel va être l’avis des auteurs ? Seront-ils déçus par la mise en page ? Quels reproches allons-nous devoir supporter ? « Vous avez mis que j’ai 11 ans alors que j’en ai encore 10 pendant un mois », taquine Paula. « Vous avez mal orthographié mon prénom mais ce n’est pas grave du tout », plaisante Cristofer. Euh, Cristopher pardon. Au final, point de critiques. Les élèves se jettent sur les impressions comme des morts de faim. Puis commentent, analysent, lisent la version de l’équipe adverse tout en se chamaillant gentiment. Tous sont fiers et heureux. Comme nous. Cela mérite bien des gros câlins et une photo bordélique avec quelques confiseries en bouche en guise d’au revoir non ?

PS. Retrouvez les deux journaux dans Ici, on publie

Commentaires: 2
  • #2

    La Zozo family (mercredi, 21 octobre 2015 10:33)

    Bien joué la tourniquette!! Voila une petite tribu de bambins qui se souviendra de leur premiers pas de journalistes!

    Qui sait, peut-être avez-vous fait surgir des vocations! Presse chilienne à suivre d'ici une quinzaine d'années ;) !

    Gros bizous

  • #1

    la danoche (mardi, 20 octobre 2015 07:00)

    Malgré une introduction assez difficile , mais avec beaucoup de patience et de compréhension , vous voilà récompensés de votre travail durant ces trois semaines .
    Les enfants peuvent être fiers d'eux et de vous deux !!
    Bravo pour avoir vécu cette belle expérience !
    En conclusion , pas de doute , le rêve était bien possible !
    Félicitations et bizz

ATELIER 5 (15-16 octobre) 

Notre atelier s’intitulait " Deux semaines pour devenir un (bon) journaliste ". Et  en voilà la dernière séance. Quand Lili propose une « femme en bikini » pour décorer la Une. Ou que les deux groupes sont unanimes pour décerner au football la vedette de la première page. On se dit qu’on a un peu échoué sur la mission « bon journaliste ». Mais les observer s’animer à sélectionner les articles qui méritent une annonce en couverture, choisir les photos, se concerter pour rédiger l’éditorial et déterminer un faux prix, ça fait plaisir. Toujours plus quand Diego nous questionne : « Vous revenez pour un autre atelier journalisme après ? » Mais rassurez-vous, à peine le dos tourné et ce passionné de jeux vidéo s’invente une table de ping-pong avec Pato. Normal. Pendant que Sofia, qui n’a toujours pas compris que ce week-end on s'attellerait à recopier leurs textes et les mettre en page sur ordinateur, colore, fait du découpage et collage pour embellir son article. Puis vient la dernière étape, la séance photo et le moment de se présenter en quelques mots. Les ados se ruent aux toilettes pour se « glosser » les lèvres et tirer les cheveux. Isidora, elle, s’en moque pas mal. A 9 ans, elle raconte d’elle-même « qu’elle aime bien regarder des films et dormir ». « Quand je m’ennuie je dors, insiste-t-elle à l’oral, comme l’autre jour en classe de géométrie ». C’est bon, avec nous, elle n’a jamais roupillé.

Commentaires: 1
  • #1

    D. (lundi, 19 octobre 2015 08:54)

    Allez-vous nous faire partager la version numérique ?
    Sacrée Isidora :)

ATELIER 4 (13-14 octobre)

L’orage est passé. La rébellion de certain(e)s est derrière nous. « Excuse-moi Tia pour mon comportement de la dernière fois, je ne recommencerai plus », s’empresse de déclarer Cristofer, 10 ans. Aujourd’hui, le garnement à la casquette à l’envers ne se roule plus par terre. Il ne déchire plus les feuilles, il écrit dessus. Il sollicite même l’aide de Tio pour rédiger son compte rendu du match entre le Pérou et le Chili. Miracle. Le loup est devenu agneau. Bon, dommage que le cancre ne soit pas devenu tête d’ampoule par la même occasion. Mais si les fautes d’orthographe et de syntaxe restent innombrables, la volonté, elle, est de retour. Et si son article final ne vaut pas un clou, il aura au moins le mérite d’exister. David ne pourra pas en dire autant. Il ne fait plus partie du groupe. Viré par le boss de l’école. Dommage, on l’aimait bien avec sa petite bouille. Incident qui aura eu le mérite de recadrer les 17 rescapés de l’atelier journalisme de la Tourniquette. Et vous savez quoi ? Les survivants ont (comme par hasard) bien bossé par la suite. Et chacun d’entre eux aura sa signature présente dans Dominique Savantou dans le numéro 1 d’El Informante. En attendant la parution, sachez que la Vale nous expliquera point par point la réforme de l’éducation et nous listera les établissements concernés par cette mesure. Que cette diablotine de Francisca nous évoquera les nouvelles technologies en recopiant (presque) mot pour mot Wikipedia. Que ce bon vieux Vicente tentera de nous faire croire que le handball vaut mieux que le foot (bon courage à lui). Que Catalina nous présentera les danses en vogue au Chili en 2015. Euh, seulement une fois qu’elle aura fini de compter le nombre de tâches de rousseur présentes sur le visage de Tournicotine bien sûr…

Commentaires: 4
  • #4

    M&JP (vendredi, 16 octobre 2015 11:48)

    Beau travail la tourniquette…… encore une fois avec humour et convictions…..Bravo, et bon courage Catalina…..
    Besos

  • #3

    D. (jeudi, 15 octobre 2015 13:37)

    Elle a du boulot Catalina ! Je serais curieuse de connaitre le résultat :)

  • #2

    L.C (jeudi, 15 octobre 2015 11:44)

    Hahahaha Catalina LOL ;)

  • #1

    n. (jeudi, 15 octobre 2015 07:14)

    En fait ... Il aurait fallu apprendre à compter en français à Catalina ! ;)

ATELIER 3 (7-9 octobre)

La porte claque. Et ces bouilles, si polissonnes il y a à peine quelques secondes, s’appliquent maintenant au travail. Jorge, le responsable de l’asso, vient de sauver la fin de l’atelier à un Tio et une Tia un peu dépassés. Christopher et David, affairés à se chamailler pour un bâton, se sont fait virer. Mais Francisca, qui s’est moquée des conseils et remarques de Tournicotin pendant 30 minutes, aurait pu être du convoi. Tout comme Lili, actrice perturbatrice pendant l’exercice des micros-trottoirs avec Tournicotine.

« Si votre journal n’est qu’une succession d’images, ce sera déjà pas mal », lance Tio Silva, ironique. Pas une réaction des apprentis journalistes. Ils le savent. Plus que deux ateliers et les Tios s’attaquent à la mise en page. Pour l’heure, l’opinion des habitants du quartier sur le match Chili-Brésil, la danse folklorique ou les uniformes à l’école, c’est fait. Reste « plus qu’à » rédiger les papiers. Au sujet de la réforme de l’éducation en 2016, du dernier tremblement de terre, des chaussures à la mode. On vous prévient, ils ne risquent pas de décrocher le prix Albert Londres. Mais ils auront eu le mérite de choisir leurs sujets, interviewer, écrire leurs textes et sélectionner leurs images. Puis on passe tout de même de jolis moments. « Silva, dis-nous une grosse insulte en Français ? »- « Chien de païou ! » - « Ça veut dire fils de pute ? » - « Non », sourit notre néologiste es-insultes, amusé par Valentina concentrée sur son accent : « Cccchiiieennn déééé paaaaouuuu ». Pour le reste, on les pardonne. Le vendredi, personne n’a jamais vraiment envie de bosser. Un peu comme le lundi. Ça tombe bien, celui-là, il est férié. 

Commentaires: 1
  • #1

    mmm (lundi, 12 octobre 2015 07:11)

    La rigueur s'impose !
    L'éducation n'est pas tout , mais elle fait déjà beaucoup !
    Pour ces jeunes défavorisés , il est plus facile de tenir un langage fleuri que de composer une phrase avec : un sujet , un verbe et un complément !!
    " Veig aixo mal empallat" .......c'est mal parti !
    Bon courage et profitez de ce WE prolongé.
    Bises

ATELIER 2 (5-6 octobre) 

Finie la discussion, place à l’action. Les thèmes sont définis, les titres des journaux trouvés (El Informante et Dominique Savant), il est grand temps d’aller sur le terrain. « Moi, moi, moi stp ». « Non, non, moi avant je veux prendre les photos ». « J’ai déjà fait mes recherches je veux interroger les personnes maintenant ». Et oh, oh, on va se calmer… Que d’excitation dans cette classe. Que de vacarme aussi. Que de vie surtout. « David, assis toi, si tu veux sortir dehors il faut que ». Il coupe. « Oui je sais, il faut que je sois sage et que je me tienne tranquilo ». Et benh voilà, tu vois quand tu veux. Bon, ça reste de la parole en l’air. Deux secondes après, il gigote de partout, griffonne ses pogs et se chamaille avec son voisin. De l’autre côté de la table, les filles, elles aussi, sont dans les starting-blocks. Mais comme par hasard, elles sont plus sages. « Allez, allez, on se prépare, on va sortir 45 minutes pour enrichir vos articles avec des témoignages ». Les questions sont écrites noir sur blanc, c’est l’heure d’entrer dans l’arène. Antonia sautille dans tous les sens alors que Catalina n’ose pas se diriger vers les garçons. Puis, toutes se lancent dans le grand bain. « C’est quoi votre prénom ? », « Est-ce que vous aimez danser ? Quel est votre style préféré ? », « Vous préférez la vie avec ou sans technologie ? ». La timidité laisse place à la prise d’initiative, l’anxiété aux sourires, la peur à la fierté. Les photos sont dans la boite, les avis récoltés, mission accomplie. Pendant ce temps-là, dans la salle informatique, David, doit pour sa part rechercher des données sur son prochain article de mode. Il se fixe sur les dernières chaussures « stylées » en vente sur le territoire. « La Converse fitness, elle est encore meilleure que la Air Jordan, c’est sûr ». C’est qu’il travaille bien ce p’tit. Mais, une fois « Tio » le dos tourné, il s’empresse d’ouvrir une nouvelle fenêtre pour s’offrir une petite partie de jeu en ligne. « Et oh, je t’ai vu, arrête et travaille un peu ». « Mais c’est bon j’ai déjà tout trouvé, je finirai vendredi dehors ». Coquinou va. 

Commentaires: 2
  • #2

    D. (vendredi, 09 octobre 2015 12:26)

    Je suis d'accord avec David ! La "converse fitness" est mieux que la "Air Jordan" :)

    Vivement les prochains ateliers !!

  • #1

    d.r. (jeudi, 08 octobre 2015 21:56)

    Dominique veille sur ces petites têtes, pour leur donner , j'espère , un avenir meilleur !
    Handicap dès le départ sur le chemin de la vie . Avec un peu de discipline , de discernement , beaucoup de responsabilité et surtout le plaisir de s'exprimer par l'écriture , nul doute que ces enfants mèneront à bien ce projet .
    Grâce à leurs jeunes professeurs - journalistes , cette expérience leur sera salutaire !

    Belle et longue marche sur cette nouvelle voie !!
    Énorme accolade

ATELIER 1 (1er et 2 octobre)

Il y a David qui bougonne. « Mais comment Antonia peut-être la cheffe alors qu’il faut que ce soit un homme ? ». Il finira pourtant par traiter de la rubrique « Mode ». Il y a Francisca qui tente l’entourloupe. « Sinon, on peut choisir un article déjà écrit dans un journal et le résumer. Pas le recopier hein, avec nos mots à nous. » Elle sera finalement en charge des « Nouvelles technologies ». Puis il y a Vicente qui a mal au ventre, Sofia à la voix à peine audible, Valentina qui fait la belle (et la rebelle), Paula la sage. Il y a eu du bruit pendant ces deux premiers jours. Parfois décourageant. Que faire, les remettre à leur place ? Mais après, s’ils nous détestent ? Alors on a un peu haussé la voix, pas trop. On a parlé de choses qu’ils aiment tous, le foot. La rivalité entre Colo-Colo et la U. Le prochain match entre les sélections chiliennes et brésiliennes. Et ils ont fini par écouter et s’intéresser beaucoup, à ce que l’on trouve dans un journal, à qui sont les personnes qui y travaillent. Avec parfois des idées surprenantes : « je veux faire un article sur le conflit entre le Chili et la Bolivie ». Puis des questions amusantes : « mais vous êtes amoureux ? Et comment on dit « te amo » en français ? Tu peux me l’écrire sur la main ? » En tout cas, on est rassurés : ils nous comprennent, on les comprend. Et pendant plus de deux semaines, on n’est plus Tournicotin et Tournicotine mais Tio Silba et Tia Léo. « Silba, ça fait penser à Simba du Roi Lion. Et en plus Léo, ça veut dire lion ». On ne risque pas de s’ennuyer. 

Commentaires: 8
  • #8

    La Zozo family (mercredi, 07 octobre 2015 16:32)

    Mais c'est super tout ça :) !!

    Nous aussi on voudrait bien un extrait de ce petit journal !

    Besos Tio y Tia ;)

  • #7

    La Tourniquette (mercredi, 07 octobre 2015 06:21)

    Réponse dans moins de douze heures. Pour l'instant... on mange des crêpes ;) Besitos :)

  • #6

    n. (mercredi, 07 octobre 2015 06:02)

    Alors comment vont ils les petits journalistes de la Tourniquette ?

  • #5

    M&JP (lundi, 05 octobre 2015)

    el tio Silba y la tia Léo……une belle aventure, ça pourrait être le titre d'un livre……Nous attendons aussi le "petit journal" dans le Béarn…..BiZZZZZ

  • #4

    D. (lundi, 05 octobre 2015 09:12)

    Petit sourire au lèvre en lisant votre article....c'est beau :)
    Belle initiative et beau projet !
    En Suisse aussi on attend leurs écrits !

  • #3

    n. (dimanche, 04 octobre 2015 20:20)

    Alors si les enfants ont décidé ... Bonjour Tio & Tia... !
    Vos doutes, la simplicité et la véracité des enfants, votre passion ... Quelle aventure ! Mais surtout une aventure humaine ! et une aventure humaine avec des enfants !
    Dites leur qu en France on l' attend avec impatience leur journal !

  • #2

    Tia Léo (dimanche, 04 octobre 2015 05:15)

    Sans faute Lucix !!! Merci de nous suivre ;)

  • #1

    Lucix T (samedi, 03 octobre 2015 23:07)

    Super initiative!
    Si ces jeunes journalistes en pousse l'acceptent je voudrais bien voir une copie de leur labeur.

    La bise à tio et tia :)

Rapa Nui : bien plus que des moais 

19-29 SEPTEMBRE

Amis lecteurs de la Tourniquette en âge de répondre, que vous-a-t-on offert pour vos 30 ans ? Si l’on posait cette question à Tournicotin, un de ces jours où ses pas seront fébriles, ses cheveux blanchâtres et ses gestes tremblant, sûr qu’il saurait encore répondre. Et si l’on me questionnait sur ce que je faisais du 19 au 29 septembre 2015, pareil. Ce séjour sur l’Ile de Pâques ne se perdra jamais dans les méandres de nos mémoires. Et ne se fanera pas entre les mille souvenirs de cette grande et longue vadrouille. Car la Tourniquette est une privilégiée. L’an dernier, 62 000 visiteurs ont foulé Rapa Nui (son nom pascuan qui signifie « Grande île ». Pâques lui a été donné par le Hollandais Jacob Roggeveen en 1722, qui la découvre "tadadam"… le jour de Pâques). C’est comme si, sur une période de cent ans, à peine 10% des Français y partaient en vacances. La cherté de cette destination a tout de même un sacré avantage : sur les sites (si l’on sait éviter les tours organisés), on est tranquilles. Alors, quand la plupart des touristes s’y baladent pendant 3-4 jours, la Tourniquette triple la dose. Et qu’est-ce que c’est bon ! De quoi prendre le temps de se mêler à la vie locale. De s’intéresser à ces gens, leur histoire et leur actualité. Plus facile en s’installant « longtemps ». Et chez l’habitant. A Hanga Roa, l’unique ville, on a logé chez trois Chiliens du continent, installés ici depuis quelques mois. Jean-Didier, André et Maurice. Rassurez-vous, on n’était pas à la maison de retraite mais bien chez une joyeuse bande de potes. Certes, on roupillait à deux dans un lit une place flanqué dans un coin du salon. Quelques cafards et moustiques nous tenaient compagnie. Mais la générosité de nos trois couchsurfers a vite envoyé valser le manque de confort. De jolies soirées au coin du barbecue, une crêpe-party et un tas de connaissance sur cette mystérieuse Île de Pâques. Car si les Chiliens du continent sont peu appréciés des résidents Rapa Nui, ces trois-là dénotent. Sur leurs commodes, des bouquins s’empilent. Si bien qu’en six mois, l’un d’eux comprend quelques bribes de conversation en Rapa Nui, la langue locale.

De quoi donner encore plus de saveurs et d’explications à nos découvertes. Entraîné comme un champion, Tournicotin a dû remonter sur le vélo. Pour parcourir une quarantaine de bornes et ralier l’opposé de la « capitale ». Et marquer tant d’arrêts. Car, si l’Ile de Pâques des magazines se résume à de jolis moais fièrement dressés dos à la mer, ou de parfaits bustes sculptés enterrés dans une herbe verdoyante, sur le chemin de notre aventure, bien des surprises. Sur les 887 statues comptabilisées, moins de la moitié est arrivée sur leurs ahus ou plateformes. Et 92 ont été abandonnées pendant le transport. Car depuis la carrière de Rano Raraku, il fallait les bouger (sans les briser) ces imposants bonhommes, sur une superficie de 170 km² (23 km de long et 12 de large). Presque tous rendent hommage à d’anciens rois des neuf tribus Rapa Nui. Les yeux bienveillants dirigés vers leur village. Côté transport, le mystère persiste. Comme bien des pans de cette culture, anéantie par l’évangélisation européenne et six bateaux péruviens qui réduisent la presque totalité de l’île en esclavage. La décimant : en 1864, il ne reste plus qu’une centaine d’habitants sur les 5000 d’avant la tragédie. Résultat, aujourd’hui, aussi triste que délirant, personne ne sait déchiffrer les tablettes écrites en Rango rango, le langage ancestral. Elles racontent sans doute les coutumes et croyances, les origines et les défis du peuple le plus isolé du monde. Ce qu’on peut vous conter c’est que les premiers habitants seraient arrivés de Polynésie, il y a 1500 ans. Qu’ils ont voué un culte très fort aux moais jusqu’en 1680. Et que la mégalomanie des chefs a déclenché de graves guerres face au manque de ressources. C’est qu’il n’y avait plus un agriculteur, ni un pêcheur pour nourrir une population désormais occupée à tailler ces icônes toujours plus grandes, plus fines. Durant ces conflits, les Pascuans ont mis à terre presque tous les moais. Et construit une nouvelle société régie par le culte de l’homme-oiseau. Le pouvoir étant ainsi accessible à tous les clans, et non plus aux seuls Miru, les fondateurs et premiers arrivants. Au terme d’une cérémonie annuelle durant laquelle, le représentant le plus malin et sportif de chaque tribu, devait rapporter à la nage le premier œuf de l’année d’un oiseau pondu sur l’îlot Motu Nui à 1,5 kilomètres des terres pascuanes. Affronter requins et arpenter des falaises hautes de 300 mètres. Sans casser l’œuf.

Alors tomber sur le pétroglyphe d’un canoë, se glisser dans une grotte ou se poser devant ce qui n’est aujourd’hui plus qu’un tas de pierres volcaniques et y observer les corps longilignes et lithiques qui gisent, ça a du sens. Autant que d’admirer les mêmes corps, mais restaurés et élégamment figés sur leurs plateformes, que les médias diffusent dans le monde entier. A pieds ou à vélo, on a virevolté parmi les 32 000 sites archéologiques des lieux, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1995. Rangés par quinze, sept ou seul. Coiffés (ou non) d’un pukao, leur chevelure décorée d’un chignon et taillée dans une roche rouge de la carrière de Puna Pau. Les yeux dépourvus de leur iris de corail et leur pupille en obsidienne. Le plus grand mesure 21 mètres, le plus petit, légèrement plus d'un. Les moais sont évidemment les stars du coin. Mais dans le fond, l’océan est étonnamment limpide et azur. C’est aussi cela l’Ile de Pâques méconnue, une nature préservée.  Que de chemins à parcourir, de volcans à gravir (bon, le plus haut culmine à 511 m), de cratères remplis d’eau à dénicher. Puis deux plages de sable fin, à l’ombre des cocotiers, à l’eau encore un peu fraîche. Et comment ne pas placer deux mots sur les Rapa Nui et leur accueil impeccable. De leurs propositions de grimper dans leur jeep sur la route, à une invitation à prendre un café. Encore plus attachants quand en discutant, on découvre que ce peuple, comme bien des Indiens du Chili, s’enlise depuis quelques mois dans un conflit avec l’Etat, lui demandant la libre administration de son territoire. Requête logique, pour la Tourniquette, au vu d’une relation inégale depuis 1888 et l’annexion au Chili. Parqués dans un coin pour louer le reste des terres à une société britannique pour l’élevage des moutons, dans les années 30. Privés de droits civiques jusqu’en 1966. Entre autres exemples d’une histoire que là encore, les  revues de voyage ne racontent pas.

Vous conter à quel point on s’est enrichi en dix jours est impossible. Vous détailler les sites aussi. Puis, comme le dit la rubrique, peut-être que cette fois, « les photos disent plus et mieux que les mots ». Sauf un, qu’elles ne savent pas crier et que l’on ne cessera de répéter maururu Dany et Alain. Maururu, vraiment beaucoup. 

Commentaires: 7
  • #7

    mmm (lundi, 05 octobre 2015 18:17)

    La présidente du Chili vient d'annoncer en ce lundi 05 octobre , la création d'une aire protégée pour préserver la faune de l'emblématique île de Pâques !!
    Le réveil a sonné bien tard , mais le principal c'est qu'il est été entendu !
    " Belle île ( en mer) ou plutôt (océan ) "!

  • #6

    n. (vendredi, 02 octobre 2015 21:44)

    En r'tard ... En r'tard ! Je suis en r'tard pour la lecture de cet article ! J espère que les Moais et la Tourniquette ne m en tiendront pas rigueur !
    Merci pour cette leçon de civilisation !
    Votre avide enthousiasme d' apprendre et de transmettre nous ravit ! merci à vous 2 ! .....
    Et RDV dans ..... 50 ans Tournicotin, pour nous conter ce séjour sur l 'île des 30 ans !

  • #5

    D. (vendredi, 02 octobre 2015 16:18)

    Je connaissais les photos, mais je dois avouer que je ne savais rien de l'histoire de ces géants de pierre ;)

  • #4

    Lucie C. (vendredi, 02 octobre 2015 11:23)

    Don c'est bien vrai!! Merci pour l'info :)

  • #3

    La Tourniquette (jeudi, 01 octobre 2015 15:57)

    Lucette, tu dis vrai ! Les moais restant dans la carrière de Rano Raraku et dont l'on ne voit que le buste posé sur l'herbe ne sont dévoilés qu'à un tiers. Le reste étant enterré. Car après avoir taillé le moai dans la roche, les Rapa Nui l'installaient à la verticale dans une petite fosse pour lui sculpter les détails. Donc, à l'abandon de la carrière, ils sont restés comme tels. Et les années passant, la terre a rebouché les fossés. Mais bien des trésors demeurent sous nos pas...

