Quelques phrases griffonnées régulièrement

On a trop noirci la page, rendez-vous sur Ici, on agit (encore)

Quito, on ne reviendra pas de sitôt

30 MARS - 1er AVRIL

On en rêvait depuis tellement longtemps. Poser les pieds à Quito. L’une des plus fameuses et renommées  capitales d’Amérique du Sud. La première cité au monde à avoir été inscrite au patrimoine culturel de l’humanité par l’Unesco en 1978 pour sa sublime architecture coloniale. On s’imaginait y laisser nos bagages quelques semaines. Et pourquoi pas y prendre un petit appartement en colocation afin de prendre le temps d’en découvrir toutes ses splendeurs. D’escalader le volcan Pichincha, de flâner dans son centre historique. De la rue coloniale La Ronda jusqu’au théâtre Bolivar en passant par le couvent Saint-Augustin. De faire partie d’une association pour tenter d’apporter un petit plus à ses habitants les plus démunis. Bref, c’est avec des aspirations plein la tête que l’on débarque dans cette fourmilière de deux millions d’âmes le 30 mars dernier. Il est 16 heures. Tout va bien. Magnifiquement bien. Soixante minutes plus tard, on arrive à quelques encablures de notre lieu de résidence. Tout va bien. Mais deux loubards décident subitement de gâcher la fête. En transformant nos rêves en chimères. Sans nous laisser le choix, ils deviennent les heureux propriétaires de deux iphone, certainement très prisés au marché noir dans ce pays. Heureusement, plus de peur que de mal. La Tourniquette est toujours bien debout sur ses quatre jambes. Indestructible ? Pas tant que ça. En plus angoissée et davantage méfiante, elle s’est métamorphosée. Quitter Quito dans la foulée ? On y pense. Puis, on se dit que notre belle épopée n’a pas vocation à être guidée par deux bandits. On voulait voir Quito, on verra Quito. Coûte que coûte. Avec notre nouveau gadget : une superbe montre à cinq dollars, faute de téléphones. 

Même si sa visite doit s’effectuer en jetant un œil suspect à chaque croisement de rue. Même si l’appareil photo doit demeurer à l’auberge par mesure de précaution. Une fois n’est pas coutume, on revêt donc l’habit du parfait touriste de passage quelques jours dans cette ville fondée le 6 décembre 1534. Au programme, pas de fioritures. Uniquement les monuments et lieux symboliques. A commencer par la basilique du Vœu National. Chef d’œuvre néogothique inauguré par sa majesté Jean-Paul II à la fin du XXe siècle. On se promène au-dessus de la nef, se balade dans des tours hautes de 80 mètres et profite d’une vue imprenable sur la cité. La crispation perd du terrain. Elle recule d’autant plus après la visite du palais présidentiel. Pendant que Rafael Correa œuvre dans son bureau à 100 mètres de nous, on déambule de la majestueuse salle des banquets au salon où se réunit le conseil des ministres. Non sans avoir été contraints de saluer auparavant la bannière équatorienne, protocole oblige. On admire les multiples décorations laissées-là par le dirigeant aux 965 000 «  like » sur Facebook tout en apprenant davantage sur les hommes de l’exécutif. Enrichissant.

Suffisant pour commencer à nous réconcilier avec Quito. Commencer seulement. Car le traumatisme de la veille ne s’efface pas d’un coup de baguette magique. Les regards croisés le soir dans notre quartier branché de la Mariscal ne semblent plus anodins. On se presse pour filer sous les draps. Et peu importe si on ne profite pas de la place Foch, sorte de Times Square version latino. Ici, ça grouille de monde, de lumières, de bars, d’enceintes. On pourrait s’y sentir en sécurité. Mais non. Seul le lit est rassurant. Beaucoup plus en tout cas que le deuxième téléphérique le plus haut du monde qui vous emmène à plus de 4000 mètres d’altitude sur les flancs de la structure géologique sacrée. Une lenteur extrême, des arrêts répétés et mouvements latéraux à vous donner le vertige, une traversée sous un orage et des éclairs terrifiants… Le sort s’acharnerait-il sur nous ? Vite, arrêtons de le défier. Adieu Quito. A jamais.

Mitad del Mundo

On aurait pu le croiser au Gabon, en Indonésie, ou entre les îles Christmas et Malden en Océanie. Sauf qu’il y presque 300 ans,  c’est à 35 kilomètres au nord de Quito que Charles Marie et sa clique ont débarqué. En 1736, la flotte de géographes français et espagnols, rejointe sur place par des Equatoriens, a mis dix mois à atteindre ce qu’ils estimaient être le centre de la Terre et qu’ils baptiseront plus tard l’Equateur. En 2015, depuis la capitale, il faut une heure et demie de bus. Alors on n’a pas pu résister à découvrir Mitad del Mundo. Un monument avec un globe en son sommet, quelques musées (dont certains n’ont rien à voir avec le fameux parallèle), des dizaines de restos… Voilà ce qu’est devenu le coin le plus emblématique traversé par la ligne qui divise le monde en deux hémisphères. Bon, on l’avoue, on a fait comme tous les touristes. On s’est amusé à marcher l’un au Nord, l’autre au Sud, en se donnant la main pour faire bien gnangnan. Et on a parcouru les quatre points cardinaux en un temps record. Même si tout cela n’est qu’un gros business car la frontière équinoxiale mesure cinq kilomètres de large (et 40 075 km de long). Il est donc impossible de mettre un pied au Nord et l’autre au Sud au même moment. Tout comme courir du nord-est au sud-est en passant par le nord-ouest est infaisable en cinquante secondes. Il n’empêche que lorsque l’on suit cette ligne jaune des yeux dessinée sur le sol, on ne peut penser qu’à Louis Godin et Charles Marie de la Condamine, les deux français leaders de cette expédition qui a révolutionné la face du monde. Après des dizaines de X et Y, de racines carrées multipliées par l’hypoténuse de la lune, ils ont confirmé la thèse de Newton. Et mis fin à des années de polémique : la Terre est ronde. Un siècle plus tard, de nouveaux scientifiques ont démontré que les intellos du globe s’étaient trompés de quelques degrés quant à la mesure de l’Equateur (oh les nazes !). Qu’importe, en leur honneur, faute d’une cuvée bourguignonne, on se contente d’une sucette au raisin. Bah quoi, parait qu’au niveau de l’Equateur, on pèse moins lourd. On peut se le permettre. 

Commentaires: 1
  • #1

    mmm (mercredi, 08 avril 2015 08:52)

    Quelle chance d'être géographiquement " au centre du Monde " !!
    Même en France les voleurs sont partout . Continuez votre route sans crainte ! Pas de mal, donc c le principal!!

Quilotoa - Chugchilan - Sigchos : latino trek

26 - 29 MARS

La route s'arrête. Au bout de nulle part. Quelques maisonnettes se pointent. Certaines crachent de la fumée. A 3800 m d'altitude, il fait froid à Quilotoa : sept degrés la journée, moins de deux la nuit. Le volcan sur lequel se dresse le village ne gronde plus. Il dort depuis 10 000 ans. Mais depuis des années, les habitants se réveillent au rythme du tourisme. Car le cratère est plein d'une eau profonde de 250 mètres. En milieu d'après-midi, la cuvette se pare d'une brume épaisse, venue de la vallée. Peu importe, on vient d'arriver ici, on veut plonger dans le cratère : c'est l'un des plus beaux paysages de notre vie. Un chemin de sable descend à fleur de lagune. On y court. Le brouillard se dissipe. C'est juste splendide. Les rayons du soleil teintent l'eau en turquoise, la végétation est verdoyante. Quelques cultures squattent même le flanc du volcan éteint. Au bord de l'eau, la sensation étrange d'être au centre d'un cratère nous envahit. Puis il faut remonter, car l'altitude pourrait rendre l'ascension plus difficile qu'elle n'y paraît. Notre cœur s'emballe un peu plus vite, mais on est déjà bien habitués à tournicoter depuis plus de deux mois entre le niveau de la mer et 5000 mètres d'altitude. Par contre, c'est la vie d'un petit village paumé entre deux montagnes qui nous est moins familière. Ici, pas d'accès à internet (le score de France-Brésil attendra), pas de soirée qui traine (il faut dîner à 19h30 max avant que les fourneaux ne s'éteignent). A 20h30, pas une lumière ni un bruit dans le village, on se glisse dans nos duvets recouverts d'un édredon. Il caille ! On papote. De vous. De ce voyage. Rrrrrrr pshhhh. On dort. Presque un tour d'horloge plus tard, nous revoilà à contempler la lagune. On ne s'en lasse pas. Alors on file sur le sentier qui borde la cavité. Onze bornes pour bouffer des yeux encore et encore cette étendue d'eau longue de trois kilomètres. On en garde un peu quand même pour notre œil droit qui jouit d'une vue panoramique sur les Andes. On devine au loin Chugchilan, la prochaine étape de ce trek de trois jours. Et au milieu des nuages doit se trouver le Cotopaxi, le plus haut volcan actif du monde. Bref une rando comme on les aime : du dénivelé, des jolies fleurs jaunes, roses, bleues, violettes... Un sol qui passe de la roche au sable en passant par un lit d'herbe moelleux. On a adoré, on l'a avalée. Un peu trop vite sans doute car l'après-midi, après un « petit bac », trois chocolats chauds, une rencontre avec un papi suisse, des minutes passées à profiter du paysage, bah...on s'est un peu ennuyés. Heureusement, ici, on mange à 19h30.

En route vers Chugchilan

Un réveil original à 7h30 du matin par le fils de la propriétaire pour nous demander à quelle heure on quittait les lieux... Il n'en fallait pas plus pour motiver la Tourniquette à vite déguerpir de Quilotoa en ce samedi 28 mars. Direction donc le village de Chugchilan situé à 12 km de marche et perché à 3200 mètres d'altitude. Cinq heures d'effort d'après les guides. Moins de quatre seront nécessaires dans la réalité pour un tandem décidément en pleine forme. Si la marche en tant que telle n'a rien d'exceptionnelle en termes de panorama - mis à part un joli passage dans une forêt d'eucalyptus ou une descente vertigineuse de 20 minutes en plein canyon - elle a au moins le mérite de nous introduire en pleine vie villageoise. L'occasion d'apercevoir au loin cette fillette en train d'œuvrer au champ avec ses parents. De croiser la route de deux bambins à la recherche d'un simple stylo pour se divertir. De donner un large sourire à cette bouille trop mignonne haute comme trois pommes après lui avoir offert deux simples gaufrettes au chocolat. Et quelle plus belle récompense que de recevoir de sa part un simple « gracias » avec plein d'étoiles dans les yeux. Ça remet les idées en place. Et surtout, ça donne un autre goût à nos dégustations futures. Notamment à cette soupe de légumes savourée en arrivant à destination. Dans cet écrin de verdure perdu au milieu de nulle part, on a en plus eu la chance de trouver un lieu d'accueil des plus agréables. Une famille qui fait la cuisine (avec le sourire) rien que pour nous, une pause goûter passée à côté du poêle et un hamac des plus confortables sur le pas de notre porte. On n’en demandait pas tant.

Sigchos, mission accomplie

Pas de grasse matinée en ce dimanche. Mais bien un réveil à 5h40. Objectif du jour, rallier à pied (évidemment) le village de Sigchos situé à une quinzaine de kilomètres plus au nord de Chugchilan. Le tout avant 11h30 du matin, heure du dernier bus capable de nous ramener vers la civilisation. Autant dire que ce n’est pas le moment de traîner. Bon, on prend quand même le temps de savourer notre petit déjeuner le plus copieux depuis notre départ de France avant de s’enfoncer dans le brouillard et le crachin matinal. Au menu, des fruits, un œuf au plat, des céréales, du yaourt, un sandwich au fromage… on est calé. C’est donc le moment de passer aux choses sérieuses. Première étape : ne pas se tromper de direction. Après quelques atermoiements sur le sentier à prendre pour rejoindre le Rio Toachi, on réussit la mission avec aisance. Merci qui ? A la petite carte confectionnée la veille par le propriétaire de l’auberge et aux paysans ayant pris le temps de nous mettre sur le droit chemin. Deuxième priorité, admirer ce que nous offre cette randonnée et ce, malgré la pluie incessante s’abattant sur nous. Trempés jusqu’au slip, les chaussures gorgées d’eau, la tâche ne s’annonce pas évidente. Et pourtant. Plongés en plein cœur du canyon, au milieu d’un fossé étroit ou à proximité du fleuve, sur un pont suspendu ou au-dessus des ravins, scrutés par nos amies les vaches ou les poules, on en prend plein les mirettes. Comme d’habitude, l’Amérique Latine est magnifique. Troisième et dernier exercice, arriver dans les temps et grimper dans un bus nous conduisant à Latacunga. Rien que de repenser à cette montée finale interminable vers Sigchos, ça fait mal aux jambes. Des lacets à n’en plus finir, des pieds congelés, aucune indication sur la route. Mais on l’a fait. Avec une demi-heure d’avance sur l’horaire visé. Le plus dur est derrière nous. Car même l’odeur du vomi flottant dans le car archi-blindé ne nous fera pas reculer. 

Commentaires: 2
  • #2

    mmm (mercredi, 08 avril 2015 08:56)

    Ne "papoter" surtout pas de moi .....rien à dire !!
    En effet beau tableau avec tout plein de détails .... on s'y croirait !

  • #1

    n. (lundi, 30 mars 2015 19:42)

    Sans voix ... la seule lecture m'en a coupé le souffle ! époustouflant !
    PS : merci de papoter de nous ! <3 <3 <3

Le marché de Saquisili, c'est la foire !