  • #2

    Lucie C. (jeudi, 01 octobre 2015 14:04)

    Dire que l'on a pas pu y aller pendant notre tour du monde car notre billet ne le permettait pas, quel regret maintenant que je lis tout ça!!! Est-ce vrai que ces statues ont un corps sous terre?? J'en doute fort mais je me pose quand même la question....

  • #1

    la danoche (jeudi, 01 octobre 2015 06:21)

    L'histoire est souvent cruelle et laisse un goût amer ! Ce peuple décimé a laissé une empreinte nommée : MOAI !
    Le souvenir perdurera encore et encore grâce à leur savoir faire inégalé !
    La profondeur de ce récit m'émeut beaucoup ....ben oui, j'en pleure !!

    Sommes ravis pour vous deux .
    Adorable Léonie : MERCI
    Bizz à partager

Tremblements de terre à Santiago !!!


16-19 SEPTEMBRE

« C’est toi qui fais bouger la porte comme ça ? », s’emporte l’un des membres de la Tourniquette. « Euh, non », lui répond son acolyte, un brin gêné. Bon benh, soit y’a un fantôme dans notre chambre qui fait grave flipper, soit y’a… Un tremblement de terre. UN QUOI ? Ahgaga, j’ai peur. Vite, tout le monde dehors. C’est l’heure d’évacuer. En tongs et torse nu pour l’un, pas le temps de s’attarder sur son look. Car le sol vibre sous nos pas. Et pas qu’un peu. Dehors, les lampadaires et le bitume ont la bougeotte. Les voitures sont à l’arrêt. Les secondes paraissent des heures. Puis, tout revient à la normale. Ouf. Sauvés. Plus de peur que de mal dans le centre de Santiago. Allez, passons à table pour se remettre de nos émotions. Mais que se passe-t-il dans la cuisine ? Tout se remet à bouger. La cuisson des beignets de poulet attendra. Grrrrr. Désormais, on connaît la marche à suivre. Tous à l'extérieur et que ça saute. Bon, vous n’avez pas bientôt fini de faire mumuse avec nous les entrailles terrestres ? Une minute s’égrène avant le calme plat. Ouf. Toujours vivants. Merci pour l’accueil Santiago. A peine arrivés depuis trois heures et déjà deux belles frayeurs au compteur. Mais bon, on ne va pas se plaindre. A quelques kilomètres de là, 13 personnes, selon un bilan provisoire, ont trouvé la mort dans ce séisme d’une magnitude de 8,3 sur l’échelle de Richter. La secousse la plus violente dans le monde en 2015. On l’a vécue en direct. On a eu de la chance. Tant mieux. Pour le reste, pas grand-chose à signaler lors de cette étape capitale, mis à part une petite balade en ville sympathique au milieu des palais à la blancheur immaculée et des parcs en veux-tu en voilà. Les musées ? On se les garde sous le coude pour notre retour dans la cité aux six millions d’habitants dans une dizaine de jours.

Car nous, ce que l’on veut maintenant, c’est partir sur l’île de Pâques. J-4, J-3, J-2, J-1… Le décollage, c’est pour aujourd’hui. ENFIN. A 18h40 de l’aéroport Arturo Mérino Benitez. A 23h40 pour vous en France. Numéro du vol pour les inconditionnels de skyscanner : LA843. Deux heures de décalage horaire supplémentaires avec l’Hexagone nous y attendent au milieu des légendaires statues moai. Merci papa et maman pour ce cadeau le plus génial de tous les temps J Du coup, jamais nos sacs à dos n’avaient été prêts autant à l’avance. A l’intérieur, des dizaines de provisions allant des traditionnelles pâtes aux soupes en poudre en passant par la bonne vieille purée, des gâteaux mais également des sauces à la tomate, au pesto, aux champignons… Miam, miam, on va se régaler. C’est que le coût de la vie est tellement cher au beau milieu du Pacifique qu’il vaut mieux prendre quelques longueurs d’avance en termes de ravitaillement… Ah sinon, on n’est plus seuls dans cette Tourniquette. On a été rejoints le 17 septembre par tente Renaude (baptisée ainsi car achetée le jour de la saint Renaud, original non ?). Poids : 4,2 kg. Envergure : plus de deux mètres. Prix : 100 euros. Caractéristiques : imperméable, confortable, résistante. Même face aux tremblements de terre, Renaude ne bougera pas d’un poil. Promis, juré.  

Commentaires: 4
  • #4

    D. (mercredi, 23 septembre 2015 15:28)

    Merci pour les nouvelles ! On attend le prochain article avec impatience :)

  • #3

    la danoche (mardi, 22 septembre 2015 10:27)

    Coucou à tous !
    Pas d'inquiétude pour Léonie et Sylvain . Sont bien arrivés à Hanga Roa .
    Pas d'internet, donc pas de mise à jour du blog . Juste qq nelles d'un Cybercafé!
    Très très heureux d'être transportés dans la magie de l'île de Pâques et de plus sous le soleil !!

    Bien loin d'eux .....mais si près , par la pensée au quotidien .
    Envolée de bisous ♡♥♡♥

  • #2

    n. (samedi, 19 septembre 2015 09:05)

    Oui un grand merci pour les rapides nouvelles !
    Beau séjour avec Renaude chez la famille Moai ! La bise à tous !
    Un moment magique en plein milieu du Pacifique !

  • #1

    la danoche (samedi, 19 septembre 2015 05:52)

    Ces murs ne pourront pas vous oublier ! Belle panique pour vous....aie aie, merci d'avoir donné les infos en direct afin d'apaiser notre crainte !!
    Je suivrais le vol cette nuit , bercée par les ronflements "du père " !
    Ne campez pas sous un Moai, (qui sait) un vacillement est toujours possible , selon l'humeur des dieux !
    Renaude vous protègera . Bon vol, belles découvertes et attention à vous !
    Bizz de Man et Pa

Nos mots pour " Valpo "

11-15 SEPTEMBRE

Il parait que Valparaiso est inspirante. On veut bien le croire. Pablo Neruda et son prix Nobel de littérature y avaient acheté une demeure sur les hauteurs. Lukas, dessinateur de presse chilien, y a griffonné toute sa vie. Avec pour promontoires les trottoirs, les anonymes s’essaient à la peinture, gravure, confection de bijoux. A chaque coin de rue, de vifs  fresques et graffitis égaient les murs. Calée dans une chambre boisée et bleutée, face à la fenêtre donnant sur un jardinet, les lettres et les mots volent. J’essaie de les attraper. De les ordonner et de les trier pour dire Valparaiso. Compliqué. Elle a autant de facettes que la palette d’un artiste a de couleurs. On y ressent autant d’émotions qu’un dramaturge qui jongle entre le comique et le pathétique. Le « B » et le « O » se planquent derrière la commode. Je les agrippe. Car " Valpo " est bobo-bohème. De la cité portuaire et industrielle du XIXème siècle, les conteneurs chargés sur les cargos sont (presque) les seuls héritiers. Le tremblement de terre de 1906, l’ouverture du canal de Panama, la crise de 29 et le manque d’investissement ont tout emporté. Sauf son âme. Si bien que son quartier historique est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Plus d’odeurs de poiscailles, mais une vague artistique qui balaie les 400 000 habitants des 45 collines. Des quartiers aisés aux banlieues, des escaliers arc-en-ciel et des façades où s’étalent formes géométriques, messages philosophiques ou silhouettes multicolores. Pour arpenter cette ville désarticulée, nos jambes (beaucoup) et des funiculaires vieux d’une centaine d’années (un peu). En bas, des boutiques vintage, en haut, une vue. Au loin, Vina del Mar, sa voisine balnéaire et bourgeoise. On y a fourré notre nez, après sept kilomètres de marche à pied. Rien à voir. Des plages trop fraîches. Des hôtels vieillissants. Mais quand même le vaste parc Quinta Vergara et ses chemins sillonnants et verdoyants. « Hétéroclite », ouais, il fait classe ce mot. Je le choppe au passage. Surtout parce que c’est tout " Valpo ". Il y a ces quartiers touristiques des collines Concepcion et Alegre. Mais aussi, les coins plus résidentiels. Aux belles maisons. Hautes, larges, fleuries et peintes. Habitées jadis par les Allemands ou Italiens, venus investir le port le plus influent d’Amérique du Sud. Puis encore ces places populaires et très fréquentées pour ses tables de jeux de cartes ou son marché aux puces et aux antiquités. Ici, les marionnettes amusent les gamins et les empanadas bon marché ravissent les papilles. Quand deux frangins s’agacent sur leur cerf-volant coincé dans les branchages, loisir plus que pratiqué ici. Pas un touriste n’assiste à ce joyeux quotidien. Alors, tranquilles, sur l’herbe, on est bien. « Comme chez nous », me toque sur l’épaule. Et il a raison. Car à " Valpo ", c’est ce que l’on a ressenti. Pour tout ce que l’on vient de décrire. Mais aussi parce qu’à La Bicyclette, Gilles le Toulousain a le sens de l’accueil. Du petit-déj au « bonne nuit » lancé dans le couloir, il est drôle, attachant et atypique. Et si l’on s’arrêtait là ? Il n’y pas de boulangerie française ici. Pas de camping. On pourrait rester, se former, se lancer... Oh, « famille » et « amis » me chatouillent les doigts de pieds. 

Commentaires: 8
  • #8

    La Zozo family (lundi, 21 septembre 2015 14:34)

    Un petit peu de reflexologie? Et je chatouille le gros doigts de pied de Tournicotin, et Zozo niaque le petit de Tournicotine (et oui avec 4 petites quenottes, c'est plus efficace!)... Et oui la famille fait plus que des guilis :) !

    On veut aussi pouvoir vous faire des bisous en vrai un de ces 4 ;) !

    Gros bizous les chilenos !

  • #7

    Tournicotine (samedi, 19 septembre 2015 15:24)

    Mi Aurora de Chile, merci pour ton adorable commentaire. Je vais revoir Francesca sur Santiago, à notre retour de l'ile de Pâques. Et on passe par Concepcion après. Donc, j'embrasserai bien notre famille chilienne de ta part. Que de souvenirs, j'en parle souvent à Sylvain. On a d'ailleurs vu des lobos de mar encore plus gros que ceux que nous avions observés. Impressionnant ! Et si durant les mois qui viennent vous avez envie d'un petit tournage en Amérique du Sud, on vous attend <3 Mille bisous

  • #6

    Aurora ;) (jeudi, 17 septembre 2015 15:55)

    Hola Léonie!
    Que de souvenirs me reviennent à l'esprit en lisant votre article. Est-ce que tu as revu nos amis chez qui nous avions logé en 2009? J'éspère que les lobos del mar se portent toujours aussi bien en tous cas, et surtout que tout va bien malgré le tremblement de terre!
    Bisous de ta vieille companera de viaje
    Aurore
    PS: super votre site et vos articles !!!

  • #5

    mmm (mercredi, 16 septembre 2015 12:27)

    Je ne suis ni .... ni.....mais je me permets de chatouiller vos doigts de pieds !
    ♡♥♡

  • #4

    D. (mercredi, 16 septembre 2015 12:12)

    Un bisou sur chaque doigts de pieds = LA BASE :)

    Belle description de Valpo ! On a vraiment l'impression de voyager avec vous :)

  • #3

    n. (mercredi, 16 septembre 2015 09:42)

    ... et merci aux doigts de pieds ! <3 <3 <3

  • #2

    la danoche (mercredi, 16 septembre 2015 07:14)

    Que c'est beau de courir le monde et de partir à l'aventure !

    *un membre de la Tourniquette voulait connaître davantage l'Amérique du Sud.
    *un membre de la Tourniquette a tout quitté, tout vendu, pour n'écouter que son coeur.
    A mi-parcours, je crois savoir lequel des deux voudrait rester !

    Merci à Gilles d'avoir apposé sa signature, pour se rappeler de notre beau pays : la FRANCE !
    " Ne te (vous) prive (privez) pas d'être heureux " ! .....Pablo Neruda .
    C'est bientôt PÂQUES pour vous ?! Sacré décalage!
    Bizz

  • #1

    n. (mercredi, 16 septembre 2015 06:15)

    "On voyage autour du monde à la recherche de quelque chose et on rentre chez soi pour le trouver" ... Merci George Moore ! <3 <3 <3

Copiapo : sur les traces des 33 mineurs 


8-10 SEPTEMBRE

Il y a un avantage au métier de journaliste. L’abattement fiscal, crieront les mauvaises langues. Faire des rencontres insolites, corrigerons-nous. Raconter notre halte à Copiapo, c’est un peu dire merci à notre formation. Car si l’on s’est stoppé dans cette ville de 200 000 habitants, loin des sentiers touristiques, à mi-distance entre San Pedro de Atacama et Santiago de Chile, c’est pour y écrire un article. Les rédac-chefs pourront dire non à notre proposition, on s’en moque. On a aimé. Copiapo ? Un article ? Mais pourquoi ? Ça ne vous dit rien, normal. C’est  pourtant à trente kilomètres de là, que, du 5 août au 13 octobre 2010, le monde avait les yeux fixés. Pour s’inquiéter du sort de 33 mineurs, coincés sous terre après un accident dans leur mine de San José. Dans quelques semaines, ils célébreront les cinq ans de leur sauvetage. Et au Chili, depuis le 6 août, « Los 33 » s’affiche au cinéma (sortie au printemps en France). De quoi justifier un arrêt, donc. Ce n’est pas moins de sept mineurs que nous avons contactés. Pour n’en rencontrer qu’un, Luis Urzua. Et discuter au téléphone avec un autre, Mario Sepulveda. Parce que l’on a refusé toute rémunération contre interview, réclamée par la plupart des miraculés. Décevant, énervant. Mais il a suffi d’une entrevue pour effacer cette désillusion. Celle avec le chef d’équipe. Luiz Urzua. Ecouter ce bonhomme aux joues boursouflées vous remémorer son calvaire, vous convaincre que ce film n’est pas le reflet de la réalité. Le sentir aigri d’avoir cédé les droits de son histoire à des producteurs américains, ça émeut, passionne. Donne envie de rester sur ce banc défraîchi à discuter, longtemps. Et le deviner à l’écran dans la peau de cet acteur, aussi. L’imaginer, lui et ses collègues, descendre dans ce trou noir, oppressant et étouffant. Tous les jours. Toute la  journée. Jusqu’à cet éboulement où une pierre lourde comme deux Empire State Building a bloqué l’accès à la mine. Pendant 69 jours, dont 17 où les travailleurs n’ont pu donner signe de vie et se sont partagés des vivres prévues pour 20 hommes et trois jours. Conseil de Tournicotons, allez-voir le film. Tourné à l’Américaine, certes. Mais parole de Luis Urzua : « il offre une bonne approche de ce qu’est la mine encore aujourd’hui ». 12 000 morts par an. Et pour compléter la doublette film-interview, on a couru au musée de la ville pour les voir : Phoenix 2 et le mot. La capsule qui a sauvé de l’obscurité les mineurs et le signe de vie « Estamos bien en el refugio los 33 ». Sinon, à Copiapo, y’a un gérant d’auberge ultra-sympa et des skateurs. Des amoureux qui se séparent sur les bancs publics et une église pas franchement jolie. Heureusement qu’on est journalistes. 

Commentaires: 6
  • #6

    La Zozo family (lundi, 21 septembre 2015 14:27)

    Ca devait être très émouvant... Vous nous direz si vous arrivez à publier un article!

    Bizous, kissous!

  • #5

    D. (mardi, 15 septembre 2015 13:05)

    Moi aussi iré a verlo !

  • #4

    M&JP (mardi, 15 septembre 2015 11:20)

    Après l'humour et l'amour, un fait d'actualité raconté avec beaucoup de sensibilité…..Tambien iramos a ver la pelicula…..

  • #3

    n. (dimanche, 13 septembre 2015 21:25)

    Beaucoup d'émotion dans ce récit ! Une telle rencontre et la difficulté du métier est oublié !
    Je suis sûre que Luis va vous porter chance ...
    Et promis on ira voir "Los 33" !

  • #2

    encore la danoche (samedi, 12 septembre 2015 15:23)

    Quand on aime on ne compte pas !
    8 mois quand même. ......accouchement prématuré!
    ¡ Con disculpas !

  • #1

    la danoche (samedi, 12 septembre 2015 12:24)

    Voilà 9 mois que vous êtes partis ! Que d'articles couchés sur papier !
    Bravo et merci d'avoir développé (pour ma part) mes acquis .
    Pas d'aubaine pour une diffusion sur ces braves mineurs ! Vos belles rencontres vous rendent plus riches que tout .

    Longue vie pas aux.... 13 , ni aux ....21 , mais aux 33 mineurs rescapés !!
    Accouchement réussi et heureux !
    Bizz

Atacama avec Tournicotine : souffrance et plaisir

4-7 SEPTEMBRE 

Partager la vie d’une passionnée de sport c’est quand même pas mal… Pendant les mondiaux d’athlétisme, pas besoin de mettre le réveil pour assister à 7h30 du matin aux séries du relais, madame s’en charge. Pendant l’US Open, madame veille avec monsieur pour assister à la victoire de Serena contre Venus avant de plonger dans les bras de Morphée. Pendant les matches de Ligue 1 du week-end, madame s’interroge sur le score réalisé par Caen face à la modeste formation du Gazélec Ajaccio. Non, sur le dernier point, je déconne. Mais quand même, madame et le sport, ça ne fait qu’un. Ou plutôt un et demi devant la télé et un dans la réalité.

Et qui est-ce qui a pu s’en rendre compte ces derniers jours en plein désert du côté de San Pedro de Atacama ? Bibi bien sûr ! « C’est bien beau de louer des vélos mais si on roule à une allure de papy, on aurait mieux fait d’y aller à pied ». Et v’la, prend ça dans les dents Tournicotin. « Faut appuyer sur les pédales sinon, c’est sûr, tu ne vas pas aller bien loin ». Et bim, dans ta face. « Moi aussi je suis fatiguée mais la différence entre nous, c’est au mental qu’elle se fait ». Oui oui d’accord, moi aussi je t’aime. En gros, pour faire vite, dans la zone touristique vedette du nord Chili, sachez qu’il n’y a pas 36 solutions pour aller visiter les merveilles des alentours. Soit passer par une agence et payer une fortune pour se faire trimballer en jeep. Soit poser ses fesses sur un VTT pour une poignée de pesos, une location de six heures et des souvenirs plein la tête. Même si la selle n’est pas très confortable, le choix a été vite fait.

Alors pendant deux jours, papy a serré les dents, papy a mis son casque, papy a posé le pied à terre dans les côtes, papy a grogné, papy s’est fait quelques frayeurs dans les descentes mais, au final, papy s’en est « très bien sorti » selon les dires de sa coach préférée. OUF ! Désormais, le vélo, c’est fini ! Sauvé ! Même s’il faut bien l’avouer, il nous a bien aidés pour profiter à plein de l’incroyable vallée de la Luna déchirée par l’érosion. Notamment du haut de la duna mayor avec en son centre une colline de sable fin à perte de vue, à sa droite une formation géologique impressionnante en forme d’amphithéâtre et à sa gauche des vallées blanchies par le sel après les pluies. Ça peut paraître bizarre mais oui, on est toujours  sur Terre. Ça chauffe dans les cuisses mais le spectacle en vaut la chandelle. Alors on avale les bornes, on se plie en quatre pour passer sous la roche, on admire le volcan Licancabur et sa forme conique parfaite puis on file au site baptisé Las Tres Marias pour se retrouver face à trois concrétions rocheuses censées symboliser le Christ et des représentations de la Vierge. La ressemblance, on la cherche encore. Pour info, c’est la photo 15 de la galerie. Si vous voyez quelque chose, n’hésitez pas surtout…

Le lendemain, c’est au tour de la Garganta del Diablo d’accueillir nos gambettes. Et comment dire, ce passage étroit créé par l’érosion de la Cordillera del Sal porte vraiment bien son nom. Bon, pour Tournicotine, pas de problème notable. Monter à VTT une piste sableuse à mort ? OK. Descendre au milieu des cailloux sur un tracé délicat et zigzaguer dans une scénographie lunaire ? Sans souci. Porter son vélo en mode triathlète avant de repartir de plus belle ? Tranquille. Un commentaire à ajouter Tournicotin ? «  C’était une expérience très sportive mais chouette à vivre dans un décor à couper le souffle et unique en son genre ». Voilà pour la version raisonnée des propos. Sur le coup, entre les fesses en feu (à cause de la maudite selle) et la difficulté du parcours, c’était plutôt : « mais qu’est-ce que je fous là à essayer de faire mon Julien Absalon ou ma Pauline Ferrand-Prévot ». Au final, Tournicotine a adoré. Tournicotin a aimé. Tout le monde est content. Enfin, avant de quitter les lieux et mettre le cap vers Copiapo, on a fait un crochet (à pieds cette fois, le vélo étant définitivement à la cave) vers Pukara de Quitor, une forteresse en terrasses construite par les Atacamènes au XIIe siècle. Les Espagnols en prirent le contrôle en 1540 et 300 têtes d’Indiens y furent exposées pour célébrer la déroute des locaux. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose des ruines. Mais subsiste un mirador avec une jolie vue sur les volcans et l’oasis. Alors, on a grimpé tout là-haut en résistant aux terribles bourrasques de vent. Et j’ai également trompé Tournicotine avec une indienne mais ça, chut, faut pas le dire. 

Non, sérieusement, partager la vie d’une athlète, c’est cool. Mais partager la vie d’une cuisinière hors pair, c’est super génial méga cool. Surtout quand, en plein désert, vous vous retrouvez le soir venu avec de succulentes crêpes au dulce de leche en dessert. Miam, miam. On en redemande. « Des heures de vélo ? ». Non, non, Tournicotine, « des crêpes, seulement des crêpes ».

Commentaires: 8
  • #8

    La Zozo family (lundi, 21 septembre 2015 14:23)

    hahahaha :) !!
    Vous serez grave en forme pour le prochain tour à vélo! T'inquiète Tournicotin, celui-ci avec une ceinture blanche vélo est faisable! Tu nous pousseras dans les montées par contre!!

    PS : trop rigolo et trop mignon cet article

    Gros bizous les zamoureux

  • #7

    M&JP (samedi, 12 septembre 2015 10:03)

    De l'humour et de l'amour au programme, magnifique……continuez ainsi c'est ce que l'on vous souhaite. Bisous

  • #6

    la danoche (jeudi, 10 septembre 2015 17:36)

    Ccou!
    Tu avais déjà une TETE bien faite, ne manquait plus que les JAMBES !!
    Elles sont maintenant athlétiques et énergiques ...... merci qui ? merci Léonie !
    Dommage que le jeu phare des années 70 n'existe plus : tu aurais été au TOP !
    Quelle sensation de vadrouiller au milieu de ce merveilleux relief !
    Vivez cette aventure LIBRES. ...."en roue-libre" !
    ♡♥♡

  • #5

    Lucie C. (jeudi, 10 septembre 2015 11:09)

    Merci pour cet article qui m'aura bien fait sourire mais qui reflète bien la vérité!! Tu l'as choisie hein! hahaha lol!