26 MARS

Il tire sur la corde. Pousse des cris stridents. Sa propriétaire est plus forte. Ce porcelet n’a d’autre choix que d’avancer. Derrière lui, une vache file au petit trot. Au paysan qui la tient attachée de courir à ses trousses afin qu’elle ne s’échappe pas à travers les champs. Quant à ces poules, elles ne peuvent fuir. Cette dame chapotée les agrippe si fort, la tête à l’envers. Drôle de rencontres dans les rues de Saquisili, un village à 80 kilomètres au sud de Quito. C’est que chaque jeudi, c’est jour de marché. Places publiques, terrains de sport sont squattés par les maraîchers. Ils y vendent de tout. Sur le marché aux bêtes, les porcs font de l’œil aux vaches,  non loin des moutons, brebis et agneaux. Les pieds dans la boue, sur fond de cochon que l’on égorge, ça alpague le badaud, négocie son cheptel. Les acheteurs repartent avec leur animal, en laisse. Direction les villages alentours, perchés dans les montagnes, pour le faire engraisser et nourrir la famille. Car c’est bien ce que l’on retient de cette escapade au marché de Saquisili : ces latinos ont des mains en or, ils savent tout faire. Et ils font tout eux-mêmes. Ce lieu extraordinaire, c’est comme une galerie marchande. Plus authentique, plus à l’arrache. Une poule glanée sur le marché aux bêtes ? Il suffit de se rendre sur celui qui fait office d’épicerie géante pour concocter le repas des prochains jours. Du sel sur ce stand. Un litre d’huile ici. Le marché aux légumes n’est qu’à quelques ruelles. Ils sont tous de saison : carottes, poireaux, pommes de terre. Quelques brins de coriandre et de persil. Une bonne matinée de préparation plus tard et on rêve du caldo de galina (un bouillon de poule) dans notre assiette. Nos yeux, nos papilles et nos narines sont déjà bien comblés. On goûte les galettes à la farine de maïs de cette petite mamie. Derrière son feu, elle nous a vus les contempler avec envie. Cet encas à base de fromage et d’oignons est un délicieux petit-déjeuner. Quelques découvertes plus tard, on se laisse tenter par cette boisson épaisse et chaude. La colada morada : un genre de coulis de fruits rouges dans lequel les locaux y trempent un morceau de pain. Alors à leur manière, on s’installe sur nos petits tabourets de plastique. Et on est contents. De gros blocs marron attirent notre attention. Du fromage rancis ? « Du sucre », rétorque cette vendeuse occupée à les réduire en morceaux. Côté fruits, on teste le zapote, un fruit que l’on croise depuis le Pérou. Pour un dollar, on en emporte quatre. Ils ressemblent à de petites courges et sous leur peau épaisse, quatre gros noyaux se fondent dans une chair identique à celle de la citrouille mais au goût de melon. Au hasard des rues, on se faufile. Nous voilà sur le marché aux textiles. Moins fréquenté. Puis s’en suivent des étalages de quincaillerie. Depuis le bus qui nous véhicule à Latacunga, on observe un centre-commercial flambant neuf. Et on espère que ce joli marché résistera longtemps à la modernité.


Commentaires: 1
  • #1

    n. (lundi, 30 mars 2015 19:51)

    Eh bien ! Est-ce que vos yeux ont pu tout voir !
    Magnifique description ... explicative et poétique !
    Qu'une envie : le vivre "en vrai" !
    Merci pour le temps que vous prenez à nous faire partager !

Banos, nos muscles en éruption 

18 – 24 mars

Un fleuve marron déboule au pied de sa falaise. Des montagnes l’encerclent. Une cascade l’arrose. Un volcan la menace. Et les Equatoriens ont tout compris : agences de tourisme et magasins de location de quads, VTT ou motos colonisent les rues de Baños. Pris d’assaut, à leur tour, par les touristes occidentaux. Pour respirer un peu l’Amérique latine, il faut vadrouiller en direction des thermes. Et se laisser bercer par le va-et-vient des bras hardis des habitantes frottant le linge familial dans les bacs extérieurs. Ou bien se faufiler dans les étals de l’indémodable marché central. Y humer des odeurs de patacones (variété de banane frites) ou de jus de canne à sucre. Se balader dans les ruelles alentours, curieux d’observer les locaux modeler les caramels blancs sur le pas de leur commerce. Mais pour vraiment s’échapper de Baños et de son air de station de ski à la française culminant à 1800 mètres, il faut prendre de la hauteur. La contempler depuis le mirador de la Vierge, puis depuis le village de Runtun. Et vous ne cesserez de répéter : « C’est beau hein ? ». En chemin, vous croiserez un drôle d’oiseau au bec fin et long comme une aiguille et un papillon fashion vêtu de rose et noir. De retour à Baños, les plats alléchants de ce resto suisse ou de son voisin végétarien finiront tout de même par vous tenter. 

Route des Cascades en VTT

Exténués mais heureux. Après 60 kilomètres passés sur nos VTT, un bus s’arrête à l’entrée de la ville de Puyo pour nous ramener en plein centre-ville de Baños. Ouf. Les mollets sont lourds, les fesses douloureuses mais la satisfaction du devoir accompli prend aisément le dessus sur nos légers bobos. La fameuse route des cascades, on l’a avalée. Et pas en bus comme bon nombre de touristes mais bien à vélo, comme des grands. Pourtant, rien ne laissait présager un tel scénario. Surtout, lorsque l’on n’est pas monté sur ce  type de machine depuis l’âge de 15 ans… Après avoir redécouvert le passage des vitesses et affolé les compteurs en descente, il est l’heure de tourner à droite pour admirer la cascade d’Agoyan, première d’une longue série sur ce parcours atypique. Problème, ça monte raide sur un kilomètre. Même sur le premier plateau, ça ne veut pas. Tournicotine donne tout ce qu’elle a, mais pour ma part, je n’en peux plus. Une descente de l’engin et un demi-tour direct s’imposent. Frustration et dépit se lisent sur les visages. Ca sent bon la galère. Heureusement, ce retard à l’allumage ne sera pas suivi d’effets. Je me mets enfin en mode Lance Armstrong (sans la dope) et l’aventure peut commencer. Sous nos yeux ébahis, les chutes d’eau se succèdent en plein cœur des immensités montagneuses. Certains profitent même de ce décor de rêve pour s’adonner à une séance d’homme volant au milieu du vide. Impressionnant.

Arrive le 17e kilomètre et la fameuse cascade du Paillon del Diablo, la plus renommée de la région. On abandonne nos deux-roues pour aller admirer sa chute au milieu des falaises. Sensations fortes garanties. Surtout qu’il est possible de se faufiler en son sein pour en prendre plein les mirettes. Sans hésiter, on se plie en quatre sous la roche pour arriver juste là, derrière elle, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. La bête nous trempe. Peu importe. Le divertissement était tout simplement excellent. Après un bon pique-nique au thon savouré à hauteur de Machay, le physique est en tout cas toujours au beau fixe.

La route des cascades se termine là, au kilomètre 20, mais on a encore du gaz. Alors « pourquoi ne pas continuer plus loin en direction de Puyo, ça a l’air joli apparemment par là-bas », lance ma voisine. Pas de problème. Mais les faux-plats se succèdent à hauteur de Rio Negro. Et la langue commence à pendre. Pas grave, on continue. Les côtes s’enchaînent au niveau du kilomètre 50. Et la fatigue se fait plus que sentir. « On accélère un peu ? Il est bientôt 16 heures et il ne faudrait pas rater le dernier bus », surenchérit Tournicotine. Rire jaune. « Je fais au mieux, tu ne vois pas que je suis au max », déclare, en chuchotant, mon esprit. En chuchotant seulement. Car il se rend bien compte que la beauté des paysages environnants n’est pas propice à une tentative d’abandon. Ici, c’est l’Amazonie, la vraie. Le fleuve marron se divise en plusieurs entités au milieu d’une végétation ahurissante tandis que les avions à hélice s’en extraient comme dans les films hollywoodiens. On devine, que plus-bas, chimpanzés et crocodiles sont de la partie. Au km 60, la nature a clairement pris le dessus sur la civilisation. Non, vraiment, ne pas pédaler jusqu’à Puyo aurait été une gravissime erreur.

Le Tungurahua, ça se mérite !

La renommée de la ville, c’est lui. Sa fierté, également. Sa divinité, assurément. Lui, c’est le volcan actif Tungurahua, 5016 mètres de hauteur. Dernière éruption en date : il y a six mois de cela. Autant dire, que faire une randonnée sur le flanc du monstre, en partant d’un petit hôtel basé à 1820 mètres d’altitude jusqu’au refuge culminant deux kilomètres plus haut, à 3830 mètres, ça a de la gueule. Mais cela fait peur aussi. Au regard du dénivelé. A l’idée d’être à seulement 1200 mètres d’un cratère enneigé… qui peut rentrer en éruption à tout moment. Il nous en faut plus pour rebrousser chemin.

Alors, en ce vendredi 20 mars, à 10 heures pétantes, on prend notre courage à deux mains et on s’attaque à Tungurahua. Sans savoir si nous viendrons à bout de la difficulté. Dans l’inconnu. La montée en lacets de 2,81 km nous met en appétit. On ne sait pas si on doit s’extasier devant les longs tunnels de végétations, les champs de canne à sucre, les coulées de lave impressionnantes surgissant du passé ou bien prendre peur à la vue des ascensions répétées. Quelques gâteaux imitation BN nous redonnent des forces et on finit par avaler ce premier tiers de l’épreuve. Presque facile. Des anciens du patelin nous mettent ensuite sur le droit chemin.

Et nous voilà devant elle. La pancarte Refugio. Installée à 2800 mètres d’altitude. Il en reste 1000 à gagner jusqu’au dit lieu. Le tout sur 4, 53 km. Le sentier se distingue. Etroit, boueux, obscur. Sous une pluie fine. Avec une température en chute libre. Maintenant qu’on en est là, autant s’y jeter pleinement. Entourés par les nuages, on grimpe le mur. A pas décidés. Bientôt, à pas timides. La récompense de voir le cratère est belle mais nos corps auront-ils la force de se l’offrir ? Pas sûr. On se regarde, on se questionne, on s’encourage. On fait un pas en arrière. Puis toujours deux en avant dans la foulée. Même à genoux, on ira le chercher ce refuge. Après 2h30 d’efforts intenses, mission accomplie. Au milieu de la brume, le volcan nous offre même un joli cadeau, comme pour nous féliciter d’être arrivés jusque-là. Il nous dévoile sa tête couronnée d’une blancheur éternelle. Magique. Assez pour vous faire oublier les douleurs mentales et physiques ressenties. Assez pour vous motiver pour la longue descente à venir. Assez pour donner à vos sandwiches poulet-fromage préparés dans un froid de canard, des allures de saumon fumé.  

Les yeux du volcan

On ne regarde même plus où l’on pose les pieds. Le sentier ne se pointe plus ? Qu’importe, on crapahute à travers champs, quasi à la verticale. On n’a qu’un but, qu’une envie : atteindre le mirador Ojos del Volcan. Après trois heures de marche, on surplombe Baños de 900 mètres. Le cratère du volcan, on le devine derrière une mousse de nuages blancs. Monsieur se fait désirer. Pas de problème, nous avons tout notre temps. On fait de la balançoire les pieds dans le vide, on se prélasse sur un banc avec vue plongeante sur un Baños miniature. Pas de quoi intimider cet homme apparemment. On lui chante alors des chansons en mode Peter Pan : « Je crois que le cratère existe, j’y crois, j’y crois ». Puis on finit par craquer sur nos sandwiches. Quelques crocs et le ciel s’éclaircit chez notre voisin d’en face. T’avais la dalle Tungurahua ? T’aurais eu du blanc de poulet si tu t’étais grouillé mais, nous, en tout cas, on n’aurait pu avoir meilleur dessert (sauf une tarte aux citrons meringuée). Il est mastoc. On se demande encore comment on s’est approché si près de son cratère. Une fumée grisâtre s’en dégage d’ailleurs. C’est de notre côté que le soleil se cache à présent. On file. Le volcan droit devant nous. Ca donne presque envie d’acheter une de ces vaches qui broutent et de se bâtir un p’tit chalet. « Ouais mais le foot… » Le quoi ? 

Commentaires: 5
  • #5

    M & JP (samedi, 28 mars 2015 16:35)

    C'est fait, nous voulions savoir si vous aviez gouté l'eau, seule ou accompagné d'anis?…...……..très bon reportage bravissimo

  • #4

    la danoche (samedi, 28 mars 2015 10:55)

    Allez tous à la la rubrique " ici, on publie" pour féliciter nos deux journalistes et acheter surtout LIBERATION WEEK-END , en ce 28/03/2015.
    Quatre pages 50,51,52,53 ......"le grand angle" est pour EUX !!


    FE LI CI TA TIONS les enfants !! Vous avez trouvé le filon......

  • #3

    M & JP (mercredi, 25 mars 2015 20:50)

    Quel exploit sportif, vous devez être en super forme……. après ce récit nous avons envie de découvrir les photos. Besos

  • #2

    n. (mercredi, 25 mars 2015 16:51)

    Ils ont bien un gros nez les BN en Equateur ! On dirait Rastapopoulos dans Tintin ! ;)))

  • #1

    Manu H. (mercredi, 25 mars 2015 10:48)

    Géniale cette photo de la balançoire !
    Bises :-)

Montecristi-Pile : chapeau bas ! 


13-17 mars

Il n’a jamais quitté son village de Pile. N’a pas fait d’études. Vit dans un modeste logement entouré de  sa petite famille. Avec juste 350 dollars gagnés tous les deux mois en concevant un fameux chapeau en paille de Montecristi, Hector, 30 ans, n’a pas la vie facile. Mais il conserve un large sourire. C’est qu’il est heureux ainsi l’artiste. Avec les siens, dans son salon-cuisine, penché dès quatre heures du matin et 365 jours par an sur son couvre-chef. Tradition oblige, c’est son père qui lui a transmis son savoir-faire et sa passion pour ce métier aussi magnifique qu’ingrat. Aujourd’hui, papa est décédé mais la relève est assurée. Ses mains d’orfèvre réalisent des chefs d’œuvre destinés à être portés d’ici quelques mois par de riches Américains, Européens ou Chinois qui n’hésiteront pas à débourser des milliers d’euros pour s’offrir une fière allure. Malgré des revenus modestes et un planning chargé, Hector n’a pas hésité une seconde avant d’ouvrir la porte de son humble demeure à une Tourniquette, désireuse de comprendre le procédé de fabrication du renommé chapeau. Une première nuit chez l’habitant depuis notre départ de France. Au programme, dépaysement, enseignement et véritable leçon de vie. Pas de chichis ici. On vous prépare le repas comme si vous faisiez partie de la famille, on vous confectionne un petit nid douillet pour la nuit, on rigole avec les enfants. En l’espace de quelques minutes, vous êtes à Pile comme chez vous. Mais après seulement 24 heures passées dans cette belle campagne, il est malheureusement temps de dire au-revoir à nos hôtes afin de poursuivre notre route. « Vous êtes les bienvenus dans notre maison quand vous voulez », nous lance sa maman. Le contraire nous aurait étonnés.

Panama, un gros mot 

 

Avant cette étape rafraîchissante, nos bagages s’étaient posés quelques jours à Montecristi. Une ville de 80 000 habitants située à une quarantaine de kilomètres de l’océan. C’est ici que les chapeaux d’Hector et consorts sont commercialisés en boutique. Dans l’avenue principale, ils sont partout. De toutes les formes, de toutes les couleurs. Près de 75 000 touristes s’y rendent chaque année pour s’offrir le prestigieux article. Plus connu sous le nom de chapeau de Panama, depuis cette fameuse photo de 1906 montrant Théodore Roosevelt coiffé de cette tunique au milieu des ouvriers travaillant dans le canal d’Amérique centrale. Une appellation qui a, pendant des décennies, privé de toute reconnaissance les artisans équatoriens, seuls maîtres à bord en matière de création. Une erreur rectifiée en 2012 par l’Unesco. Désormais, on ne dit plus panama mais bien sombrero de Montecristi. La marque est déposée, la dignité des Equatoriens retrouvée.

 

Mais cette bourgade ne respire pas uniquement l’odeur de la paille de Pile. Elle vit l’Histoire avec un grand H. Si Cuba a Fidel Castro, l’Argentine Ernesto Guevara, Montecristi peut se targuer d’être le lieu de naissance de José Eloy Alfaro Delgado. Un nom moins clinquant pour les Européens que nous sommes, mais qui fait la fierté contemporaine de tout un pays. De tout un peuple. Président de l’Equateur de 1895 à 1901 puis de 1906 à 1911, il tient sa renommée de son statut de chef de la révolution libérale qui mit fin à des années de dictature et de privilèges. Liberté de culte promulguée, divorce par consentement mutuel, lignes de chemins de fer, Alfaro est celui qui a insufflé un nouvel élan à sa nation. Et cette dernière le lui rend bien au XXIe siècle. Musées, statues, mausolée, peintures, le leader maximo ferait presque de l’ombre au chapeau…

Commentaires: 2
  • #2

    M & JP (lundi, 23 mars 2015 19:46)

    Belle expérience et merci de nous rappeler la provenance du panama……besos

  • #1

    n. (jeudi, 19 mars 2015 19:37)

    Chapeau Hector! ;)

A Puerto Lopez, y'a du soleil et de la boue

9-12 MARS

Et dire que simplement cinquante  kilomètres la séparent de sa voisine et très festive Montanita. Ici, finis les restaurants ouverts toute la nuit, les rues bondées à 2h du matin et le boom boom incessant sortant des enceintes des bars et autres discothèques. À Puerto Lopez, la vie " normale " reprend son cours. Dans ce petit port de pêche de 20 000 habitants, le touriste doit se contenter de quelques tours de motos-taxis pour se divertir. D'une promenade sur le Malecon et d'un petit jus de fruit pris sur une chaise longue pour se détendre. D'une simple ascension vers le mirador de Piqueros pour admirer le panorama. Pour le reste, la Tourniquette a dit non à la visite de la Galapagos du pauvre (île de la Plata) ou au fameux trek du Bola de Oro situé en pleine jungle. On veut bien être généreux mais de là à aligner 80 dollars pour voir un fou à patte bleu, un poisson multicolore et peut être un singe dans les arbres... y'a pas écrit dindons de la farce.

Face aux visites guidées attrape touristes on a vite trouvé la parade pour s'amuser et s'imprégner de la culture locale. Un tour sur le port et c'est tout le village qui s'anime. Les gros thons tout juste sortis de l’eau sont finement découpés et préparés pour le repas du midi. Ça s'agite de partout et pas seulement sur la plage. Les mouettes locales investissent les lieux par centaines et tournicotent sur elles-mêmes en attendant de savourer le délicieux butin bientôt laissé la par les pêcheurs et poissonniers. Un vrai régal pour les yeux. Côté divertissement, on a décidé de se la jouer Indiana Jones. En descendant la falaise jusqu'à la mer à travers un chemin non balisé au milieu des ronces et épines. On se donne la main pour franchir les maigres fossés, on descend tout schuss les chemins terreux, on évite les éboulements de pierre... Ouf on est en bas. Face à l'océan et avec quelques égratignures sur les jambes. Assis sur un rocher, à quelques mètres des vagues, c'est l'heure de pique-niquer. Tous les trois. Avec notre copain le crabe, voleur de grain de maïs.

Plage de Los Frailes

Leurs corps agiles glissent. Dans un crépitement de branchages secs, ils disparaissent. On sursaute et on distingue juste leur queue qui s'éloigne. Les lézards sont rois au parc national Machalilla. Ils sont longs, gras, minces. Jaunes, gris, verts. On devra s'y faire. La chaleur qu'ils aiment tant nous plombe. La température avoisine les 40 degrés. Mais après ce sentier sillonnant entre bosquets arides et cactus,  les premières plages nous arrosent de leur fraîcheur. Celle-ci et son sable noir abritent des centaines de crabes apeurés. Une vague nous surprend. La marée monte. On poursuit notre route. Là, un rocher en forme de tortue flotte. On passe, on a hâte d'atteindre la plage de Los Frailes. Reconnue comme la plus belle d'Equateur. Du haut de la colline, elle claque. Le bleu azur contraste avec son étendue de 1,4 km de sable blanc. L'eau est aussi chaude qu'a Montañitas. Les touristes moins nombreux. Et la faune encore plus présente. Un banc de poisson, une colonie de crabes. Dont le chef de la bande : un crustacé énorme rouge, vert et marron. On en pince pour le lieu mais nos gambettes ont encore quelques pas à avaler. Et on n'a même plus peur des lézards. 

Communauté d’Agua Blanca
Une odeur d'œuf pourri se dégage. Tournicotin grimace. De couleur grisâtre, la lagune d'Agua Blanca est face à nous. Tournicotin grimace encore. Son eau riche en souffre a pourtant des vertus thérapeutiques. En prime, un masque de boue récoltée au fond du petit lac hydrate la peau. Tournicotin grimace toujours. Dommage diva, l'eau est parfaite. L'odeur s'oublie bien vite. Et être couvert de boue, c'est drôle. Surtout que le lagon magique est la principale attraction de cette communauté indienne peuplée de soixante-dix-sept familles. Même si des fouilles archéologiques ont révélé les fondations de villages de la culture Montena (800-1500 après J.-C.), on n'a rien vu ! Sans doute car l'on s'est égarés dans la forêt jouxtant le village de maisons aux toits de feuilles de palmiers séchées. Trop distraits par les Bananaquit, ces oiseaux noirs et jaunes au chant digne d'une boîte à musique. Ou par ce mignon petit rouge et ce majestueux à la tête bleue. A force de zieuter les branches, on a même aperçu deux écureuils avachis l'un sur l'autre. On s'en fiche, dans quelques heures on les imite, sur nos hamacs. 

Commentaires: 3
  • #3

    Lucie pas ta soeur l'autre (dimanche, 15 mars 2015 14:40)

    Belle.

  • #2

    jeanine PAUL (vendredi, 13 mars 2015 17:36)

    je vous suis depuis le début de votre aventure au perou beaucoup de belle vue et des kilomètres pauvres pieds l équateur c est bien le bain de boue très bon pour la peau continuez bien votre voyage biz a vous deux

  • #1

    n. (vendredi, 13 mars 2015 07:31)

    ha ha ... j'imagine les écureuils !

Montanita, donde esta Ecuador ? 

5-8 MARS

On nous en avait parlé alors que l’on vadrouillait au Pérou. « Montañita, c’est le traquenard. On y est resté quatre mois », nous avait lancé des Français rencontrés entre deux ruines péruviennes. Tournicotin m’avait regardée. Je l’avais regardé. On avait regardé le gars. On s’était dit : « ils sont dingos ». On y a quand même posé nos sacs à dos. Montañita, c’est un peu comme un monde de Disney qui s’appellerait « Beach Land ». Le Pacifique qui chauffe à 28 degrés, des poissons qui sautent à l’horizon, des vagues à gogo. Puis des cabanes en bambou, des échoppes à cocktails, des pavés en guise de goudron. Et la nuit : des ruelles, des bars et des boîtes blindés de touristes latinos, nord-américains et européens, des surfeurs s’autoproclamant rois du dance floor, des roots qui dessinent sur le sol, des midinettes qui ont troqué leur biquini-string pour une robe de soirée. Le premier soir, Tournicotin m’a dit « c’est un peu un Ibiza du pauvre ». J’ai acquiescé, il a souri, j’ai souri. Demain, on sera de la partie. Après un footing, une journée de baignade à faire les fous dans les vagues et un coucher de soleil, on a goûté aux délicieux cocktails et dansé comme des zinzins. Puis au hasard sur la plage, on a retrouvé nos potes chiliens du camping. Ils nous ont regardés, on les a regardés, ils nous ont proposé de rester, on a accepté. On a parlé de notre voyage, du leur, des Mapuches, du vin français. Ils ont vanté le leur, Tournicotin le nôtre, personne n’est tombé d’accord. Ils nous ont invités au Chili pour goûter. Après trois jours semblables à celui-là, j’ai dit à Tournicotin : « qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter ? ». Il m’a dit : « fais-le en mode Bref » - « Oui, de toute manière j’allais faire court » - « Non mais BREF. La série ». J’ai tenté. J'ai raté. J'ai pas envie de recommencer. Bref, on a passé quatre JOURS à Montañita. (Et c’est suffisant)

Commentaires: 4
  • #4

    L.C, allez c'est la dernière la prochaine fois je mettrai Lucie :) (mercredi, 11 mars 2015 17:32)

    En tout cas ça m'aura bien fait rire!! lol

  • #3

    JEF (mercredi, 11 mars 2015 16:30)

    VOYAGE CULTUREL !!!AHAHHHHHAHHH. Mais bel exercice de style, comment faire un article sur ???J'ai fait la fête

  • #2

    M & JP (mardi, 10 mars 2015 09:42)

    Montanita = FIESTAAAAAA

  • #1

    n. (mardi, 10 mars 2015 06:45)

    En bref ... Vous avez fait la teuf quoi !

Guayaquil, à travers la foule et les reptiles

2 - 4 MARS

Le feu est toujours rouge. Les moteurs vrombissent déjà et les klaxons fusent. En traversant l’avenue Quito, à Guayaquil, le piéton ne traine pas. Cette dizaine de bolides face à nous le confirme : Guayaquil, c’est la grande ville. Le port le plus important de la côte ouest latino. La plus peuplée d’Equateur. Presque quatre millions d’habitants. Trop grande pour des Tournicotons habitués à leurs villes moyennes ou villages. Puis trop cher pour des VDI. Vacanciers à durée indéterminée (oh ça va, on blague). Pour la première fois depuis près de deux mois, le dortoir en auberge de jeunesse se révèle la solution la plus économique. Vingt-deux dollars pour deux, par nuit, à trente minutes de bus du centre-ville. C’est décidé, on ne s’éternisera donc pas. De toute manière, ce que la ville nous offre ne nous retient pas. Pourtant, on la surnomme la « perle du Pacifique ».

Alors on l’a arpentée, comme d’hab. Au centre-ville, rien de bien joli. Surtout des banques et des grandes avenues austères. Des trottoirs bien sales et des chaines de fast-food. A l’écart, rien que des petites échoppes. Quincailleries, épiceries, restaurants bon marché. Quelques sueurs plus tard (il fait très chaud à Guayaquil !), nous voilà sur le Malecon. La fierté de la municipalité, qui séjourne dans une superbe bâtisse il faut l’avouer. Le Malecon, donc, le bord du fleuve quoi. Mais à Guayaquil, on voit les choses en grand. Une voie pavée sur plus de deux kilomètres et demi. Le long s’enchaînent parcs, jeux d’enfants, restaurants, musées, statues rendant hommage aux grands hommes d’Amérique latine. La vue sur le rio Guayas où s’écoulent, dans une eau marron mottes d’herbes géantes, est magique. Et l’arrivée au pied du cerro Santa Ana ne donne qu’une envie : y grimper. Près de 500 marches à travers les maisonnettes colorées, tantôt de pierre, tantôt de bois. Le phare, rayé de bleu et blanc, se pointe. On surplombe la géante Guayaquil, son aéroport et ses stades de foot. Difficile ainsi de distinguer les quelques poumons de la ville, dont cette petite place où se cachent…une centaine d’iguanes. Ils pavanent. Les locaux les nourrissent comme des pigeons. Ils squattent partout : sous les bancs, dans l’herbe, sur les statues, dans les arbres. Certains sont énormes, plus d’un mètre. D’autres, plus petits et plus vigoureux. Bien mignons mais Tournicotine flippe. On file et saute dans un bus qui nous attend à peine. Guayaquil ne souffle donc jamais. 