  • #4

    n. (jeudi, 10 septembre 2015 06:34)

    Tournicotin, je veux juste rajouter que quand même je compatis ! .... J ai le même à la maison ! ;)

  • #3

    n. (mercredi, 09 septembre 2015 22:13)

    Vraiment drôle ce texte! drôle et véridique ! Et plein d amour !
    Comme si je l avais faite la Tournicotine ! Mais don't worry Tournicotin ... on s'y habitue !
    Mais que ne ferait-on pas pour des crêpes dulce de leche !

  • #2

    Bouli (mercredi, 09 septembre 2015 18:19)

    Bravo Tounicotine pour ce raid à vélo et surtout bravo d avoir pu entraîner un tournicotin qui suit en souffrant terriblement
    Que c est beau l amour

  • #1

    D. (mercredi, 09 septembre 2015 15:20)

    J'ai bien ri devant ton article plein de tendresse Tournicotin : MERCI :)
    J'imagine bien la Tournicotine sur son vélo...le p'tit bourrin !

    Les crêpes ont l'air délicieuses : bientôt l'heure du gouter par chez nous..ça donne faim !

    Bisous les sportifs

Le royaume du cuivre nous salue bien !

2-3 SEPTEMBRE

« Calama est une ville sans aucun charme, chère et plutôt glauque. Pour tout vous dire, alors qu’on est globalement bien accueilli partout, il y a ici un je-ne-sais-quoi d’agressif dans l’air ». A la lecture de la page 216 du Routard, s’arrêter dans cette capitale minière paumée en plein milieu du désert d’Atacama relève de la pure folie. Heureusement, on a bien compris depuis le temps que lorsque le Routard dit A, on peut très souvent répondre B. Car s’il n’y a pas grand-chose à y faire, Calama ne mérite en aucun cas d’être snobée de cette manière. C’est ici que l’on a reçu (et de loin), le meilleur accueil des habitants depuis bien longtemps, que l’on a dormi pour l’offre la plus économique (au Chili) et que l’on a déambulé dans les rues sans jamais ressentir la moindre once de nervosité dans l’air. Ah, j’allais oublier, c’est enfin ici que l’on a égaré notre porte-monnaie sur une table de restaurant avant de le retrouver quelques heures plus tard grâce à l’honnêteté et au bon sens de sa propriétaire. Etape redoutée, Calama s’est donc transformée en étape plaisante. Surtout lorsque la visite de la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert au monde, dite de Chuquicamata, figure au programme de la journée du lendemain… Pour la petite histoire, c’est à cet endroit qu’Ernesto Guevara de la Serna (qui deviendra bientôt le Che) et son ami Alberto Granado, choqués par les conditions de travail inhumaines infligées aux indiens, eurent, le 15 mars 1952, une vive altercation avec un contremaître. Depuis, les temps ont changé… A l’époque du futur révolutionnaire, la compagnie Yankee Anaconda Copper faisait la pluie et le beau temps sur Chuqui alors qu'aujourd’hui, et depuis 1971, le lieu d’extraction est passé sous la tutelle de l’Etat. Meilleures conditions de vie et de travail pour les ouvriers, fin des humiliations et des doses infimes de collation, le Chili a bien grandi. Et encore plus depuis 2008, date (tardive) où le campement de travailleurs, devenu une vraie ville avec près de 30 000 habitants, a été définitivement fermé pour protéger la population de la pollution. 
Résultat, en 2015, lorsque vous visitez les lieux avec une employée de la société d’Etat Codelco ressemblant comme deux gouttes d’eau à Muriel Robin (en moins blonde et plus jeune), vous débarquez au beau milieu d’une cité fantôme. Baraquements en file indienne, théâtre majestueux, enseignes de bars, parcs à jouer pour les enfants, rien n’a bougé d’un iota. C’est à se demander où sont passés les 8000 ouvriers employés qui produisent quelque 1 300 000 tonnes de cuivre par an… Après un cours scientifique, dénué de social et d’humain bien sûr (pas très funky de la part de Muriel), sur le procédé de transformation du fameux métal, on a fini par les apercevoir. A pieds ou au volant de camions géants transportant chacun jusqu’à 400 tonnes de minerais et chaussés de roues de 4 mètres de diamètre. Éparpillés dans un gigantesque cratère de près de 5 kilomètres de long, pour 4 de large et 900 mètres de profondeur ! Il faut le voir pour le croire. On s'imagine sur la lune ou dans un véritable gruyère à la courbe elliptique complètement folle. Et nous, tranquilles du haut de notre mirador, coiffés d’un casque rouge dernier cri et habillés d’un masque et d’un gilet tendance, on en a pris plein la vue devant ce spectacle hallucinant. Et franchement, l’envie de s’en prendre au contremaître ne nous a jamais traversé l’esprit. Les temps changent. 

Commentaires: 5
  • #5

    n. (mardi, 08 septembre 2015 06:27)

    Ça fayotte à Iquique ! La possibilité de mettre des commentaires a disparu ... Un coup de M&P qui ne veulent pas se faire voler la vedette !!!

  • #4

    mmm (dimanche, 06 septembre 2015 09:55)

    Les receleurs de vols de câbles en cuivre ou autre , doivent être bien blasés de ne pouvoir puiser dans cette mine à ciel ouvert du fameux métal rouge !
    Quelle grandeur ce craTERRE quasi lunaire !
    Belle visite

  • #3

    D. (vendredi, 04 septembre 2015 14:01)

    En photo c'est déjà impressionnant...mais en vrai ça doit être dingue !

  • #2

    M&JP (vendredi, 04 septembre 2015 10:21)

    Que de découvertes, celle-ci est hallucinante….. Comme quoi, il y a le routard mais aussi la Tourniquette, à quand le guide et les bons conseils? Big biZ

  • #1

    n. (vendredi, 04 septembre 2015 06:43)

    Pas de révolution alors ? le Che va être décu Tournicotine !

On a mis notre grain de sel à Iquique

30 AOÛT – 1er SEPTEMBRE 

Salpêtre par-ci, salpêtre par-là… Au niveau de la curieuse capitale de la première Région, celui également plus connu sous le nom de nitrate de potassium est partout. Et pour cause. Le composé inorganique de formule chimique KNO3 (oui, oui, Wikipedia ça sert parfois) dont l’appellation signifie littéralement « sel de pierre » (merci encore Wikipedia) est la grande star de cette zone géographique. Grâce à lui, Iquique a de la gueule. Grâce à son exportation massive à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, Iquique conserve aujourd’hui de séduisants témoignages de son âge d’or. Comme ce théâtre construit en bois de pin d’Oregon où se produisit la grande Sarah Bernhardt. Ou ce casino époustouflant de style mauresque avec ses salles hautes de plafond. Sans oublier les fameuses demeures en bois de la rue Baquedano composant un alignement fantasque de façades et vérandas aux couleurs de l’arc en ciel. Bref, dans l’un des ports les plus importants du pays, allure et beauté sont visiblement au centre des préoccupations. C’est que l’être humain a toujours eu un lourd défi à relever dans cette cité de 315 000 habitants : celui de se mettre à la hauteur de son incroyable richesse panoramique composée d’une falaise aride, d’une colossale dune de sable et du Pacifique à perte de vue. L’arrivée par la route, plongeant depuis les hauteurs, est, à ce titre, un spectacle à apprécier sans modération. Vous l’aurez compris, à Iquique, difficile de ne pas se sentir à son aise. Si on ne fait pas gaffe, on peut même se transformer en p’tit bourgeois en deux, trois mouvements. Nous, on s’est juste contentés d’aller faire nos courses au supermarché, de se préparer des succulents mets en écoutant de la variété française et de dormir dans une chambre certes un peu kitch mais au charme indéniable. Suffisant à notre bonheur. Merci qui ? Le salpêtre bien sûr. C’est que le nitrate de potassium a plus d’un tour dans son sac pour remplir les caisses : pendant la première guerre mondiale, il est un élément indispensable pour concevoir la bonne vieille poudre à canon. Par la suite, l’agriculture européenne tombe sous son charme pour son côté fertilisant. Avec lui, tout pousse plus vite, tout est plus rentable. Jackpot pour le Chili.

Il n’en fallait pas plus pour voir débarquer dans le coin, de riches industriels attirés par cette matière première des plus rentables. Ce fut le cas de James Humberstone, ingénieur britannique qui construisit une ville portant son nom à la fin du XIXe, à proximité d’un gisement situé à moins de 50 bornes d’Iquique. En l’espace de 100 ans, sa « petite entreprise » prend de l’ampleur. Et son patelin se transforme en une véritable ville de près de 5000 habitants. Avec sa garnison ouvrière conséquente. Suant jour après jour, par des températures pouvant atteindre les 60 degrés, pour simplement avoir le droit d’acheter quelques kilos de blés ou patates. Pendant ce temps-là, Iquique fait sa belle en profitant de la rentabilité offerte par des milliers de bras musclés… Heureusement, l’Histoire a ce don de ne pas oublier. Fermée définitivement au début des années 1960, la mine d’Humberstone a depuis obtenu le statut de patrimoine mondial par l’Unesco. Une aubaine pour nous, simples visiteurs, à qui l’on offre le droit de déambuler dans ses ruines conservées à merveille. L’occasion de se retrouver nez à nez avec d’émouvants jouets bricolés en fil de fer, de pénétrer dans les baraquements où vécurent de centaines de familles, de parcourir la grande et belle demeure du médecin-chef. En l’espace de quelques hectomètres, les inégalités sociales s’affirment. De la chambre rudimentaire d’une surface de 13 mètres carrés occupée par l’ouvrier célibataire à la maison majestueuse de l’ingénieur, il n’y a qu’un pas. Entre les deux lieux d’habitation, le théâtre de 1936 au parquet ciré et aux vieux fauteuils en bois prend place. Derrière lui, se devine une grande piscine faite de plaques de tôle avec ses gradins et ses plongeoirs. De ce spectacle hallucinant, la Tourniquette n’en rate pas une miette. Et n’hésite pas à mettre son grain de sel aux quatre coins du site. De la grande cheminée de l’usine à l’ancien hôpital en passant par le marché central et les fameuses salles des machines. On veut tout voir, tout comprendre, tout imaginer, tout rêver. Même s’il faut pour cela passer dans des pièces où les plaques de tôle semblent capables de s’effondrer à tout moment… Mais, rassurez-vous, on est bien vivants. Heureusement d’ailleurs, car ce soir, c’est crêpes et petit verre de vin rouge au menu. Avec ou sans sel, c’est au choix.

Commentaires: 6
  • #6

    M&JP (mardi, 08 septembre 2015 10:19)

    Et oui, n. nous avons l'exclusivité……à Iqueque……

  • #5

    M&JP (dimanche, 06 septembre 2015 10:13)

    Ct notre grain de sel…………ahahahha. Et sachez que vous ne nous ennuyez JAMAIS, ce n'est que du plaisir à chaque fois.

  • #4

    La Tourniquette (vendredi, 04 septembre 2015 01:01)

    Mais quelles binocles M&JP. On ne peut ríen vous cacher...mais on ne peut pas tout écrire. Au risque de vous ennuyer ;)

  • #3

    M&JP (jeudi, 03 septembre 2015 18:26)

    Il me semble qu'il y a un port important à Iquéqué? Verdad?
    Besos à vs 2…..

  • #2

    D. (jeudi, 03 septembre 2015 13:04)

    L'addition n'a pas été trop salée ? Mouahahaha...après les fruits, les épices !

  • #1

    la danoche (mercredi, 02 septembre 2015 18:27)

    Quand l'économie s'effondre la vie sombre ! De tout temps , de toute époque !
    Elle devait être belle cette ville avant de devenir "fantôme" !
    Ça donne froid dans le dos et me rappelle trop la visite des camps !

    Bien plus léger , savourez vos crêpes sucrées ou salées , avec ou sans modération , mais surtout à belles dents !!
    Bizz à vous deux

Arica : le Chili vu de tout là-haut

28-29 AOÛT

On va vous livrer un secret. Mais c’est bien parce que l’on commence à être potes. Depuis sept mois que vous nous lisez, devant votre café au réveil, au boulot en secret ou au feu rouge un peu pressés, vous le méritez bien. Voilà, la Tourniquette cherche les "affaires". Non pas qu’on soit radins, juste qu’on a envie de voyager longtemps, toujours plus. Dégoter la gourmandise associant le prix mini au plaisir maxi. S’amuser à négocier la course de taxi, la chambre d’hôtel. Trouver le restau le plus rudimentaire (les tables de jardin en plastique sont de bons indices). En Bolivie et au Pérou, c’était facile, pas trop de mérite. Mais le Chili semble nous compliquer la tâche. En deux jours à Arica, on l’a pigé. Adieu les menus du midi à moins de deux euros. Ici, les ardoises sur lesquelles le bouillon de volaille flirte avec le poulet/riz doublent les tarifs boliviens. Et oh, on n’a pas prévu de rentrer tout de suite nous. Pareil pour les auberges, pourtant toujours aussi rustiques. Un lit tout mou, des murs décrépis et les sanitaires à partager avec le voisin qui crache. Même le papier toilette qui devient un produit de luxe nous oblige à acheter la promo de huit. Mais la Tourniquette a du métier, en deux jours, elle a déjà décelé quelques bonnes affaires chiliennes. Comme s’asseoir dans un bouiboui qui sert sandwich savoureux et boissons chaudes pour une poignée de pesos, coincés entre une dizaine de locaux. Et papoter entre nous sur cette première étape flanquée en bord de Pacifique, aux portes du désert d’Atacama, qui nous éloigne déjà si vite de notre Bolivie. Surtout que ça sniffe un peu trop Dijon ici : un magasin de fringues porte le nom de la capitale des Ducs, Gustave Eiffel est l’architecte de l’ancienne maison des douanes et de la cathédrale San Marcos et des gâteaux « Dindon » squattent les rayons. A part ça, des rues asphaltées pour les 200 000 habitants. Des voitures pour la plupart d’entre eux. Des silhouettes plus sveltes.
Et si Evo nous savait là, il se fâcherait tout rouge. C’est ici, le 7 juin 1880, que les troupes chiliennes lui ont confisqué son accès à la mer. Pour une broutille, en plus : l’année précédente, les Boliviens qui exploitaient le nitrate de potassium de la région décident d’augmenter la taxe sur les exportations. Les Chiliens disent non. Les Boliviens, épaulés des Péruviens, renchérissent par les armes. Dommage, « le Grand Nord », comme on l’appelle aujourd’hui ici, leur échappe. Avec tous ses minerais et son potentiel touristique. Du haut de la colline où la bataille se scelle, le drapeau chilien flotte. Les hommages de l’ancien dictateur Pinochet gâchent un peu la vue sur la jolie vallée d’Azapa qui file après Arica, entre deux dunes de sables énormes. Là-bas, des plants d’oliviers mais aussi des vestiges de la civilisation Chinchorro. Un peuple de pêcheurs et inventeurs d’une technique de momification artificielle. Entre 6000 avant J.-C. et l’an 0. Démembrer les défunts, les vider de leurs organes, puis consolider le tout avec des branchages, les couvrir de boue, de paille et de résine, et les peindre. En rouge ou noir, selon les époques. Ou simplement les enlacer de bandelettes, à l’égyptienne. Sous nos yeux, des corps, même des fœtus, témoignent. Et s’ils s’étaient embêtés pour pas grand-chose ? Arica et son « éternel printemps » est réputée comme la ville habitée du monde la plus aride. Les précipitations moyennes annuelles sont de 0,8 millimètre. Et entre 1903 et 1916, il n’y a pas eu une seule goutte de pluie. Tentant, mais nous, on n’a pas prévu de fossiliser ici, on a encore 4300 kilomètres "affaires". 

Commentaires: 3
  • #3

    D. (lundi, 31 août 2015 14:50)

    Haha tu m'as fait rire n. :)
    Quand j'ai dit à J. que vous étiez aux portes du désert d'Atacama, j'ai eu droit à : "Oh tu crois qu'ils vont aller voir le télescope ? ça doit se visiter non ? Attends ça doit être trop diiiiiiingue !!"
    Bisous et bonnes affaires :)

  • #2

    n. (lundi, 31 août 2015 13:46)

    Ouf ! on a échappé à tout ça ! ;)

  • #1

    mmm (dimanche, 30 août 2015 15:36)

    Tous ces rites ancestraux , ces rituels d'embaumement des défunts. ....toute croyance se respecte !
    Que de symboles l'olivier !
    L'huile d'olive va remplacer la moutarde ?
    Tant que cette dernière ne vous monte pas au nez ( o el morro ) !!
    En bons gestionnaires donc , bonnes négociations pour continuer un maximum vos belles ascensions !
    Bises

Déstabilisante Bolivie 

Vous n’y comprenez rien ? Nous, on n’est pas loin de choper le tournis. En Bolivie, la Tourniquette a rempli le contrat : « à gauche à droite. Ici et là. Cap sur le nord, virevolter au sud ». En jeep, bus, mini-bus, bateau, barque, avions, moto, taxi, jambes. De quoi rencontrer des habitants qui veulent de nous (ou pas). Flirter avec les -10 degrés et atteindre les 40°. Se pavaner dans de jolies ruelles coloniales et s’attrister devant des baraques terreuses prêtes à s’effondrer. Quitter la Bolivie c’est aussi se rendre compte qu’un esprit tiers-mondiste sommeille encore en Amérique du Sud. Des femmes contraintes d’avoir l’accord de leur mari pour bosser, un pays qui se traîne au 108ème rang du classement de l’IDH (indice de développement humain). Frustrant face au tiers des réserves mondiales de lithium (et autres minerais) qui patientent en sous-sol. Mais les Boliviens sont confiants et enfin fiers. « Evo » est là. Depuis 2006. Et ils l’assurent : « les choses changent ». Sauf qu’en 2015, il est toujours laborieux de trouver un supermarché, bon nombre de voies principales sont toujours non-asphaltées et les inégalités géographiques et sociales criantes. Mille fois plus qu’en Colombie, Equateur, Pérou. 

Commentaires: 3
  • #3

    M&JP (mercredi, 02 septembre 2015 15:31)

    Retour à la casa. De la nostalgie en lisant la tourniquette en Bolivie, de plus en excellente compagnie…… Pleins de bisous et hasta luego…… Quisas en Argentina…..vamos a ver

  • #2

    D. (jeudi, 27 août 2015 08:59)

    Mais c'est un vrai Labyrinthe !
    En attendant la prochaine étape...n'oublies pas Serge t'es un gagnant :)
    (on l'a regardé hier soir...grosse pensée à la Tourniquette)

  • #1

    la danoche (mercredi, 26 août 2015 17:33)

    Contraste palpitant !
    * chaud - froid
    * pics - déserts
    * lagune - jungle
    * Sucre - sel
    Pays le plus PAUVRE d'Amérique du Sud, mais le plus RICHE en ressources naturelles !
    Bolivie tu surmonteRAS tes divisions politiques , tu poursuivRAS ton développement !

    BOLIVIE tu resplendis ..... et tu resplendiRAS !
    Bizz


Chiquitania : terre des dix commandements

22-25 AOÛT

Ah, quelle aventure. Quatre jours passés à l’Est de la Bolivie sur les traces des fameuses missions jésuites de la région de Chiquitos. Ou l’histoire d’un monde culturel, esthétique et spirituel à part, découvert dans une région pauvre et sauvage et dont le destin a brutalement changé entre les XVIe et XVIIIe siècles de notre ère. La faute à Dieu. Euh, pardon, grâce à Dieu. En terre chiquitania, tu…

 

1)  te cultiveras. Et pas qu’un peu. De San José de Chiquitos à San Javier, en passant par San Ignacio, Santa Ana et bien d’autres, tu apprendras que cette partie du monde fut choisie par les pères jésuites pour ériger durant deux siècles des sortes de « républiques de Dieu ». Une bien belle utopie terrestre où tous les hommes s’aideraient et s’aimeraient malgré leurs différences de nature et d’origine. Chouette comme programme non ? Bon, au final, on n’est pas très loin de Pocahontas avec l’homme blanc qui débarque d’Europe avec ses gros souliers (et canons) avant de filer à la chasse aux Indiens. Une fois repérés, les prêtres fondent sur leurs territoires des églises, leur font vite comprendre que leurs croyances historiques c’est de la crotte de chien et que seuls le Père, le Fils, le Saint Esprit et Amen ont de la valeur. Et bien sûr un avenir sur cette terre. Bilan, en 1767, année de l’expulsion des jésuites sur le territoire, sur les 37 000 « indigènes » vivant dans les dix missions de Chiquitos, 23 788 avaient été baptisés (soit 65 % de la population) et les langues locales disparues. Assise sur un banc, une habitante de San Rafael résume ainsi parfaitement la situation : « Ici, on ne parle plus qu’Espagnol aujourd’hui, pas de quechua ou une autre langue ancestrale ». Merci qui ?

 

2) dépenseras. Et pas qu’une miette. Pour rejoindre chacune des villes missionnaires, les gros billets sont les bienvenus si vous souhaitez embarquer dans l’un des nombreux bus s’aventurant sur la piste. Le trajet est des plus inconfortables, les secondes paraissent des heures sur 1000 bornes traversées mais le jeu en vaut la chandelle. Surtout qu’une fois arrivés sur place, le touriste n’est quasiment jamais là. Vous avez dit bonheur ?

 

3) profiteras… d’un soleil magnifique. Adieu le froid d’Uyuni, les grosses chaussettes de ski indispensables pour parvenir à dormir et le nez qui coule. En Chiquitania, on se croit au Sahara. Short de rigueur (sauf pour rentrer dans les églises où bien sûr la Tourniquette respectueuse enfile le pantalon), t-shirt aux manches levées, café dégusté en terrasse les doigts de pieds en éventail, qui dit mieux ?

 

4) découvriras. Une nouvelle facette d’une Bolivie décidément aux multiples aspects. Une Bolivie campagnarde, sorte de Dallas américaine avec les dollars en moins pour se fabriquer une habitation digne de ce nom. Toits de paille, moellons, mortiers sur des centaines de kilomètres. Un simple hamac posé là au milieu comme simple havre de paix. Des bouts de bois pour jouer le rôle d’une transversale. Mais toujours des sourires aperçus en traversant les villages perdus au milieu d’un décor de savane, à mi-chemin entre la plaine et l’Amazonie. Déroutant, troublant ou les deux ?

 

5) n’oublieras pas. Les draps dégueulasses retrouvés dans ta chambre lors de ton entrée dans les lieux, les poils dispersés aux quatre coins de la douche semblant datés de Mathusalem, les chiens squelettiques croisés en ville, le temps passé à trouver une bouteille d’eau en magasin, l’interrupteur penché, les rideaux des années 20, les saltenas mangées sur le pouce le midi. Quid de la propriétaire de l’hôtel étant à deux doigts de nous vomir dessus ?

 

6) ne cesseras d’admirer. Car même si elles se ressemblent sous leur grand chapiteau raplapla, toutes ont leur propre charme et identité. Toutes sont fascinantes, toutes transcendent, toutes méritent le coup d’œil. Elles, ce sont les stars du parcours, les fameuses églises conçues par le prêtre suisse, musicien et architecte, Martin Schmid. Restaurées à merveille 230 ans plus tard par son compatriote Hans Roth. Fresques murales impressionnantes, dorures splendides, charpentes en bois brut, polychromies parfaites, campaniles d’exception, colonnes torsadées, on ne sait plus où poser le regard. Sur les gravures posées à même les bancs ou sur les retables aux couleurs criardes ?

 

7) écriras ton Histoire. En inscrivant à ton palmarès un nouveau site inscrit au Patrimoine mondial par l’Unesco et ce, depuis 1990. Un de plus au compteur me direz-vous. On en est à combien depuis le début du voyage déjà : 3, 10 ou 100 ?

 

8) distribueras les bons points. Notamment à quelques tableaux osant mêler humour et religion, une liaison bien difficile à entretenir de nos jours. Comme ceux de l’église de Conception retraçant, avec un brin de génie il faut bien l’avouer, un chemin de croix façon XXe siècle. Résultat, on peut croiser Jésus à plat ventre avec des gamins se foutant de lui à chacune de ses chutes ou encore l’élu de Dieu se cachant le sexe en attendant la sentence pendant que des bucherons scient à ses côtés les troncs d’arbre apportés préalablement par un 7,5 tonnes. A une centaine de kilomètres de là, des Indiens se révoltent sur la toile en étranglant et en faisant la misère à leurs instituteurs adorateurs d’un Dieu qu’ils ne connaissent même pas. Vérité ou fiction ?

 

9) t’interrogeras. Sur les sculptures disséminées dans chacun des villages glorifiant le prêtre blanc et l’esprit des missions. Représentant l’indien bolivien en mode peau rouge bien sauvage face à l’Européen propre sur lui et éduqué. Faisant de l’envahisseur et colon un bienfaiteur plutôt qu’un usurpateur d’identité. Sur la place de San Javier, inscrit noir sur blanc sur une plaque commémorative : «  en souvenir des Jésuites qui de 1691 à 1768, ont accompagné le peuple chiquitanien dans l’expérience d’une société plus fraternelle et plus juste ». C’est une blague ?

 

10) comprendras une fois pour toute que les Boliviens ne sont que des gros crados. Et qu'ils ne pensent qu’à s’empiffrer toute la journée avant de balancer sans hésiter leurs déchets dans la nature par milliers. Pour glorifier Jésus là y’a du monde mais par contre pour penser et agir écolo, y’a encore du boulot. Eco...quoi ?

Commentaires: 3
  • #3

    mmm (mercredi, 26 août 2015 14:58)

    Que de beaux édifices !
    A vous l'honneur chère Tourniquette , d'honorer et de perpétuer l'oeuvre des Jésuites .
    Sacré voyage dans le temps , rempli de plénitude dans cette sainte atmosphère !!
    RELIGIEUSEMENT VôTRE !

  • #2

    n. (mercredi, 26 août 2015 10:19)

    Après l'Ancien Testament, le film, la comédie musicale... belle énumération "ironico sarcastico" à la mode Tourniquette ... mais sous le soleil ... des bonnes pratiques Boliviennes !!! Alléluia !

  • #1

    D. (mercredi, 26 août 2015 08:44)

    L'écologie ne serait donc qu'un lointain écho ? Partout pareil malheureusement !
    En tout cas ils sont originaux vos 10 Commandements :)
    Gros bisous

Jalq'a, merci pour tout et adieu pays :=) :d 

17-20 AOÛT

« Et sinon, on va marcher un peu durant notre séjour ? », lançait-il via Skype au début du mois d’août. Même pas encore arrivé que déjà il s’impatientait papa Place. Mais oui quelle question. La Tourniquette n’allait quand même pas clore vos vacances sur une petite promenade tranquille dans Sucre ponctuée par une pause gourmande dans une pâtisserie française ou une simple balade sur les toits. Non, non, non… il va bien y avoir du sport. Sacs à dos vissés sur le dos, on embarque donc tous ensemble dans une jeep direction les villages Jalq’a situés à 45 bornes de là pour un trek de 4 jours et 3 nuits. Au programme, dépaysement, panorama splendide, isolement et une cinquantaine de kilomètres de marche en tout et pour tout.

Pour rejoindre ces patelins coupés du monde nichés dans des vallées enclavées, l’agence Condor nous a déniché un p’tit bout de femme bien sympathique pour nous servir de guide. Elle s’appelle Marion, a 28 ans et ressemble comme deux gouttes d’eau à l’héroïne de Disney, Mulan. Sauf qu’en plus, elle comprend et baragouine quelques mots de français. Nikel chrome comme dirait le plus âgé de la bande. Allez, pas le temps de traîner, après un p’tit déjeuner apprécié de tous, il est l’heure d’aller admirer les peintures rupestres d’Incamachay et de Puma Machay. Parfaitement conservées, d’anciennes oeuvres anthropomorphes et zoomorphes datant de plusieurs millions d’années recouvrent la roche. Un chasseur par ici, un singe par-là, des graffitis de gamins au milieu, le tour est joué, la magie opère. La stupéfaction également. N’est-ce pas Lucas ? « C’est quand même bizarre que depuis ce temps, tout soit aussi bien conservé, c’est louche ». Vous l’aurez compris, à chacun son avis. Le soir venu, tout le monde retrouve… son matelas individuel à même le sol après un repas réparateur. A dix dans une pièce, mêlés à une autre Française et à quatre Italiens très gentils, pas le temps d’avoir froid. La nuit est reposante, les ronflements d’Hermanito bizarrement inexistants, todo bien.   

Entre deux repas végétariens avalés et un dénivelé parfaitement contenu, on ne sait plus où donner de la tête tellement la nature est époustouflante. Les traces de diplodocus retrouvées intactes sur une paroi rocheuse à proximité de celles d’un collègue carnivore impressionnent. Ou terrifient. On imagine les déplacements de ces grosses bêtes disparues subitement et ça fait froid dans le dos. Tout comme cette eau glacée s’échappant d’une cascade au plus grand plaisir de nos invités masculins qui n’ont d’ailleurs pas hésité à échanger boxer contre maillot de bain. Courageux les Commellois, rien à dire. C’est que rien ne semble les arrêter en plus de cela. Ni l’orage de grêle rencontré sur le chemin de Potolo, ni les 3500 mètres d’altitude, ni le poids supporté sur le dos chaque journée durant. Et quelle plus belle récompense que de l’atteindre, le fameux cratère de Maragua, point d’orgue du circuit. Face à nous, se dresse l’un des plus beaux paysages naturels du pays. Des montagnes plissées où se juxtaposent le vert du sulfate de cuivre et le rouge de la ferrite. Une étrange formation géologique circulaire en forme de pétales. On y trouve de l’obsidienne, des paysages lunaires, un bon nid douillet, un repas délicieux et forcément des touristes comblés. « Franchement, on resterait bien là une semaine de plus, c’est reposant, on déconnecte vraiment avec la France », s’enthousiasme Marc. Nous aussi on aimerait bien, mais apparemment Elan New attend son patron et son bras droit dès lundi...

Commentaires: 3
  • #3

    La Zozo family (mardi, 25 août 2015 17:10)

    Bon, ben nickel chrome ces petites vacances en famille :) ! Vous avez dû en prendre plein les yeux! Bon retour sur terre pour les uns et tourniquetez bien pour les autres!

    Gros bizous

  • #2

    la danoche (dimanche, 23 août 2015 15:28)

    La foudre est tombée sur Pekin garçon. ...... BOLT l'a encore fait en 9'79 cette-fois ci !
    Champion du monde !! Yes et devant Gatlin . La légende est en marche !

  • #1

    la danoche (samedi, 22 août 2015 04:19)

    Allez "n" et oui faut encore courber l'échine ,sous la vigilance de votre ange-gardien "m" !
    Après l'effort. ....le réconfort ! En effet , avec la Tourniquette " ça ne plaisante pas !"
    Vacances sportives et enrichissantes dans ce beau pays !
    L'altitude bénéfique va vous donner un sacré élan pour la reprise !
    Bon courage à tous avec une tendre pensée pour Tournicotine .
    Bizz

Sucre, mais elle est où la Bolivie ?

15-16 AOÛT

Contraste. L’Amérique latine, en bref. Quelques rues de Sucre parcourues en taxi à l’aube de ce 15 août, et ces mots ressurgissent. Souvenez-vous, ils clôturaient notre premier article liménien, le 13 janvier 2015. Il est tôt, le calme plane encore sur la capitale constitutionnelle bolivienne (La Paz n’est que le siège du Gouvernement). Mais déjà une impression nouvelle. Un air de jamais vu en Bolivie. Un centre-ville entretenu, de jolis édifices. Une citée blanche, une vraie. Les bâtiments immaculés ne semblent pas réservés pour la seule place principale, comme souvent depuis le début de cette Tourniquette. En deux jours, Sucre allait confirmer. Et nous catapulter bien loin de ce que l’on connait du pays. Un charmant hôtel au patio fleuri et au petit-déjeuner garni. Dehors, il faut trotter pour rencontrer un marchand de rue. Pas de saltenas, ni de jus de fruits pressés proposés sur les trottoirs. En revanche, quelques supérettes. A côté des taxis et mini-bus, un bon nombre de voitures de particuliers. Ça grouille, presse moins. Tout paraît plus organisé. Les habitants, eux, virent à l’occidental. Les jeans et tenues sophistiqués remplacent les habits traditionnels. Délicat, lorsque l’on apprend qu’à Sucre, les Indiens sont repoussés dans les quartiers extérieurs. D’ailleurs (mais sans tomber dans les clichés), la ville concentre l’opposition au gouvernement de gauche d’Evo Morales. Depuis son élection, Sucre revendique plus que jamais ce rôle de capitale. C’est que, outre la majesté des lieux, elle a des arguments.

En 1538, lors de sa fondation par les Espagnols, c’est ici qu’a été installé le pouvoir politique de l’époque, la Real Audencia de Charcas. Le bâtiment, mastoc et magnifique, impose, sur la Place du 25 mai. En son centre, la statue de Sucre trône. Bras droit de Bolivar le libérateur, il fut le premier président de la Bolivie. Autour de lui, des statues de camarades, héros des révoltes indépendantistes du printemps 1809 à Sucre (avant celles de La Paz). En face, la Casa de la Libertad abrite la déclaration d’indépendance de 1825. Et même la salle où elle a été proclamée. De même que l’anecdote de la belle idée de Manuel Martin Cruz, député : « De Romulus, Roma, de Bolivar, Bolivia ». Et pour poursuivre la série intellectuelle, quoi de mieux qu’un passage par la Fac de droit et son élégant patio blanc ? Elle est la deuxième plus ancienne d’Amérique latine, fondée en 1624 par les Jésuites. Le plus cocasse, c’est qu’après avoir formé l’élite espagnole, elle est aujourd’hui réputée pour être un vivier d’idées contestatrices radicales. Et ces agréables bâtiments, nous n’avons pas fait que les observer ou les traverser, on a vibré avec eux. Au théâtre, par exemple, pour assister à une représentation de danses folkloriques boliviennes. On a presque transpiré avec les acteurs, tellement ça saute, ça glisse, ça tourne. Contraste, disait-on ?

Une soixantaine de bornes plus loin et Tarabuco se pointe. Célèbre pour son marché dominical. Des petites dames de noir vêtues qui finissent par vous agacer avec leurs bracelets. Des étalages de ponchos, nappes, bonnets, en laine de brebis ou alpaca. Des instruments de musique. Les couleurs tranchent avec le blanc de Sucre. Les maisonnettes en brique aussi. Les chapeaux et vêtements portés par les Indiens des villages alentours, de même. Puis, pour clore ce sympathique week-end, on a squatté les bancs de l’Eglise de San Francisco. Dimanche, à 19 heures. Sur une bonne idée de Tournicotin (conseillé par Le Routard, presse-t-il d’ajouter). Pour une messe, soit disant, « rock’n roll ». Certes, y’avait une batterie. Le gars chantait bien. Et le son de la guitare passait. Mais cela reste une messe. Disons que la Tourniquette expérimente, innove. Cadeau du Seigneur, en sortant, on s’est dégoté un super resto à propulser notre poulet/riz aux oubliettes. Du bœuf saignant, sauce à l’orange. Une truite aux amandes. Un expresso, un vrai. La Tourniquette expérimente, innove, qu’on vous dit. 

Commentaires: 2
  • #2

    D. (mercredi, 19 août 2015 12:16)

    A quand le concert de Charango ? Maman a pris des cours Lucas si tu veux :D

  • #1

    la danoche (lundi, 17 août 2015 07:20)

    Magnifique cette douce ville sucrée !!
    Que de visites chargées d ' HISTOIRE !
    A un jour près Léonie : Place du 26 mai .....mince alors !
    Pensez à expérimenter et innover encore et encore pour le plaisir de tous .
    Merci de me laisser partir au boulot Lucas , sur un air de musique : sud - américaine !!
    Bizz

Trésors boliviens cachés ou bien connus  

12-14 AOÛT

La bière bulle dans les verres. Le Singani réchauffe. Le Mojito aux feuilles de coca, aussi. Et les fèves grillées croquent sous nos dents. En fond, Queen comble les vides de conversation. C’est que certains ont les yeux rivés sur les smartphones, après trois jours sans connexion. D’autres bouquinent. Et la Tourniquette ferme les yeux. Pour raconter la blancheur du plus grand désert de sel du monde, Uyuni. Pour décrire les couleurs et formes du Sud Lipez. Pour raviver des émotions entre 3600 et 5000 mètres d’altitude. Pour capter les moments qu’un appareil photo n’a pas le temps ou le pouvoir de cliquer. Une vigogne qui traverse. Le rouge d’une lagune. L’envol d’un flamant rose. Le froid (presque) polaire. Trois jours, à cinq, dans une jeep, accompagnés par Angel. Un Bolivien rigolo qui a passé plus de temps à nous bassiner avec son « muchoooo frioooo » qu’à répondre à nos curiosités. Et elles sont nombreuses. Tant elles défilent derrière les vitres de notre véhicule qui branle sur une piste terreuse. Comme le désert Salvador Dali et ses formations lithiques surréalistes plantées sur une dune de sable, entre des montagnes multicolores. Le vent fort est glacial. On aimerait se tremper dans ces eaux thermales. Et s’arrêter plus longuement pour contempler. Notamment les geysers scotchés à 4990 mètres (!!!). Le sol visqueux et grisonnant bouillonne. Des nuages de fumée filent à l’horizontal. Quand le climat est plus clément, on se fait notre place. En se baladant au pied de l’arbre de pierre, une étonnante roche. Ne reste plus qu’à imaginer les branchages ou les fruits cachés dans ses feuillages. En approchant les flamants roses, dont le plumage vire à l’orange. Non concernés par notre regard amusé. Perchés sur une jambe. Leurs larges becs jaunes plongés dans l’eau, à la recherche d’algues nourrissantes. Ou le pas prudent sur le sol glissant. Leurs maisons ? Des lagunes. Elles s’appellent Colorada, Canapa, Hedionda, Chiarkota, Honda. Elles sont gelées, peu profondes. Colorées, de vert, de rouge, de bleu. Au pied de volcans, dont le Licancabur, à la pointe sud du pays, et son cratère gorgé d’eau à plus de 6000 m. Ou l’Ollague et son fumerolle blanchâtre. Mais jamais aussi blanc que les salines parcourues. Tel le Salar de Chiguana traversé par le chemin de fer menant au Chili. Et surtout, le Salar d’Uyuni. Entre 10 et 15 000 km² de surface (les sources divergent), soit deux départements français. Des cristaux rassemblés en alvéole craquellent sous nos chaussures. Là-bas, une usine de lithium. Car sous le sel, sommeille une couche, parfois profonde  de 120 mètres et composée de bien d’autres éléments, dont ce métal léger et mou. Au moins 40 % du stock mondial patienterait ici. Mais, face aux convoitises des multinationales, le président Morales pose ses conditions : l’exploiter oui, que les gains échappent aux habitants, non. Pour l’heure, chaque année, une poignée de familles de Colchani trime pour en récolter 25 000 tonnes (sur les 10 000 millions que contient le désert). Et les transformer dans des ateliers de bric et de broc en modestes sachets salés, vendus sur le seul marché bolivien. Et si une grosse compagnie venait perturber ce quotidien précaire ? La Bolivie vivrait-elle mieux ? Mais eux ? Autant de questions qui trottent dans nos esprits, alors que nous, on s’amuse. A suivre le soleil qui se lève derrière les cactus de l’Ile Inca Huasi. A se photographier dans de drôles de postures. A imaginer que les volcans alentours flottent sur cette mer blanche devenue grise à certains moments. La faute à nous, touristes, à bord de nos tout-terrains. La faute encore à un Dakar, passant par-là depuis quelques années. Mais trop fugacement pour l’apprécier. Contrairement à nous qui l’avons vécu à fond. Dans des auberges rustiques. Emmitouflés. Avec des mets locaux. Calés. Ici, les fèves sont digérées. Les verres, vides. Les têtes, elles, encore plus pleines. Jamais on n’aurait soupçonné de tels bijoux coincés dans ce sud bolivien, entre l’Argentine et le Chili. Ça tombe bien, la Tourniquette, elle aime bien les chasses au trésor. 

Commentaires: 2
  • #2

    D. (mercredi, 19 août 2015 12:18)

    ça donne envie tout ça ! Enormes bisous à tous !

  • #1

    mmm (samedi, 15 août 2015 18:44)

    Saut haut en couleurs !
    Beau tableau de maîre :
    - majestueux désert BLANC de sel , quelques touches de ROSE pour des flamants élégants , d'un enduit VERT ORANGÉ pour des cactus élancés , laqué d'OCRE JAUNE pour des levers et couchers de soleil éclatants !
    En prime un temps CLEMENT pour la venue des méritants PLACE ! ( ccou au résumé ) .
    Dali mérite bien le nom de "peintre surréaliste " !!
    " Je suis fou ..... d' Uyuni ! "
    Bises à tous

Lac Titicaca, la deuxième fois c'est encore mieux !

9-10 AOÛT

Le chauffeur file. Virages en pleine gauche. Dépassements de justesse. Accélérations pour pas grand-chose. « Comme d’hab », dirait une Tourniquette blasée. Le reste de la troupe, elle, débarque un peu pâlichonne à Copacabana. Et avec quelques gargouillis dans le ventre. C’est que le voyage depuis La Paz a pris plus de temps que prévu. La traversée du détroit de Tiquina, en barge pour les bus, en barque à moteur pour nous, entre le grand Titicaca et le petit Titicaca était stoppée en raison du vent. Drôle d’aventure que d’être entassés dans ces embarcations. Les vagues creusées par le climat houleux aidant. Alors à Copacabana, étape bolivienne en bord du plus haut lac navigable du monde, les étals des vendeurs ont calmé les petites faims. Fèves séchées, chips de bananes, cacahuètes, saltenas. Quelques bolivianos par-ci, par-là pour goûter aux en-cas locaux. A peine le temps de terminer que la cathédrale nous fait de l’œil. Difficile de lui résister. Blanc immaculé, coupoles recouvertes de faïences, façade imposante. Sur son parvis, il faut se frayer un passage. Le pèlerinage à la Vierge de Copacabana joue les prolongations. Et les conducteurs en tout genre perpétuent la tradition locale : baptiser leur bolide. Camions, deux-roues ou voitures. Bénie par le prêtre, le véhicule décoré de guirlande, est aspergé de mousseux ou bière. Ça éclabousse et pétarade un peu trop dans le coin. Direction la colline du Calvaire. Un superbe panorama sur la ville et le lac en forme de chemin de croix. Sauf qu’ici, côté ambiance, c’est le bas, puissance 1000. Les pétards éclatent, les feux s’embrasent. La foule grouille. Sur les croix, des vœux dessinés à la cire : une maison, une famille, de l’argent. Nous, on prie juste que le vent violent ne nous plaque pas 200 mètres plus bas. Rassurez-vous, le soir, bien vivants, on a dégusté une délicieuse truite du lac. Et c’est tant mieux, car le lendemain, notre bateau nous emmenait droit sur l’Isla del Sol. Couverte de mythes. C’est ici que Manco Capac et Mama Occlo, les fondateurs de Cusco, seraient nés. Sortis des eaux grâce à la volonté de Vicarocha, le dieu soleil, originaire, lui aussi, selon la légende de ce morceau de terre. Ce qui n’est pas superstition, c’est que les lieux sont magnifiques. A travers une forêt d’Eucalyptus, le sentier des Crêtes offre une jolie vue sur la côte péruvienne voisine. Calcaire, celui du littoral sur la Cordillère blanche, le ciel est si clair que l’on distingue même l’Illimani pacénien et plus proche, l’Illampu (6438 m). Nos pieds s’écrasent sur les pavés du chemin Inca. Et nos yeux s’arrêtent sur les ruines de Chinkana : une roche sacrée, une table sacrificielle et d’anciens sanctuaires accolés au Temple du soleil aujourd’hui disparus. L’altitude gêne un peu nos visiteurs. C’est que notre périple du jour avoisine les 4000 mètres. Alors on profite des pauses revitalisantes pour admirer et adorer (encore et toujours) les vestiges des terrasses Incas. Les villages traversés plongent les regards dans la Bolivie rurale. Gamins qui réclament un bonbon, couple de paysans traînant leur lama. Cochons, ânes et moutons gambadent. Sur fond de clapotis du Titicaca. Ah oui, et Marco nous a appris une technique imparable pour serrer nos chaussures de rando. Merci Marco. Ça donne limite envie de se retaper le Choquequirao. 

Commentaires: 3
  • #3

    La Zozo family (jeudi, 13 août 2015 12:15)

    Et conseil de touristos : si la "hoja de coca" ne suffit pas les Sorochi pills c'est pas mal aussi :) ! Attention tout de même : les sensibles de la caféine peuvent ne pas très bien réagir (pour Zavatta ça avait été le cas). Pour ma part les petites pillules rouge et blanche m'ont sauvées quelques journées à 4000m (et oui quand on est petit kiki c'est comme ça!!)

    Profitez bien :)

  • #2

    mmm (mercredi, 12 août 2015 14:31)

    Belle COPACABANA et son lac indomptable, quand le climat s'en mêle ! Au milieu de toutes ces légendes, les invités marchent marchent !
    La montagne " CALVAIRE " porte bien son nom !
    Bon souffle pour vos prochaines découvertes .
    Bises à vous 2...et 3....et 4.....et 5 !

  • #1

    D. (mercredi, 12 août 2015 08:37)

    Sacré Marco :) Et pour l'altitude on n'oublies pas : la hoja de coca no es droga !!

La Paz envahie de Place !