Commentaires: 2
  • #2

    M & JP (vendredi, 06 mars 2015 17:11)

    Des iguanes……..étonnant. Je suppose qu'il n'y a pas foule sur cette place.

  • #1

    n. (jeudi, 05 mars 2015 23:17)

    VDI deviendra VDI ! ;)

Cuenca, reçue avec mention très bien

25 FÉVRIER  - 1er MARS

Avec ses rues pavées, ses constructions en marbre, ses façades blanches et ses multiples endroits de verdure, Cuenca est tout d’abord un véritable plaisir pour les yeux. Pas étonnant dès lors qu’elle fut classée en 1999 comme centre historique du patrimoine culturel mondial par l’Unesco. Ancienne seconde capitale de l’empire Inca de Tomebamba, la troisième plus grande ville du pays après Quito et Guayaquil (500 000 habitants) a en effet plus d’un tour dans son sac pour charmer ses visiteurs. Considérée par beaucoup comme la plus belle cité équatorienne, Cuenca éblouit surtout de par sa richesse culturelle et architecturale. Autour du Parc Calderon, se succèdent ainsi pas moins de 12 musées et 12 églises aux allures toutes aussi différentes les unes que les autres ! Et surtout, deux cathédrales, l’une dite ancienne et l’autre dite Sainte-Marie et Saint-Julien de Cuenca construite lors de l’arrivée des Espagnols et qui sont d’une beauté tout simplement hallucinante. On se souviendra longtemps de cette dernière et de sa porte d’entrée majestueuse, de sa façade ocre épurée de style gothique et de ses dômes à la couleur bleue surplombant la ville. Lorsque le soleil ne lui tourne pas le dos, il ne reste plus qu’à admirer le chef d’œuvre. Dans ce décor de rêve, se mêlent également des dizaines de restos et bars branchés qui ne peuvent que faire le bonheur de la population locale. Autant dire que l’on s’y est particulièrement bien plus. Durant les cinq jours passés ici, on n’a donc pas hésité à aller admirer la belle du mirador Turi, même s’il nous fallait pour cela gravir 438 marches. On n’a pas tâtonné non plus au moment de franchir les portes du musée de la Banque centrale retraçant l’histoire de Cuenca et la composition actuelle de ses différentes ethnies et peuples. On a adoré flâner le long de l’avenue du 3 novembre, coincée entre le Rio Tomebamba et ses maisons suspendues à flanc de colline, héritage de l’époque coloniale. Bref, Cuenca, c’est de la balle. On part déjà ?

El Cajas 

La mousse joue les trampolines. Nos pieds s'enfoncent. Puis c'est comme si l'on rebondissait. Elle est d'un vert à rendre jalouse les plus belles émeraudes. Quelques kilomètres plus tôt ce sont les pierres qui taquinaient nos chevilles. Ainsi va la nature au parc national El Cajas, à trente kilomètres de Cuenca. Elle est changeante. Ici des montagnes et leurs lagunes. Là des ruisseaux qui glissent à travers une prairie. Entre 3700 et 4100 mètres d'altitude, on a même aperçu de jolies fleurs. Malheureusement nous ne sommes pas botanistes, juste journalistes, alors on en ignore le nom. On sait que la plus rigolote est surnommée berlingot pour sa ressemblance avec la sucrerie. Pour le reste on a vu des sortes de chardons orange, des pâquerettes bleues et des petites plantes rouges aussi. Mais la nature est parfois décevante. On sait qu'à Cajas se cachent lamas, toucans, pumas, ours. On n'a rien vu. A part quelques tas de crottes fraîches. Ah si, juste à la sortie du parc, on a croisé un lapin !

Un dimanche à la campagne

Les mauvaises langues pesteront que pour nous, c'est dimanche tous les jours. Qu'importe, celui-là on a fait comme les locaux : on est partis au calme, à la campagne. A Gualaceo, pour son marché animé en fin de semaine. Et ça grouille. Des montagnes de fruits et légumes. Céréales, têtes de porc, poulets déplumés. Et des dizaines de stands pour manger. Il n'est que 10 h 30...ils sont blindés. On s’apprêtait à partir quand un crépitement détourne notre regard. Les CUY, le retour. Embrochés. En train de dorer. Burk. Vingt minutes de cuisson, quinze dollars. Ces bêtes-là ne se refusent rien, décidément. Écœurés, on regarde quand même. Un peu trop écœurés, on file. Direction Sigsig. Capitale du Panama. Le chaaaaaaapeau, bien sûr. C'est ici qu'une coopérative (composée uniquement de femmes, clap clap clap) y a installé sa fabrique. Mais mauvaise nouvelle du jour : elle est fermée le dimanche après-midi. On a quand même eu l'occasion de voir le plus grand Panama du monde. Pour les infos qui suivent, merci Wikipédia. Ce chapeau de paille léger n'est tissé qu'en Equateur. Intégralement à la main. Il tient son nom des ouvriers du canal qui le portaient pour se protéger du soleil. Il revêt plusieurs formes mais est toujours conçu à base de paja toquilla (fibre de jeunes pousses de palmier), cultivée sur la côte équatorienne. Si on l'a vu sur de nombreuses têtes à Cuenca et ses alentours, ce fameux couvre-chef a séduit les starlettes à paillettes du monde entier. Certains Panama se vendent une fortune. Joli coup pour un si petit pays.

Commentaires: 4
  • #4

    Lucie pas ta soeur l'autre (dimanche, 15 mars 2015 14:43)

    Degueu.

  • #3

    Delphine (lundi, 09 mars 2015 20:45)

    Wouahhhhhhh trop belle cette église (?)

  • #2

    D. (vendredi, 06 mars 2015 12:17)

    Il parait que le chapeau ne peut être tissé qu'en fin de journée pour éviter que la paille ne sèche trop vite ! Merci France INFO :)

  • #1

    Une mauvaise langue ... (lundi, 02 mars 2015 06:18)

    Ha ha ! Un dimanche BCBG, gastronomique et culturel entre Cuy et Panama !
    Bezzzos

Vilcabamba, entre nature et écriture


19-24 FÉVRIER 

Lors de notre bref passage à Loja il y a une semaine de cela, on s’était dit que le dépaysement avec notre ancienne vie péruvienne était déjà total. Après sept jours passés dans le village de Vilcabamba, le phénomène a pris davantage d’ampleur. Se qualifiant de vallée des centenaires, le patelin de 4700 habitants cache en effet bien son jeu.  Les anciens se comptent ici sur les doigts d’une main tandis que les occidentaux sont partout. Derrière le comptoir d’une boulangerie, assis en terrasse en train de couler des bières ou installés confortablement sur le balcon de leur propriété, on ne peut pas les rater. Impossible de se croire en Equateur lorsque la langue officielle parlée dans la rue est l’anglais. Passé ce fâcheux désagrément, on arrive à ressortir quelques avantages de cette impression de colonisation moderne. Notamment au niveau de l’offre de restauration qui ne manque pas pour combler les attentes étrangères : baguettes, crêpes, tacos, paella, sushis, spaghettis à la bolognaise sont au menu. Y’a pire. Mais excepté le volet alimentaire et une cool attitude indéniable, pas grand-chose à se mettre sous la dent ici. Alors certes le panorama des alentours est fort appréciable avec ses montagnes verdoyantes à perte de vue mais cela ne suffit pas à masquer le malaise. Croiser une fois William l’Amerloc en train de jouer de son tam-tam, ça va un moment mais à force, ça use les tympans. Se retrouver nez à nez avec Magdalena et les mêmes gens complètement à l’ouest toute la journée, ça fatigue vite l’esprit. Mais bon, on ne va pas se plaindre. Grâce, entre autre, à tous ces plus ou moins charmants personnages venus ici pour se la couler douce, on a réussi à vendre un article pour un média hexagonal. Et ouais. La Tourniquette ne s’est pas arrêtée pour rien dans ce bled de dingos.  

Le Mont Mandango

Elle s’impose. On lève donc les yeux jusqu’à son sommet. La montagne Mandango culmine sur les hauteurs de Vilcabamba à plus de 2000 mètres d’altitude quand le village, lui, repose à 1600 mètres. A nous la belle vue ! Le chemin ombragé se transforme rapidement en sentier caillouteux et aride. Les jolies papillons multicolores et de toutes les formes nous divertissent. On dirait même qu’ils nous attendent et nous montrent le chemin. Mais très vite, la pente sèche scotche nos regards à terre. Heureusement, à chaque pause, le panorama nous séduit. Alors que l’on sue à grosse goutte, le premier mirador pointe le bout de sa croix. C’est beau mais…ce n’est pas fini. Le sentier se mue en une mince lame de terre. Prudence. Le précipice est tout proche. Nos grolles dérapent. On s’agrippe. Et là, brrr. Un E-N-O-R-M-E nid de guêpe s’accroche à la paroi. On hésite, puis on s’active, pas question de traîner ici. Surtout que la dernière partie de l’ascension n’est pas des plus simples. Presque de l’escalade. Et bé ! On est bien contents d’être arrivés. Dommage, on n’a pas pris de pique-nique.  

La cascade sans nom

Cette fois, on a préparé nos sandwiches. Direction, la cascade sans nom. C'est vrai tiens, on ne sait même pas comment elle s'appelle. On sait juste que l'on doit marcher une heure en sortant de Vilcabamba, traverser le fleuve, puis passer quatre portes en ferraille vertes. Contourner une maison et descendre jusqu'à la cascade. On l'écrit à chaque fois mais c'est l'une de nos plus belles randos. Le sentier est trop mignon. Tantôt entre deux parois terreuses, en mode poilus dans les tranchées. Tantôt sur les crêtes ou dans la jungle équatorienne. On a bien vu les portes, elles sont plus rouillées que vertes. On s'est un peu plantés au niveau de la maison à contourner. Puis, après presque trois heures de marche, on lui est tombé dessus : la cascade sans nom ! Elle est bien moins haute que Gocta, mais le cadre est bucolique. Un rayon de soleil qui s'invite au milieu du feuillage épais, un crachin qui nous asperge, un tournicoton torse nu...Huuuuum...les sandwiches sont délicieux. Bah quoi ? Qu'est-ce que vous avez cru ?

Réserve naturelle de Rumi Wilco

Après quatre jours plein consacrés à la publication prochaine de notre premier article made in Amérique Latine, l’heure est à la décompression en ce mardi 24 février. Marre de cette place centrale de Vilcabamba, marre de la crêperie, marre de croiser les mêmes gringos jour et nuit, un bon bol d’air s’impose. Cela tombe bien, à moins de 20 minutes de marche, se trouve la réserve naturelle de Rumi Wilco. On enfile nos chaussures et hop, direction le boulanger français du village pour se régaler de trois chocolatines délicieuses. Un thé et un café consommés, les sandwiches et les bouteilles d’eau bien au chaud dans le sac, nous voilà introduits en pleine immensité verte. Rivière relaxante à notre gauche, arbre au tronc gigantesque à notre droite, on revit au contact de cette nature. La première ascension du parcours s’offre à nous quelques instants plus tard. On se met en mode alpiniste, les mains accrochées aux pierres pour gravir jusqu’au sommet mais la mission est trop compliquée. On rebrousse chemin direct non sans contempler auparavant cactus et plantes de toute beauté. Heureusement pour nous, le reste du programme est bien plus abordable pour nos gambettes. Dans un véritable décor de jungle amazonienne, au milieu de quelques papillons et d’innombrables araignées (berk), on fait travailler nos mollets. Montée, descente, montée, descente, la réserve nous fatigue vite. C’est que l’on a presque plus l’habitude d’avaler les kilomètres. Mais bon, le panorama est comme d’habitude splendide donc on s’active. Et la vue sur Vilcabamba tout simplement superbe. Tout comme celle sur ces constructions géologiques post ère glaciaire. Trois heures et une chute sans gravité plus tard, nous sommes déjà de retour en ville. Avec le sourire retrouvé. 

Commentaires: 3
  • #3

    L.C (jeudi, 26 février 2015 15:50)

    Nan mais c'est clair, je suis d'accord avec D. Depuis quand on dit chocolatine?!? Chez nous ce mot n'existe pas! :)

  • #2

    D. (jeudi, 26 février 2015 08:48)

    PAIN AU CHOCOLAT, pas CHOCOLATINE !!
    Mal aux mollets avec toutes ces ballades :)
    Et Bravo pour l'article !

  • #1

    n. (mercredi, 25 février 2015 07:18)

    Fais gaffe Léo ... Schweppes va te demander des royalties ! ;)

Loja au rythme du Carnaval 

17-18 FÉVRIER 

Des rues asphaltées, au cœur de ville comme sur les hauteurs. Peu de vendeurs ambulants. Plusieurs centre-commerciaux pour concurrencer les épiceries de proximité. Moins de restaurants affichant des menus très bon marché. Des voitures personnelles en plus grand nombre que les taxis. Des maisons en dur, dotées de toit et…terminées. Loja, notre première étape en Equateur est un choc. Ici, l’Amérique latine de la débrouille, du fouillis et du rafistolage, côtoyée au Pérou, laisse place à un territoire plus développé.

Pourtant, avant d’y poser nos sacs, pas un signe de ce changement. Petit retour en arrière. Mancora, 16 février, 8 heures. Plutôt que le car prévu, un mini-bus se pointe. Bizarre. Plutôt qu'un trajet direct, direction Tumbes, à 100 km au Nord, pour sauter dans un autocar devant nous véhiculer jusqu’à Loja. Bizarre bis. Arrivés à destination, suite de la "bizarritude" : d’une, le trajet que nous a vendu l’agence de voyage n’existe pas avec cette compagnie, de deux, elle ne circule pas ce lundi car c’est jour férié en Equateur. Nous aurait-on pris pour des bleus-touriste-dindonsdelafarce-machineàfric ? Peut-être, mais une vingtaine de voyageurs est dans notre cas. Alors on est vite pris en charge pour la suite du voyage. Nouveau mini-bus jusqu’à la frontière, tampon, bienvenue en Equateur, taxi jusqu’à Huanquillas, puis hop six heures de bus direction Loja. 