8 AOÛT

Flanqués derrière une affiche bricolée à la va-vite et décorée de ces trois mots : « La Tourniquette recrute ». Les mains tremblent un peu. Les jambes fourmillent. Et le rire se fait jaune. Voilà qu’un crâne dégarni se pointe. Suivi de ses compagnons de voyage. A peine croyable. Il faut les embrasser deux fois pour réaliser. Après sept mois de séparation, Tournicotine’s family est là. Presque au complet. A l’aéroport de La Paz, il fait nuit noire et on commence déjà à bavarder. Envie de tout raconter, de tout demander. La fatigue pesante il y a quelques minutes s’éclipse. Mais il est 3 h 45, l’heure de sauter dans un taxi, pour reposer les voyageurs et les yeux d’une Tourniquette impatiente depuis la veille au matin. Ce que l’on connait de La Paz, on veut le partager. Forcément, leur regard est différent. Tout aussi curieux. Plus européen que le nôtre qui se latinise et s’habitue. Les étals de tout et de rien intriguent et renvoient à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Chicharon de chancho par-ci, helados par-là, la « bouffe de rue » à chaque coin répugne parfois. Et les fils électriques qui surchargent le ciel pacénien étonnent. Au marché couvert, déguster un mate de coca, apprêtés dans une échoppe est une expérience rigolote, face à la patronne, une bouteille de coca dans une main, un sandwich dans l’autre. Le rouge, vert, jaune, rose, orange de l’artisanat des ruelles pavées donnent envie de faire quelques folies. Du côté de la rue des sorcières, ce sont les feuilles de coca qui ravissent les papilles. Et, perchés sur le mirador Killi Killi, le décalage horaire usant est oublié. Au loin, là-haut, se découvre El Alto, quartier populaire de la capitale devenu ville à part entière. A ses pieds, la Paz. Des buildings du côté des quartiers aisés, des maisonnettes et anciennes bâtisses au centre. Et, magnifique, la valle de la Luna, un canyon gris aux portes de la cité latino. Lui faisant de l’œil, la silhouette enneigée du mont Illimani culminant à 6442 mètres. Et quoi de mieux qu’une berceuse endiablée sur des airs de charango pour terminer la journée, bien chargée. Sur leur scénette boisée, les musicos grattent l’instrument de musique à cordes pincées, typique des Andes. De toutes les formes, de toutes les couleurs. Folklore, brouhaha, sourires des commerçants. Bienvenue en Bolivie.  

Commentaires: 5
  • #5

    La Zozo family (jeudi, 13 août 2015 12:09)

    La Tourniquette fait une bonne affaire en recrutement ;) !! Vous verrez ils sont très sympas on les connais bien :) !
    Allez, profitez bien de vos moments en famille !

    Gros bizous

  • #4

    jpaul (lundi, 10 août 2015 18:00)

    Et après toutes vos balades et kilomètres, prise de bon air et altitude, à Uyuni ou Sucre, rien de tel qu "un pique macho" pour se refaire une santé……..ça passe tout seul…...ne pas manger de pain avec ce plat……c est tout le secret.
    Bon séjour dans cette région superbe.
    Hasta luego y Suerte…..

  • #3

    M&JP (lundi, 10 août 2015 17:50)

    Et oui ça fait plaisir de vous voir…….en bonne forme, profitez en bien. De gros bisous à tous

  • #2

    D. (lundi, 10 août 2015 08:45)

    La Tourniquette s'agrandit le temps de quelques jours et ça fait plaisir à lire/voir :)

  • #1

    la danoche (lundi, 10 août 2015 06:53)

    BELLE famille et ressemblance troublante !
    Avec leur enthousiasme et audace , nos deux experts seront là pour guider votre voyage !
    Sportifs aguerris , nul doute : la famille PLACE mérite sa place dans la Tourniquette !
    Bizz

Tiwanaku : ça valait vraiment le coup !

5 AOÛT

« Franchement, ça ne sert à rien d’y aller, c’est l’arnaque », nous disait à son sujet un jeune voyageur tricolore. Quant à la page 516 du Routard version 2014/15 évoquant les deux musées présents sur le site, ça donne ça : « soyons clairs, il n’y a pas grand-chose à voir et, en plus, les installations sont dans un état déplorable ». Alors forcément, on s’interroge. Nulles les ruines de la civilisation Tiwanaku inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2000 ? Méritent-elles que l’on débourse 10 euros d’entrée par personne pour les contempler ? Et puis merde. Ecouter les avis extérieurs c’est bien beau mais se forger sa propre opinion sur place, c’est mieux. Alors, on file direction l’ancienne capitale de l’empire aymara, située à 72 kilomètres de la Paz. Perdu en plein milieu du désert, délimité par des barbelés aux quatre coins, le lieu n’a pas la beauté d’un Machu Picchu ou la classe d’un Choquequirao. Mais il intrigue et détonne dans cet environnement. Car malgré l’érosion et les pillages, la grandeur de cette civilisation pré-inca (qui domina la moitié Sud des Andes Centrales entre le VIe siècle et le XIe siècle après J.-C.) nous apparaît comme une évidence.

Alors soit les gens sont aveugles, soit on est complètement fadas. Soyez-en certains, la première option est la bonne à la vue des vases zoomorphes splendides en forme de félins, de lamas et même… de chameaux ! Et que dire des sculptures du dieu puma réalisées sur une roche basaltique noire, tout simplement splendides. Au fil de la visite, on continue à en prendre plein la vue. Merci aux monolithes gigantesques aux gravures détaillées au millimètre près. S’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait lui. Un monstre de 7,30 mètres de hauteur retrouvé dans le temple semi-souterrain et répondant au doux nom de Bennett, en hommage à l’archéologue américain qui le sortit de terre dans la première moitié du XXe siècle. Le travail lithique est fascinant, la précision du détail hallucinante. A cet instant, on n’a pas encore pénétré l’enceinte sacrée qu’on en a déjà eu pour notre argent ! La suite du programme ne nous décevra pas : étonnement à la vue du  Kalasasaya, espace d’environ 125 mètres de côté délimité par des murs de pierre d’une rectitude parfaite ; stupéfaction devant le système général d’évacuation des eaux ; surprise devant cette maquette représentant un temple à l’échelle réduite. Et encore, le meilleur est à venir : marcher dans les pas de Tintin devant la célèbre porte du Soleil avec ses dessins représentant des hommes-condors ou divinités. Un des bijoux de l’art précolombien devenu célèbre dans le quatorzième album de la série des aventures du héros rouquin publié en 1949. Non vraiment, Tiwanaku, ça valait le coup… n’en déplaise aux auteurs blasés du Routard ou aux touristes gâtés. 

Commentaires: 3
  • #3

    M&JP (jeudi, 06 août 2015 23:25)

    Tout a fait d'accord avec vous…….ça vaut vraiment le coup…..Allez tous à Tiwanaku!!! Et Bisousssss

  • #2

    mmm (jeudi, 06 août 2015 19:54)

    Les lieux historiques les plus intéressants ne sont pas toujours les plus connus ! La preuve !
    Belle réalisation encore d'une autre civilisation disparue !
    Mais quel héritage !! ★☆♡♥

  • #1

    D. (jeudi, 06 août 2015)

    Et vous n'avez pas vu Tintin ?? L'arnaque !! :D

Samaipata : le repos, c'est maintenant (ou demain)

29 JUILLET – 1ER AOÛT

Il y a des phases où le voyage use un peu. Enchaîner des dizaines d’heures de bus. Dormir dans des auberges rudimentaires et bruyantes. Etre loin de la famille, des amis. Rien de comparable à votre quotidien laborieux, certes. Une fatigue différente et passagère. Mais normale, après bientôt sept mois d’une Tourniquette hyperactive. Alors, suite à l’Amazonie et avant de se fondre à nouveau dans le chaudron  pacénien, cap sur Samaipata, qui (coïncidence), signifie : « Repos sur les hauteurs ». Un bled de 3600 habitants flanqué entre les montagnes, à 1600 mètres d’altitude, qui, comme Vilcabamba en Equateur, séduit les gringos qui finissent par s’y installer. Quelques bars et resto en témoignent, mais sans plus. C’est calme. Et les locaux (plus aisés que la moyenne des Boliviens) peuplent encore le centre. Comme cette adorable petite dame de l’Alojamiento Tio Juan. Notre squat pour quatre nuits. Le premier avec salle de bain privée depuis Cusco. Le Ritz, quoi. De la peinture bleuit les fenêtres et portes de bois. Un patio et une cuisine pour nos petits déjeuners caféinés et fruités. Des voisins calmes. Un cadre revitalisant, reposant, vivifiant... Ça, c’était sans compter sur les assoiffés de découverte que nous sommes. A une vingtaine de bornes de là, coulent trois jolies cascades. Puis, à neuf kilomètres, trône El Fuerte, un site archéologique. Le tout, joignable en taxi. Mais ça aurait été trop simple. Pour rallier les cuevas, on a alpagué (après 40 minutes d’attente) un bon vieux bus local. Les lieux sont paradisiaques. L’azur du ciel tranche avec le vert végétal et l’ocre des rochers. L’eau qui dégouline est cristalline. Mais pourquoi se reposer maintenant alors que de chouettes montagnes nous font de l’œil ? Un sentier qui s’enfonce là-bas derrière nous taquine. Sur les conseils d’un Allemand de Samaipata, on se faufile. Longer le ruisseau, grimper, pique-niquer face à des ânes qui broutent. Nous faire manger à notre tour, par qui vous savez. Et juger, qu’enfin, on a mérité notre bain. Alors se presser sur le retour pour plonger. L’eau est fraîche mais plaisante. Elle s’écrase sur nos épaules comme un massage un peu brusque. Pas le temps de traîner. On a un bus à chopper.

Sur la place du village, les chauffeurs tentent. « El Fuerte, el fuerte ». Messieurs (jamais de femmes au volant, non mais !), à l’avenir vous le saurez, la Tourniquette ne se repose toujours qu’à moitié. Donc cette fois, pour rejoindre l'énorme rocher de 220 mètres de long et 60 mètres de large, on a marché. D’abord sur la route, puis sur une piste ascendante. Moins de deux heures plus tard, il était devant nous. Le lieu historique le plus original de ces mois de voyage. Peuplé pendant plus de mille ans. Par les Mojocoyas (400-800 ap. J.-C.), Chanés (800-1300), Guaranis (1300-1450). Puis par les Incas (1450-1550) et les Espagnols (1550-1600). Comme un centre rituel et cérémoniel, une ville ou une forteresse défensive. Sur toute sa surface, la roche est sculptée. Ici un jaguar, là un puma. Puis deux serpents et des formes géométriques. Des dizaines de niches où sommeille une multitude de temples. Il serait le caillou taillé par l’homme le plus imposant au monde. Autour, les ruines de ce qui auraient été des habitations, des réserves militaires. Une large place verdoyante, un puits de seize mètres. De quoi motiver nos jambes pour avaler la dizaine de kilomètres qui nous ramène à la maison, partagée entre un Français déjà croisé quelques semaines plus tôt et un Chilien perché.

Voilà, Samaipata, on t’a dévorée. Succulente. Reste plus qu’un bon nombre d’aller-retours à ton marché, les mains chargées de bananes et d’ananas (petits joueurs, à côté des têtes entières de bœuf). Puis une escapade sur ton cerro de la Patria, pour t’admirer. Et l’on peut se reposer sur tes hauteurs. Bzzzzz. Scroutch, scroutch. Ça gratte, ça vole. Déjà les jambes infestées de piqûres et maintenant des tiques de notre lit se retrouvent coincées entre deux grains de beauté. Finalement, cette chambre, ce n’est peut-être pas encore le Ritz. 

Commentaires: 2
  • #2

    D. (lundi, 03 août 2015 16:28)

    Moi aussi je me suis "reposée" en vous lisant...mais sans les tiques !!

  • #1

    mmm (lundi, 03 août 2015 16:23)

    Encore un site fictif ..... pure beauté !
    Et non les jeunes, ce n'est pas "le club med" mais l'aventure certes un peu loufoque , avec ses tribulations.

    Si au retour, Sylvain a toujours peur des mouches, guêpes .... alors là , faudra peut-être repartir !!
    Repos pas pour tout de suite !
    BISES

Une journée à Santa Cruz de la Sierra


28 JUILLET

Salopettes en jean façon Mignons. Robes à fleurs en mode La petite maison dans la prairie. Crachant un Allemand étrange. Fuyant les regards interloqués. Drôles de personnages que l’on croise en débarquant à Santa Cruz de la Sierra, au petit matin. Si nos paupières peinent à s’ouvrir après un long trajet dans un bus peu confortable, on reste persuadés qu’ils n’ont rien de Boliviens. Souvent Indiens, hauts comme trois pommes et bedonnants, eux sont blonds aux yeux bleus, grands et…bedonnants. On cogite. Les Mennonites ! Membres d’une secte anabaptiste originaire de Suisse et installés dans l’Est de cette région depuis les années soixante. A la manière des Amish, ils refusent le progrès, vivent entre eux du produit de leur agriculture et n’acceptent d’autre autorité que celle de la Bible. Et s’ils sont si nombreux ce matin, c’est que notre hôtel jouxte le marché de Los Pozos, leur rendez-vous cruzeno préféré. Ici, des boutiques agricoles leur sont dédiées. Et eux, proposent leurs étals de fromages. A côté, un bordel incessant. Des odeurs d’égouts se mêlent à celles du poulet grillé. Des réparateurs d’ordinateurs vieux de trente ans font face à des montagnes de chaussettes. Le traditionnel marché latino. Pourtant, la première image que nous donne Santa Cruz diverge. Si la Bolivie flirte avec le Paraguay comme pays les moins développés d’Amérique du Sud, le cœur de la capitale économique du pays n’a rien à envier à ses voisins. Les commerces sont modernes. Les restaurants et cafés pullulent. La circulation est plus organisée. Les fils électriques n’encombrent pas le ciel. Une jolie cathédrale en brique, la place du 24 Septembre où fourmillent les joueurs de backgammon, quelques arcades et balcons boisés. La galerie d’art Manzana Uno accueillant une exposition de photo-journalisme. Reste un détour par l’avion pirata. Chargé de drogue, il a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence en 1961 et a fini sa course à cet endroit, en bordure de la ville qui, à l’époque, était moins étendue. Puis le tour de Santa Cruz est fait.  De quoi nous laisser le temps de mettre le blog à jour. Car oui, on a trouvé un hôtel doté du wifi. C’est qu’il se fait rare en Bolivie dans nos petites auberges économiques. Alors bonne lecture, hein. Et patience pour les prochains articles. Nous, on file à Samaipata, retour à Santa Cruz prévu dans quelques semaines, après le départ de nos invités aoûtiens. Pour découvrir les missions Jésuites, encore plus à l’Est. Et, pourquoi pas, s’infiltrer chez les Mennonites. Moins aisé. 


Commentaires: 8
  • #8

    Tournicotine (lundi, 03 août 2015 14:52)

    Pas de route du Che pour nous, Mimie. Peu de temps avant l'arrivée de MNL. Mais je me rattrape, je suis entrain de lire "El diario del Che en Bolivia" ;)

  • #7

    M&JP (vendredi, 31 juillet 2015 13:54)

    SI, una abuelita en moda "gafas o binoculo"…..ahahahahah a veces es bueno, ademas es para compartir lo que sé , lo qué vi, pero no le diría todo!!!!!!!

  • #6

    n. (jeudi, 30 juillet 2015 22:26)

    C est clair ! Elle se la pète zavata binocle ! Ha ha ! ;)
    J aimerai bien les voir moi les minions !
    Concernant Le Ché ... Le sens propre peut bien devenir figuré ... Connaissant notre tournicotinemélanchéienne !!!

  • #5

    D. (jeudi, 30 juillet 2015 16:33)

    M&JP en mode binocle :) En tout cas moi aussi j'aimerai en savoir plus !!

  • #4

    M&JP (jeudi, 30 juillet 2015 13:05)

    Les mennonites sont des gens qui vivent en autarcie, contents de profiter de la technologie mais ne l'utilisent pas directement……comme les taxis, certains emploient des Boliviens pour labourer leur champs. Il existe différentes communautés de Mennonites, on peut le remarquer à leurs vêtements, casquettes ou chapeaux…..Les hommes parlent l'espagnol, les femmes ne comprennent et ne parlent que leur "langue"(d'après mes sources, sont elles fiables?). Par contre si vous arrivez à pénétrer chez eux….. Je serai ravie pour vous…..car d'après ce que l'on a entendu c'est assez difficile. Bonne continuation et big bises…..

  • #3

    La Zozo family (jeudi, 30 juillet 2015 10:52)

    C'était une journée spéciale dédicace à Zavatta :) !!! hahaha
    Et le Che et le Che? Vous allez marcher dans ses pas si vous allez vers Samaipata (dans le sens propre du terme bien entendu!!) ?

    Bizous la Tourniquette

  • #2

    D. (jeudi, 30 juillet 2015 08:38)

    Wahou une ville remplie de Mignons :)

  • #1

    la danoche (mercredi, 29 juillet 2015 16:36)

    Dejar de lado la secta por favor !
    FELICES FIESTAS A LOS INVITADOS !!

    BESOS A TODOS

Trinidad ou le rendez-vous manqué

26 – 27 JUILLET

Six heures du mat’. Dimanche. Nous-y voilà. Les rues dégueulasses mêlées aux odeurs nauséabondes et à une chaleur étouffante nous souhaitent la bienvenue. Pas comme les agences de voyage fermées à double tour en ce jour du Seigneur. Cette fois, c’est sûr, notre aventure dans l’enfer vert est dans l’obligation de s’octroyer une pause de 24 heures dans cette cité guère accueillante. Alors on s’occupe. Principalement en se restaurant. Cafés sur le marché, dégustations d’empanadas fourrées au fromage, poulet ou caramel, petits gâteaux sucrés et salés, tout y passe. Assis sur notre banc de la place principale, on se bouche les oreilles face aux va-et-vient incessants de centaines de motos aux pots d’échappement suspects. Heureusement, le spectacle est bien plus joli visuellement parlant lorsque nos yeux se dressent vers le ciel. Plus précisément vers les arbres. Car, si Trinidad est laid à souhait, Trinidad peut tout de même s’enorgueillir d’être habitée par toute une colonie de paresseux en plein centre de sa localité. Et après quelques minutes de recherches infructueuses, on a fini par les voir les bougres. Têtes difformes, griffes aiguisées, duvets épais, on a déjà vu plus sexy que ce mix entre koala et raton laveur au cou de tortue. Mouvements lents mais précis, sa réputation de feignant n’est en tout cas pas usurpée. Voir un véritable paresseux en pleine nature et non pas uniquement sur un canapé : ça, c’est fait.

Et puis lundi arrive… Avec son lot d’Amazonie. Son rio marron, ses promenades en barque, ses arbres monstrueux. A gauche, des caïmans nous font de l’œil. A droite, le héron fait son jaloux tandis que le dauphin rose s’éclate avec ses copines, les tortues. Puis, on s’enfonce dans la forêt. Au milieu des herbes hautes, des marécages géants. On s’essaye à nouveau à la pêche au piranha avant de dresser notre tente au milieu de nulle part dans la nuit noire. Peut-être même sous les yeux du vénéré jaguar qui sait… Non, franchement, l’Amazonie, acte II, c’est vraiment le top. Même si le programme ressemble comme une goutte d’eau à son prédécesseur. Pour un séjour valant trois fois plus cher au départ de cette bonne vieille Trinidad. Alors, on a dit NON et on s’est contentés de rêver ce remake. L’Amazonie, ça restera Rurrenabaque, point barre. Trinidad, ça restera une chambre d’hôtel répugnante aux locataires invivables, un brouhaha permanent, des bouffes sympathiques et 20 heures de bus aller-retour pour rien. Ah si, c’est vrai, on a vu des paresseux…


Commentaires: 2
  • #2

    mmm (mercredi, 29 juillet 2015 07:04)

    On se repose, on mange ...... en effet insensé !!
    Faut bien que Tournicotin trouve un banc ( à défaut de banquette ) Tournicotine !
    Admirer son pote AÏ , plus qu'effrayant ... beurk !!
    Allez, aïe aïe aïe. ... je file .
    Bises

  • #1

    n. (mercredi, 29 juillet 2015 06:29)

    La Tourniquette qui paresse ??? ... Dites moi pas que c est pas vrai !
    Vous avez du prendre au moins 100gr !

Rurrenabaque, notre livre de la jungle 

20-25 JUILLET
Amazonie. Un lieu qui nous évoquait bien des idées, des clichés aussi. La déforestation. Les fleuves sinueux et terreux. Des peuples isolés. Des animaux par millier, sauvages, terrifiants, dangereux. Des insectes énormes et ravageurs. A Rurrenabaque, l’une des entrées boliviennes, on la découvre enfin. Il faut d’abord effectuer le trajet depuis La Paz, 22 heures de bus. De 4000 à 200 mètres d’altitude. Sur une route où le ravin n’est jamais loin. Ou une heure d’un petit avion, un poil plus rassurant. A l’intérieur, le bruit est incessant, la chaleur suffocante, finalement, pas vraiment rassurant. Mais on se pose. Après avoir admiré la capitale, les Andes et surgissant : l’extravagante Amazonie. Une forêt immense sculptée de rivières marron. La fraîcheur pacénienne est derrière, à nous les 30 degrés, l’humidité. « Rurre », c’est un peu gringo land sur quelques rues. Des agences de voyage organisant des tours (seul moyen de pénétrer l’endroit), des boutiques de moustiquaires et chapeaux. Mais c’est surtout un climat particulier, celui d’un quotidien tranquille sur les rives du fleuve Beni. Où les locaux tentent de vivre du tourisme et de la pêche. Parfois, sans jamais ne pouvoir explorer le poumon vert de la planète, comme nous le confie ce commerçant, amer. Pourtant à quelques heures de jeep et de barque de là. 

Le moteur ronronne, grogne presque. Puis coupe. Une heure que l’on navigue sur le rio Beni. Le courant nous emporte. Bâton en main, le « capitaine » contrôle son embarcation de bois et la dirige sur une plage de sable. Encombrée de troncs et branches. Le temps pour nous de vous présenter nos compagnons de voyage. Il y a Groditout, le Bolivien du groupe. Cinquante-cinq ans, pas méchant. Mais Groditout croit tout savoir, parle tout le temps sur tout, ce qui le rend un peu bêta. Molards et rôts à gogo le jour, pets la nuit, voici le Glaude, 34 piges, français. Sale, très sale, mais tellement naturel lorsqu’il l’ouvre qu’il en est drôle. Et Birgit, une allemande de 25 ans, sympathique, discrète et sans surnom. Le guide, Choco, l’appelle « Doc », parce qu’elle est dentiste. Trois jours durant, la Tourniquette s’est mêlée à cette joyeuse bande dans la selva. Avant d’être rejointe par cinq Chiliens pour la fin du séjour, dans las pampas. Car l’Amazonie se divise entre la jungle et les zones humides que l’on a explorées en six jours. Par où commencer ? Difficile de tout raconter.

Et voilà le bateau qui redémarre. Quelle sensation étrange que de flotter sur cette eau trouble. Amazonie résonne dans nos têtes. A peine ose-t-on y croire. La barque longiligne file à fleur d’eau. De part et d’autre, une végétation dense, des lianes. On croise des bancs de terre, des courants forts. On évite des restes d’arbres. On a tout aimé. Parfois lassés de la vie en communauté, c’est que l’on n’est plus habitués. Et voilà qu’Amazonie résonne à nouveau pour redonner le sourire. Il y a les photos, puis ces moments que seuls nos cœurs immortalisent. Trop fugaces, excitants. Comme ces minutes passées à courir, aussi discrètement et rapidement que possible, après les chanchos ou sangliers. Prêts (ou pas) à grimper à un arbre si l’un d’eux nous attaquait. Alors qu’au même moment des singes capucins s’agitaient au-dessus de nos têtes. Le cœur bat, les jambes flageolent. Ça, c’est la selva. Suivre un guide aux sens hyper développés. Le regarder sentir, écouter, scruter. Pour nous permettre d’explorer la faune et la flore. Comme cette tarentule poilue, rencontrée dans son nid. Ces fourmis longues de deux centimètres, vénéneuses. Ces singes écureuils, dissimulés tout là-haut. La jungle est si grande que les animaux ne viennent pas à nous. C’est une quête permanente. La jungle est si grande qu’elle abrite des plantes incroyables, telles ces écorces qui donnent de l’ail, du lait, de l’antiseptique. Ou ce tronc, unas de gato, qui abreuve d’une eau cristalline le badaud assoiffé.  

Dans las pampas, au contraire, les animaux pavaneraient presque. Des oiseaux peuplent les branchages du fleuve Yacuma. Certains sont un mélange de paon, perdrix et faisan, quand d’autres sont originaux avec le corps si petit, leur tête rouge et pattes minces. Il y a les cigognes, énormes. Les hérons, majestueux. Puis les tortues toujours avachies. Les singes capucins, bagarreurs, charmeurs. Et les singes hurleurs, posés, plus compliqués à trouver. De même que le dauphin rose trop joueur pour dévoiler autre partie que son dos. Ou le capybara, plus gros rongeur du monde, occupé à brouter sur les berges. Sans oublier surtout les caïmans et alligators, gueules ouvertes, mais habitués à la présence humaine. Car las pampas, c’est un peu Jurassic Park en Amazonie. Sans être trop gênant, le touriste afflue. Il y a un jour pour la traque de l’anaconda, un autre pour la baignade, puis le coucher du soleil. Alors que la selva, c’est l’aventure. On dort à même le sol, perdus dans la forêt, seulement protégés d’une moustiquaire. Peu de voyageurs la visite. Pas de sanitaire, ni de cuisine. L’eau de lac, bouillie, fait l’affaire pour le café du matin. La même, fraîche, pour la vaisselle. Il manque des couverts, parfois il pleut, mais les repas sont délicieux. Des brochettes de viande, des piranhas pêchés, des fruits, des pancakes, des pâtes en tout genre.

Les guides, pour une fois, ne sont pas gênants. Ils sont passionnants. Et passionnés. Natifs du coin, ils parlent espagnol, mais aussi Tacana, ou Moseten, leur dialecte indien. Ils nous transmettent ce qu’ils apprennent depuis leur enfance. En balade, de nuit ou de jour, ils ne se perdent jamais. Là où pour nous, tout se ressemble. Ils effraient le soir,  avant de s’aventurer dans le noir, avec leurs histoires de jaguar. Il en existe aujourd’hui environ 300 dans le parc Madidi. On ne verra qu’une paire d’yeux, au loin. Près de ceux d’un caïman. Tout proche de notre campement.

La Tourniquette a le fessier dévoré par des moustiques qui n’hésitent pas à traverser les vêtements. Tournicotine s’est fait mordre par un piranha. Mais Tournicotine a effleuré du pied un dauphin. Pendant que Tournicotin moins téméraire, regardait. Puis mangeait. On a sursauté plus d’une fois pour un bruit étrange. On s’est regardé. Inquiets, amusés, impressionnés, effondrés de rire.  Et on en redemande encore. Direction Trinidad, dix heures de bus, plus enfoncés encore en Amazonie. Amazonie, Amazonie, Amazonie.  

Commentaires: 4
  • #4

    M&JP (jeudi, 30 juillet 2015 13:31)

    Malheureusement nous n'y sommes pas allés mais grâce à vous on l'a vécu….. Merci pour ce beau récit plein de vie……..Besos

  • #3

    La Zozo Family (jeudi, 30 juillet 2015 10:43)

    La claaaaaaaaassssse :) !

  • #2

    n. (mardi, 28 juillet 2015 23:08)

    Vous n avez pas rencontré Baloo ... Dommage !
    Mais pas besoin de lui, pour chanter IL EN FAUT PEU POUR ETRE HEUREUX !
    Gros Bezzzos

  • #1

    la danoche (mardi, 28 juillet 2015 21:31)

    Ah Amazonie quand tu nous tiens !
    Le poumon de la planète a dû suffoquer durant votre passage. Avec vos grimpettes, pirouettes, prouesses......cacahuètes, quelle agitation !! Laissez-lui le temps de souffler!
    Toute cette végétation noyée de vert, sied à ravir Tournicotine .
    Au milieu de la faune variée, avec toutes ces espèces. ... quel enchantement ! Et voilà que de vulgaires moustiques trouvent refuge sur le fessier ( surtout ) de Tournicotin ! Pas de c..!!

    Enfin, dans ce décor idyllique, on entend presque les bruits et on sent les odeurs !!
    ( hormis celle du "Glaude" ...svp ) .
    Beaucoup d'attente et d'angoisse pour cette épopée, mais le résultat est là et nous fait plus que rêver ! Merci .

    Mucho amor a los dos ★♡♥☆

Sorata : des lamas et "les deux J"

16-18 JUILLET

Une affiche vieillissante. Jaunie et un peu froissée. Scotchée sur la billetterie encore fermée. Demi-tour de Tournicotin. Rire gêné. « Vingt bolivianos », bafouille-t-il. Oups, notre porte-monnaie est trop léger. La grotte de San Pedro : un raté de la Tourniquette. C’est que le Routard ne pouvait pas le savoir, mais depuis peu, l’entrée de la caverne, située dans la vallée de Sorata à 150 kilomètres de La Paz, est payante. On était partis les poches presque vides. Mais même si l’on a marché près de neuf kilomètres pour la pénétrer et découvrir son lagon, on n’est pas mécontents de notre bourde. Car à l’extérieur, chapeau vissé sur le crâne, l’un des salariés grogne. Tous les jours, dit-il, il attend que le reste de la troupe débarque. Tous les jours, affirme-t-il, ils sont en retard. Ce samedi, c’est plus de 30 minutes après l’heure qu’ils arriveront. Le signaler au patron ? Ce travailleur usé l’a déjà fait. « Il s’en fout », soupire-t-il. Alors, pour se réconforter, on se dit que ne pas leur filer 40 bolivianos, c’est un peu les punir. Et être, un peu, solidaires de ce bon monsieur. Puis ça va, manquer la grotte de San Pedro, ce n’est pas comme si on manquait THE PLACE TO BE en Bolivie. Déjà, le chemin pour y venir nous a largement séduits. Une route non goudronnée, plutôt. Où circule, à une allure souvent folle (malgré le ravin menaçant), pas mal de véhicules, tous aussi déglingués les uns que les autres. Au loin, mais si près, des montagnes colorées. Du rouge, de l’ocre, du jaune, du bleu, du gris, du vert. Des arcs-en-ciel fossilisés. Encore plus loin mais toujours si près, l’Illampu et l’Ancohuma (6427 m, troisième plus haut sommet bolivien). D’énormes monts glaciaires, détonnant dans un ciel bleu glacier. Puis, pendant que les autres touristes la visitaient, on s’est dit que « la grotte devait être moche ». Et on a pris un petit café. Avec la bonne compagnie de José. Trois ans. Qui nous a promis que plus tard, il serait grand « comme la maison ».

Et dire qu’à Sorata, coincée à 2700 m dans les Andes, on était venus respirer le calme et l’air pur. A l’écart de cette Pacénienne excitée. Finalement, notre séjour n’aura été qu’aventure. Car la veille de cette petite vingtaine de bornes « pour rien », notre randonnée restera gravée. Objectif : rallier la laguna Chillata. Au pied de la Cordillère orientale. Dans le village, défilés et bières toujours de la fête pour la révolution du 16 juillet, les guides ne sont guère ouverts à la discussion. Une Tourniquette autonome, ça ne fait pas vraiment leur business, du coup, aucune piste pour cette escapade aux 1500 mètres de dénivelé positif sur près de 20 kms. Quelques infos glanées sur le net et nous voilà partis, au petit matin. Effectivement, pas mal de chemins. Des croisements, des bifurcations. Mais aussi, nos sauveurs de toujours : les locaux. Occupés à balayer, traire une vache ou garder un troupeau. Souvent froids mais toujours disponibles : « Por aca, por alla, arriba, a la izquierda ». Sur le chemin terreux, au fond du canyon, à travers le village de Koloni, on avance. Puis on rencontre Jack. Notre deuxième sauveur. Un chien, qui gambade sans trop nous attendre. En s’assurant tout de même qu’on le suit. La balade est épuisante. L’altitude, la grimpette, la longueur. Et la voie qui se stoppe. Net. Les cailloux laissent place à des étendues vertes et pentues. Pas de lagune. Têtue, la Tourniquette poursuit son ascension. Oh ! Un lama, puis quatre, six, dix. Quasiment vingt. Juste devant nous. Pour la première fois, en pleine nature. Pour nous, seuls au monde. Certains, apeurés, galopent. Merci dame nature. Plus loin, une queue grise et panachée s’enfuit dans un terrier. Et dans le ciel, de gros oiseaux blancs, au bec fin et long et au cou orangé s’élancent. Jamais la faune n’avait été aussi dense et proche. De quoi nous encourager à monter toujours plus. Épuisés, nous voilà au sommet. On ne peut aller plus loin : c’est le vide. Face à nous, l’Illampu et l’Ancohuma que l’on pourrait presque effleurer. Et derrière : quelques 200 mètres d’altitude plus bas, la laguna Chillata, dans un creux ! Youpi, on l’aura vu. Encore mieux que si l’on pique-niquait à son bord. Les guides, cette délicieuse gorgée d’eau fraîche à 4400 m, elle est pour vous. Salud !

Commentaires: 3
  • #3

    La Zozo family (lundi, 20 juillet 2015 11:59)

    Ah oui la froideur? fraîcheur? réserve? pudeur? des boliviens de l'altiplano... On n'est hélas pas resté assez longtemps pour la décrypter (et discuter avec eux)!
    Ont-ils peur de ce que le tourisme peut amener? Ont-ils peur de voir certains de leur sites finir comme le Pérou? Je ne sais pas...

    Vous nous en direz des nouvelles! car la Tourniquette sort des sentiers battus et aura certainement plus de réponse que nous ;) !



  • #2

    encore tête dans les ☆☆ (dimanche, 19 juillet 2015 08:20)

    Oh c bon : lire FALLAIT PAS

  • #1

    la danoche (dimanche, 19 juillet 2015 08:16)

    Dommage pour la grotte .... fallez pas partir avec les poches trouées !!
    Heureusement que la laine des lamas était là pour vous donner une certaine chaleur, pour vous protéger de la fraîcheur. .... vous , si près de ces somptueux sommets !

    Quelle chance d'avoir eu ces deux guides atypiques :
    ♡ la risette de J osé
    ♡ la sagacité de J ack
    Belle rencontre encore. .... et merci pour cette eau ++++ que froide ( nous en avons bien besoin ces jours-ci ) .
    Attention aux vilaines piqûres en Amazonie !
    Bizzz

La Paz, à ne rien y comprendre 


14-15 JUILLET

Parcourir La Paz, plus haute capitale du monde étagée de 3200 à 4000 mètres d’altitude dans un immense canyon aride, c’est un peu comme assister à une représentation théâtrale de La Contrebasse de Patrick Süskind. Dans cette dernière, le personnage présente son instrument à cordes au public avant de nous décrire la relation d’haine et d’amour entretenue avec lui. Débarquer du jour au lendemain dans l’agglomération bolivienne de 2 300 000 habitants, y rester deux jours avant de filer se ressourcer dans le petit village andin de Sorata, c’est un peu là aussi une sorte de je t’aime moi non plus. Moi non plus tout d’abord. Car La Paz, soyons honnêtes, n’est pas belle. Ici, c’est le chaos urbain, des maisons en parpaing, des façades défraîchies, des buildings disgracieux et pas grand-chose d’autre. Le centre historique se résume vite à la contemplation du plus bel édifice colonial avec l’église San Francisco et celle de la jolie ruelle Jaen pavée de galets. Bien peu pour un nom aussi clinquant. La Paz, une impasse ? Pas vraiment à y regarder de plus près. Car la cité andine a plus d’un tour dans son sac. Elle a le talent pour transformer sa banalité en atout. De rendre ce qui est moche au premier regard, attractif. Et on s’y surprend au final à flâner avec le sourire dans ses calles. Notamment entre Sagarnaga et Linares, où s’entassent des dizaines et des dizaines de boutiques de ponchos et d’artisanat. Très touristiques certes mais charmantes. A quelques pas de là, le marché des sorcières surgit. Sur quelques étals de rues. Les fruits et les tissus disparaissent et laissent place aux poudres, herbes, pierres magiques, potions mystérieuses et… fœtus de lamas séchés. Intriguant, divertissant. Et puis, La Paz est aussi enrichissante. Du musée de la Coca à celui du littoral bolivien en passant par les métaux précieux, on accumule les connaissances. Sur cette petite plante verte si souvent décriée dans l’histoire. Sur cette guerre du Pacifique menée contre les Chiliens entre 1879 et 1983 débouchant sur la perte d’un accès à la mer pour le pays d’Evo Morales. Sur cette impressionnante et grandiose civilisation Tiwanaku. Non, franchement, La Paz est surprenante. Mais surtout, la Paz ne s’arrête pas de vivre. A l’arrache. A la latino en fait. Et ça nous plaît. Le marché Lanza grouille de monde, les boutiques s’y entassent, une ville dans la ville se dessine sur trois étages. C’est dingue, c’est chouette. Tout comme arriver la veille de l’anniversaire du 16 juillet 1809, date du principal mouvement révolutionnaire mené par Murillo et ses hommes contre la couronne d’Espagne, a un avantage certain : La Paz est en fête. Les défilés s’enchaînent, les banderoles et drapeaux recouvrent les bâtiments officiels, la scène de concert se monte petit à petit, la soirée s’annonce cool. Elle le sera. Avec quelques verres de Te con Te (mélange de Singani, eau de vie locale, avec du citron, de la cannelle et du thé chaud) et des barquettes de frites-burgers, on se fond dans la masse. Toute la ville est dans la rue. C’est noir de monde. Même si minuit approche, il faut lutter pour se frayer un chemin. On adore. On n’aurait pas misé un kopeck dessus lors de notre arrivée mais La Paz nous a retourné le cerveau. En passant d’une ville sans intérêt à celle qui plaît. Et puis, il est difficile de ne pas apprécier un minimum une cité dont l’horloge monumentale dressée sur le palais du gouvernement donne l’heure à l’envers. Objectif ? Renforcer l’identité des peuples du Sud face à l’impérialisme nord-américain et occidental. Complètement dingo, La Paz…


Commentaires: 2
  • #2

    La Zozo Family (lundi, 20 juillet 2015 11:45)

    C'est marrant on avait eu un peu le même sentiment que vous au premier abord :) ! Mais un tour dans un petit marché local au détour d'une rue (et sans touristos!) et bam... La Paz c'est super!

    Ca y est, la Bolivie est à vous (façon de parler!!), profitez en c'est un pays magnifique, et même si ce n'est pas votre "kiffe" faites les quelques coins à touristos ça vaut quand même sacrément le détour!

    Bizous bizous!

  • #1

    mmm (jeudi, 16 juillet 2015 17:14)

    Désirée .....pas désirée !
    Tout est désaxé !
    Les aiguilles tournent en sens inverse et notre Tourniquette semble perdre le NORD dans cet hémisphère SUD !
    Ah , sommes bien compatissants va !

Pérou acte II, le rideau est tombé

On ne s’y est pas ennuyés. Et pourtant, on n’a rien trouvé de mieux à faire qu’un concours de poulet. Le concept est simple : à chaque trace de volaille dans nos assiettes, un point au compteur. Le vainqueur, celui qui y goûte le moins. Tournicotin a perdu. Sur 44 jours passés dans le sud du Pérou, il affiche 24 repas « pouletisés », contre 18 pour sa compère. On est déçus, au pays du poulet/riz, on s’attendait à des scores à faire pâlir les Incas. Allez, cette fois, ce n’est plus qu’un au revoir Pérou. Bien un adieu. Mais rassure-toi, 79 jours, de cette Tourniquette, tu seras le seul à pouvoir t’en vanter. 

Commentaires: 3
  • #3

    M&JP (jeudi, 16 juillet 2015 13:25)

    Là on peut dire "c'est le Pérou"… avec toutes ses richesses archéologiques, historiques et de belles rando…….vous en repartez avec de belles gambettes bien musclées et une tête bien pleine………Besos…...

  • #2

    D. (jeudi, 16 juillet 2015 08:43)

    Et quel périple otra vez :)
    Un gran beso a los dos

  • #1

    la danoche (mercredi, 15 juillet 2015 12:16)

    Pièce terminée et avec quel triomphe !
    La salle est debout . RV en Bolivie pour un nouveau spectacle .
    FIERTE et APPREHENSION nous accompagnent au quotidien, mais la CONFIANCE est le maître-mot !!

    Bizz

Lac Titicaca : usine à touristes mais pas que...

10-12 JUILLET

Notre love story péruvienne s’arrête donc là. Sur les berges du Titicaca. Plus haut lac navigable du monde (3810 mètres d’altitude), il ne mesure pas moins de 200 kilomètres de long pour 8400 kms carrés de superficie. Soit quinze fois la taille du lac Léman ! Situé au centre de l’Altiplano, la mythologie inca y trouve même l’origine de sa civilisation. Ainsi, Manco Capac et sa sœur Mama Ocllo seraient sortis de ses eaux avant de s’en aller fonder la capitale de l’Empire à Cusco. Rien que ça. Ajoutons à son palmarès, des histoires extraordinaires et des légendes ancestrales hantant ses rives depuis la nuit des temps. Bref, en ce 10 juillet dans la ville de Puno, on se retrouve face à un lieu mythique de notre planète bleue.

Du  coup, on cède vite à la tentation et on se transforme en gros touristes à deux balles (impossible de sortir des sentiers battus pour explorer le Titicaca). Chouette, grâce à une agence donc, on va pouvoir passer deux jours et une nuit sur le lac avec tout plein d’avantages en prime : l’acheminement au port en minibus, le droit d’entrée sur les îles d’Amantani et de Taquile, la traversée en bateau et, cerise sur le gâteau… l’opportunité de vivre chez l’habitant en dormant dans sa demeure et en partageant les trois repas prévus au programme de l’excursion. Oui, on sait, vu sous cet angle, ça a de la gueule. Attendez la suite. Mais avant de découvrir notre nouvelle famille, il nous faut faire un saut sur les îles flottantes. Appelées Îles Uros, en référence au peuple qui y vivait jusqu’à la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, quelques 2500 personnes résideraient sur ces couches compactes de roseaux de trois mètres d’épaisseur ancrées à des poteaux d’eucalyptus pour éviter toute dérive. Durée de vie de l’installation ? Entre 50 et 60 ans. Drôle d’impression quand nos pieds se posent sur ces radeaux spongieux occupés par plusieurs familles, attendant notre venue avec un très large sourire. Enfants au premier plan bien sûr pour amadouer le touriste, cela va de soi. Très vite, on nous déballe les marchandises. Maracas, produits textiles, porte-clefs, il y en a pour tous les goûts. Mais pas pour toutes les bourses. Pourtant, le business est rentable, les billets tombent des porte-monnaie. Celui de la Tourniquette restera fermé. Y’a pas écrit pigeons ici. Même lorsqu’un habitant viendra nous vendre son tour de barque de 20 minutes afin de subvenir aux besoins de sa famille. Mais oui, c’est ça, viens nous faire croire que tu es un pauvre malheureux sans ressources vivant sur son île perdu au milieu de nulle part. D’une, si tu vis vraiment là, ce qui n’est pas certain au regard des nombreuses maisons en tôle visibles dans les environs, tu l’as choisi. De deux, rien qu’avec la vente du jour, tu peux filer en ville et dévaliser quelques boutiques. Car oui, le touriste est généreux. Ou con c’est au choix. Son embarcation est pleine, mission réussie. Et dire qu’un autre bateau rempli d’étrangers se pointe à l’horizon…

Pour nous, c’est déjà l’heure de partir direction Amantani. Quel dommage (ironie quand tu nous tiens). Deux heures de trajet qui en paraissent dix, tellement l’allure est faible. Peu importe, le Titicaca est sublime. Luminosité exceptionnelle, eaux froides parées d’un bleu profond, vue sur la Cordillère royale bolivienne et ses sommets enneigés... presque presque, on s’y sentirait bien dans ce tour organisé. Mais ça, c’était avant de poser pied à terre. « En arrivant, vous allez être répartis par groupe de quatre dans une famille qui vous attendra au port et après vous irez manger et faire la sieste chez elle. De notre côté, on se retrouve à quatre heures pour une petite balade sur l’île et une visite des temples », prévient le guide. OK. Attendons de voir à quoi ressemble notre future Maman alors. « Léonie, Sylvain ». « Oui, c’est nous ». Epifania s’avance. Elle semble heureuse de nous voir. Habillée en tenue de soirée, elle fait forte impression… pendant dix secondes. Après, ça se corse un peu. Maman marchera devant nous sans quasiment se retourner. Elle ne mangera jamais à nos côtés et nous adressera aussi que très peu la parole. Si ce n’est pour nous vendre un de ces bonnets ou écharpes faits maison. Elle a bon dos l'immersion dans une famille. LOL. MDR. La nuit tombée, Péruviens et touristes déguisés en habits traditionnels se retrouvent pour faire la fête tous ensemble On y va. A reculons. Rassurez-vous, sans se couvrir de ridicule en enfilant, comme 90 % des gens, un poncho ou une tenue à fleurs. C'est certain, ça sent l’arnaque cette soirée. Bingo. Il est 20 heures et tout ce beau monde fait la chenille et danse en rond de manière pathétique dans une salle des fêtes vétuste. Rien n’est authentique, tout est commercial. Vite, sous les draps.