Il est 22 heures. La ville est morte. C’est Carnaval depuis quelques jours et les habitants festoient dans les villages alentours. Alors, on se dit que nous aussi, le lendemain, au réveil, on sera de la partie. Renseignements pris, on file au parc de Jipiro. Un immense espace vert à 45 minutes à pieds de la place centrale. Parait qu’en ce dernier jour de festivités, tous les habitants sont là-bas. Chouette. Mais on déchante rapidement. Notre interlocuteur n’a pas dû nous comprendre, car dans ce parc, du monde certes mais pas une miette de traditions carnavalesques. Vite, direction le terminal de bus et en route pour Malacatos où là-bas, Carnaval il y a. Impatients de le vivre à la Latino, c’est un peu déçu que nous quitterons les lieux : pas de danses, ni de musiques typiques. Rien que des batailles  d’eau, de mousse et de farine.

Au deuxième jour, Loja se réveille. Les fêtes sont terminées. On gambade alors dans les ruelles. La porte de la cité nous fascine. Les églises sont bondées, les croyants en sortent le front marqué d’une croix noire. C’est mercredi des Cendres. Comme à notre habitude, on cherche les hauteurs pour admirer la ville. Loja nous gâte en effet. Perchés au sommet d’une tour à l’abandon, dans un parc excentré, on admire les montagnes qui encerclent la commune. Demain, on y sera.

Commentaires: 4
  • #4

    n. (mardi, 24 février 2015 18:19)

    ha ! ha ! démasquée l'abuelita nueva !!! ;)
    ça m'a permis d'apprendre un mot nouveau ! et quel mot !

  • #3

    l'abuelita nueva….. (mardi, 24 février 2015 14:01)

    Bonne découverte de l'équateur, continuez à découvrir et nous, nous sommes enchantés à chaque récits bien documentés par vos magnifiques photos……Besos

  • #2

    Père Valloire (lundi, 23 février 2015 00:07)

    Salut les baroudeurs. Un nouveau pays et de nouvelles aventures. J'ai hâte de lire la suite de vos pérégrinations. Des bises et du courage pour la suite.

  • #1

    n. (vendredi, 20 février 2015 13:47)

    Farine ... eau .... nous on pense monôme !

Pérou, ce n'est qu'un au revoir

Trente-cinq jours. Plus de 2345 kilomètres en bus, pour rallier nos villes étapes. Des dizaines d’autres pour rejoindre les curiosités alentours. Quelques centaines de bornes avalées à pieds. De 0 à 5200 m d'altitude. Du poulet et du riz. Mais surtout une nature bien trop belle. Des constructions précolombiennes toujours plus étonnantes. Quelques prises de tête. Et pas mal de sourires complices. Des pensées pour vous. Car la vie continue outre Atlantique. Ce Papi qui part, cette petite cousine qui débarque, ce copain futur-Papa. Merci de nous avoir suivis au Nord-Pérou, rendez-vous en Equateur. 

Commentaires: 1
  • #1

    n. (mercredi, 18 février 2015 06:37)

    <3 <3 <3

Mancora : pause bronzette à la frontière 

12 - 16 FÉVRIER 

Un décor de carte postale. Sa plage de sable fin et son horizon couleur turquoise nous ont mis l'eau à la bouche. Alors, avant de prendre nos quartiers en Equateur, on cède aux sirènes de Mancora, station balnéaire la plus réputée et la plus prisée du Pérou. Une sorte d'Ibiza sans bling-bling ou les quelques autochtones se retrouvent bien vite noyés dans la foule de touristes étrangers. Et pourtant, on a bien pensé, durant quelques heures, que l'on ne l'aurait jamais notre pause farniente. Partis en bus la veille de Chiclayo aux alentours de 23h30, fatigués après une longue journée, on se plonge rapidement dans les bras de Morphée. Pour se réveiller aux alentours de 5 heures du matin en plein arrêt express de notre car au milieu d’une quelconque ruelle. Pas d’annonce, on repart dans la foulée. Sans avoir eu le temps d’analyser que c’était bien là Mancora. Trop tard. Il ne nous reste plus qu’a attendre l’arrivée à Tumbes, le terminus. Une heure et demie de trajet supplémentaire pour rien, plus 90 autres minutes dans la foulée afin de revenir sur nos pas. Il est presque 10 heures, le soleil tape déjà fort et enfin, nous posons pied à terre sur notre destination choisie. Direction le camping Tito, situé à 7 minutes à pied du centre-ville et surtout à 200 mètres de la plage. Il reste de la place, première bonne nouvelle de la journée. Pour 20 soles la nuit à deux (5,70 euros), nous voilà installés au milieu des autres voyageurs dans une vaste tente à même le sable. La bonne affaire. Collés serrés avec des voisins bruyants et des douches plus ou moins hygiéniques mais bon, y’a pire dans la vie. On vide nos sacs, on va acheter deux paires de tongs, un maillot confortable, quelques gâteaux Oréos, on s’asperge de crème solaire et nous voilà enfin couchés sur la serviette. Avec l’Océan Pacifique pour seul point de mire. Le destin nous sourit. La température de l’eau est idéale, les vagues de la partie, on s’amuse comme des petits fous.

Grosses vagues et petites frayeurs 

Entre deux baignades, on savoure quelques bières aux allures de panache ou encore un émincé de poisson cru mariné au citron répondant au doux nom de ceviche. Oui, oui, le paradis n’est pas très loin. Même si nos corps prennent rapidement des allures de glace vanille-fraise, on souffre en silence devant le panorama qui nous est offert. Comme avec ces mouettes locales qui se mettent à la file indienne avant de raser l’eau et attraper leurs proies ou ces petits poissons bondissants au-dessus de la surface. Merveilleux spectacle. Mais le Pacifique, océan le plus vaste du globe avec ses 181 millions de kilomètres carrés de superficie, n’est pas simplement une étendue magnifique que l’on se plaît à admirer. C’est aussi et surtout un colosse redoutable avec lequel il ne faut surtout pas plaisanter. Les carcasses d’une tortue géante ou d’anguilles échouées aperçues sur le sable au petit matin nous rafraîchissent vite la mémoire. Tout comme ses vagues, plus impressionnantes chaque jour passant et qui vous propulsent comme un vulgaire pantin là où elles le désirent. Dans ces cas-là, on se sent tout petit. Loin de nous l’idée de s’aventurer là où on nos petits petons ne touchent pas le sol. Certains ont failli le payer très cher. Comme cette dame criant à l’aide à quelques mètres de nous car incapable de revenir vers le bord à cause du courant contraire. Une, deux ou trois fois par après-midi, les scooters de mer interviennent dans la précipitation pour secourir les plus imprudents. Nous, on se contente de ses remous. Et cela suffit à notre bonheur. 

Commentaires: 2
  • #2

    Lucie pas ta soeur l'autre (dimanche, 15 mars 2015 14:35)

    Mais vous pouviez pas demander au chauffeur de s'arreter ?

  • #1

    D. (jeudi, 19 février 2015)

    J'ai entendu parler du ceviche, il paraît que c'est un régal !!

Chiclayo, dernière virée avant la plage


9 - 11 FÉVRIER 

Short et petit haut en tenue de rigueur du matin au soir, pas de doute, nous sommes bien de retour sur la côte Pacifique. Plus de 30 degrés à l’ombre, des bouteilles d’eau qui partent comme des petits pains, des coups de soleil en veux-tu en voilà, bref à Chiclayo, on étouffe ! Et pas que dans la ville d’ailleurs. Dans notre chambre au confort rudimentaire où moustiques et petit(e) cafard (blatte) se plaisent à merveille, c’est le même combat. Donc tant qu’à faire, mieux vaut se prélasser en extérieur dans cette grande mégalopole de plus de 500 000 habitants où l’on peut chiner des herbes médicinales du côté du gigantesque marché Modelo. Mais pas que… On peut aussi y faire ses emplettes en matière de cartables, de poissons frais ou de pantalon taille basse. Tout en s’arrêtant chez le cordonnier en sirotant un jus de fruits des plus onctueux. En dehors de ce lieu de vie hors du commun, où tous les horizons et classes sociales cohabitent, disons le tout de suite, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. La Plaza de Armas et sa cathédrale bâtie en 1869 sont certes de bon goût, tout comme le passage des Muses, sorte de « coulée verte » posée là au milieu de nulle part, mais cela ne suffit pas à égayer un vif et réel intérêt. Heureusement, ses à-côtés alimentaires compensent son vide culturel. Et pour une fois que l’on peut éviter un poulet grillé servi avec du riz et des frites ou la bonne vieille soupe de légume, on ne va pas se plaindre. Nos papilles se souviendront à n’en pas douter longtemps de la glace sundae Oréo, du brownie délicieux accompagné de sa boule vanille, de ce gâteau traditionnel répondant au doux nom de King Kong, de cette viande de bœuf succulente servie dans le burger Frenchie et de cet avocat farci avec sa macédoine de légumes. Merci (quand même) Chiclayo.

Musée Tombes Royales de Sipan

Si notre Tourniquette s’est arrêtée à Chiclayo, ce n’est pas seulement pour rejoindre par la suite les plages de Mancora et Punta Sal. C’est aussi et surtout pour se rendre dans la petite bourgade de Lambayeque qui abrite l’un des plus beaux et riches musées du pays : celui des Tombes Royales du Sipan. Ouvert depuis une dizaine d’années dans une structure pyramidale imposante symbole de la civilisation Moche, il met au jour les inestimables richesses découvertes en 1987 dans les cavités de la Huaca Rajada, à 40 kilomètres plus au Sud. Dont celles de la tombe du Seigneur de Sipan, maître des lieux et personnage emblématique de cette culture qui connut son apogée au tout début de notre ère. Plus de 1700 ans après, ses trésors et secrets sont donc exposés aux yeux de tous. Dans un état de conservation des plus remarquables. Résultat, durant trois heures, on déambule dans les couloirs d’un musée à la scénographie impeccable. Sans jamais voir le temps passer. En suivant pas à pas le travail méticuleux réalisé par l’équipe archéologique déployée sur place au siècle dernier, on s’immisce doucement mais sûrement dans l’intimité du Seigneur. Enterré là avec toute sa famille, son gardien du temple, son porte drapeau… Outre les traditionnelles céramiques d’époques, ce sont plus de 1000 objets parmi les plus fins de l’art Mochica qui ont été sortis de terre. Dans ce lieu magique, les étendards de cuivre dorés laissent place aux ornements faciaux en or pur et turquoise puis aux parures de perles somptueuses et enfin à la couronne majestueuse et au sceptre royal… Aucun attribut ne manque à l’appel.  Même pas le squelette de l’intéressé conservé dans un état des plus admirables au premier étage de la pyramide. Tout comme ceux du grand prêtre et de son aîné le vieux Seigneur découverts dans deux autres tumulus situés à proximité. Et dire, qu’il y a un mois de cela, on ne connaissait même pas l’existence de cette civilisation… Après une telle visite, le mot Moche possède désormais un double sens à jamais gravé dans nos esprits. Stupéfiant.

Pyramides de Tucume

Nos yeux hésitent. Observer les amoncellements de terre qui camouflent les restants des pyramides construites par les Lambayeque (XIIe s a.p. J.-C..). Scruter le sol terreux et caillouteux  où se faufilent les reptiles. C’est qu’ils sont gros. Difficile de les manquer. Comme cet iguane, croisé à l’entrée du site archéologique, si froussard qu’il en a lâché la souris qu’il tenait dans la gueule. Ou ces azulejos, lézards géants au corps mêlant le vert, le marron, puis le bleu turquoise pour la tête. On flippe, puis, au fur et à mesure et à chaque animal rencontré, on sourit. On s’arrête. Amusés par ces bêbêtes qui n’ont rien de commun pour nous. Et à l’approche des monuments, on lève la tête. Naturellement. Vingt-six constructions pyramidales, érigées par la civilisation Lambayeque, entre 1100 et 1470. Tucume,  ensuite prise par les Incas et les Espagnols a même été l’emblème de cette société. La trentaine d’entités abritait alors des lieux de vie domestique, de culte, et d’exercice du pouvoir politique. Cent-dix-neuf sacrifices humains y ont été pratiqués, dont la plupart pour éviter l’arrivée des colonisateurs espagnols. Sans trop de succès ! Le corps de leur dernier roi y a aussi été retrouvé, entouré de ses dix-neuf femmes. C’est autour du Cerro La Raya, que la cité a été construite. Que la colère des dieux nous épargne, nous avons gravi la montagne sacrée. Réservée, il y a presque un siècle, aux hommes de haut rang. Dommage, car la vue sur le site est  plutôt sympa. Et bien au-delà, s’étendent les rizières, cultivées par les agriculteurs de Tucume depuis quelques générations. La plupart s’y attèlent d’ailleurs, emmitouflés pour se protéger du soleil. Et sur le chemin du retour, on les surprend, dans les canaux d’irrigation, à se rincer d’une dure journée de labeur. 

Commentaires: 1
  • #1

    n. (mardi, 17 février 2015 22:43)

    Nous on connaissait les Mapuches ... Les Moches , non !
    Mais bienheureuse de les connaître ! Et ainsi d'être un peu plus cultivée ;)

Chachapoyas, un sacré point de départ

1er - 8 FÉVRIER 

Installés dans le mini-bus, entourés d’une quinzaine de Péruviens, nous voilà partis pour Chachapoyas, à une heure de Tingo Maria. En tête, l’idée de prendre la direction de Chiclayo, à quelques kilomètres du Pacifique. Curieux, le chauffeur discute. A notre tour, on le questionne sur sa région. Et si on restait quelques jours à « Chacha » ? Car si notre meilleur compagnon de voyage, le Routard, ne dit pas un mot sur le coin, nous, il nous intrigue. Et on a eu raison. 