Mais bon, malgré tout ça, une autre image tu nous laisseras Titicaca. Notamment celle magnifique du coucher du soleil vécu sur les ruines du temple dédié à la Pachamama et à 4000 mètres d’altitude. Ou celle des traditions vestimentaires se perpétuant encore aujourd’hui sur l’île de Taquile. Bonnet replié pour l’homme fiancé, couleur des robes définissant l’appartenance à telle ou telle communauté, couvre-chef coloré de différente manière pour séparer autorité locale et politique… Sans oublier surtout, celle du sourire de Rocio, la fille... d’Epifania. Six ans à peine et visiblement ravie de partager un moment privilégié de quelques heures avec nous, inconnus. On a joué ensemble dans la cour, on a fait des chatouilles à Tournicotine et on a beaucoup rigolé. Même si on a snobé quelque peu la fiesta, on a quand même réussi à danser. Main dans la main, tous les trois, avec Rocio. En chantant des tubes du grenier comme « Les rois du monde », ou « Sur le pont d’Avignon ». Sa mère, pour sa part, nous dira à peine au revoir le lendemain au petit matin. Nadine, Danoche, n’ayez crainte, on vous garde comme mamans.

Commentaires: 4
  • #4

    L.C (vendredi, 17 juillet 2015 16:34)

    Et oui les méfaits du tourisme sur les populations locales est parfois bien désolant et c'est bien triste à voir!! Ces peuples n'ont rien demandés à la base on est venu empiéter sur leur terres et ils s'en sont retrouvés là où ils en sont aujourd'hui car c'est bien trop juteux!!!!

  • #3

    D. (jeudi, 16 juillet 2015 08:48)

    Notre Lac Léman ressemble donc à une vulgaire flaque à coté ? Mais on a quand meme les montagnes aussi :) Pas de poncho, mais les touristos sont de la partie !

  • #2

    mmm (mercredi, 15 juillet 2015 11:55)

    Jugement sévère pour ces Uros qui ne vivent que de la pêche et surtout du tourisme !!
    Le lapin avait rapporté une chouette. Chouette alors !

    Marcher sur un sol qui tangue, posé sur un lac des plus mystérieux.... ah non, pas pour moi !!
    Belle âme que ce peuple pacifique, polué certes par la civilisation, mais à qui la faute ??
    Bises

  • #1

    n. (mercredi, 15 juillet 2015 06:43)

    ;) ... Je pense que Rocio non plus ne voudrait pas changer de maman !
    " L essentiel est invisible pour les yeux ! " ...

Choquequirao, la bonne idée d' Marco !

3-7 JUILLET

Marco, c’est le genre de gars qui voit les choses en grand. Il achète un kilo de nougat sur les marchés de Provence alors que 500 grammes auraient limité l’indigestion. Il traîne une skieuse débutante sur une piste rouge alors qu’elle est verglacée. Et il nous a lancé sur les traces du Choquequirao alors que nous étions encore Dijonnais et que Tournicotin n’avait jamais goûté à la randonnée. « Vous avez vu, y’a le Machu mais y’a aussi un site perdu que l’on ne rallie qu’après quelques jours de marche », nous lançait le gars qui voit les choses en grand, en décembre 2014. Et de le répéter quelques fois par la suite. Mais t’inquiète Marco, on n’allait pas le manquer celui qui est devenu "notre Choquequiraoune". Quatre jours aller/retour. 66 kilomètres. 3000 mètres de dénivelé positif. Sans compter, sur place (Marc, niark niark), les centaines et centaines de marches montantes, descendantes. Et Marco, t’es tellement devenu notre mentor (rien que pour ce coup hein) que nous aussi, on a vu les choses en grand. Pas de mules, ni de guide. Pourtant conseillés au regard de la topographie du parcours. Juste nos épaules (pas musclées) et notre sens de l’orientation pour survivre à l’aventure. Un détour par le marché de Cusco pour fournir nos garde-manger sur pattes : des pains complets, des avocats moelleux, des tomates bien rouges, du fromage fermier, des bananes et des barres de céréales énergisantes, même des gâteaux récompense. Quelques bouteilles d’eau que nous remplirons et purifierons avec nos capsules, une fois vides. Une tente louée à un commerçant trop souriant. Et voilà que l’on saute dans un bus qui nous dépose à 3h30, à l’Ouest de Cusco. A nous de choper un « taxi » qui parcourt les 16 kms jusqu’à Cachora, d’où débute le trek. Il pleut à petites gouttes, ce vendredi soir. Pas d’chance. C’est tellement rare depuis le début de cette Tourniquette. Mais la gentillesse et la générosité de ce jeune couple nous redonnent le sourire. Gracieusement, il nous propose de planter notre abri dans leur jardin. La nuit est bien fraîche. Et le matin, les nuages sont toujours menaçants. Mais il faut y aller. Quelques 21 kms sont au programme de cette première journée, pour rallier le camping de Playa Rosalina. Et on a vraiment cru qu’à trop faire nos Marco, on le regretterait. Car marcher beaucoup et souvent, ok, on s’y est fait. Mais avec nos gros baluchons, jamais. Et au début (même à la fin), ça pique ! Dur de régler un sac pour qu’il épouse convenablement la forme du dos. « Tiens-toi droit », « Accroche toutes tes sangles ». Forcément, ça agite les nerfs (Merci Marco). Puis on échange les charges à chaque bip de la montre, le temps passe, les paysages aussi. Même sous la brume, les glaciers émerveillent. Vient l’heure de la descente sévère vers le fleuve Apurimac, du pique-nique salvateur. Et de l’arrivée au camping, réconfortante. Tournicotin, cloîtré dans la tente pour se protéger des moustiques voraces. Tournicotine, planquée sur son rocher à lire. A tort puisqu’une soixantaine de boutons défigure sa jambe gauche (Merci Marco). Ici, rien pour manger un repas chaud le soir (Merci Marco). Mais sans rancune, on a des provisions. Du pain complet, des avocats moelleux, des to… Quoi ? Ah, vous savez déjà ? (Pardon, c’est Marco qui me perturbe). Mais plus de lampes. Nos deux lanternes viennent de nous lâcher. Le dîner aux chandelles électriques se transforme en casse-croûte nocturne. Mais Tournicotin est toujours aussi beau.

Cette fois, la nuit est chaude (rhooo, car on n’est plus qu’à 1500 mètres, non mais oh !). Et rebelote, on range la tente. On rempile nos carapaces et on grimpe ! Sec. Fin de l’étape : 1600 m plus haut, au pied du Choquequirao. Le ciel est azur, les chevaux squattent le chemin, on n’croise que des groupes accompagnés de guides et de mules (Merci Marco). Plus d’une fois on s’est répété qu’on s’est vus trop forts. Mais plus de cent fois, on s’est murmuré qu’on était tellement heureux de fouler ces sentiers. Si proches de la nature, se débrouiller. Prendre des douches glacées, manger toujours la même chose. Se planter en montant la tente. Chercher ces foutues sardines. Et enfin : l’admirer de loin. Le Choquequirao. A flanc de montagne. En contrebas, des terrasses par dizaines. Demain, à nous sa découverte. Mais Marco, tu donnes des ailes à Tournicotin. Pas l’temps de traîner, à peine installés, voilà déjà notre archéologue de service désireux d’arpenter ce qu’il a vu de loin. Vamos ! Direction les balcons. Bien mal entretenus, couverts de mauvaises herbes. Si bien que ça lui donne un charme à ce "Choquequiraoune". Et qu’on a l’impression de jouer les Indiana Jones. Faut dire que seuls 30 % du site ont été restaurés, faute de financements. Trouvées en 1834, les ruines ne sont découvertes officiellement qu’en 1986 quand la reconstruction débute. Abandonnée depuis. « Le berceau de l’or » est pourtant bien plus vaste que le Machu Picchu. Il aurait été le dernier refuge des Incas, avant de fuir en effaçant les chemins d’accès et d’être défaits pas les Espagnols. Un téléphérique pour rallier le parc en 15 minutes est dans les filons. Avec pour objectif, 5000 visiteurs par jour. Contre 30 actuellement en juillet/août. Début des travaux pour une date indéterminée. Trop cher. Mais nous, on le savoure plein de verdures folles, sans un touriste pour gâcher la photo. Le plus grandiose, on se le garde pour le petit matin suivant. Avant, c’est pain-fromage. On innove (Merci Marco). Puis étoiles filantes et lucioles en dessert surprise et express.

C’est que la journée de lundi est loin d’être reposante : le site + rejoindre Chikiska, 13 kilomètres en arrière. Et l’on ne pensait pas le lieu si énorme. Il faut marcher, marcher pour se rendre sur les différentes annexes. Comme la zone administrative, la maison du prêtre, les ateliers de potiers, le centre cérémoniel, les entrepôts. Encore une fois, le système d’irrigation est à couper le souffle. Les murs sont hauts, droits. Les espaces verts spacieux. Et le meilleur pour la fin : des murs décorés de llamas blancs. On a beau les chercher, on ne les trouve pas. Sont-ils bien plus bas ? Peut-être, tant pis. Les jambes sont bien fatiguées et il faut encore cavaler. Puis des formes triangulaires nous confortent : sans doute la manière géométrique de représenter l’animal, ou bien des flammes, l’autre sens de llamas, en espagnol. En tout cas, elles sont blanches. On file. Le sourire aux lèvres. Un peu frustrés pour le "Choqui", qui mérite autant (voire plus) d’attention que le "Machu". Cette fois, plus compliqué de motiver les troupes. A part peut-être un lit à Cusco, plutôt qu’un sol dur. Et une soupe chaude, pour voler la vedette à nos sandwichs. Mais lors de notre dernier campement, surprise : pour quelques soles, une petite dame nous concocte un plat de pâtes savoureux, accompagné d’un thé. Bémol, on mange à 18h35. Mais qu’importe, on est ravis comme des gosses. Le soleil se lève difficilement alors que l’on démonte la tente pour la dernière fois. On encourage nos gambettes pour les 18 kilomètres restant et le beau dénivelé. Les montagnes enneigées resplendissent. Comme nos visages au sommet de notre étape. Loin, loin, loin on distingue encore le Choquequirao, qu’on avait confondu avec de la roche à l’aller. Un dernier regard, un ultime merci (pas à toi Marco). Et Cachora arrive à point. Sur la place du village, le Voyage, Voyage de Desireless résonne. Comme un signe. Les derniers pains ravissent nos papilles. Taxi, car. Tout s’enchaîne comme sur des roulettes. Non, vraiment, c'était chouette. Merci Marco.

Promets-nous que si tu passes par le Pérou, toi aussi, tu le graviras ce Choquequirao. Sans mules, sans guide. Et promets-nous aussi d’être plus fins que nous, car les llamas n’étaient pas des flammes, mais bien des lamas, sans doute situés un peu plus bas, là où nos jambes n’ont pas eu la force d’aller. On les a vus en photo sur les tickets d’entrée, une fois confortablement posés dans le bus retour pour Cusco. Et devine quoi Marco... ils sont jolis.  

Commentaires: 7
  • #7

    Lucie C. (vendredi, 17 juillet 2015 16:45)

    J'ai bu ce beau récit qui m'en a donné des éclats de rires et des larmes aux yeux surtout après le commentaire de maman <3

  • #6

    D. (jeudi, 16 juillet 2015 09:01)

    Sacré Marco :)

    En tout cas très beau récit, j'ai bien cru que moi aussi je crapahutais avec vous...avant de me rendre compte que j'étais au bureau avec mon petit thé sous le nez :(
    Belle escapade ! Merci pour ce grand bol d'air frais !

  • #5

    n. (vendredi, 10 juillet 2015 22:51)

    Mon Marco, oui ! Il voit les choses en grand ! Oui il m'emmène sur des pistes verglacées ! Oui il me fait faire 120 kms à vélo alors que l on était partis pour 60 ! Oui on se retrouve dans une autre vallée lors d une rando et il faut dormir en refuge sans brosse à dent, sans pyjama, car il est trop tard pour rentrer !
    Mais je vais vous dire une chose ... Si un jour ... Il décide d 'aller à la rencontre du Choquequirao, j espère bien que dans sa main, il y aura la mienne ! J ai bien envie moi aussi de les voir les llamas ! Surtout avec Marco ! <3

  • #4

    La Zozo family (jeudi, 09 juillet 2015 14:23)

    :) !!!!! Mais on a mal aux jambes pour vous!
    Bizous

  • #3

    la danoche (jeudi, 09 juillet 2015 10:22)

    Belle idée à Monsieur "Marco", aventurier énergique, de mettre en lumière ce merveilleux site moins connu !
    Attendrissant et frappant récit de votre Tournicotine très aimante !! Beaucoup de chance !

    Pour la nourriture, "les marcheurs", mieux en ce jour, avec .......des îles flottantes au menu !humm !!
    Et oui, le Pérou .....PASSE ..... mais , sous peu , LA PAZ vous attend à bras ouverts !
    BIZZ

  • #2

    M&JP (jeudi, 09 juillet 2015 09:34)

    Récit à couper le souffle, bravo bravo, tout est beau….Besos

  • #1

    n. (jeudi, 09 juillet 2015 05:31)

    <3 <3 <3 <3 <3

Machu Picchu : l'aventure grandeur nature 

29-30 JUIN

Billets de bus réservés. Tout comme les deux nuits d’hôtel à Aguas Calientes, village juxtaposant le célèbre site inca. Dimanche 28 juin au soir, à Cusco, la Tourniquette est décidément dans le bon rythme pour aller se frotter mardi à l’aube au Machu Picchu. Bon, il nous manque juste les tickets d’entrée. Un simple détail… impossible à régler. Et oui, rappelez-vous, depuis Quito, les Iphone ne sont plus nos amis. Sauf que, pour acheter les précieux sésames, tout se passe par Internet. Seul hic ? Nos banques respectives ont besoin de recevoir le code secret envoyé préalablement par SMS pour confirmer la transaction. Vous l’aurez compris, on est faits comme des rats pour rester polis. Allons-nous devenir les Bronzés font le Machu Picchu ? Qui arrivent devant l’entrée le jour J à six heures du mat’ puis restent coincés devant les grilles ? Suspense. On verra bien lundi sur place. Pas le choix de toute façon. Lundi matin, nous-y voilà. Excités comme des gosses qui iraient à leur toute première boom, nous nous levons d’un coup sec et filons au point de rendez-vous. Avec 20 minutes d’avance. Le bus partira finalement avec une heure de retard. Pérou Style. Sinon, le chauffeur n’a pas dormi de la nuit, s’est embrouillé avec sa copine, devait être en repos aujourd’hui mais a préféré bosser pour penser à autre chose. Et oui, dans ce pays, on raconte sa vie au téléphone en conduisant et on se met de l’eau sur la tête histoire de ne pas s’endormir sur la route. Pérou Style bis.

Huit heures plus tard, délivrance. Le bus n’est pas tombé dans le ravin, le conducteur n’a pas fait son Andreas Lubitz mais nous a bien conduits à bon port. A Hidroelectrica précisément, le long de la voie ferrée. On n’a toujours pas de billets mais ça va mieux. Ne nous reste plus qu’à rallier en marchant Aguas Calientes en suivant les rails de chemin de fer sur le chemin dit des écoliers. Facile et en seulement 2 heures s’il-vous-plaît. Une expérience inoubliable et très économique par rapport au train, où se croisent les voyageurs du monde entier. Sacs sur le dos, produits alimentaires et bouteilles d’eau à la main. Avec vue sur les premières terrasses et murs en pierre du Machu et en prime, un coucher de soleil magnifique au milieu des torrents et ruisseaux. La classe. Vite, vite, il est 17h30. L’office de tourisme est-elle encore ouvert pour enfin acheter nos tickets ? YES, yes et encore yes. Il reste des places pour le lendemain et l’agence ferme seulement à 20h30. On a paniqué (un peu) pour rien. L’essentiel est là, on ne sera pas les Jean-Claude Dusse du voyage. Sauvés. Ne nous reste plus qu’à attendre que le réveil sonne le lendemain à 4 heures. Il sera alors temps de se précipiter vers le pont, passer le check-point à 5 heures et monter dans le noir vers la montagne sacrée. Et vers 6 heures, si tout se déroule correctement, il s’offrira à nous. Le fameux Machu Picchu.

Un lieu tutoyant le vide et les nuages qui n’a rien perdu de son mystère. S’agissait-il d’une capitale religieuse, d’une résidence de l’empereur ou d’un lieu de culte au Soleil ? Personne n’en sait trop rien. Une chose est sûre cependant, la cité a été fondée par le neuvième empereur inca, Pachacutec, durant la deuxième moitié du XVe siècle. Et pas moins de 1800 personnes pouvaient y vivre au temps de sa splendeur, au regard des nombreux greniers, cultures et garnisons présents. Heureusement pour nous et pour les quelques 2500 visiteurs par jour autorisés à pénétrer dans l’enceinte, les envahisseurs espagnols ne sont jamais arrivés jusque-là et le site n’a pas pris une ride en 500 ans. Dring, dring. C’est l’heure. « T’es prêt(e) ? », « Oui et toi ? », « Claro, trop hâte d’y être ». OK, allons-y alors. 

Qui suis-je ?

Oui, je suis un(e) rebelle. J’aime fouiner là où personne ne s’aventure. Fouler les sentiers qui grouillent encore de mauvaises herbes. Et les trouver agréables, loin des touristes qui parlent trop fort ou trop, tout court. Mais les rebelles doivent parfois l’admettre : les voies classiques offrent aussi de belles découvertes. Le Machu Picchu est de celles-ci. C’est deux jours avant que j’ai réalisé. Excité(e). Des frissons partout dans le corps. Un petit cœur qui s’impatiente. Le jour J, éveillé(é) avant la sonnerie du réveil. Les yeux écarquillés, sans jamais pouvoir me rendormir. Des jambes au top. Grimpant dans le noir le chemin qui serpente jusqu’au lieu sacré. En ne portant guère d’intérêt aux grognements incessants de mon/ma compagnon de voyage. Lui apportant pour unique réponse : « Moi je suis trop content(e) d’être là». C’est un peu la phrase qui a trotté dans ma tête toute la journée : quel privilège d’être ici. Tellement conscient(e) de notre chance que j’ai cru sentir une larme perler sur ma joue quand il s’est pointé : le Machu. Niché entre des hauts sommets, il semble minuscule ! Mais si beau lorsque, depuis l’Inti Punku, la porte du soleil, la boule de feu s’est levée. Si paisible, observé du sommet de la Montana. Si parfaitement conservé, vu de la maison du garde. Sachez que les rebelles ne sommeillent jamais trop longtemps. Sur ce site inscrit au Patrimoine de l’Unesco, interdiction de manger. Dur quand on cavale depuis 4h30. Et pourquoi sur tous les autres, aussi respectables que le Machu, on pouvait ? Nous, on a grignoté des biscuits salés et quelques fruits, avec notre plus belle vue depuis le commencement de cette Tourniquette. Puis parfois, on voulait aller là, plutôt qu’ici. Mais c’était aussi interdit. Alors un monsieur nous a sifflé dessus. Nous on a ri. Et quand vers 15h, un peu fatigués, il a fallu quitter cette esplanade verte et ses temples impressionnants, ses quartiers résidentiels toujours sur pieds, ses classiques terrasses agricoles, et bien, j’ai ressenti une terrible nostalgie. Comme s’il fallait rentrer à la maison, déjà. Comme si une grosse page de notre voyage se tournait. Je ne sais même pas expliquer pourquoi le Machu m’a touché(e) en plein cœur. Peut-être parce que les Espagnols ne l’ont jamais découvert. Peut-être parce que bientôt notre aventure Inca s’arrête. Peut-être parce que c’est une des Sept merveilles du monde. Peut-être parce que je l’ai arpenté avec toi, Tournicotin(e). En mode Tourniquette même sur les sentiers battus.

Et moi ? 

C’est quand même tôt 4h30 pour partir marcher. Et puis, c’est quand même beaucoup de s’envoyer 1700 marches dans la nuit noire, le tout en moins de 45 minutes, pour atteindre, à six heures moins cinq, l’entrée du Machu. Surtout pour se faire doubler une fois en haut par ces groupes de touristos tout juste descendus de leur saleté de bus. Sans oublier que c’est quand même énorme d'enchaîner avec 2140 marches et des brouettes, la montée vers celle que l’on appelle la Montana  et qui offre, apparemment, un panorama des plus sublimes sur la cité précolombienne. Non vraiment, Machu Picchu, tu exagères. Alors que l’on s’attend à déambuler dans tes allées sublimes et à se reposer tranquillement sur ta pelouse à l’anglaise en admirant le Pain de Sucre, on se retrouve à faire, dès l’aube, une randonnée de dingue en l’espace de quelques heures. Pfff. Gonflant. Crevant et exténuant surtout. Boire un coup pour aller mieux ? Même pas la peine d’y penser. Il n’y a bien sûr pas de toilettes ici. Pas plus d’explications non plus concernant les différentes ruines qui s’offrent à nous. Ça commence à faire pas mal Machu. Nous aurait-on menti ? Le site star d’Amérique du Sud serait-il l’arnaque du siècle ? Au lieu de grogner, il serait peut-être aussi opportun de prendre le temps de se retourner. Et de se rendre compte de la chance que j’ai. D’être là. Assis à 3100 mètres d’altitude, avec une vue époustouflante sur la vallée. De profiter d’un pique-nique avec Tournicotin(e) à quelques mètres de toi, Machu. Car il faut bien l’avouer, tu es à la fois beau et grandiose. Tu impressionnes au premier regard et c’est avec grands regrets que l’on te quitte. Dans tes ruelles, tu nous ensorcelles. Sur ton gazon, on s’y plaît à fond. Et face à toi, personne ne fait pas le poids. Alors désolé d’avoir râlé comme un(e) vulgaire enfant gâté(e). Je ne recommencerai plus. Et dans les années à venir, je m’efforcerai de faire une excellente publicité de ton cadre enchanteur. En ne cessant de vanter l’ensemble de tes bâtiments. De ta table en forme de condor servant aux sacrifices à ton calendrier solaire intact. De tes pans de murs renversants à ta maison de l’Inca. De tes terrasses agricoles à ta splendide maison du gardien. On ne sait jamais mais si, par chance, l’occasion de fouler à nouveau ton sol se présente, promis, je le jure : le lever du lit s’effectuera cette-fois à 3h45 pour être le premier en haut et le départ du site ne s’opérera qu’à la clôture, à 17 heures. Machu, tu sais quoi ? Tu me manques.  


Commentaires: 8
  • #8

    Lucie (mardi, 07 juillet 2015 18:12)

    C'est bien vrai tout ce que vous racontez là, on l'a vécu de la même manière et je râle encore contre ces touristes qui descendent du bus et qui arrive avant les marcheurs!!! lol

  • #7

    Manu H. (vendredi, 03 juillet 2015)

    Classe :-)

  • #6

    La Tourniquette (vendredi, 03 juillet 2015 15:14)

    Encore 6 mois de voyage La Danoche, cool merci :) :)

  • #5

    la danoche (vendredi, 03 juillet 2015 11:49)

    Bravo à vous deux !!
    Peu sont ceux qui connaissent "la cité perdue", nombreux, celle "des pas perdus" !
    Vos empreintes ne seront incrustées qu'un temps en ce lieu piétiné par les Incas, mais de manière indélébile dans vos coeurs !!
    De plus, en ce 30 juin 2015, journée particulière, puisqu' une durée de 24 h + 1 seconde ! Transportés dans le temps une seconde supplémentaire . Quelle chance !