Cascade de Gocta

Le vent joue les protecteurs. Il nous pousse, nous empêche d’avancer plus loin, de l’admirer de tout près. Elle, elle nous asperge à grosses gouttes. Majestueuse. Fascinante. La cascade de Gocta, la troisième plus haute du monde, avec ses 771 mètres. En cinq secondes à peine, nous sommes dégoulinants. Son sommet n’est qu’à quelques pas de nos têtes. L’eau dévale à une vitesse folle. Il n’est que 10 heures passées, nous sommes seuls, aucun touriste, aucune maison en vue. On marche depuis 6 h 20 du matin. Et aucun de nous deux ne le regrette, tant cette randonnée est un petit bijou.

Le lever du soleil dans la vallée dévoile les nombreuses cascades déboulant sur le fleuve Maronon. Celle de Gocta n’est pas encore visible. Sur le chemin, un régime de bananes, certainement tombé d’une charrette, nous tend les bras. Elles sont gouteuses, du producteur au consommateur. Les bananiers bordent le chemin, les oiseaux piaillent. On en distingue par moment. Passé le village de San Pablo, nous nous enfonçons dans la forêt. Et quelle forêt ! Lianes, arbres gigantesques, jolies fleurs rouges. Le sentier se dessine à travers une végétation tropicale. Il est tantôt caillouteux, tantôt terreux. Jamais bien plat. Une gamine nous devance, sur la route du champ, certainement. Puis après quatre heures d’une marche inoubliable, un fin crachin nous rafraîchit. On l’entend gronder. Gocta apparait, peu à peu. Quand on la voit, on se dit qu’on n’a jamais rien vu d’aussi beau.

Pour rejoindre son pied, il nous faut descendre le long d’un étroit passage. Perdu au cœur de la verdure. Les oiseaux nous chambrent. On aimerait tant les admirer. Leurs cris sont étonnants. On les imagine colorés. Les moustiques viennent aussi nous taquiner. On glisse, prudence, le précipice n’est jamais loin. Et, à nouveau, la récompense est là. Environ 700 mètres plus bas, Gocta s’écrase sous nos yeux dans un nuage d’humidité. Nos jambes s’alourdissent, on marche depuis six heures. Mais le lieu incroyable nous fait oublier que l’on monte, puis descend. Sans cesse. Tant mieux car il reste quelques bornes avant l’arrivée. On en aura finalement avalé trente. Sans ne jamais pouvoir oublier son image : Gocta.

Grotte de Quiocta

A 35 kilomètres à l’Ouest de Chachapoyas, dans la province de Luya, on troque ce mardi 3 février nos chaussures de marche pour les bottes de caoutchouc. Et on laisse derrière nous les excursions en plein air pour prendre la direction de la grotte Quiocta, l’une des cavités les plus renommées de la région. Perdue au milieu de nulle part, à 2793 mètres d’altitude, entre ruisseaux et champs de patates. Impossible de s’y rendre par nos propres moyens, on devra donc composer durant cette journée avec des Allemands bruyants, un sosie du pauvre d’Hugh Grant, une Australienne déjantée et un guide qui ne sert pas à grand-chose. Equipés de nos seules lampes torches, on pénètre, d’un pas décidé et en pleine obscurité, dans cette cavité longue de 545 mètres de long. Quelques cranes et os dispersés ici et là nous rappellent d’entrée que ce lieu fut, par le passé, un endroit sacré pour le peuple Chachapoyas et que de nombreuses cérémonies funéraires s’y sont déroulées. Pour le reste, on se met en mode Indiana Jones et on avance tant bien que mal au milieu des passages boueux dans lesquels on passe parfois à deux doigts d’y laisser une botte. Un regard au-dessus de nos têtes, tout va bien, des centaines de chauve-souris veillent sur nous. Quelques mètres plus loin, quatre «  salles » plus vastes les unes que les autres se succèdent. Stalactites et stalagmites se font face pour notre plus grand bonheur. Mais il est déjà temps de repartir. Ayant certainement appréciée notre passage, une chauve-souris n’oublie pas de nous saluer à sa manière sur le chemin du retour, en se frayant un passage à quelques centimètres de nous. Beurk.

Site de Karajia

A une heure de Luya, un nouveau trésor archéologique nous tend les bras. En haute altitude et à 20 minutes de marche d’un petit village composé de quelques âmes. Au lieu-dit, Karajia, il faut lever les yeux en plein cœur d’une falaise anodine pour les apercevoir. Nichés à 300 mètres au-dessus du sol, six sarcophages se tiennent là, style de rien. Le regard dirigé vers l’Est, surplombant la vallée et le fleuve, ils demeurent depuis des siècles les maîtres des lieux. Eux, ce sont les anciens rois de la civilisation Chachapoyas. Si aujourd’hui, seulement six structures sont visibles à l’œil nu, un espace laissé vide entre deux d’entre elles tend à supposer que le club royal comptait bel et bien un membre de plus en son sein. Visages allongés, barbes taillées dans la pierre, habillés de parures dessinées, ils ont l’air bien réels. Tout simplement stupéfiant. 

Musée Leymebamba

En 2014, plus de 11 000 visiteurs ont poussé ses portes. Perché tout en haut d’une colline, à plus de 2,5 km du centre du village de Leymebamba, le musée de la cité amazone pourrait pourtant aisément passer inaperçu. Mais sa réputation a fini par prendre le pas sur son tarif d’entrée exorbitant de 15 soles et sur ses 335 marches à franchir pour l’atteindre. Comme 70 autres français en 2015, on s’est donc laissé tenter. Bien nous en a pris. Car celui que l’on présente ouvertement comme le musée péruvien de la momie concentre bien d’autres richesses entre ses murs. Aux explications historiques et riches sur les civilisations Chachapoyas et Incas, s’ajoutent des pièces textiles et céramiques par centaines, des instruments de musique conservés à merveille… et donc, des momies. Environ 300. Toutes retrouvées lors d’une fouille lancée en 1997 dans la laguna de los Condores. Toutes abritées désormais dans une petite salle réfrigérée, à l’abri du contact humain. Toutes plus effrayantes les unes que les autres. Certaines semblent vous suivre du regard alors que d’autres se cachent les yeux, bouche grande ouverte. Quelques nourrissons embaumés nous font également face. C’est à se demander s’ils ne sont pas décédés il y a de cela quelques jours. On admire. Puis on quitte vite les lieux. En espérant ne pas faire de cauchemars lors des nuits à venir…

Commentaires: 3
  • #3

    Lucie pas ta soeur l'autre (dimanche, 15 mars 2015 14:37)

    Trop beau !

  • #2

    Cyrielle (Vial) (lundi, 09 février 2015 22:01)

    Les photos me plaisent beaucoup et je lis les commentaires avec plaisir et envie d'en savoir plus...Bisous a vous deux.Cycy

  • #1

    n. (samedi, 07 février 2015 15:26)

    Toujours sans voix ... Mais un peu envieuse quand même ! ;)
    Pleins de gros bizzzoux

Kuelap : désirée, redoutée... avalée

30 JANVIER

Il y a mille façons de voyager, mille synonymes pour ce mot extraordinaire. Découvrir, rencontrer, goûter, sentir… Et parfois, se dépasser. C’est cette valise de baroudeurs que l’on a ouverte, ce samedi 30 janvier. Sur notre feuille de route : Kuelap. Un village fortifié construit par la civilisation Chachapoyas au Xe siècle, perché à 3050 mètres d’altitude. Pour l’atteindre, deux heures de bus, ou, une grimpette de 9 kilomètres et ses 1200 mètres de dénivelé positif. Et comme on n’a pas fait 11 heures d’autocar depuis Cajamarca jusqu’à Tingo Maria (pourtant située à 300 km au nord-est !!!) pour RIEN : on enfile nos chaussures de marche. Mais avant, quelques mots sur cet inoubliable parcours en bus. Une demi-journée à frissonner tant le vide est proche. A avoir mal au cœur tant les lacets semblent interminables. Mais aussi à s’extasier sur une vue toute nouvelle pour nous. Celle d’une végétation dense, verdoyante. Palmiers, cactus, fleuve terreux déboulant à une vitesse folle. Un avant-goût d’Amazonie. Sans doute le plus beau trajet de notre vie. Tingo se montre enfin, perdu au cœur d’une vallée luxuriante. Quelques maisonnettes, des gens très accueillants.

Boue, sueurs…

C’est donc d’ici que, le lendemain, à 7 heures, nous débutons notre montée de 4 h (selon les guides) jusqu’aux ruines. En tête, les commentaires lus sur les blogs de voyageurs. Des abandons, des descriptions à en être découragés avant même le premier pas. Et durant les deux premiers kilomètres, le chemin plat longeant le fleuve confirme : la grimpette sera terrible, le dénivelé se concentrant donc sur les 7 kms restant. On comprend aussi très vite que notre ennemie du jour n’est pas la pluie, mais sa cousine : la boue ! A chaque virage, il nous parait perdre autant de grammes de graisse que nous gagnons de terre sous nos chaussures. Il faut forcer deux fois plus sur les quadriceps. On glisse. On transpire sévèrement. On fait des pauses, rapides. Pour ne pas laisser aux muscles le temps de s’alourdir. On s’encourage. Se dit qu’on arrive en haut à deux, ou rien. Puis, enfin, au 8ème kilomètre, le village de Kuelap. C’est la fin, se dit-on. Sauf que la dernière montée est mortelle. Boueuse à souhait, elle nous apparait verticale.

… et récompense 

Kuelap. Large sourire, on se tape dans la main. On y est. Après 3 h 20 d’effort. La mangue achetée à Tingo est un délice. Et l’on a hâte de découvrir cette fameuse citée,  notre récompense. Sauf que le randonneur n’est pas gâté. Il faut descendre 2,5 kilomètres, de l’autre côté jusqu’au guichet. Et donc les remonter ensuite pour accéder à la forteresse. Car si Kuelap est bien un village qui a accueilli 3000 habitants, il a tout l’air d’une infrastructure défensive avec sa muraille pouvant atteindre les 20 mètres de haut. A l’intérieur, des centaines de maisons de forme circulaire. Il n’en reste que les fondations, mais l’on distingue sur certaines, les frises extérieures, les enclos pour garder les cochons d’Inde, le reste de cheminée. Le temple est toujours là, imposant. Même les Incas, qui ont colonisé les Chachapoyas en 1479, ont apprécié la beauté du site : ils en ont poursuivi l’ouvrage. Le bromélia, cet arbre donnant des magnifiques fleurs rouges, peuple désormais les lieux. On y aperçoit même trois perroquets verts. Après avoir dégusté « papas rellenas » (pommes de terre farcies aux oignons) et des « tortillas » (galettes de blé) afin de reprendre quelques forces, à nous la descente. Trop facile. En deux heures, Tingo nous accueille. Et pour le coup, on est un peu fiers de nous.

Commentaires: 3
  • #3

    n. (mardi, 10 février 2015 08:02)

    Hé oh L.C ... CHAPEAU ... c'est moi !

  • #2

    L.C (lundi, 09 février 2015 09:23)

    Chapeau l'artiste!

  • #1

    n. (samedi, 07 février 2015 15:25)

    ... Sans voix devant Dame Nature !

Cajamarca, c'est ici que tout s'est joué


27-29 JANVIER 

Adieu plage, chaleur étouffante et le calme estival de Huanchaco. Ce mardi 27 janvier, direction Cajamarca, à plus de 300 kilomètres à l’Est. Changement de décor, changement de températures aussi, le dépaysement est total. De la pluie en veux-tu en voilà, des vendeurs ambulants toujours aussi présents, pas de doute, on est bien de retour à l’intérieur des terres. Mais ne soyons pas si mauvaise langue, Cajamarca a été une halte agréable. Pour ne pas dire la plus agréable de toutes depuis notre départ de France le 11 janvier dernier. La verdoyante Plaza de Armas et sa jolie fontaine coloniale, avec d’un côté la sublime cathédrale espagnole et de l’autre, son église San Francisco (bâtie par et pour les locaux), vous envoûte instantanément. Tout comme ses rues bordées de maisons à balcons de bois et aux toits de tuiles plates, héritage de l’envahisseur du XVIe siècle après J.-C. Mais celle que l’on appelle communément la ville la plus espagnole du Pérou doit principalement sa renommée à son riche passé. Et surtout à cette fameuse année 1532 qui modifia, pour l’éternité, le cours de l’histoire de l’Amérique du Sud. A cette date, le maître de l’empire inca, Atahualpa, accompagné d’une armée de 30 à 40 000 hommes, décide de faire un arrêt à Cajamarca pour soigner une vilaine blessure. Mal lui en a pris. Pizarro, le colon, bien renseigné, le précède avec ses canons, ses 183 guerriers et 27 chevaux. Un guet-apens est tendu. Le chef inca est pris au piège puis capturé. Otage des Espagnols, il propose alors de remplir la pièce où il est enfermé d’une fois d’or et deux fois d’argent, et ce, jusqu’à la hauteur de ses bras. Aussitôt dit, aussitôt fait. Sauf que… Pizzaro ne le libère pas pour autant et le fait même exécuter l’année suivante par strangulation. Avant de rayer de la carte toute trace de civilisations inca de la ville, si ce n’est la chambre des rançons où l’illustre chef Atahualpa était justement emprisonné. Cajamarca, une cité dont le nom ne sera pas oublié de sitôt... 