    L'année scolaire se termine, aussi je vous adresse le bulletin :

    A) Fin du 1er semestre validé en BEAUTE et avec succès .
    B) Présentation, explications, illustrations..... 20/20, un sans faute, en souhaitant meilleur accueil pour vos publications à venir !
    C) Passage HAUT LA MAIN dans le second semestre, avec les FELICITATIONS du jury .

    Bizzz



  • #4

    dc (vendredi, 03 juillet 2015 11:28)

    Pardon mais TROP est invariable mmm......pas grave !!
    beau parcours .... continuez !
    bisous

  • #3

    M&JP (vendredi, 03 juillet 2015 09:20)

    Une tourniquette émouvante au Machu…..On s'y croirait en lisant vos récits…….et encore une fois j'en ai encore les frissons…..il faut vraiment y aller pour se rendre compte de cette merveille….. Merci pour toutes ces très belles photos…..De gros bisous

  • #2

    mmm (vendredi, 03 juillet 2015 07:33)

    Trops émouvants, trops attendrissants vos récits!
    Vous êtes agaçants car vous me faites pleurer !

    Je crois que l'on peut dire : LA belle "rebelle" et LE beau "grognon " de garçon !

    Attention pour vos prochaines aventures.
    Ici, c'est la canicule alors que tout là-haut vous devez compter "vos pelures d'oignons " !!

    Bon vent, à très vite et bizz ☆♥♡★

  • #1

    n. (vendredi, 03 juillet 2015 06:46)

    Le Machu a réussi à rendre nostalgique le/la raleur(euse) !
    Vous connaissez le fameux proverbe commellois : "voir le Machu et rentrer à la maison ! "

Chinchero : 100 % andin !

28 JUIN

A force de se balader dans la Vallée sacrée, on commence à bien les connaître. Toujours parfaitement ajustées avec des blocs magnifiquement taillés et recouvertes d’herbe plus ou moins verte. Elles, ce sont les fameuses… terrasses incas. A Chinchero, bled perché à 3760 mètres d’altitude et situé à une trentaine de kilomètres de Cusco, on en a bouffées par dizaines. Toutes plus belles les unes que les autres et restaurées à la perfection. Pas de quoi faire la fine bouche donc, avant d’aller se frotter, dans les jours qui viennent, au grand Machu Picchu. Surtout que Chinchero n’a pas que l’atout terrasse dans son jeu pour séduire le touriste. Sur la place principale, une splendide église coloniale datant du XVIe siècle nous ouvre ses portes. Richement décorée, au retable baroque chargé et au plafond de bois recouvert de superbes peintures. En plus de cela, on a eu de la chance. En ce dimanche, c’est la fête au village à Chinchero. Les habits traditionnels sont de sortie, les spécialistes du tissage s’en donnent à cœur joie tandis que le très coloré et pittoresque marché d’artisanat donne de la voix. Soudain, au milieu des vestiges traditionnels, surgit, au fin fond d’une ruelle, la mariée. Accompagnée à l’autel par papa et maman. Plutôt tirée qu’accompagnée d’ailleurs. Sourire crispé, robe démodée et ambiance feutrée, l’heure n’est pas à la joie. On serait bien allé redonner le moral aux troupes ou bien faire une petite sieste sur une terrasse en attendant la fin de la cérémonie mais le devoir nous appelle. Machu Picchu, on arrive ! Le 30 juin aux alentours de 5h30 du matin. Tiens-toi prêt. 

Commentaires: 4
  • #4

    M&JP (mercredi, 01 juillet 2015 09:08)

    pardon il y a une faute : ils ont intrigué…….sans s …….j'ai dégainé trop vite….

  • #3

    M&JP (mercredi, 01 juillet 2015 09:07)

    Ah ces Incas……ils ont intrigués et intriguent encore bcp d'historiens, archéologues et évidemment de nombreux curieux et passionnés de cette culture….. Bonne découverte du Machu Picchu…… j'en ai encore les frissons……..Bizzzzzzzzz

  • #2

    n. (lundi, 29 juin 2015 18:51)

    Pas toujours facile d'être femme, preuve en est encore ici chez les descendants des incas !

  • #1

    mmm (lundi, 29 juin 2015 14:46)

    Ces terrasses, ces vestiges, ces lamas, vont garder longtemps le souvenir cocasse de ce "V" de la victoire ! !
    Faut encore grimper pour revêtir le maillot jaune!

    Profitez-bien de ce moment de détente avant d'enclencher un nouveau braquet ( ou plateau ) à cette altitude !

Vallée sacrée, sacrée journée !

27 JUIN

Pisac, samedi, 7h30. Dring Dring. La Tourniquette se lève. Comme un seul homme (ou une seule femme, elle est débile cette expression). 8h15. Petit déjeuner efficace, cafés et gâteaux (trop) secs avalés à la va-vite. 8h45. Montons dans notre premier bus du jour direction Urubamba. Pas de direct, changement obligatoire à Calca. Pas grave, il fait beau, on a des places assises, zen attitude. 10h15. Le terminal se pointe. Enfin ! 10h20. Grimpons dans notre troisième bus direction un embranchement situé à quatre kilomètres du village de Maras pour ensuite prendre un mini-bus qui nous conduira au premier site archéologique prévu à notre programme : Moray. 11 heures. Arrivée. Hihihihi, Youpiiiiii, Ahahaha. Le chauffeur nous octroie 50 minutes de temps libre avant de filer sur notre prochaine étape. Juste le temps nécessaire pour admirer un ingénieux système de terrasses, creusé dans trois petits cirques naturels en forme d’amphithéâtre. 11h30. Repos sur l’herbe, petite photo souvenir. 11h45. Analyse et débat (à deux) sur l’utilité d’un tel site. Ok, Ok Tournicotine, on est bien face à un centre de recherches agronomiques avec toute une série de microclimats présents au sein des anneaux concentriques. 11h47. Trop forts ces Incas.

12h40. Disons adieu à l'ouvrage agricole pour aller saluer un phénomène géologique des plus étonnants, avec les fameuses salines. 12h45-13h15. Vue sur 4000 bassins de sel cristallisé à la blancheur étincelante datant, pour les plus anciens, d’avant même l’époque inca. Le tout en pleine cordillère des Andes. Unique, splendide. 13h50. Attendons notre cinquième moyen de transport sur la route principale. 14 heures. A bord, serrés comme des sardines, en position debout, le cou complètement tordu. 14h30. Pas de bobo à la nuque, on peut passer à table à Ollantaytambo, destination finale pour aujourd’hui.

14h55-15h55. Balade dans la seule agglomération du Pérou ayant conservé son plan inca intact. Bilan : ruelles pavées admirables, chouettes demeures coloniales et rigole originelle d’évacuation des eaux en parfait état de marche. En même temps, recherche d’une chambre d’hôtel pour la nuit. Plein, complet, pas pour ce soir, on se prend des vents à tout bout de champ. Avant de trouver la perle rare, pas chère, en plein  milieu de la place centrale. Ouf.

16 heures. Montons aux ruines de la forteresse qui protégeait à l’époque le Machu Picchu sur sa face Nord. Découvrons l’entrée grandiose avec un escalier raide menant vers des splendides terrasses. Admettons que la puissance se dégageant de la zone est telle que ça n’encourage vraiment pas à passer à l’assaut. 16h30. Déambulons dans le quartier militaire. 16h35. Trouvons une porte sur notre gauche, entrouverte, en plein milieu de la muraille extérieure. Cool. 16h36. Tournicotine et le Routard l’assurent, les entrepôts sont plus hauts, au sommet. 16h55. Tournicotine et le Routard se sont plantés, un demi-tour s’impose pour redescendre dans la vallée, à flanc de montagne. Un demi-tour qui se fera sans le chapeau de paille de notre aventurière. Envolé peu avant 17 heures et perdu à jamais au milieu de la forteresse péruvienne. Snif. 17h10. Arrivons enfin aux vrais entrepôts. 17h11. Un œil à droite, un œil en contrebas, pas de couvre-chef en vue dans les parages. 17h20. Fin de la visite avec le temple de l’eau, le bain trapézoïdal dit de la princesse et des lamas en train de brouter le peu d’herbe qu’ils trouvent dans leur rectangle vert. 19 heures. Confortablement assis au resto Sergio, le Paraguay élimine le Brésil de la Copa America sous nos yeux ébahis. 20h30. Repas en tête à tête, toujours chez Sergio. 22 heures. Tournicotine ronfle. 22h01. Tournicotin s’ennuie. 22h02. Bonne nuit. 


Commentaires: 1
  • #1

    mmm (lundi, 29 juin 2015 12:24)

    Je vois que votre montre à 3 sous donne bien l'heure ! Précis de chez précis !!
    Cette étape chronométrée fatigue ( même en étant derrière un bureau) !Quelle frénésie !

    Il est vrai que "le tour de France" est pour bientôt . Le "contre la montre"passe par le Pérou ?

    Une petite larme pour le CHAPEAU ; avalé dans cette magnifique vallée ! Après tant d'aventures aves sa maîtresse, le voilà contraint à se reposer pour l'éternité !!
    Bises à partager

Pisac : la Vallée sacrée inaugurée en beauté

26 JUIN

Qui dit sud Pérou dit bien évidemment Machu Picchu. Forcément. Mais la grande cité perdue la plus spectaculaire d’Amérique du Sud n’est pas seule dans cette zone géographique. Loin de là. De Cusco, la route grimpe puis redescend en longs virages serrés jusqu’à dessiner la fameuse Vallée sacrée des Incas. Large, verdoyante, épousant le cours du rio Urubamba et riche de plusieurs sites archéologiques d’une valeur inestimable. Comme les ruines de Pisac et ses constructions militaires, religieuses et agricoles perchées à 3300 mètres d’altitude. Après 45 minutes de grimpette, se dressent face à nous des tours de guet quasi intactes s’élevant sur un rocher escarpé. Waouh. A quelques pas de là, un escalier des plus étroits traverse des dizaines de terrasses au parallélisme parfait. On l’emprunte et on s’offre, du même coup, un panorama de dingue sur les deux vallées. Trop beau. A notre droite, les entrepôts de Pisaqa se devinent aisément. Fondations presque comme neuves, espaces parfaitement délimités, l’imaginaire prend son pied. Et la magie n’arrête pas d’opérer. Comme quand se présente, en haut de la colline, la zone dite de l’Intiwatana, littéralement, « l’endroit où l’on attache le Soleil ». Ici, c’est vraiment l’architecture inca dans toute sa splendeur. L’appareillage des pierres est admirable et les formes trapézoïdales du temple de la Lune, divinement sculptées dans la roche. Dans ce lieu processionnel où l’on vénérait l’étoile de type naine jaune, un calendrier solaire rendu illisible par les colons fait face à un autel de sacrifice pour les animaux. Magnifique.

Après une pause tomate-avocat-fromage-pain-banane, il est déjà temps de repartir à flanc de falaise pour franchir le tunnel du Puma. Nom donné au passage d’une dizaine de mètres excavé dans le rocher permettant de rejoindre les quartiers résidentiels de l’ancienne Pisac. On s’y engouffre ? Avec plaisir mais avant, un papy péruvien veut prendre la pose avec nous. OK, jouons le jeu tout sourire, cheeesssseeeee. On peut continuer maintenant ? C’est que les zones de Kallaqasa et Kantus Rakay nous attendent, elles qui surplombent un patchwork de terrasses faisant corps avec la montagne. Et comme d’habitude, on en prend plein la vue. Les Incas sont des génies, c’est une certitude. Même les ruines des maisons abandonnées ici depuis 500 ans ont de la gueule. Bien plus en tout cas que celles construites au XXIe siècle par leurs descendants habitant le village situé huit kilomètres en contrebas… Dernière surprise du jour ? Des centaines de cavités qui nous regardent du coin de l’œil sur le versant voisin. A près de 4000 mètres d’altitude. Plein de petits trous dans la roche, un vrai gruyère où les Incas enterraient leurs morts. Impressionnant. Non vraiment, Pisac a mis la barre très haute d’entrée de jeu. Le Machu aurait-il du souci à se faire ? 

Commentaires: 1
  • #1

    mmm (samedi, 27 juin 2015 11:10)

    Sacrés architectes ces Incas pour ériger de tels murets, maisons, terrasses .....!
    Voilà des constructions qui se dresseront encore et encore !!
    Dans cette belle vallée sacrée, que votre curiosité ne vous emmène pas à fouiner dans les trous de "grugru "!!
    Muchos besos

Cusco, on t'aime trop !

17-XX JUIN

Dur, dur de te quitter ! Pourtant, il y fait froid à 3400 mètres d’altitude… et c’est peu dire que l’on apprécie, chaque nuit, les huit couvertures fournies par l’hostal San Cristobal nous évitant de nous transformer en glaçon. Oui, Cusco, on t’aime tellement que depuis une semaine complète, on grimpe et descend (avec le sourire) les 88 marches séparant notre lieu de résidence perché sur tes hauteurs à ta sublime plaza de Armas. Comme quoi, le coup de foudre, ça existe. Le problème, c’est que bien d’autres sont tombés et continueront à tomber amoureux de toi. Ok, Cusco, on veut bien partager (grrrr). Notamment tes superbes balcons de bois sculpté et tes toits de tuiles rousses semblant dévaler en cascades aux quatre coins du centre historique. Mais aussi tes ruelles étroites du quartier San Blas et San Cristobal avec leurs maisonnettes colorées et une atmosphère des plus sereines. Sans oublier ta place centrale, l’une des rares au monde à pouvoir s’enorgueillir de posséder deux églises plus majestueuses l’une que l’autre. Un lieu sacré où furent d’ailleurs exécutés les colons Diego Almagro et Gonzalo Pizarro en 1538 et 1548. Un lieu mythique pour tout le peuple d’origine indienne puisque c’est là que fut exposée la tête de Tupac Amaru en 1572 et que fut écartelé l’Inca Tupac Amaru II en 1780. Bon appétit à tous.

Mais si encore tu n’avais que ça pour charmer tes innombrables visiteurs… Ton architecture harmonieuse globale conjuguée à un passé historique immensément riche t’ont vite propulsée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Logique pour celle que l’on surnomme la « Rome des Incas » et qui, à l’origine, doit son nom au rôle de capitale qu’elle occupait au sein de l’Empire puisque Qusqu, en langue quechua, ne signifie rien de moins que nombril. Cusco, si tu séduis au premier regard, c’est que tu as parfaitement conservé ta splendeur d’antan. Dans tes rues Loreto et Hatun Rumiyoc, on s’émerveille. Devant les hauts pans de murs aux pierres colossales parfaitement agencées. Toujours debout, cinq siècles après leurs poses et sans l’aide de mortier s’il vous plaît ! Partout dans la ville, la plupart des constructions espagnoles s’appuient, s’adossent ou intègrent les matériaux des édifices précolombiens. Un mariage superbe. Bon, pour être franc chère Cusco, si on réside toujours en ton sein, c’est aussi parce qu’on ne voulait surtout pas la louper. La fameuse Inti Raymi programmée le 24 juin. Célèbre fête du Soleil se déroulant le jour du solstice d’hiver en hommage aux Incas, adorateurs de la grosse boule jaune. Considérée comme la deuxième plus grande manifestation d’Amérique du Sud après le festival de Rio. Rien que ça. Autant dire, un immanquable. Dès notre arrivée, on a baigné dans sa préparation avec des défilés en tout genre. Et on a vite succombé. Aux musiques populaires et rythmées. A la diversité des costumes présentés. Aux nombreuses danses exécutées par les différentes corporations. A la beauté des chars. A cette cité andine vivant aux temps de ses illustres empereurs passés. Grandiose. Et puis, le 24 est arrivé. Pendant six heures, on est restés debout. A contempler le spectacle proposé par les 750 figurants. A tenter de croiser le regard de l’Inca au milieu des 200 000 personnes massées pour l’occasion du centre-ville au site de Sacsayhuaman. Malgré des longueurs interminables, des bousculades répétées, une pollution de tous les instants, une sono médiocre et un discours prononcé dans une langue inconnue pour nous, on a apprécié ce moment privilégié. Moins le sacrifice du lama en toute fin de cérémonie marqué par l’exposition, aux yeux de tous, du cœur et des poumons de l'animal. Bon appétit à tous bis. Diuspagarasunki (merci beaucoup en langue quechua) Cusco.

Au pays des Incas

Presque assis sur les genoux de Tournicotin, ce Cusquénien tente de s’agripper. Tournicotin, lui, il fronce les sourcils et peste un peu (parait qu’il râle depuis qu’il est gamin et que c’est comme ça). Ces bus bondés commençaient à nous manquer (même Tournicotin, il dit parfois qu’il aime bien). Pas un touristos planqué sur une banquette. Rien que des locaux, sacs à patates sur le dos, crachats prêts à dégainer. Et nous. Les rebelles des tours organisés. Alors certes, pendant 30 minutes, il faut supporter un Tournicotin grognon, mais pour une journée en mode Tourniquette, on signe. Surtout pour vagabonder entre quatre sites archéologiques incas, à onze kilomètres de Cusco. Le car pour y aller, nos gambettes pour rentrer. Les Incas, on les attend depuis le début de notre voyage. C’est qu’on les a croisés, sans jamais les voir. On sait qu’ils ont privé d'eau les Chimus pendant plusieurs jours pour assiéger le site de Chan Chan (Trujillo). Que les Wari (une civilisation pré-Inca) sont à l’origine du Qhapac nan, les voies de communication traversant l’empire Inca. Et dans certains musées, on avait contemplé pas mal de leurs vases boisés. Mais à Cusco, pour la première fois, on les suit à la trace. A Tambomachay, d’abord, le bain de l’Inca. Une fontaine sacrée destinée à des rituels religieux. On cherche encore sa source… A quelques pas, Pukapukara, la forteresse rouge servant à protéger Cusco. Bien détruite mais bien jolie. On déambule entre les murs. On distingue toujours les terrasses. Déjà deux sites qui en disent long sur les qualités de constructeurs de nos Incas. Des pierres taillées à la perfection, qui s’imbriquent comme des puzzles. Mais Q’enqo allait encore plus nous intriguer. D’extérieur, un monolithe dédié au culte du Puma (le dieu de la guerre), bordé d’un demi-cercle de sièges dessinés dans la roche. On le contourne, un passage se pointe. Creusé dans l’énorme bloc, il mène à une grotte abritant une salle de sacrifice. Le trône siège toujours. La pierre sur laquelle a coulé le sang d’hommes et de bêtes aussi. Et au-dessus de ce labyrinthe (q’enqo en quechua), des escaliers ou des serpents sculptés. Les artisans venaient s’entraîner ici. Et s’ils se loupaient, zigouillés sur la pierre (non, on invente là). Mais le meilleur est pour la fin de cette ballade archéologique : Sacsayhuman. Longtemps décrit comme une forteresse, en raison de sa triple enceinte disposée en zigzag et constituée de blocs de pierres pesant plusieurs dizaines de tonnes, le site est un sanctuaire. La preuve ? A l’époque, l’Inca Pachakutec (le big boss qui a agrandi considérablement le Tawantisuyu et engagé de sérieuses réformes sociales et politiques entre 1438 et 1471) était sûr de la puissance de son peuple, inutile donc de se protéger. Une autre ? Un centre cérémoniel surplombe les lieux. Encore ? On vous l’a dit, l’Inti Raymi rend son dernier hommage au soleil ici. Pas convaincus ? Les dieux Incas ont rendu le sourire à Tournicotin.

Le jour le plus long

Il y a des journées où l’on se paie le luxe de voyager dans le passé. Encore mieux : traverser 1000 ans d’histoire en trois sites, non loin de Cusco. Notre machine à remonter le temps, encore un bon vieux bus péruvien. C’est vous dire si l’on a du mal à s’imaginer sur les chemins des Incas. Mais quand le compteur semble annoncer le XVe siècle, le chauffeur nous lâche. Quatre kilomètres à grimper et les premières pierres de Tipon sont là. Douze niveaux utilisés comme cuves pour recevoir l’eau de pluie, sans doute à des fins de recherches agronomiques. Planté au cœur d’une vallée, le complexe est grandiose. Des vestiges d’escaliers s’élèvent de terrasses en terrasses. Et, sur les hauteurs, des restes de maisonnettes en pierre. Talentueux constructeurs, mais aussi agriculteurs, les Incas. Postés sur le bord de la route, notre machine à remonter le temps nous ramasse. Dix siècles en arrière qui paraissent 20 minutes. Nous voilà face à un mur si long, si haut. Une cité wari, résidentielle, administrative, politique et cérémonielle. Plus de 700 édifices se levaient au cœur de cette muraille géante, toujours sur pieds. En déambulant, on imagine. Un garde là, à son poste de surveillance. Un marché ici, ses fruits frais et céréales séchées. Des idoles miniatures en turquoise ont été excavées par milliers. Et si par chance on en trouvait ? Les ruines courent à perte de vue. On est seuls dans cette immensité. Et on adore. Mais déjà, notre montre du temps nous presse. Filons au XVIe, dans le village d’Andahuaylillas, admirer celle qu’on appelle « La Sixtine des Andes ». On vous dit ce qu’on a lu hein, parce que sa cousine européenne, on ne la connaît pas. Mais d’extérieur, sur sa petite place aux volets bleus, cette église jésuite dotée d’un balconnet et d’une devanture en bois intrigue. Son intérieur est chargé, riche en peintures et fresques murales, des cornes d’abondance, des anges. C’est beau. Au plafond, une mosaïque boisée faite de losanges, d’étoiles, du bleu, du mauve, de l’or. C’est encore plus beau.  Entre, des peintures narrant la vie de Saint-Pierre et Saint-Paul cadrées d’une monture dorée imposante. Puis, cerclant la porte principale, l’enfer et le paradis qui s’affrontent. « Toi, tu penses que t’iras de quel côté ? » Qu’importe, cette Tourniquette c’est déjà le paradis.

Commentaires: 3
  • #3

    M&JP (vendredi, 26 juin 2015)

    Vous êtes dans le nombril…….De bons bâtisseurs, sans béton, on se demande comment ils ont fait pour déplacer de tels morceaux de pierre (je n'ai toujours pas de réponses) en avez vous eues? ……de très beaux sites. Mais cette société était fondée sur un système de castes……….Et parfois ils sacrifiaient aussi des êtres humains!!!! on a donc pas beaucoup évolué……. Besos los chicos…...

  • #2

    mmm (vendredi, 26 juin 2015 08:27)

    Mais ils sont bien barbares avec leur rituel de leurs ancêtres ! Pour célébrer la fête, souvent on doit sacrifier des bêtes. Dommage !
    Ah coup de foudre quand tu nous tiens ! Apparemment 3 "coups de foudre" dans une vie ..... plus qu'un au compteur ??
    La fête de la ST JEAN est aussi réputée dans mon village ; je devais sauter le feu ! Pourtant je ne date pas du XVème ....quoique !
    Et Syl qui râle, râle ; apprécie le survol de ces cultures pour ton enrichissement personnel et profite un max de cette chance !!
    Ici la canicule arrive, alors, recevez des bisous bien chauds pour réchauffer vos corps ; vos coeurs eux, le sont déjà !

  • #1

    n. (jeudi, 25 juin 2015 23:14)

    Et bien ! Que d informations ! ... Moi je préfère les photos ! Lol ;)