Cumbe Mayo

Par là un "cuy" (cochon d'Inde), ici "la Vierge de dos". Ce guide ne manque pas d'imagination. Au-dessus de nos têtes, des rochers énormes aux formes longilignes. Nous sommes au cœur de Cumbe Mayo, à 3300 m d'altitude et à 22 km de notre ville-étape, un site naturel sur lequel ont vécu des peuples de la civilisation Cajamarca, dès 1500 avant J.-C. On y découvre alors traces d'un calendrier. Puis un bel aqueduc et son canal, long de 9 km. Comme de nombreuses curiosités proches de Cajamarca, impossible de s'y rendre seuls. L’excursion avec une agence est obligatoire. Avec son lot d'inconvénients : de nombreux arrêts pour manger (alors que la promenade à pied ne fait que 2 km), des femmes qui se mettent à tisser à notre venue ou des enfants qui chantent sur notre passage. De quoi éreinter le traditionalisme ambiant dans ces villages de montagnes. Mais nos yeux ont mieux à faire ailleurs : les paysages sont encore une fois tellement beaux. Le bleu du ciel. Le blanc des nuages. Le vert des prés. Au retour, on boycotte l'agence et on décide de descendre en marchant, par un chemin que nous indique monsieur le guide. Saison des pluies oblige (oui, on avait omis ce détail dans la préparation de notre voyage à l'arrache : de décembre à avril, il pleut dans les Andes), on est T-R-E-M-P-É. Qu'importe, les villages traversés et la vue sur Cajamarca nous réconfortent. Puis surtout, une bonne douche nous attend à l'auberge. Ah non, elle est gelée ! 


No a Conga ! 

Sur les murs "Minas no, agua si !". Sur la colline "No a Conga". Depuis trois ans, un conflit social anime la Région de Cajamarca. En cause, le projet Conga : une mine d’or à ciel ouvert, mené par l'entreprise étasunienne Newmont. Elle serait la plus grande d’Amérique Latine avec ses 3 000 hectares de terre exploitée, à quelques 4000 mètres d'altitude. Si l'infrastructure inquiète c'est que cinq lagunes seraient vidées, polluant et privant d'eau toute la vallée. Une grève  générale entre le 31 mai et le 3 juillet 2012, a débouché sur l’état d’urgence décrété par le président péruvien, Ollanta Humala. Bilan : cinq morts, en juillet 2012, sous les tirs des forces de l’ordre. Depuis, le projet Conga a été suspendu




Miss Carnaval

Au secours ! Après Dijon, les Miss sont à Cajamarca. Carnaval = élection de Miss Carnaval. Et ce mercredi 28 janvier, elles se sont présentées au public. Dix-huit jeunes femmes. Brunes, cheveux ondulées, teint pâle, minces (OK, sauf 3). Minces ???!!! Teint pâle ???!! Miss carnaval, mince et blanche à Cajamarca ??!! Alors que les Péruviennes que l'on croise ont de jolies formes et sont très typées. Merci mesdames, voilà encore une bonne raison d'abolir ces concours à la con.

Commentaires: 2
  • #2

    M & JP (dimanche, 01 février 2015 14:49)

    Beau récit, belles photos de la cité et beau coup de gueule……Les miss en amérique du sud c'est une institution je crois, et quelque soit le pays elle sont comme tu les décris….Malheureusement! Bisous

  • #1

    n. (vendredi, 30 janvier 2015 05:59)

    Ha ha ... Tu vois ... Même tes chers latinos sont dans le moule et dans le moov ....

Huanchaco - Trujillo : Sea, Civilisations and Sun

22 - 26 JANVIER 2015.

Il y a des étapes où les débuts augurent un séjour sans plus. Huanchaco est de celles-là. L'éloignement des montagnes, de la nature et des randos, ne réjouit pas tout le monde. Puis il y a cette arrivée manquée, à 4 h 30. L'auberge était fermée. Deux heures d'attente, sur le trottoir, à quelques rues de la mer qui empeste les fruits de mer. Mais il y a des étapes où l'on se dit que l'on a (encore) râlé pour rien. Reposés, on y découvre une station balnéaire sympa. Loin des Klaxons, du trafic. A Huanchaco, on dort au calme. On y goute les raspadillas, de la glace pilée aromatisée à la pulpe de fruit. Les crabes se réfugient dans leurs trous au tremblement de nos pas sur la plage. Un pélican attire notre regard. Le sable est noir, l'eau un peu fraîche. Mais la baignade est unique : notre première dans le Pacifique. Les Balsillas, ces embarcations typiques de la ville qui longe l'Ocean sur plusieurs kilomètres, flottent à l'horizon. Un jeune habitant nous propose de nous conduire, alors que l'on attend le bus. Un geste bien trop rare pour être triplement apprécié. A quinze kilomètres de là, Trujillo et ses 900 000 habitants. A nouveau, les marchands ambulants alpaguent. Encore, les restaurants proposent des menus à 5 Nuevos soles (1,50 €). Si peu cher mais bien trop copieux. Et cette fameuse Plaza de Armas, le cœur de bien des villes en Amérique latine. Entre les deux, il y a ces sites archéologiques des civilisations pré-Incas. Wahou. Wahou. Wahou. 


Chan Chan 

Comme si de rien n’était. Posée là, à quelques encablures de l’océan Pacifique et à équidistance des villes de Trujillo et de Huanchaco, entourée de restaurants passe-partout et habitations sommaires, se trouve, étalée sur 20 kilomètres carrés, la cité historique de Chan Chan. Autrement dit, la plus grande ville en argile des Amériques datant de l’époque précolombienne (soit avant l’arrivée des colons au XVe siècle). Au premier coup d’œil, cette ancienne capitale de la civilisation Chimu qui connut son apogée du XIIe au XVe s. de notre ère ne paye pourtant pas de mine. Découpée en son sein par une voie rapide à 2x2 voies, sa piste d’accès est bordée par des ruines ressemblant davantage à des gros châteaux de sable qu’à des prouesses architecturales. Un kilomètre et demi plus loin, on se dit que l’on aurait mieux fait de se taire face à la beauté de l’ouvrage. L’ouvrage en question ? La citadelle Tschudi, l’une des neuf forteresses présentes sur le site où régnèrent par le passé les rois Chimus. Divinement bien conservée malgré le poids des années, elle vous inflige d’entrée une grosse claque avec un mur d’enceinte majestueux semblant dater d’hier. A l’intérieur, la stupeur laisse place à l’admiration de la grande place des cérémonies et sa frise ornementale composée de vagues et de loutres de mer. On sort par la droite et ce sont cette-fois des oiseaux, des poissons et des pélicans qui nous passent le bonjour. Plus loin, on se retrouve nez à nez avec la salle des audiences, lieu où s’opéraient l’échange et la répartition des richesses. Les fondations sont intactes, l’imaginaire fonctionne à plein, on s’y croirait. Clou de la visite, la tombe où gît le Seigneur Chimo, gouverneur de la citadelle de 1380 à 1420 a.p. J.-C. Un monument gigantesque en guise de lieu de repos pour le maître des lieux, entouré de 45 autres cavités bien plus modestes où se prélassent pour l’éternité sa suite et toutes ses femmes. Décidément, il n’y a pas que les Incas au Pérou.

Huaca de la Luna

Après 15 jours de voyage à plus de 10 000 kilomètres de l’Hexagone, cette Huaca de la Luna est certainement la plus belle chose qu’il nous ait été donné de voir. Trois euros l’entrée pour, au final, admirer l’une des plus belles représentations d’une civilisation Moche complètement méconnue pour ne pas dire oubliée. Du pain bénit. Ancêtre des Incas et des Chimus, elle connut son apogée entre le IIe et le VIIe siècles après J.-C. A 8 km au sud de Trujillo, elle nous a laissé, bon gré mal gré, un bijou architectural. La Huaca de la Luna, autrement dit, le temple de la Lune. Un vaste édifice bâti sur cinq niveaux qui constituait, pour l’époque, un lieu religieux et funéraire des plus respectés. Encadré par le Cerro (colline) Negro et Blanco, sa pyramide s’élève en pleine zone désertique. A 500 mètres d’elle, lui répond la Huaca del Sol, centre politico-administratif détruit en partie par les Espagnols et actuellement en cours de fouille. Tout comme la vaste aire urbaine séparant les deux entités. Ce dimanche 25 janvier, on doit donc se contenter de l’unique visite guidée (obligatoire) d’une heure de la Luna pour combler nos attentes. Largement suffisant pour en prendre plein les mirettes. Aux bas-reliefs polychromes conservés à merveille sur la façade extérieure, succèdent fondations intactes et frises impeccables aux détails époustouflants, le tout sur une surface des plus conséquentes. D’ailleurs, on peine à croire que cet édifice s’élevant devant nous date de plus de 1500 ans. Et pourtant. Seule ombre au tableau au cours de ce voyage en terre inconnue époustouflant, la prestation de l’étudiant en archéologie nous servant de guide. On attendait de lui discernement et précision sur ce chef d’œuvre. On n’a eu droit qu’à des approximations historiques et à des commentaires de bas étage sur le colon espagnol. Peu importe. L’ouvrage provoque bien l’extase du visiteur. Pendant ce temps-là, le commentaire trépasse.

Commentaires: 5
  • #5

    L.C (vendredi, 30 janvier 2015 17:15)

    Ah oui et au lieu de faire le malin le community manager je constate que la rubrique "Ici on publie' soit disant "Preuve que l'on travaille, un peu" est bien vide....
    Hahahaha :)

  • #4

    L.C (je suis une rebelle, je prends le risque) (vendredi, 30 janvier 2015 13:16)

    ;)

  • #3

    latourniquette (vendredi, 30 janvier 2015 04:18)

    Ouai...on est des oufs. Salade, glace pilée, fruits. Rien ne nous arrête. A part l'eau du robinet en grande quantité (pour le moment). Et L. C., le community manager se réserve le droit de supprimer les commentaires d'un internaute usurpant une identité. Et il ne connait qu'une L. P. Gare à vous !

  • #2

    L.C (mercredi, 28 janvier 2015 13:30)

    Une question me turlupine.... Vous prenez les boissons à base de glace pilée?? N'avez vous pas peur de tomber malade car la glace ne vient certainement pas de l'eau de bouteille?

  • #1

    n. (mardi, 27 janvier 2015 21:52)

    Faites gaffe les ronchonchons ... le Seigneur Chimo va vous jetez un sort !!!
    Merci pour ces commentaires enrichissants !
    Merci aussi de nous envoyer vos bouilles au milieu de ces sites provenant d un temps que les moins de 1500 ans ne peuvent pas connaitre ...
    Plein de gros bizzzoux.

Canyon del pato : une beauté effrayante

20 JANVIER 2015.

Il est 11h30 ce mardi lorsque la voiture-taxi nous arrête au lieu-dit Bocatoma. « Vous êtes à environ 15 kilomètres de Huallanca, il vous faudra bien deux heures de marche dans le cañon pour y arriver. Sinon, en voiture, ça prendra 20 minutes », nous lance le chauffeur. Un simple non merci plus tard, nous voilà enfin lâchés dans le ventre de la bête. Une cascade de dingue à notre droite et un précipice incommensurable présent là, juste sous nos pieds, nous souhaitent la bienvenue du coin de l’œil. Seuls au monde, au milieu des deux Cordillères, on se sent tout de suite petits. Très petits. Mais il est trop tard pour reculer. La traversée du fameux Cañon del Pato, attraction phare de la région s’étalant sur une longueur de 13 kilomètres et composée de 35 tunnels au milieu d’une route en lacets, est devant nous. Sac à dos et anorak sur les épaules, lampes frontales vissées sur le cuir chevelu, la grande aventure nous appelle. Et d’entrée de jeu, on rentre dans le vif du sujet. En plein cœur de notre premier tunnel (14e/35 du parcours), une maigre frayeur survient lorsqu’un minibus arrive face à nous en pleine obscurité. On s’empresse alors d’agiter nos lumières tout en se serrant contre la paroi rocheuse. Plus de peur que de mal, ça passe. Ouf. Dans un décor à couper le souffle et sous une température estivale, les deux fourmis avalent les hectomètres et les cavités sans se retourner. Si ce n’est sur le cri d’une chauve-souris semblant nous suivre du regard dans le noir, sur le Rio Santa déboulant à toute vitesse 50 mètres plus bas, sur les gorges étroites et profondes ou encore sur les coups de klaxon de quelques véhicules nous saluant. Mais décrire le reste du panorama en quelques lignes ne sert à rien. Il faut vraiment le voir pour le croire. Pour indice, c’est juste irréel et somptueux.

Commentaires: 8
  • #8

    PSG FOREVER 52 (dimanche, 25 janvier 2015 13:49)

    De la Grand Place Diderot de Langres, nous te suivons... C'est une belle expérience que tu dois vivre, profite bien Ghislain Clémin!! Si tu croise des percheurs, pense à nous! Je pense à toi à chaque croquant au chocolat! Bisous

  • #7

    P'tiot Alain (dimanche, 25 janvier 2015 10:33)

    C'est un réel plaisir de vous suivre dans l'avancée de votre expédition à la fois par vos commentaires et vos photos ainsi que par le suivi de votre itinéraire sur la carte. Grâce à vous nous voyageons aussi.
    Continuez à vous régalez et à nous faire découvrir ces somptueux paysages.
    Nous pensons bien à vous, bisous à vous deux.

  • #6

    Pipo (samedi, 24 janvier 2015 12:00)

    Ah! Sylvain...... Il y a quelques années (rappelle toi, les cours de maths sur la table de la cuisine), j'étais loin de t'imaginer crapahuter au beau milieu de ces magnifiques paysages.......Dis, comment fais tu avec les mouches et autres insectes volants?..........tu n'en as certainement plus peur!!!! Allez, je te charrie........Bonne continuation de périple à vous deux!!

  • #5

    n. (samedi, 24 janvier 2015 07:42)

    Bonjour LC, seriez vous LC du Gros Chêne ?
    Pour le "dindon" excuse moi Sylvain, mais j ai bien souri .... Enfin n'ayons pas peur des mots .... bien ri !

  • #4

    Père Valloire (vendredi, 23 janvier 2015 23:54)

    Bravo pour vos belles photos et vos reportages alléchants. Et puis félicitations pour votre courage en rando. (Surtout toi dindon!). Continuez bien votre parcours au coeur de paysages uniques.

  • #3

    L.C (pour en embêter certains) (vendredi, 23 janvier 2015 17:05)

    Autant dire que vous ne traîner pas les petites fourmis... Continuez à nous décrire ces belles aventures et à publier ces magnifiques photos... J'adore me connecter et espérer qu'il y aura du nouveau sur votre blog ;)

  • #2

    mimie (vendredi, 23 janvier 2015 10:59)

    Comme quoi les frontales, il n'y en a jamais de trop ;) !!
    Gros bizous les bourlingueurs !

  • #1

    n. (jeudi, 22 janvier 2015 06:36)

    Bon et bien comment on fait nous ??? .... Attendez nous ... On arrive !!!
    On va déjà allez voir sur l onglet suivant si il y a des photos !

Huaraz et ses environs : ça c'est le Pérou


14-19 JANVIER 2015.

Après la mégalopole Lima et son quartier «  bling bling » de Miraflores, nous avons mis cap au nord ce mercredi 14, direction Huaraz. Une ville de 120 000 habitants ravagée en 1970 par un terrible tremblement de terre qui causa la mort de 70 000 âmes à travers la cité et toute sa vallée. Mais avant de rejoindre Huaraz, perchée à 3090 mètres d’altitude entre les cordillères Blanche et  Noire, il nous a fallu composer avec les neuf heures de bus reliant les deux destinations. Un trajet à priori long sur le papier mais qui se révéla d’une beauté rare. Des bidonvilles à n’en plus finir situés à la sortie de la capitale jusqu’aux impressionnantes routes en lacet perdues en pleine montagne en passant par les falaises de sable dominant le Pacifique, on en a pris plein les yeux.

Et Huaraz dans tout ça ? On pensait au départ y passer deux nuits, on en a ajouté trois à notre carnet de bord. Car si la ville ne possède rien de transcendant d’un point de vue visuel et archéologique (si ce n’est un charmant petit musée abritant des vestiges des civilisations pré-incas de la région Ancash), son charme vous envoute très vite grâce à un dynamisme et une animation permanente. Ici, impossible de se lever à plus de 7 heures du matin, le brouhaha incessant dans les rues vous en empêchant. Au coeur d’un concert de klaxon, les vendeurs ambulants essaient de se faire une place au milieu des innombrables taxis et moto-taxis. Et ne cherchez pas à vous faufiler sur les trottoirs, ils ont déjà trouvé à qui parler. Marchands de fromages, de fruits ou de textile en tout genre occupent la place à proximité du marché central. Tandis que des petites dames, vêtues d’habits traditionnels colorés et de chapeaux à large bord, tout droit descendues de leurs villages perchés, filent la laine en attendant qu’un passant craque sur leur fromage de brebis ou miel fait maison. A droite, à gauche, on papote, on commerce, on échange des savoir-faire dans un décor disgracieux passant très rapidement au second plan. A Huaraz, on ne dort pas, on vit.

Ruinas de Wilcawain

Plus grand centre de départ des treks de la région, Huaraz est un peu le paradis des randonneurs se baladant dans le nord du pays. Pour débuter en douceur, on a pris jeudi la direction des ruines de Wilcawain, situées à environ 8 kilomètres du centre sur une colline. Si le site archéologique en lui-même mérite un rapide coup d’œil (pyramide à plateforme en pierre appartenant à la civilisation wari et datée du Xe siècle après J.-C. qui servait de chambre funéraire), les 16 kilomètres à pied aller-retour constituent pour leur part un véritable dépaysement. Sous un soleil de plomb, on oublie toute idée de progrès et de civilisation pour y trouver l’authenticité. Des petites baraques qui ne payent pas de mine, des femmes occupées à veiller sur leurs bêtes ou à laver leur linge au ruisseau, des enfants s’amusant comme des petits fous avec un simple vélo… on est décidemment très loin de l’agitation située quelques hectomètres plus bas. On profite alors de ce calme olympien pour s’octroyer une pausinette sur un gros caillou posé là au milieu du Rio. L’eau est gelée, le bruit du torrent apaisant, le panorama somptueux. On nage en plein rêve. Jusqu’à ce qu’une gamine haute comme trois pommes nous ramène à la réalité à quelques mètres de là, en allant travailler d’arrache-pied au champ sous le regard bienveillant de sa maman. Déconcertant et un brin gênant.

Le glacier Pastoruri

Après la mise en bouche Wilcawain, place ce vendredi à l’entrée avec au menu, l’ascension jusqu’à son pied du Pastoruri, sommet culminant à quelques 5240 mètres d’altitude situé à environ 70 km au sud-est de Huaraz. Partis par le biais d’une agence avec le ticket gagnant (ou pas), bus-guide, on s’arrête en chemin au cœur du parc naturel Huascaran. L’occasion de saluer une source d’eau gazeuse, un lac aux sept couleurs joli mais sans plus mais surtout les Puyas Raimondi, plantes géantes caractéristiques de la région pouvant atteindre plus de dix mètres de hauteur à l’âge adulte (entre 40 et 100 ans). Après avoir mâchouillé quelques feuilles de coca en chemin pour s’habituer à l’altitude élevée, nous voilà donc fin prêts pour se frotter au Pastoruri sur une distance d’un kilomètre et demi pour un dénivelé positif de près de 200 mètres. Rien d’impressionnant en soi, sauf qu’à 5000 mètres de hauteur, la difficulté est toute autre. Mais après un début d’ascension timide, le temps de trouver son souffle, nous atteignons enfin ce glacier magnifique surplombant une large lagune. L’air est pur, le visuel à couper le souffle. Assis à proximité, on profite de cet instant rare. Les minutes s’égrainent et on perçoit le son du glacier en train de se craqueler. Pas étonnant sachant qu’en l’espace de 30 ans, Pastoruri et ses autres acolytes péruviens ont perdu près de 25 % de leur surface suite au réchauffement climatique. Puis, sous nos yeux ébahis, un premier bloc se détache et chute de plusieurs mètres. Suivi d’un second quelques instants plus tard, d’une largeur dix fois plus grande cette fois, provoquant une montée des eaux impressionnante et le départ paniqué de plusieurs personnes massés tout autour de l’étendue bleue. Un spectacle aussi bien magistral à vivre qu’inquiétant pour l’avenir.

Laguna 69

Le bus branle. Voici qu’il quitte la route et emprunte une piste caillouteuse. De quoi réveiller mes yeux encore un peu assoupis. Il est 6 h 30 et nous roulons depuis une heure en direction du parc naturel Huascaran, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco. Laissant derrière, l’infatigable Huaraz et la moitié des voyageurs prenant part à cette Tourniquette. Puis soudain, il apparait : le Huascaran, point culminant du Pérou avec ses 6768 mètres et son épaisse couche de neige. Il n’en fallait pas plus pour me réveiller et m’encourager. Car la randonnée du jour est plus difficile. Sept kilomètres pour rallier la Laguna 69, l’un des 500 petits lacs peuplant ce poumon vert long de 170 kilomètres. Quatorze kilomètres aller/retour donc, avec 700 mètres de dénivelé positif. Sans oublier notre meilleure amie péruvienne : l’altitude. Le bus s’arrête en plein virage. En pleine pente aussi. C’est à 3900 mètres que débute ce trek. Accompagnée d’Américains, de Français, de Péruviens, d’Argentins et Brésiliens, une vingtaine de marcheurs au total, me voilà lancée. Les vaches broutant, le ciel azur et les sommets enneigés me font déjà oublier qu’il faut respirer longuement et marcher à petit pas. En chemin, un premier lac marque la moitié du parcours. Mais aussi le début du passage le plus raide. Une pente interminable, jusqu’à ce petit bijou bleu turquoise. Deux heures et demies plus tard, mon cœur bat à une vitesse folle mais la récompense est là. La Laguna 69 est somptueuse. Au pied d’un glacier. L’eau est bien fraiche, certains s’y jettent. Moi, je croque dans mon sandwich.

Chavin de Huantar

Devant nous, un Péruvien chapoté qui prend trop ses aises. Derrière, une famille qui semble quitter Huaraz pour la première fois. Nous voilà installés dans un bus d’une compagnie régionale. « Peligroso » (dangereux), prévient la vendeuse à son guichet. Elle parle du trajet. Près de trois heures de route nous séparent de Chavin de Huantar. Un petit village de l’autre côté de la Cordillère blanche où sommeillent les vestiges les mieux conservés de la culture Chavin. Une civilisation qui s’est épanouie de 1200 à 300 avant J.-C. Mais les vieilles pierres, apparemment, ça se mérite. Peligroso, qu’elle a dit la dame. On confirme. Bien vite, le bitume laisse place à la terre. La jolie vallée, aux virages en épingle. Nos mines naïves, aux regards apeurés. Mais il faut l’avouer, les Péruviens sont de bons conducteurs. Ce chauffeur semble prudent. Même à 4500 mètres d’altitude, on oublie le vide pour contempler le paysage grandiose. Non mécontents d’arriver à Chavin, c’est par le musée que nous débutons. On y apprend que ce site, inscrit lui aussi au patrimoine mondial de l’Unesco, aurait été un lieu de culte et de cérémonies, en hommage au Lanzon, le dieu suprême de la civilisation Chavin. Que seuls les initiés pouvaient pénétrer les nombreuses galeries souterraines. Blasphème ! Nous y sommes allés. Et ça nous a laissés sans voix. Des pierres énormes empilées sur des mètres et des mètres de sous-terrain. Un système d’évacuation des eaux, d’éclairage et d’aération très novateur. Puis la stèle représentant Lanzon, retrouvée ici même. On a même du mal à le croire. A l’extérieur, la place ou les fidèles assistaient aux cérémonies, bien visible. Et tout cela plus de 2000 ans avant les Incas. Cela promet pour la suite de nos découvertes archéologiques. Ah oui, on a aussi vu deux lamas.

Commentaires: 1
  • #1

    n. (mardi, 20 janvier 2015 12:57)

    Et dire que ça ne fait que 10 jours que vous êtes partis ... aurez-vous assez de place sur le disque dur et de l'ordi et de votre mémoire et de votre cœur pour tout stocker ?
    On s'y croit (enfin presque !) ...
    Gros bizzzoux les tournicotons.

Lima, la vida loca

 

12-13 JANVIER 2015.

Lima, première aventure en Amérique latine pour Sylvain. La troisième pour moi. Alors, l’acclimatation et l’étonnement sont variables. Mais le plaisir d’être là est aussi fort pour l’un ou l’autre. Lima, point de départ de nos grandes vacances à durée indéterminée, renferme, comme beaucoup de grandes villes d’Amérique du Sud, les « classiques » de cette région du monde.

Le contraste d’abord. Nous avons parcouru le Lima historique. Jolies demeures de style colonial, églises, couvents et cathédrales majestueux, musées. Et… c’est tout. Puis il y a le Cerro (colline) San Cristobal, dans le quartier Rimac, couvert de maisonnettes en taule qui ont tout de bidonvilles. Pour nous touristes, au sommet, la vue est impressionnante. Au Nord, au Sud, à l’Est, à l’Ouest. La ville, à perte de vue. La ville, qui se fond dans le Pacifique. La ville, qui s’écrase au pied de montagnes. Cet immense océan, justement, qu’on a eu la chance de toucher. A Lima, dans le quartier Miraflores (là où nous logeons), le Pacifique est le paradis des surfers. Pourtant, le bord de mer est laissé à l’abandon. Peu d’aménagement. C’est à quelques kilomètres de là (Lima compte près de 9 millions d’habitants et s’étend sur 40 kilomètres), à Chorillos, que les premières plages fréquentées par les baigneurs font leur apparition. Depuis Barrancos, un autre district de la capitale péruvienne, nous pouvons les observer. Un endroit bohème, bobo, à la cool. Au calme des klaxons.

Ces fameux klaxons. Auxquels nous nous sommes déjà habitués après deux jours dans la cinquième plus grande ville d’Amérique latine. Ce bruit incessant. Cette « coutume » comme préfère expliquer le chauffeur de taxi qui nous véhicule de l’aéroport au centre-ville. Mais comment les Péruviens feraient-ils sans ? Bien que certains panneaux les en dissuadent. Leur folle conduite est indissociable de ce tintamarre. A gauche, à droite. Sans clignotant. En grillant les feux rouges. Viva América Latina. Sur les trottoirs, imperturbables, les vendeurs ambulants s’entassent. Ils alpaguent le passant, toute la journée. Leurs concurrents, dans les boutiques, sont tout aussi bavards sur leurs pas de porte. Photocopieurs, logiciels pour installer Windows, pharmacies, épiceries. Les boutiques les plus en vogue à Lima.

A aucun moment, l’insécurité pourtant si décriée par certains sites ou guides touristiques, n’est visible ici. La parano des Liméniens pourraient nous convaincre du contraire. Devant la plupart des propriétés, de hautes barrières de sécurité se hissent. Des barrières que nous avons pris plaisir à démonter en parcourant les allées du marché central. Lieu visiblement fréquenté par les locaux. Poulets, poissons, fruits et légumes s’étalent sur deux étages. A travers, quelques stands proposent des menus très bon marché. Les fesses posées sur un tabouret, un peu à l’étroit, entre deux Péruviens. Nous voilà installés. Poissons frits, steaks pannés. Les plats sont copieux, l’ambiance, latino. Prochaine étape : Huaraz, 120 000 habitants. Près de la Cordillère des Andes. Contraste. L’Amérique latine en bref.

Commentaires: 3
  • #3

    mamie (mardi, 20 janvier 2015 21:27)

    c'est très beau, le grand changement, nous en profitons à notre manière.
    grs bisous

  • #2

    Mamie (mercredi, 14 janvier 2015 22:59)

    c'est un essai, je vois de beaux paysages.
    gros bisous

  • #1

    n. (mercredi, 14 janvier 2015 06:24)

    Ca y est ici nous commençons notre média voyage ! On s y croirai !
    RDV au prochain épisode ! Bizzzoux les p'tits loups !